L’homme et l’éternité

1. Le temps est une idée commode pour organiser l’existence Il est certain que nous avons beaucoup de mal à définir le temps mais encore plus de mal à nous l’approprier : Nous n’avons aucune prise sur le passé et nous ne savons pas de quoi demain sera fait. Quand au présent, il nous échappe sans cesse puisqu’il n’existe déjà plus que dans le passé. Nous regrettons parfois le passé ou nous voudrions le recréer ou le refaire différemment. Nous nous projetons dans le futur et nous ne parvenons jamais à vivre le présent.

Le temps est l’objet d’un découpage en heures, minutes, secondes, parce que c’est commode pour organiser les journées mais ce temps mathématiques correspond-il réellement à quelque chose dans la nature ? Nous avons ainsi l‘impression de maîtriser ce qui nous échappe. Pour Platon, c’est « une certaine imitation mobile de l’éternité » Timée

2. Mais nous ne sommes pas toujours maîtres de notre temps Nous cherchons à l’aménager le plus complètement possible parce que nous voulons le maîtriser. Nous rêvons de diriger le temps dont les Grecs avaient fait un dieu. Nous imaginons des machines à voyager dans le temps (Wells) Notre peur du temps, peur d’une idée créée par l’homme nous fait imaginer un temps tragique et souverain. Ceci peut expliquer les accidents de la vie. Il est rassurant pour l’homme de penser qu’il n’est pas responsable de sa propre existence

3. L’homme conçoit l’idée de Dieu comme maître du temps Dieu organise l’univers, régit le monde et les actes des hommes. Pour Spinoza, rien ne se produit qui n’ait été voulu par Dieu. La plupart des religions ont l’idée d’un dieu éternel, c’est-à-dire qui échappe à l’ordre du temps. Le temps divin –l’éternité- s’oppose ainsi au temps humain –limité- et il est dans l’ordre des choses que les éléments réagissent aux actes de l’homme. Les catastrophes naturelles, les cataclysmes, sont souvent appréhendés par les croyants comme des sanctions divines. Beaucoup pensent que le hasard n’existe pas et que tout a un sens.

4. Le désir d’immortalité : l’art et le travail humain Echapper au temps permettrait à l’homme de devenir l’égal des dieux. Par ses réalisations, l’homme cherche quelquefois à dépasser le temps humain : il crée ce qui est destiné à lui survivre. L’œuvre d’art est éternelle. Les progrès de la génétique et le clonage laissent penser que l’on pourra bientôt recréer indéfiniment la même personne qui aurait donc la possibilité de vivre des vies différentes. C’était déjà le mythe du ka égyptien dans l’Antiquité.

5. Ce que le temps nous enseigne Nous avons une fin. Notre vie a un terme. Certains pensent donc qu’il faut profiter, jouir de l’existence. D’autres songent à ce qu’ils pourraient faire autour d’eux. On aimerait, par nos actes pouvoir donner un sens à notre vie. Kant. « C’est bien. »