Exposé 1 LE CAPITALISME PORTEUR DE CRISES

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Exposé 1 LE CAPITALISME PORTEUR DE CRISES Amsterdam, IIRE Août 2015

Sept ans après le début de la crise économique et financière mondiale Juillet 2007 premières faillites de fonds de placement à haut risque aux Etats-Unis. Puis faillite de la banque Lehman Brohers en septembre 2008 Ensuite, étendue au monde entier, la plus importante récession depuis 1929. Pas un accident mais au cœur du fonctionnement de l'économie capitaliste

Le mode de production capitaliste Il se fonde sur des rapports sociaux de classe Son essor est concomitant avec la première révolution industrielle du 19ème siècle Avec une augmentation de la production matérielle et une croissance des inégalités, il est devenu dominant dans le monde Invariants et transformations tout au long de son de son histoire Les crises correspondent à la logique du système

La production capitaliste : ce qui la distingue Production de marchandises destinées à être vendues sur un marché. Sans vente les capitalistes ne peuvent réaliser la plus value produite par les travailleurs. Valeur d'usage et valeur d'échange Production effectuée dans des conditions de propriété privée des moyens de production Régie par les impératifs de la concurrence Le but de la production capitaliste est de réaliser le maximum de profit fondé sur l'extraction de la plus value

La plus value extraite de la force de travail (I) Les marchandises s'échangent en fonction des quantités de travail socialement nécessaire pour les produire La force de travail est une marchandise. Sa valeur est liée à la quantité de travail nécessaire pour la reproduire : besoins sociaux historiquement définis selon le rapport des forces entre classes sociales. Il n'y a pas de juste valeur !

La plus value extraite de la force de travail (II) Le capitaliste achète la force de travail pour obtenir d'elle plus que que ce qu'il a dépensé pour l'acheter Temps de travail : Il se divise entre le temps nécessaire à la reproduction de la force de travail et le « sur travail » à l'origine de la plus value empochée par le capitaliste La force de travail est une marchandise particulière : elle crée de la valeur - la plus-value

L’accumulation capitaliste Le profit capitaliste est utilisé à deux fins : l’acquisition de moyens de production et de forces de travail supplémentaires. la satisfaction des besoins de consommation des capitalistes (dividendes des actionnaires, « salaires » et stock options des dirigeants) C’est cet élargissement de l’échelle de la production qui constitue l’accumulation capitaliste.

Caractéristiques de l’accumulation capitaliste L’accumulation capitaliste n’est pas une croissance extensive, une reproduction à l’identique. Le capitaliste doit se tenir à l’affût des procédés techniques nouveaux pour abaisser ses coûts en matière premières, en énergie et surtout en force de travail en augmentant la quantité produite au cours de chaque heure de travail

La concurrence, moteur de l’accumulation Le rapport entre travailleurs et capitalistes règle les conditions de création de la plus-value La lutte entre capitalistes est une lutte pour la répartition de la plus-value dans laquelle chaque capitaliste essaie de conserver sa part du profit, voire de l’accroître. Pour cela, il faut investir, accumuler

La concurrence : « loi coercitive » « Le développement de la production capitaliste nécessite un agrandissement continu du capital placé dans une entreprise et la concurrence impose les lois immanentes de la production capitaliste comme lois coercitives externes à chaque capitaliste individuel. Elle ne lui permet pas de conserver son capital sans l’accroître et il ne peut continuer de l’accroître à moins d’une accumulation progressive ». (Le Capital, Livre I, Tome 3)

Le capitalisme est « productiviste » Son but est d'abord de produire du profit : la production de marchandises matérielles est un moyen Pour permettre le profit dans un univers de concurrence l'extension des échelles de production est indispensable Mais la production de « marchandises » doit trouver des acheteurs à un prix qui garantisse le profit capitaliste. Sinon crise de surpodruction, purge des moyens de production, casse des usines

La fable de l' équilibre Tenir compte de la monnaie. L'échange de marchandises n'est pas un troc « Après avoir vendu, je ne suis forcé d’acheter ni au même lieu, ni au même temps, ni de la même personne à laquelle j’ai vendu » La contradiction entre l'accumulation capitaliste et la réalisation de la plus value qui exige des consommateurs « solvables » : conséquence la surproduction de marchandises

Un débat toujours d'actualité La question demeure d’actualité car la théorie économique aujourd’hui dominante est une théorie de l’équilibre. Celle des capitalistes et des média L’économie de marché contient des mécanismes d’autorégulation qui assureraient le retour à une situation d’équilibre. Seuls des accidents, des causes extérieures ( la faute au pétrole) ou des fraudes expliquent les crises : jamais ni les capitalistes, ni le fonctionnement du marché

Crises précapitalistes… Les crises pré capitalistes sont des crises de sous production : une mauvaise récolte (due aux intempéries ou à une guerre) empêche la vie économique de se poursuivre comme à l’accoutumée. La misère se répand dans les campagnes et parfois les difficultés s’étendent aux activités urbaines. La crise est clairement attribuable à la sous-production de biens, de valeurs d’usage.

… Crises capitalistes Inversement, dans le déroulement des crises capitalistes, les entreprises se plaignent de ne pouvoir écouler leur production mais la « surproduction » peut coexister avec une situation de chômage et de non-satisfaction des besoins élémentaires de larges secteurs Les crises capitalistes sont des crises de surproduction de marchandises. Elles sont le résultat d'une activité humaine fondée sur le profit.

La crise nait des contradictions internes du mode de production capitaliste Marx souligne les contradictions que recèle la marchandises dans la production capitaliste : valeur d’usage/ valeur d’échange, travail concret/ travail abstrait. Ce sont ces contradictions qui impliquent la possibilité des crises. La surproduction est une surproduction de marchandises : c'est la marque des crises du système capitaliste

Surproduction de marchandises et pénurie de produits La surproduction d’un bien peut très bien coexister avec le fait que beaucoup de gens en soient privés. Il s’agit d’une surproduction au regard de la demande solvable. Celle des personnes qui peuvent payer le prix nécessaire à la réalisation du profit jugé suffisant par le capitaliste. Exemple : actuellement aux Usa, il y a des centaines de milliers de logements invendus et des millions de mal-logés ou sans logement.

Les crises : quelles explications La baisse du taux de plus-value : pendant la période d’expansion, le chômage diminue et les travailleurs sont en meilleure position pour obtenir des améliorations de leur situation L'anarchie de l'économie capitaliste : les investissements évoluent en fonction de de décisions de capitalistes individuels qui ne permettent pas de respecter les conditions d’équilibre entre secteurs I et II.

Les crises : quelles explications La sous-consommation : la logique du profit conduit les capitalistes à limiter les revenus des travailleurs donc leur consommation : moins de demande solvable La suraccumulation : l’importance de l’investissement se dirigeant vers les mêmes secteurs les plus profitables conduit à la surproduction et au déclin de la rentabilité du capital

Les facteurs se combinent Le problème des capitalistes n’est pas seulement d’extraire une plus-value suffisante des travailleurs. Le profit n’est que potentiel tant que les marchandises n’ont pas été vendues La sous-consommation : les crises seraient évitées si les salaires augmentaient régulièrement ou si l’Etat distribuait un pouvoir d’achat additionnel sous forme de prestations sociales La suraccumulation et la baisse de la rentabilité du capital conduisent à l’inverse à l’idée que le remède réside dans la baisse des salaires

La baisse tendancielle du taux de profit La baisse tendancielle du taux de profit illustre les contradictions de la reproduction du capital Ce n'est pas une loi déterministe avec une seule cause : tendances et contre- tendances sont à l'oeuvre Leurs influences dépendent du rapport des forces entre classes sociale

Le taux de profit Taux de profit = Pl/(C+V) Avec Pl : plus value C : capital constant V : capital variable (salaires) En divisant par V, on a : Taux de profit =(Pl / V) / [1+(C / V)] Pl/V : taux d'exploitation

C / V = la composition organique du capital C ayant tendance à augmenter plus vite que V, le dénominateur augmente et le taux de profit a tendance à baisser. Pour lutter contre cette tendance, les capitalistes peuvent augmenter la plus value et le taux d’exploitation Pl / V.

Contre tendance : augmenter le taux de plus value Allongement la durée du travail : plus-value absolue Intensification du travail ( augmentation des cadences, stress au travail, etc...) : plus-value relative Réduction du capital variable par la baisse des salaires directs et indirects Réduction du capital constant : coût des matières premières, zéro stock. Dévalorisation du capital. Jouer sur les prix relatifs du capital

L'évolution du taux de profit (source Exposé Mchael Roberts IIRE février 2014 Let’s start with Marx’s law of profitability – there has been a secular decline and more recently a peaking of profitability from the late 1990s

The same story for the world Source Michael Roberts IIRE Amsterdam février 2014 This story can be repeated for the major economies

Compétitivité : les habits neufs de la vieille exploitation Travailler plus : « la cure ne sera pas complète tant que nos pauvres de l'industrie ne se résigneront pas à travailler six jours pour la même somme qu'ils gagnent maintenant » Attention aux travailleurs chinois : « Si la Chine devient un grand pays manufacturier, je ne vois pas comment la population industrielle de l'Europe saurait soutenir la lutte sans descendre au niveau de ses concurrents » Source 1770 et 1773 Pesse anglaise citée dans Le Capital

Le capitalisme va de crise en crise Déséquilibres et crises renvoient fondamentalement à la logique de la production pour le profit Accumulation désordonnée et spéculation sont inévitables dans ce système Les dérapages et crises ont une fonction : restaurer le taux de profit du capital en détruisant forces productives et emploi en dévalorisant le capital. Quelle issue à l'onde longue récessive du capitalisme : le contexte de la crise d'aujourd'hui