Diaporama de Jacky Questel
Depuis toujours, Petite Citrouille, perdue dans le grand champ au milieu de ses sœurs, n'entendait rêver celles-ci que d'Halloween, de monstres, de faire peur. Elles rêvaient d'être évidées, et d'avoir une bougie dans leurs entrailles pour terroriser ou amuser les enfants. Il fallait grossir, s'enfler, prendre de belles teintes… Et Petite Citrouille n'était pas du tout sûre d'aimer tout cela. Alors elle s'efforçait de rester toute petite dans son coin. Si bien que le jour où Gaston vint ramas- ser sa récolte, il faillit ne pas la voir. Et d'ailleurs, que faire d'une si petite ci- trouille ?
Puis il pensa qu'il allait faire une pyramide, et qu'il la mettrait tout en haut. Halloween approchait, mamans et enfants se succédaient dans le magasin pour choisir la citrouille de leurs rêves. Il fallait voir la tête de celles qui n'étaient pas choisies, où que l'on critiquait ! Non, trop longue, trop plate… Celle-ci semble avoir la peau plus dure qu'un crocodile… Mais chacun repartait avec son trésor. Parfois, la citrouille était trop lourde pour la maman, Gaston devait aller jusqu'à la voiture la porter… Petite Citrouille s'amusait de tout ce va-et- vient, mais ne comprenait pas la vanité de ses sœurs… Enfin, chacun est comme il est…
Plus les jours passaient, plus les enfants étaient excités et exigeants. Et Petite Ci- trouille n'entendait parler que de dégui- sements horribles, de cris à faire dresser les cheveux sur la tête, de toiles d'arai- gnées et de chauves-souris… La pyramide de citrouilles, si fièrement alignées sur les tréteaux à l'extérieur, diminuait sensiblement. Gaston suppu- tait déjà quelles étaient celles qui reste- raient. Passe une maman avec son petit garçon. "Viens, Sylvain ! Pas de citrouille pour nous cette année encore… - Maman, je veux juste les regarder. Elles sont si belles.
- Viens ! Répéta maman. Je te ferai des lanternes en carton, et tu auras tout de même tes illuminations ! Petite Citrouille sentait son cœur fondre. Et Gaston écoutait, lui aussi, le dialogue. Tout à coup, Sylvain s'écria : - Regarde, maman, la toute petite, en haut, ce qu'elle est mignonne ! Tu crois… tu crois qu'elle est trop chère pour nous ? On peut être commerçant et avoir bon cœur ! Gaston sortit sur le pas de la porte.
- Ah ! Celle-là, je pense que ce sont les sorcières d'Halloween qui l'ont empêchée de grossir ! Je ne sais vraiment qu'en faire. Si tu la veux, petiot, je te la donne, cela me débarrassera ! Je ne sais si la maman de Sylvain fut dupe du stratagème. Mais, devant les yeux brillants de son enfant, elle leva un sourire radieux vers Gaston, et ce- lui-ci pensa que, avec le sourire de la maman et les yeux du petit, il avait été royalement payé ! Sylvain partit, son trésor contre son cœur.
L'après-midi passa comme un éclair : Évider soigneusement Petite Citrouille, séparer la pulpe et les pépins. Sylvain parla gentiment à sa petite citrouille, lui expliqua qu'on allait la faire très belle. En plus, grâce à elle, ils allaient avoir un délicieux potage ce soir ! Petite-Citrouille en était toute atten- drie ! - Ah ! Maman : ce qu'elle est belle ! Dit Sylvain émerveillé lorsque sa maman eut terminé. Comme je voudrais que papa puisse la voir !
Maman soupira. Cela faisait presque 10 mois que son mari était parti et qu'ils étaient sans nouvelles. Elle se languissait, et savait que Sylvain, qui ne se plaignait jamais, avait gros cœur lui aussi. Elle lui sourit courageusement. - On va se faire un bon potage ! Tu vas voir comme on va se régaler ! Et dès qu'il fera assez sombre, on allu- mera ta citrouille !
On peut être une petite citrouille évidée, et sentir tout de même son cœur s'émouvoir. La nôtre n'avait bien sûr pas tout compris, mais elle savait que Sylvain était malheureux, et elle avait bien entendu le soupir de la maman ! À quoi donc servaient ces sorcières dont ses sœurs parlaient tout le temps, si elles n'étaient même pas capables de ramener la joie dans la maison d'un petit garçon ?
Mais au fond, qui sait ? Maman et Sylvain étaient attablés, la citrouille brillant, entre eux, quand la sonnette retentit. Sylvain se précipita. C'était son plaisir de répondre à la sonnette, les visites étaient si rares depuis quelques temps ! Le silence qui s'ensuivit fut si long que Maman, intriguée, se dirigea vers l'entrée.
Et là… Et là elle découvrit Sylvain dans les bras de son père, et tous deux en larmes… Son mari reposa le petit et la regar- da. Silence. Sylvain prit alors la main de son papa et la mit dans la main de sa maman. Celle-ci dit alors dans un murmure : - Entre ! Papa dit, encore plus bas que Sylvain n'entendit pas. : "pardon" ! Mais Petite-Citrouille entendit, et s'illumina à en éclairer toute la pièce.
Le potage pouvait bien refroidir ! Papa et Maman étaient dans les bras l'un de l'autre et se chuchotaient des mots que personne n'entendait… Sylvain mit vite un autre couvert à table. Mais, caressant Petite Citrouille, il se pencha vers elle et embrassa sa peau toute chaude. Et jamais, croyez-moi, on ne vit citrouille plus heureuse de participer à Halloween !
Illustrations trouvées sur Internet, travaillées avec PhotoFiltre Texte : Jacky Musique : COUSTADOUS – musique occita traditionnelle : Li pastourèu Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix Site :
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