L’histoire a-t-elle un sens?
Sentiment de ne pas comprendre le cours des choses, d’être impuissant devant les bouleversements de l’histoire. Grande peur de la révolution française. La Terreur. Le temps semble se jouer de nous tous, même des puissants. Le pouvoir absolu et les fumées. Louis XIV, gangrène, Alexandre, ulcère gastrique, Napoléon, cancer de l’estomac ou empoisonnement à l’arsenic.
Kant Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique L’histoire s’intéresse à des êtres libres. Comment déterminer des lois ? L’homme serait-il libre malgré les lois naturelles ? Les astres, leur mouvement et leur connaissance des lois de Newton. 1. Besoin de donner un sens à l’histoire.
L’historien ne peut connaître tous les événements. Comment peut-il donner un sens à l’histoire ? Il faut s’intéresser à l’histoire de l’espèce humaine. Histoire universelle. Mariages, naissances, morts, produits de la volonté libre des hommes. Conditions atmosphériques : phénomènes naturels soumis au déterminisme. Et pourtant croissance des plantes.
La nature humaine : homme (être raisonnable) et bête (pulsions, instincts) Tragédies de l’histoire, atrocités, Le sens de l’histoire n’est donc pas un dessein des hommes mais de la nature, la leur. Sens : développement de l’homme selon sa nature
L’histoire est le théâtre d’un « plan caché de la nature » et si nous nous faisons à cette idée, nous pouvons certainement nous donner les moyens d’y parvenir. Kant ne se fait aucune illusion sur l’homme. Ce n’est pas parce qu’il est civilisé qu’il en est plus moral. Etudier l’histoire nous est nécessaire pour connaître notre situation dans le monde où nous vivons et prendre conscience de notre responsabilité : l’histoire sera ce que nous en aurons fait.
2. Un besoin qui semble constitutif de l’être humain. L’optimisme des philosophes Si Kant imagine une Société des Nations, si Hegel pense que, quels que soient les bouleversements de l’histoire, l’esprit humain se développera et triomphera, si Marx affirme que la lutte des classes aboutira à la dictature du prolétariat, chacun, en fait, semble convaincu d’un avenir meilleur, d’une fin.
Le « réalisme » des religions Pour les religions monothéistes, l’histoire semble cyclique : les hommes vivent dans la crainte de Dieu qui les prend sous sa protection, puis ils oublient leur pratique et endurent les châtiments divins, se repentent et trouvent à nouveau la providence divine. Pourtant, les religions envisagent un au-delà plus « réaliste » : le paradis ne va pas sans l’enfer. D’une certaine manière, les religions rejoignent l’idée de Kant : nous serons jugés sur nos actes. Le paradis est bien situé sur terre mais pas forcément l’enfer que beaucoup de mythologies situent sous terre. Si l’homme doit quitter le paradis, il reste néanmoins sur terre et garde l’entière responsabilité de ses actes. Dès lors, l’écriture de l’histoire n’est plus divine mais bien humaine.
Un sens caché par l’homme lui-même. L’histoire n’est pas une réalité mais une idée de l’homme. L’histoire des peuples est celle de l’homme. Essentiellement libre, il est aussi essentiellement responsable de lui-même et de l’humanité entière. L’idée de Sartre rejoint sur ce point -et bien malgré lui- la philosophie juive.
Si l’être humain ne comprend pas son histoire, c’est simplement qu’il ne se comprend pas lui-même. L’optimisme de Hegel semble contredit par la Shoa et par Hiroshima. « Désormais, ma liberté est plus pure. Cet acte que je fais aujourd'hui, ni Dieu ni homme n'en seront les témoins perpétuels. Il faut que je sois, en ce jour même et dans l'éternité, mon propre témoin. Moral parce que je veux l'être, sur cette terre minée. Et l'humanité tout entière, si elle continue de vivre, ce ne sera pas simplement parce qu'elle est née, mais parce qu'elle aura décidé de prolonger sa vie. Il n'y a plus d'« espèce humaine ». La communauté qui s'est faite gardienne de la bombe atomique est au-dessus du règne naturel car elle est responsable de sa vie et de sa mort : il faudra qu'à chaque jour, à chaque minute, elle consente à vivre... ». Jean-Paul Sartre Réflexions sur Hiroshima 1 er octobre 1945