Le devoir IVème partie
L’ horrible remarque d’Eichmann nous montre bien que l’action morale doit être guidée par des valeurs humaines et le développement des vertus. Kant écrivait : « Agis de façon telle que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans toute autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. » De par cet impératif, autrui ne peut jamais être considéré ou utilisé comme un moyen pour parvenir à un but. Nous devons penser avant tout à son accomplissement. Les critiques de Kant
Le problème est que, pour certains, l’impératif catégorique est un peu trop vague. Que devons-nous faire ? Pourquoi Kant ne l’écrit-il pas ? Cette absence de contenu précis de la morale kantienne est relevée par Hegel dans ses Principes de la philosophie du droit Pour Hegel, il est certain que l’homme peut tirer, de lui-même, la maxime de son action et qu’il ne peut donc pas y avoir de maxime universelle. Les règles que l’homme se donne, se fixe, peuvent toujours être discutées. Hegel ne veut pas dire que l’acte authentiquement moral n’est qu’une vue de l’esprit. Il pense seulement qu’il ne peut échapper à la contradiction.
« La vie humaine et la propriété existent et doivent être respectées, c’est une contradiction de commettre un meurtre ou un vol. Une contradiction ne peut être que contradiction avec quelque chose, c’est- à-dire avec un contenu qui soit préalablement posé comme principe ferme. Ce n’est que relativement à un tel principe qu’une action peut être dite en accord ou en contradiction. Mais dire que le devoir peut être voulu uniquement comme devoir et non en raison d’un certain contenu, c’est énoncer une identité formelle qui revient à exclure tout contenu et toute détermination. »
Il est certain que Kant ne nous dit pas ce que nous devrions faire dans certains cas particuliers. Le devoir est une règle à laquelle nous devons par nous-mêmes nous soumettre sans autre raison que parce que c’est notre devoir. Si le contenu de cette morale n’est pas précisé, c’est tout simplement parce que nous devons réfléchir par nous-mêmes, pour le constituer. Kant n’a pas l’intention d’écrire un code de morale parce que celui-ci serait en contradiction avec notre liberté.
C’est précisément par notre recherche, par nos choix et nos actes, par l’exercice de notre raison que notre morale se constitue de manière absolument empirique. Ainsi, indépendamment de toute gratification ou de toute sanction s’affirme simultanément notre liberté en acte. C’est pourquoi Charles Péguy a tort d’affirmer : « Le kantisme a les mains pures, mais il n’a pas de mains. » Le kantisme a nos mains qui n’agissent que de notre seule volonté pour notre plus grande liberté.