Historique et définition de la vaccinologie Pierre SALIOU. CIFV 10/03/2014
Histoire naturelle des maladies infectieuses = Chaîne épidémiologique (épidémiologie descriptive) De l’agent pathogène (« réservoir de virus ») au sujet réceptif Transmission directe ou indirecte Prophylaxie : lutte contre le réservoir lutte contre la transmission Protection du sujet réceptif Importance du vaccin varie en fonction de la maladie: n’est pas toujours la panacée
1796 = acte de naissance de la vaccination Edward JENNER Observation la vaccine protège contre la variole (constatation faite par les éleveurs de bovins) Démonstration expérimentale James Phipps, 8 ans inoculation contenu vésicules vaccine maladie bénigne inoculation contenu vésicules variole (variolisation) absence de maladie 3
Variolisation en Chine Vaccination Jenner 4
Variole Collection Jean-Marie Milleliri
Vaccin préparé sur génisse Collection Jean-Marie Milleliri
Centre vaccinogène de l’école du Val de Grâce Collection Jean-Marie Milleliri
Vaccination contre la variole Val de Grâce
Fin du 19e siècle Louis PASTEUR établit scientifiquement le principe général de la vaccination.
Pasteur : principe de la vaccination Une dose de culture vieillie de Pasteurella multicoda ne tue pas les poules Administration ultérieure d'une dose de culture fraîche, mortelle chez des poules témoins, ne tue pas les 1ères poules Application de ce principe à la rage = 1ère vaccination anti-rabique humaine administrée avec succès à l’enfant Joseph MEISTER le 6 juillet 1885 10
Vaccin contre la fièvre typhoïde Incidence très élevée de la maladie chez les militaires lors des opérations coloniales 1886 : Wright met au point un vaccin à germes entiers inactivés à l’éther pour les troupes britanniques en opération aux Indes et au Transvaal Travaux repris par Hyacinthe Vincent (avec Tribondeau et Chantemesse)
Apports de H.Vincent Préparation d’un vaccin inactivé à l’éther Expérimentations dans les troupes en Algérie puis en métropole Obtient la promulgation de la loi Labbé du 28 mars 1914 : obligation de la vaccination typhoïdique dans l’armée française
Intérêt majeur du vaccin pendant la guerre 1914-1918 Septembre 1914 - Mai 1915: = plus de 75000 cas (11000 décès) Accélération des campagnes vaccinales : cassure de l’épidémie Été 1915 - été 1916 = 615 cas (50 décès) 1918 : 55 cas (9 décès) NB : S. paratyphi A et B adjointes dans le vaccin (utilisé jusqu’au début des années 1980)
Hyacinthe Vincent (1862-1950) Collection Jean-Marie Milleliri Médecin Général Inspecteur Citation à l’ordre de la Nation Médaille militaire
Gaston RAMON Mise au point des anatoxines diphtériques (1923) et tétaniques (1926) par transformation des toxines sous l'effet du formol et de la chaleur (Travaux développés simultanément au Royaume Uni par A. GLENNY et B. HOPKINS) 15
Apports de Zoeller (1) Premières études cliniques puis essais à large échelle dans l’armée du Rhin de l’A.D => obligation vaccinale en 1931 Travaux identiques avec l’A.T => Obligation vaccinale en 1936
John ENDERS En 1948 : maîtrise des cultures cellulaires in vitro Possibilité de cultiver les virus en dehors d’un hôte vivant (souris, œuf) Technique mise à profit pour la première fois par Jonas SALK pour préparer un vaccin (vaccin trivalent inactivé contre la poliomyélite en 1954) De nombreux autres suivirent 17 17
Vaccins polyosidiques E.C. GOTSCHLICH (1970) Capsule des bactéries constituées de sucres (polyosides) = pleinement immunogènes à partir de 24 mois (anticorps protecteurs) Meningo AC, Pneumo, S.typhi, H.influenzae b R. SCHNEERSON et J. ROBINS (1980) Conjugaison des polyosides à une protéine = immunogènes dès premières semaines de vie Vaccins conjugués 18
Génie génétique Fabrication des antigènes vaccinants par des cellules étrangères, véritables « usines à protéines » – in vitro = vaccins sous-unités recombinants Ex: Hépatite B, HPV – in vivo = vaccins vivants recombinés EX: Vecteur Canarypox 19
Vaccin à ADN nu Surprise de la fin du XXème siècle ! Injecter directement le ou les gènes à l'origine des antigènes vaccinants à la place de ces antigènes eux-mêmes dont la synthèse est alors effectuée dans des cellules de l'organisme. = nouveau concept… sans application pour le moment
Plus de 200 ans d’histoire 21
Intérêt de la vaccination Plus beau succès de la Santé publique au 20ème siècle A sauvé des millions de vie tant dans les pays développés que dans les pays en développement depuis l’application du programme élargi de vaccination (PEV) adopté par l’Assemblée mondiale de la santé en 1974 Éradication de la variole en 1977 (certification en 1980) Vers l’éradication de la Poliomyélite en 20.. ? 22 22
Maladies de l'enfance bénéficiant d'une vaccination Cas déclarés aux Etats Unis (d’après ORENSTEIN. NEJM, 1992-25 p 1795) Maladie Nb max Année Nb cas % de de cas déclarés (1991) réduction Tétanos 1560 1923 49 96,9 Diphtérie 206939 1921 2 99,9 Coqueluche 265269 1934 2575 99,0 Rougeole 894134 1941 9488 98,9 Rubéole 57686 1969 1372 97,6 Congénitale Paralysies Polio 21269 1952 0 (1) 100 (1) 5 à 10 polios paralytiques post-vaccinales
Mais attention : succès fragile ! Risque d'oubli du bienfait des vaccinations Rumeurs sur des effets indésirables des vaccins désaffection des parents, voir opposition danger de résurgence de maladies Exemples : Épidémies de polio aux Pays-Bas en 1978 et 1992 Recrudescence de la polio au Nigéria en 2004 Épidémie de rougeole en France en 2010-11 24
Résurgence de la rougeole en France 25
Vaccinologie Concept né dans le milieu des années 70 Jonas SALK Charles MERIEUX Vaccinology : première apparition du mot in Science, 1977, 195.
Définition de la Vaccinologie (1) Buts : – amélioration des vaccins disponibles; – optimisation de leur utilisation; – développement de nouveaux vaccins
Amélioration des vaccins disponibles Stabilité : Maintenir une chaîne de froid à + 4 °C, + 8 °C. Plus besoin de congélateur. Innocuité : Exemple : vaccin coqueluche acellulaire. Immunogénicité : Exemple: vaccins polyosidiques conjugués (meningo A, C, Y, W135 / Pneumo).
Optimisation de l’utilisation des vaccins Un exemple caractéristique: Le développement de vaccins combinés
Associations vaccinales Associations simultanés : – 2 ou + administrations en des sites différents Associations combinées : – Soit prêtes à l’emploi (présentation dans la même seringue = «combos») – Soit extemporanées (présentation avec reconstitution juste avant injection: forme liquide + forme lyophilisée
Vaccins combinés Favorisent l'acceptabilité des vaccins: simplification du calendrier Facilitent l'acte vaccinal et amélioration de la sécurité Amélioration de la couverture vaccinale.
Développement de nouveaux vaccins Vaccins préventifs Vaccins thérapeutiques
Définition de la Vaccinologie (2) Objectifs : – Protection de toutes les populations du monde; – Contrôle des maladies pouvant aller jusqu'à l'éradication. Variole 1977 Polio ?
Définition de la Vaccinologie (3) Mise au point de stratégies vaccinales en fonction de l'épidémiologie des maladies et de leur impact sur la santé et l’économie. Prise en charge des problèmes logistiques (chaîne du froid, sécurité des injections) en fonction des conditions locales de la mise en œuvre des vaccinations.
Une définition opérationnelle : Vaccinologie Une définition opérationnelle : Étude de tous les aspects biologiques, épidémiologiques, socio-économiques, logistiques, éthiques, éducatifs et médiatiques qui concourent à l’amélioration de la protection vaccinale des populations humaines. JL.Koeck et P.Saliou