A MÉLIORATION DU P ACTE DE S TABILITÉ ET DE C ROISSANCE EN Y INTÉGRANT LA RÈGLE D ’ OR : UNE NOUVELLE TENTATIVE Henri Bogaert (Bureau fédéral du Plan et.

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A MÉLIORATION DU P ACTE DE S TABILITÉ ET DE C ROISSANCE EN Y INTÉGRANT LA RÈGLE D ’ OR : UNE NOUVELLE TENTATIVE Henri Bogaert (Bureau fédéral du Plan et Université de Namur) et Élodie Lecuivre (CERPE -Université de Namur) Congrès des économistes belges de langue française 26 Novembre 2015

En 2004, lors des discussions de la révision des règles du Pacte, Olivier Blanchard proposait de tenir compte de la règle d’or. « The Stability and Growth Pact contains a serious error: the way governments are expected to account for public investment » Cette tentative a échoué. Aujourd’hui, après 7 années de crise, une impuissance de la politique économique, une réappréciation du Pacte est nécessaire. Cette présentation envisage un aspect: comment comptabiliser correctement les investissements publics dans la règle fondamentale du Pacte: le MTO.

Deux comportements à éviter Les investissements publics sont les premières victimes des ajustements budgétaires Le montant des investissements publics est structurellement trop faible pour maintenir le stock de capital

L’absence d’une règle d’or dans le Pacte est responsable de ces deux déviations Les règles actuelles du Pacte mènent à un objectif proche de l’équilibre budgétaire, impliquant que la quasi-totalité des dépenses publiques (y compris les investissements) doivent être financées par des recettes courantes. Face à ces contraintes, consolider en réduisant les investissements est politiquement plus aisé. Une règle d’or qui permet de financer les investissements nets des amortissements du capital par l’endettement permettrait de preserver ce type de dépenses comme axe essentiel d’une politique structurelle.

3 raisons pour une règle d’or et 2 raisons contre POUR les investissements publics sont source d’externalités et de croissance potentielle qui, elle-même, est source de recettes fiscales futures, les investissements publics financés par des recettes courantes coûtent à la génération actuelle et bénéficient aux générations futures, les investissements constituent une valeur qui sert implicitement, au moins en partie, de collatéral à l’emprunt qui les finance CONTRE les investissements publics ne sont pas un bon instrument de politique contra-cyclique parce que leur délai de maturation et de mise en œuvre est long et agir dans la précipitation engendre de l’inefficacité, la règle d’or peut engendrer des dérives parce que, pour ne pas procéder à des ajustements budgétaires, les autorités classent dans la catégorie investissement des dépenses courantes

La logique qui sous-tend la règle du Pacte Les règles du Pacte de stabilité et de croissance ont pour but d’assurer une coordination efficace des politiques budgétaires des différents Etats membres de la zone euro. Ces règles, dans leur volet préventif, sont centrées sur un objectif de solde budgétaire structurel, corrigé des effets du cycle économique et des mesures ponctuelles (le MTO : Medium Term Objective) qu’il s’agit d’atteindre et de maintenir à moyen terme. L’objectif de moyen terme doit permettre de laisser jouer les stabilisateurs automatiques dans le cycle : le solde budgétaire effectif fluctue en fonction du cycle autour de sa tendance fondamentale centrée sur le MTO.

Quelle est la logique qui a été suivie jusqu’ici pour déterminer le MTO? La règle de calcul du MTO actuelle est basée sur le critère de soutenabilité de la dette publique selon laquelle la somme actualisée des surplus primaires, à politique et législation inchangée, est supérieure ou égale à la dette publique (ces concepts formulés en pourcentage du PIB). Les surplus primaires futurs sont influencés par le vieillissement de la population qui occasionne à long terme ce que l’on appelle le coût budgétaire du vieillissement, c’est-à-dire la somme actualisée des variations de surplus primaire provoquées par le vieillissement. Pour réduire le risque de défaut, une réduction accélérée de la dette devrait être prise en compte. Ainsi, la formule actuelle intègre l’objectif de réduction de la dette vers le seuil de 60 % du PIB.

Le MTO est le maximum de trois éléments : 1.le minimum benchmark qui veut que le MTO soit supérieur à une valeur pour laquelle dans des circonstances normales, les stabilisateurs peuvent jouer sans que le solde budgétaire ne dépasse la contrainte de 3% du PIB, 2.un minimum absolu de -0,5% du PIB selon le TSCG 3.le résultat de la formule de base dérivée de la logique de soutenabilité évoquée ci-dessus qui additionne trois éléments : 1.un seuil de stabilisation à long terme de la dette à 60 % du PIB, 2.une partie du coût budgétaire du vieillissement, 3.la réduction accélérée du taux d’endettement.

Une nouvelle règle centrale de calcul du MTO La nouvelle formule proposée est basée sur un critère de soutenabilité de l’actif net (valeur des actifs moins dette, ou, inversement, de la dette nette), l’actif étant le résultat d’un processus d’accumulation des investissements nets de l’amortissement du capital. Elle met l’accent sur le programme d’investissement public comme élément essentiel et structurel du programme de stabilité (qui couvre une période de 4 ans), mais aussi sur l’équité intergénérationnelle ou inter-temporelle, non seulement pour la charge de la dette et des dépenses futures liées au vieillissement, mais aussi pour celle de l’investissement dont les effets bénéficieront aux années ou aux générations futures.

La règle incorpore une réduction accélérée du taux d’endettement La réduction accélérée du taux d’endettement vise à assurer la viabilité financière et doit donc minimiser les risques de défaut Quel seuil de taux d’endettement et à quel rythme l’atteindre? En déduisant de la règle de réduction du taux d’endettement un accroissement additionnel du MTO On a envisagé la contrainte du volet correctif: 5% de l’écart entre le taux d’endettement et un seuil de 60 % du PIB, Remarquons que une condition de soutenabilité de l’actif net stricte impliquerait que la dette converge vers la valeur du capital (+/- 40% du PIB).

Je vous fais grâce des maths…

Nouvelle formule comparée à la formule actuelle Composantes En pourcentage du PIB Formule actuelleFormule proposée Seuil de stabilisation à long terme de la dette ou de l’actif net - 60% (seuil du taux d’endettement) x taux de croissance moyen du PIB nominal à long terme + Actif net x taux de croissance moyen du PIB nominal à long terme Provisionnement du coût budgétaire du vieillissement + 1/3 x coût budgétaire actualisé du vieillissement de la population Réduction accélérée de la dette-1.24% x taux d’endettement-1% x actif net Investissement public - Investissement public net de l’amortissement du capital

Application à la Belgique en 2012 Composantes en pourcentage du PIB Formule actuelle Formule proposée (Investissement de 2015) Formule proposée (Investissement stabilisant le ratio de capital) Formule proposée (idem + réduction accélérée de la formule actuelle) Seuil de stabilisation à long terme de la dette ou de l’actif net Provisionnement du coût budgétaire du vieillissement 2.4 Effort de réduction accélérée de la dette Investissement public Total = MTO

Deux paramètres sont particulièrement contraignants… et discutables… Le minimum absolu de -0,5% du PIB pour le MTO est contraignant. L’intégration de la contrainte de réduction accélérée de la dette est très exigeante: réduction de 5% de l’écart entre le taux d’endettement et 60% du PIB. Un effort additionnel plus proche de la formule actuelle semble plus approprié. En conséquence, la marge d’augmentation des investissements est significative mais reste relativement contrainte Plus la contrainte de réduction accélérée est sévère, plus le MTO hors investissement est ambitieux et plus la marge pour les investissements est grande

La formule proposée permet une distribution plus efficace de la politique budgétaire entre niveaux de pouvoirs L’objectif imposé par le Pacte s’applique à l’ensemble du secteur des administrations publiques (S.13), ce qui nécessite une certaine coordination entre les niveaux de pouvoir: fédéral, sécurité sociale, régions, communautés, pouvoirs locaux. L’application de la formule actuelle du MTO se traduit généralement en interne par l’exigence d’un équilibre budgétaire (SEC) imposé à chacune des entités membres du secteur des administrations publiques car il s’agit de la répartition la plus simple à négocier politiquement. Or, une telle répartition est inefficace et contraint l’investissement (en particulier, pour les petites entités prises individuellement comme les communes ou les institutions membres du périmètre).

La formule proposée permet une répartition plus efficace: chaque élément de la formule peut être distribué entre les différents niveaux de pouvoir en évitant les questions récurrentes de négociation politique. Les pouvoirs investisseurs peuvent financer leurs investissements par emprunt: Entité II (communautés, régions et pouvoirs locaux). L’Entité I (pouvoir fédéral et sécurité sociale) doit prendre en charge la réduction accélérée de la dette et l’essentiel du coût budgétaire du vieillissement. En conséquence: l’Entité I devrait constituer des surplus, alors que l’Entité II pourrait avoir des déficits correspondant aux investissements. La réforme proposée de la règle du MTO demande une période de transition. Elle peut conduire à une nouvelle réforme de l’Etat imposant à l’Entité II de prendre en charge une partie de la dette et une plus grande partie du coût budgétaire du vieillissement.

Conclusion Si on incluait la règle d’or dans la logique du Pacte, cela rendrait celui- ci théoriquement plus fondé et plus orienté vers la croissance Mais cela ne signifierait pas du laxisme budgétaire ou des ajustements moins difficiles pour les autres postes budgétaires que l’investissement