LA DEPRESSION DE LA PERSONNE ÂGEE

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Transcription de la présentation:

LA DEPRESSION DE LA PERSONNE ÂGEE B. DECUPPER mars 2007

Maladie mentale caractérisée par une tristesse de l’humeur et des sentiments de désespoir et de découragement, la dépression du sujet âgé est fréquente. Un syndrome dépressif est retrouvé dans 93 % des cas de suicide chez les personnes âgées.

Prévalence de l’épisode dépressif majeur Chez le sujet âgé de plus de 65 ans: 5 à 10 % et entre 10 à 25 % pour les formes « atténuées » En institution : 50 à 70 % des sujets âgés seraient déprimés L’incidence sur la mortalité des sujets âgés dépressifs se situe entre 34 % à 4 ans et 11 % à 1 an

LES FACTEURS PREDISPOSANTS Situations sociales - la solitude - l’isolement - la retraite et ses conséquences (financières) - la gestion de son temps - le changement de lieu de vie - l’abandon de ses souvenirs

La situation corporelle - l’apparition d’une dépendance - la perte d’autonomie partielle ou totale - un état douloureux - un handicap sensoriel

La perte d’un proche notamment chez les patients de 65 à 80 ans La survenue de maladies associées ou de troubles des fonctions cognitives (au cours d’un AVC, 50 % des patients développent une dépression) L’existence d’antécédents médicaux de pathologies psychiatrique (psychose maniaco-dépressive, syndrome dépressif)

QUAND EVOQUER LE DIAGNOSTIC DE DEPRESSION ? Le diagnostic repose sur dix symptômes: Troubles cognitifs Humeur dépressive Perte d’intérêt ou de plaisir Perte ou gain de poids Insomnie ou hypersomnie Agitation ou ralentissement psychomoteur

Fatigue ou perte d’énergie Dévalorisation ou culpabilisation excessive Diminution de la concentration Pensée de mort ou idées suicidaires L’observation d’un minimum de cinq de ces dix items, à l’origine de perturbations de la vie quotidienne et évoluant depuis au moins 2 semaines, permet de poser le diagnostic.

Mais parfois le doute diagnostic persiste, on peut alors s’aider d’outils validés d’évaluation : Echelle de Dépression Gériatrique (échelle G.D.S. : Gériatric Dépression Scale)

Ce quelle n’est pas ! La tristesse n’est pas un signe de dépression puisqu’elle fait partie des réactions normales à une perte, fréquente chez les PA. Elle ne traduit une dépression que si elle est disproportionnée par rapport aux difficultés existentielles et si elle envahit totalement sa vie psychique. Le ralentissement psychomoteur et une moindre vivacité peuvent traduire simplement le vieillissement ou l’existence de maladies.

La réduction de la fluidité verbale, de la richesse du langage et des associations d’idées peuvent faire évoquer une démence débutante. L’angoisse de fin de vie peut être l’expression de la prise de conscience d’une mort prochaine : elle devient pour la PA un événement personnel et n’est plus un destin général et abstrait.

Les examens complémentaires Les entretiens avec le patient ainsi que sa famille Le bilan para clinique : - NFS, VS, ionogramme sanguin, Ca, TSH, folates, B12 - TDM cérébral ou IRM, +/- EEG - polygraphie du sommeil - tomographie par émission de positions (PET scan)

Comment repérer une dépression d’un autre trouble de l’humeur ? Une longue histoire de dépression majeure unipolaire peut changer de polarité en fin de vie et peut s’avérer être une manie survenant pour la première fois à un âge avancé Des épisodes dépressifs successifs peuvent s’associer à des démences corticales, sous corticales et vasculaires Des idées délirantes dépressives (culpabilité, persécution, nihilisme…) des hallucinations traduiront la dépression psychotique

Comment repérer une dépression secondaire à une autre pathologie ? Elle peut accompagner : Des troubles endocriniens :hypothyroïdie, maladie de Cushing, hyperparathyroïdie, arrêt de corticoïdes Des infections virales : hépatites Des néoplasies Des maladies cérébrovasculaires Des maladies neurologiques : maladie d’Alzheimer, maladie de Parkinson, AVC, sclérose latérale amyotrophique… L’examen clinique sera discriminant

Dépression et maladie de Parkinson : Certains auteurs considèrent la dépression comme un signe de la maladie de Parkinson Dans 15 à 25 % des cas, elle précède ou est concomitante des premiers symptômes La dépression finit par atteindre la moitié des patients parkinsoniens Elle est d’autant plus importante que la maladie est accompagnée d’un dysfonctionnement du lobe frontal Il est important de diagnostiquer la dépression car elle peut être traitée par les antidépresseurs qui atténue également le tremblement, la rigidité et la bradykinésie

Dépression et démence : La dépression y est plus fréquente que dans la population générale 50 % des déments présentent des manifestations dépressives La dépression peut être initiale, traduisant une tentative d’adaptation mais l’installation de troubles mnésiques et du déficit intellectuel perturbent les mécanismes de défense et l’estime de soi Elle peut être iatrogène

La dépression hypochondriaque : Elle prend le masque d’une pathologie organique Elle donne lieu à des investigations multiples et répétées Elle traduit une préoccupation constante, envahissante d’être atteint d’une maladie grave et de la certitude d’en développer une, en dépit de l’assurance du contraire Les traitements, même bien conduits sont sans efficacité.

Dépression et mélancolie : Elle prend l’aspect d’une dépression intense mais il y a prostration et mutisme Une perte de poids importante et une insomnie prédominante en fin de nuit doivent y faire penser Un syndrome mélancolique peut représenter l’évolution d’un trouble bipolaire déjà connu Elle constitue une urgence thérapeutique du fait du retentissement somatique et du risque important de conduite suicidaire

Attention à la iatrogénie : Les troubles neuropsychiques représentent près de 25 % de la symptomatologie iatrogène comprenant les troubles de la vigilance, les syndromes confusionnels voire pseudo démentiels et également les états dépressifs Médicaments potentiellement dépressogènes: bétabloquants, inhibiteurs calciques, IEC, benzodiazépines, corticoïdes, L-dopa

Comment évaluer les risques de suicide ? Il faut savoir : 12000 suicides chaque année dont un tiers ont plus de 65 ans soit 4000 personnes Les personnes âgées se suicident deux fois plus souvent que les adultes Les personnes âgées sont souvent si déterminées qu’elles trouvent très fréquemment la mort (chez les jeunes : 1 suicide réussi pour 6 tentatives; chez les PA : 1 échec pour 10 tentatives) Les hommes entre 70 et 80 ans, surtout veufs ou divorcés, ont un risque 4 fois plus élevé que les femmes.

Comment évaluer les risques de suicide ? L’angoisse d’une fin de vie difficile La dépression majeure, intense et durable, augmentant le recours aux soins, responsable d’un rejet éventuel du traitement, donnant lieu à de nouvelles prescriptions également inefficaces L’isolement Les maladies graves, la souffrance Les idées suicidaires exprimées par la PA prenant l’aspect d’une rumination ou d’une menace adressée à l’entourage Attention aux traumatismes importants auxquels la PA a échappé. Ces traumatismes la fragilisent : elle peut souffrir de ce qu’on appelle la culpabilité du survivant.

Quel sens peut revêtir le suicide ? Un évitement qui permet de garder la maîtrise des événements Une prise de conscience de la maladie qui lui fait penser que ce n’est plus la peine de continuer à vivre Le contrôle de sa mort en se la donnant La délivrance par une mort immédiate sans période de fin de vie, laquelle fait peur.

Peut-on prévenir le suicide de la personne âgée ? Il est impossible de prévoir qui va se donner la mort mais il faut savoir reconnaître une dépression L’écoute et le temps passé pour aborder la question du suicide reste la meilleure prévention Verbaliser les idées suicidaires diminue le risque de suicide et soulage le patient.

LES TRAITEMENTS

Quel est l’objectif du traitement ? La modification des symptômes et des conduites: - Restaurer l’humeur - Retrouver un sommeil de qualité - Reprendre des activités sociales et améliorer la qualité de la vie - Faire à nouveau des projets - Diminuer les symptômes de la dépression - Réduire le risque de rechutes - Prévenir le raptus suicidaire

Que dire au patient ? Il faut employer le mot de dépression La prise en charge ne se conçoit pas sans expliquer au patient sa maladie, le principe du traitement, ce qu’il peut en attendre et en craindre Insister sur la notion que la dépression est une maladie véritable, qu’elle se traite et donc peut se guérir Insister sur l’idée que le traitement n’agit pas immédiatement et qu’il doit être prolongé pendant au moins 6 mois, généralement un an.

Que dire à son entourage ? Qu’il doit faire preuve de patience, de bienveillance, d’écoute et d’encouragement Qu’il ne sert à rien de forcer la personne âgée à « réagir »pour qu’elle aille mieux Qu’il est important de l’aider dans son quotidien et de la valoriser

Quels traitements ? Selon la nature et la gravité du syndrome dépressif, on peut utiliser : Les thérapies médicamenteuses et bien sûr la psychothérapie chaque fois qu’elle est possible Selon l’avis du spécialiste, la sismothérapie seule ou en association en cas de résistance au traitement et plus spécialement pour les dépressions avec idées délirantes, l’adynamie marquée, l’agitation importante.

Quel est l’état physique du patient ? Il est indispensable de : Connaître le poids du patient pour adapter au mieux la posologie des médicaments Connaître sa fonction rénale Apprécier son état d’hydratation Estimer son état nutritionnel Contrôler ses possibilités de déglutition Définir son état sensoriel et moteur Apprécier une éventuelle instabilité à la marche, source de chutes Rechercher une instabilité tensionnelle, source de chutes = Rechercher une détérioration intellectuelle préexistante parfois latente ou masquée

Comment éduquer la famille sur l’utilisation et les risques du traitement médicamenteux ? Informer la famille : - sur d’éventuelle survenue de troubles du comportement - ou d’effets secondaires de médications Conseiller la famille : - pour qu’elle propose au patient des activités servant de dérivatifs à ses idées mélancoliques - pour qu’elle organise régulièrement des activités physiques - pour qu’elle diminue les sources de perturbation Aider la famille

Comment apprécier sa tolérance ? Il faut sans cesse rechercher les effets indésirables : Le syndrome sérotoninergique en particulier favorisé par certaines associations et qui justifie l’arrêt immédiat du traitement, si apparition - de troubles psychiques : confusion, agitation - de troubles moteurs : incoordination motrice, tremblements, myoclonies - de troubles végétatifs : pbs tensionnels, tachycardie, hyperthermie, sueurs - de troubles digestifs: diarrhées

Les troubles neuropsychiques : hallucinations, idées délirantes Les troubles extrapyramidaux : tremblements, dyskynésies Les troubles digestifs : constipation, nausées, vomissements, sécheresse de bouche Les troubles mictionnels

Comment évaluer son efficacité ? Avec l’aide des outils de « l’évaluation gérontologique standardisée » : les échelles de la dépression, de l’anxiété, de l’état nutritionnel D’après le comportement du patient et ses capacités d’adaptation Faire un bilan environnemental appréciant la participation sociale, familiale ou de voisinage

Quand arrêter le traitement ? Chez la personne âgée, le traitement doit être poursuivi : - au mois 6 à 9 mois après normalisation s’il s’agit d’un premier épisode - très longtemps en présence d’une forme récurrente ou d’une dépression ayant menacé le pronostic vital Mais le soutien, la relation d’aide, la qualité d’écoute sont à maintenir indéfiniment.