La vérité objective
Une vérité ne peut être tenue pour objective qu’en fonction de l’adéquation entre le réel et le jugement ou la représentation que l’on se fait de lui. Il semble qu’on ne saurait parler de vérité objective qu’en ce qui concerne les sciences exactes : mathématiques, physique, chimie. Albert Einstein et Léopold Infeld expliquent qu’il ne s’agit que d’une illusion.
. « Les concepts physiques sont des créations libres de l’esprit humain et ne sont pas, comme on pourrait le croire, uniquement déterminés par le monde extérieur. Dans l’effort que nous faisons pour comprendre le monde, nous ressemblons quelque peu à l’homme qui essaie de comprendre le mécanisme d’une montre fermée. Il voit le cadran et les aiguilles en mouvement, il entend le tic-tac, mais il n’a aucun moyen d’ouvrir le boîtier. » L’Evolution des idées en physique.
L’image que le chercheur se fait du mécanisme de la montre ne pourra jamais être comparée avec le mécanisme originel, réel. La vérité objective qu’il recherche n’est qu’une image virtuelle d’une vérité potentielle. « Il ne sera jamais en état de comparer son image avec le mécanisme réel, et il ne peut même pas se représenter la possibilité ou la signification d’une telle comparaison. Mais le chercheur croit certainement qu’à mesure que ses connaissances s’accroîtront, son image de la réalité deviendra de plus en plus simple et expliquera des domaines de plus en plus étendus de ses impressions sensibles. Il pourra aussi croire à l’existence d’une limite idéale de la connaissance que l’esprit humain peut atteindre. Il pourra appeler cette limite idéale la vérité objective. » L’Evolution des idées en physique.
Vérité relative et vérité absolue. Une autre manière de souligner notre difficulté à définir la vérité est de considérer la distinction que l’on fait entre vérité relative et vérité absolue. Le bouddhisme établit une distinction identique. La vérité relative est conventionnelle. Elle nous montre comment les choses se présentent à nous mais aussi d’où elles proviennent. Elle est une observation et une description fine des phénomènes de l’existence. La vérité absolue désigne au contraire la réalité des choses, leur essence. Nous ne pouvons comprendre les phénomènes que de façon relative et nous ne pouvons qu’essayer d’approcher leur essence.
Cette idée rappelle celle de Platon. La vérité est à rechercher Cette idée rappelle celle de Platon. La vérité est à rechercher. On doit la découvrir par un questionnement incessant. Elle appartient au monde des idées qui relève d’un univers différent, au-dessus du monde, dans les sphères célestes. Le monde réel est la copie imparfaite de celui des idées. L’idée chrétienne de la vérité est tout aussi voisine. Selon Malebranche, « L’homme n’est pas à lui seul sa propre lumière. ». Pour avoir une connaissance des idées, l’homme, un être limité, ne peut, à lui seul, se représenter l’infini.
Il a donc besoin d’une aide Il a donc besoin d’une aide. Il ne peut concevoir l’infini que dans une « vision en dieu. » Puisque nous pensons, nous sommes une partie de cet être infini et nous pensons en lui. Nicolas Malebranche De la Recherche de la vérité 1674-1675 René Descartes. « l’étincelle divine »
Nous retenons que la vérité n’est peut-être pas de ce monde mais cela ne nous interdit nullement de la rechercher. Dans la vie comme en sciences, on travaille à l’établir. Elle se construit par l’expérience. Il nous appartient de savoir ce que nous voulons faire d’elle, c’est-à-dire rechercher pourquoi nous voulons savoir si une chose est vraie ou fausse et dans quel but nous voulons le savoir. -pour savoir comment agir -pour nous projeter dans l’avenir D’une même manière, nous voulons aussi déterminer si tel propos est ou non mensonger s’il touche de près nos relations avec autrui.