Paul-Antoine Pichard, photographes
Plus de 2 milles corps humains reposent sous les montagnes d’ordures de Manille. En juillet 2000, après de fortes pluies, les ordures se sont écroulées sur le bidonville de Payatas. De nombreuses baraques de tôles ont été englouties, leurs habitants avec. Suite à cet accident les autorités ont fermé le site (six milles familles y habitent). Un drame pour ces familles privées de revenu. Après trois semaines de manifestation des scavengers, les autorités ont rouvert le site.
Une fumée permanente enveloppe la décharge. Elle est due à la décomposition des ordures, au méthane qui s’enflamme. On y brûle souvent des pneus, l’air y est âcre, acide, irrespirable, la dioxine brûle la peau, les bronches, il fait parfois nuit en plein jour. Lorsque je parle de pollution, ils me répondent: « La pollution ? Ça ne gêne que les riches! »
Ces poches de méthane, parfois de plusieurs mètres cube, peuvent se former sous les ordures, celui qui marche dessus est alors happé en quelques secondes, il est impossible de lui porter secours sous peine d’être englouti à son tour.
Les enfants vivent dans les ordures 24/24 hrs. Les médecins de quelques ONG présentes soignent de nombreuses morsures de rats. Les nourrissons endormis sont les premières victimes, les rats leur mangent les doigts ou les oreilles
Un petit chiot de quelques jours pleurait dans les ordures. J’ai appelé un gamin pour lui montrer…il l’a pris et balancé de toute ses forces contre un talus. J’ai été surpris par la violence de son geste avant de réaliser qu’il venait simplement d’éliminer son premier concurrent. Un chien errant.
Les nappes phréatiques sont fortement polluées. Depuis de nombreuses années les toxines s’y infiltrent. Les taux de dioxine et de métaux lourds présents dans l’eau des puits y sont extrêmement élevés: elle est bue tous les jours.
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