Viviane BOUYSSE Inspectrice générale de l’Education nationale

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Transcription de la présentation:

Evaluation et aide personnalisée à l’école maternelle : le cas du langage Viviane BOUYSSE Inspectrice générale de l’Education nationale Cher, 13 janvier 2010

Plan de l’intervention 1. La juste place de l’évaluation 1.1. Pourquoi évaluer ? 1.2. Comment évaluer ? 2. Que faut-il évaluer et comment, en matière de langage ? 2.1. Les compétences de communication 2.2. Les compétences en production 2.3. Les compétences en compréhension 2.4. Les premières compétences dans l’étude de la langue 2.5. L’entrée dans l’écriture 3. Comment concevoir l’aide personnalisée ? 3.1. L’aide personnalisée à l’école maternelle 3.2. Le cas du langage (première priorité)

1. La juste place de l’évaluation 1.1. Pourquoi évaluer ? Pour rendre compte : À l’institution et à la société : attester que les exigences institutionnelles sont prises en compte, que la scolarisation maternelle sert à quelque chose. Aux parents d’élèves : les assurer que l’école se soucie d’apporter à leur enfant ce qui lui est dû ; leur donner les informations utiles sur des acquis, des progrès, l’absence de progrès, des difficultés, etc. Aux élèves eux-mêmes : les aider à identifier ce qu’ils savent, ce qu’ils savent faire, ce qu’ils doivent apprendre ; les aider à prendre la mesure de leurs réussites et des progrès à faire. Rendre compte, c’est rendre des comptes, mais c’est aussi mettre en valeur.

1. La juste place de l’évaluation 1.1. Pourquoi évaluer ? – suite - Pour SE rendre compte : Pour ajuster ses pratiques : il faut savoir … pour mieux cibler des objectifs pertinents et suivre le parcours qui conduit à leur atteinte. Pour dépasser une approche globale, souvent juste mais trop imprécise : il s’agit d’identifier les décalages ou les points de faiblesse qui appellent des aides ou des remédiations (aides personnalisées par exemple).

1. La juste place de l’évaluation 1.2. Comment évaluer ? Quels outils ? Rester simple Pour prendre la mesure des acquis Epreuves / situations / exercices étalonnés, validés (Banqoutils - Eduscol) Situations / exercices ou-et guides / grilles d’observation fabriqués localement (MUTUALISER) Aides : annexe au programme (repères pour organiser la progressivité…) ; documents d’accompagnement antérieurs sur le langage et sur les mathématiques. Pour garder trace : un « tableau de bord » pour la classe ; les livrets scolaires pour les élèves (lisibilité).

1. La juste place de l’évaluation 1.2. Comment évaluer ? - suite - Quels dispositifs ? Pour le langage, épreuves papier-crayon peu pertinentes, sauf pour évaluer la compréhension (par exemple, images, dessins) ou les découpages en syllabes, le repérage de sons. Privilégier l’observation dans les situations naturelles de classe ou dans une tâche conçue pour l’évaluation et proposée à un groupe. Dates et objets possiblement variables selon les enfants. « Evaluation durable » en situation « écologique »

2. Que faut-il évaluer et comment, en matière de langage ? Préalables : le temps consacré à l’enseignement/apprentissage doit être bien plus important que celui consacré à l’évaluation ; il n’est légitime d’évaluer que ce qui a été « enseigné ». Distinguer : Les compétences de communication Les compétences en production Les compétences en compréhension Les premières compétences dans l’étude de la langue L’entrée dans l’écriture

2. Que faut-il évaluer et comment, en matière de langage ? suite 2.1. Les compétences de communication Ce qui est en jeu* : surtout les interactions La prise de parole : oser entrer en interaction, en situation duelle puis en groupe ; jouer (accepter) le rôle d’interlocuteur (P.S.) La prise de « rôle » : demander la parole, attendre son tour (fin M.S.) ; ne pas parler pour parler, rester dans le sujet de l’échange (G.S.) La présence d’articulations explicites du propos avec les précédents ; la qualité de ces liens (critère d’excellence, non exigible en G.S.) * OBSERVABLES et CRITERES : essentiel quand on évalue.

2. Que faut-il évaluer et comment, en matière de langage ? suite 2.2. Les compétences en production Ce qui est en jeu : La capacité à produire certains actes de langage : restituer, répéter ; nommer ; décrire, raconter, questionner, expliquer, justifier - de P.S. à G.S. - La capacité à produire du langage d’évocation, c’est-à-dire à parler hors d’un ancrage dans la situation (M.S., G.S.) ESSENTIEL en vue du CP La capacité à transformer de l’oral en écrit (M.S., G.S.) La qualité du langage produit (de P.S. à G.S.) Les premiers signes de la capacité à se corriger (G.S.)

2. Que faut-il évaluer et comment, en matière de langage ? suite 2.2. Les compétences en production - suite ZOOM / La capacité à produire du langage d’évocation (M.S. sur histoire bien connue par exemple ; G.S.) : bien distinguer la capacité d’évocation et le langage produit ; situation exigeante : contrôle du rapport aux événements racontés ou expliqués, rapport à l’auditoire (décentration), rapport à la langue ; distinguer dans l’évaluation la justesse de ce qui est raconté ou expliqué et la qualité du langage : on recherche la précision lexicale et la structuration syntaxique (relations organisées). Critères : désignation des acteurs, temps et relations chronologiques, lieux et relations spatiales, relations logiques.

2. Que faut-il évaluer et comment, en matière de langage ? suite 2.2. Les compétences en production - suite ZOOM / La capacité à transformer de l’oral en écrit Base = langage d’évocation (possibilité de lier les deux objets d’évaluation) Critères = explicitation de tous les éléments essentiels (désignation exacte) et correction grammaticale des phrases ; travail « visible » de transformation de l’oral (bon signe même s’il n’aboutit pas vraiment); adaptation du débit. M.S. : dictée à l’adulte d’un énoncé court (ex : légende /photo, dessin) G.S. : dictée à l’adulte d’un enchaînement cohérent de plusieurs phrases (support possible : illustrations, photographies).

2. Que faut-il évaluer et comment, en matière de langage ? suite 2.2. Les compétences en production - suite ZOOM / La qualité de la langue produite (P.S. à G.S.) * vocabulaire précis (cf. annexe au programme : page 29-BO) ; * phrases correctes : simples (P.S.) puis complexes (G.S.) ; attention aux pronoms (je/P.S.), au genre des noms (dès P.S.), aux connecteurs (G.S.), au temps des verbes (G.S.) ZOOM / Les premiers signes de la capacité à se corriger Critères : reprise de ce que reformule le maître, immédiate et différée ; interrogations sur le comment dire ; tentatives pour reformuler, pour dire mieux même si elles n’aboutissent pas.

2. Que faut-il évaluer et comment, en matière de langage ? suite 2.3. Les compétences en compréhension RAPPEL : Compréhension : travail cognitif non visible mais déterminant. Important de l’évaluer régulièrement tout au long du parcours. Compréhension = production d’une signification (et non réception de…) ; intégration d’informations sémantiques Il faut travailler la compréhension ; l’imprégnation ne suffit pas, la fréquence des contacts avec des textes non plus Deux familles de situations essentielles : la compréhension des consignes la compréhension des textes (narratifs ou prescriptifs ; fictionnels ou documentaires) lus par le maître

2. Que faut-il évaluer et comment, en matière de langage ? suite 2.3. Les compétences en compréhension - suite Compréhension des consignes : - Cf. annexe au programme : P.S. : consigne simple dans une situation non ambiguë. M.S. : consignes des activités scolaires, au moins en situation de face à face avec l’adulte. G.S. : consignes données de manière collective - Vocabulaire spécifique des consignes scolaires à fixer (essentiellement, verbes d’action et repères spatiaux) - Essentiel pour les élèves = attitude à adopter face aux propos à visée collective (cf. « devenir élève ») - Attention : en situation collective, l’imitation des autres peut tromper l’adulte qui observe ; croiser les prises d’indices.

2. Que faut-il évaluer et comment, en matière de langage ? suite 2.3. Les compétences en compréhension - suite Compréhension des textes : - Textes documentaires et fictionnels, narratifs surtout, prescriptifs (en situation de jeu par exemple), avec ou sans images. - Evaluation : qui / quand / où / comment / pourquoi * Varier les modalités, ne pas se limiter aux questions-réponses. Importance de la reformulation (rappel de récit). * Identifier les attitudes qui révèlent qu’un élève cherche à comprendre (attitudes à encourager). - Points d’appui : annexe au programme, p. 29 du BO ; document d’accompagnement, p. 90/92

2. Que faut-il évaluer et comment, en matière de langage ? suite 2.4. Les premières compétences dans l’étude de la langue Ce qui est en jeu : les BASES de la LECTURE (principe alphabétique, conscience phonologique) La conscience du mot La conscience qu’un mot est constitué d’un assemblage organisé d’éléments L’identification des parties ; la discrimination auditive et visuelle La connaissance de correspondances entre oral et écrit (mots ; syllabes ; sons-lettres)

2. Que faut-il évaluer et comment, en matière de langage ? suite 2.4. Les premières compétences dans l’étude de la langue - suite - Préalable essentiel : enseigner, faire apprendre selon une approche ludique et implicite d’abord puis explicite et systématisée ; progressivité portant à la fois sur les entités travaillées (syllabes puis phonèmes) et sur les opérations mentales mises en œuvre. - Evaluation : limitée en M.S. ; plus régulière en G.S. - Points d’appui : annexe au programme, p. 30 du BO ; document d’accompagnement, p. 94/104 ; nombreux outils dans l’édition privée.

2. Que faut-il évaluer et comment, en matière de langage ? suite 2.5. L’entrée dans l’écriture - Préalable essentiel : enseigner, faire apprendre de manière rigoureuse ; apprentissage très exigeant à ne pas commencer trop tôt ; exigences limitées en quantité Evaluation : limitée en M.S. ; plus régulière en G.S. Ce qui est en jeu : Le respect des règles de tracés (intégration de repères spatiaux et du vocabulaire lié) La maîtrise des trajectoires (enchaîner, inhiber des gestes) La synchronisation des prises d’information visuelles et des gestes de la main (place du langage entre les deux) La prise de conscience de la relation forme / sens.

2. Que faut-il évaluer et comment, en matière de langage ? Fin L’évaluation est importante mais ne doit pas devenir envahissante. Il vaut mieux multiplier les prises d’indices en « situation écologique » que créer des situations factices et trop « primarisées ». Il faut bien maîtriser le programme et avoir des repères sur le développement des enfants pour savoir à quoi il importe d’être attentif et pouvoir capter les signaux positifs ou d’alerte dans les situations quotidiennes.

3. Comment concevoir l’aide personnalisée ? 3.1. L’aide personnalisée à l’école maternelle Une responsabilité de l’école maternelle depuis toujours : la prévention des difficultés scolaires Mettre l’aide personnalisée au service de la prévention Prévention dite primaire : éviter que les difficultés n’apparaissent Ne pas attendre que les écarts se creusent pour intervenir, c’est donner plus de chances à ceux qui en on moins. Prévention dite secondaire : intervenir tôt sur les difficultés afin d’en limiter l’extension et l’aggravation, ainsi que les effets « collatéraux » (nombreux avec le langage).

3. Comment concevoir l’aide personnalisée ? suite 3.1. L’aide personnalisée à l’école maternelle - suite Comment intervenir ? Des dispositifs souples et simples Souplesse quant au temps (durée, rythme, moment). Souplesse quant à la constitution des groupes ; ne pas hésiter à mêler les âges. Importance de schémas d’activités récurrents (enfants rassurés ; temps mieux géré). Pour la prévention primaire, ne pas hésiter à reprendre des activités de la classe ; densification et ciblage = chances de meilleur profit. Pour la remédiation, essayer d’autres modes d’action que ceux de la classe.

3. Comment concevoir l’aide personnalisée ? suite 3.2. Le cas du langage (première priorité) En section de petits : Langage en situation et communication Jouer, fabriquer, etc. ET / POUR parler Pour les enfants : oser prendre la parole ; s’imprégner de « bonnes formes » et les utiliser (phrases simples) ; (ré)entendre et remobiliser du vocabulaire en situation Familiarisation avec les livres et les histoires Pour les enfants : acquérir des gestes et du vocabulaire liés à la culture de l’écrit ; entendre et réentendre des histoires ; parler sur ces histoires en remobilisant le vocabulaire ; pratiquer le « rappel de récit »

3. Comment concevoir l’aide personnalisée ? suite 3.2. Le cas du langage (première priorité) - suite En section de moyens : Langage d’évocation Pour les enfants : se préparer ce qui sera fait en classe (rappel de récits par ex.) ; travailler à dire mieux (dire plus, dire autrement en s’appuyant sur des textes) Dictée à l’adulte (transformer de l’oral en écrit) Pour les enfants : s’entraîner à transformer des phrases (reprendre, redire) ; constituer des cahiers de vie, de lecteur, … personnels Compréhension d’histoires Pour les enfants : reprendre, affiner, approfondir, expliciter, mettre en relation des éléments des histoires

3. Comment concevoir l’aide personnalisée ? suite 3.2. Le cas du langage (première priorité) - suite En section de grands : Langage d’évocation, dictée à l’adulte, compréhension d’histoires Pour les enfants : pas fondamentalement différent de ce qui est attendu en section de moyens Les bases de la lecture Pour les enfants : s’entraîner à la « manipulation » des matériaux sonores (syllabes, phonèmes) ; s’entraîner au repérage et aux discriminations de phonèmes (multiplication des jeux, des exercices)

3. Comment concevoir l’aide personnalisée ? Fin L’aide personnalisée ne suppose pas des modalités forcément différentes des modalités pédagogiques de la classe. Elle crée des conditions favorables pour stimuler la participation des enfants « en retrait », pour encadrer/étayer leur activité cognitive. Elle offre des occasions d’interaction nombreuses ; or, c’est dans les interactions que les enfants apprennent à parler. Elle constitue « un plus » langagier très appréciable.