Michel de Montaigne VIIème partie
L’homme est donc en procès d’être. Il ne peut s’approcher que dans sa diversité d’être, dans ses mouvements, ses réactions différentes. Il se connaît dans sa différence. Ce n’est pas une histoire qu’il raconte, c’est son histoire qu’il cherche à comprendre, et pour cela, il convient d’en envisager avant tout la dimension temporelle Accidents et construction de l’être
Sincérité envers autrui et envers soi-même A soi donc de faire le point, de s’arrêter pour se regarder, prendre du recul et préciser clairement quelle doit être notre ligne de conduite, nos priorités ainsi que les limites de notre être. Curieusement, c’est précisément en déterminant nos limites qu’il nous est possible de les dépasser : l’au-delà de l’être passe nécessairement par un regard profond sur lui-même.
« Les gens du métier restent le plus dissimulés qu’ils peuvent et se présentent comme les hommes les plus modérés et les plus proches des opinions de ceux qu’ils approchent. Moi je me montre avec mes opinions les plus vives et sous ma forme la plus personnelle : négociateur tendre et novice, j’aime mieux faillir à ma mission que faillir à moi-même ! »
« Cette tâche a pourtant été faite jusqu’à cette heure avec une telle réussite (assurément le hasard y a la part principale) que peu d’hommes sont entrés en rapport avec un parti, puis avec l’autre, avec moins de soupçon, plus de faveur et de familiarité. »
Montaigne entend par « mission » son travail et non le dessein qu’il s’est proposé : se peindre lui-même. Dans son projet des Essais, faillir à sa mission, ce serait faillir à soi-même. Le projet de Montaigne dépasse bien évidemment son être propre. Il écrit pour tous les hommes. Nous devons être sincères à l’égard de nous- mêmes et les réflexions de Montaigne semblent bien annoncer celles de Sartre sur la « mauvaise foi »