Burnout, dépression, suicide et conduites addictives

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Transcription de la présentation:

Burnout, dépression, suicide et conduites addictives Comprendre les risques psychosociaux, les dépister, savoir intervenir Dr Julien Cohen Service de Psychiatrie et d’Addictologie CHU SAINTE MARGUERITE

Définition des risques psychosociaux Les risques psychosociaux recouvrent des risques professionnels qui portent atteinte à l'intégrité physique et à la santé mentale des salariés : stress, harcèlement, épuisement professionnel, violence au travail... Ils peuvent entraîner des pathologies professionnelles telles que des dépressions, des maladies psychosomatiques, des problèmes de sommeil, des conduites addictives, mais aussi générer des troubles musculo-squelettiques, des maladies cardio-vasculaires

Pourquoi s’intéresser aux risques psychosociaux? Les étudiants, surtout faisant des études d’élites, font partie d’une population particulièrement à risque en terme de: Addictions: Alcool (Binge Drinking), Cannabis, Cocaine Troubles du comportement alimentaire (Boulimie) 1% dans la population générale…20% chez les étudiantes!! Troubles anxieux, Dépressions Suicide Pourquoi une telle sur-répresentation de ces troubles parmi les étudiants?

Pouvons nous tous être concerné? Comme dirigeant d’entreprise: La gestion des risques psychosociaux est aujourd’hui importante dans le plan de fonctionnement d’une entreprise. Des actions sont possibles: dépister ces risques, avoir des actions de prévention, proposer des solutions et des orientations. Savoir gérer une crise grave (suicide sur le lieu de travail, alcoolisme d’un salarié) Au contact des étudiants, population qui sur-répresente ces troubles Les troubles psychiatriques et addictifs sont fréquents dans la population, et encore plus fréquent chez les actifs. Nous pouvons tous être confronté à un moment à un problème de stress, de dépression, d’addictions.

A l’heure ou je vous parle… 8 millions de français souffrent d’une dépression 2.5 millions souffrent d’alcoolisme 25% de la population présentera au moins un trouble psychiatrique au cours de sa vie 45% des actifs se disent concernés par le stress professionnel Une tentative de suicide toutes les 4 minutes, un à deux suicides de salariés sur son lieu de travail par jour

Nous aborderons aujourd’hui Nous aborderons la problématique des conduites addictives, en milieu étudiant et sur le milieu du travail Le stress pathologique et répété, grevant la qualité de vie, pouvant induire: Un épuisement professionnel ou Burnout, lui-même pouvant conduire… A la dépression, véritable pathologie psychiatrique, qui peut se compliquer, au stade ultime D’une tentative de suicide

Plan Conduites addictives Stress et Burnout Dépression Suicide

Deux petites histoire pour commencer…hélas vraie Mr R, 48 ans, chef d’une grande entreprise. Aucun antécédents médicaux ni psychiatriques. Investissement professionnel intense depuis 10 ans, a la limite du Workalcoholism Stress de plus en plus important « je vais gérer seul » « je n’ai pas le droit d’aller moins bien » Augmentation des consommation d’alcool le soir en rentrant, pour « décompresser » et gérer le stress de plus en plus important Décompensation brutale lors d’un trajet professionnel: Crise de pleurs, crise d’angoisse à répétition, douleur thoracique nécessitant un passage aux urgences. Diagnostic: Burnout professionnel. Evolution rapide en dépression sévère: Sentiment de culpabilité, dévalorisation, tristesse, reste dans son lit, ne fait plus rien de la journée, idées suicidaires de plus en plus intense. Y aurait-il eu des actions de préventions? Aurait-on pu éviter d’en arriver là? Comment aider Monsieur R

Mlle T, 25 ans étudiante en 3eme cycle dans une formation d’élite rejoint pour un stage une entreprise de pointe. Elle présente des antécédents d’anorexie à l’adolescence, va actuellement très bien Il s’agit de quelqu’un d’extrêmement perfectionniste, méticuleuse, apprécié dans son travail. Elle a toujours eu d’excellents résultats scolaires. Le degré d’exigence est très élevé dans son entreprise, tout le monde s’investit à 200% et évoluent dans un contexte de stress important, ce qui entretient la réputation d’élite de l’entreprise. Après 4 mois de stage, Mlle T est retrouvé pendue sur son lieu de travail. Aurait-on pu prévoir ce geste? L’en empêcher? Quelle est la responsabilité de l’entreprise? Quelles en sont les conséquences sur l’entreprise?

CONDUITE ADDICTIVES ET TRAVAIL

L’histoire des drogues se confond avec celle de l’humanité… 1er trace écrite relative à l’opium: 4000 av JC, dans les plaines sumériennes « la plante qui apporte la joie » La consommation de toxiques est une constante quelque soit la civilisation, la société, l’époque. Ce n’est pas l’expérimentation qui pose un problème! En France on trouve 12 millions de français consomment de l’ alcool quotidiennement (2,5 millions d’alcoolique) 13 millions de fumeurs 2.4 millions de consommateurs de psychotropes, 280.000 consommateurs quotidien de cannabis

Pourcentage d’étudiants ayant fumé du cannabis durant le dernier mois ESPAD ; CAN - GP Figure 51a. Proportion of all students who have used marijuana or hashish during the last 30 days - 1999 14

Définition de l'addiction L'addiction se caractérise par : l'impossibilité répétée de contrôler un comportement la poursuite de ce comportement en dépit de la connaissance de ses conséquences négatives Il existe : des addictions comportementales, des addictions aux produits. L’addiction aux produits se traduit par ; l’usage nocif ou la dépendance à ce produit.

USAGE NOCIF ET DEPENDANCE Interactions : Produit (P)x Individu (I) x Environnement (E) P = Facteurs de risque liés au Produit Dépendance Complications sanitaires psychologiques et sociales Statut social du produit I = Facteurs Individuels (de vulnérabilité et de résistance) génétiques biologiques psychologiques psychiatriques E = Facteurs d ’Environnement familiaux : fonctionnement familial, consommation familiale sociaux exposition :consommation nationale, par âge, sexe, groupe social marginalité copains

L’addiction est une maladie du cerveau

Alcool

L’Alcool Toxique humain le plus répandu Peu de représentations négatives de l’abus, beaucoup de représentations positives de la consommation Poids du lobbying très important, peu de prévention, « bien culturel »: consommation moyenne: 16L/an Evolution des consommations: Binge Drinking Alcoolisme féminin Age de consommation de + en + jeune 50000 morts/an 8% des buveurs consomment 50% de l’alcool vendu en France…

Cinétique Absorption digestive ralentie par la consommation concomitante de nourriture, accélérée par le jeûne et les boissons gazeuses Alcoolémie maximale en 30 à 60 minutes à jeun, en ~ 2 heures avec un repas Décroissance de l’alcoolémie 0.10-0.15 g/l par heure la vitesse d’élimination augmente chez le consommateur chronique et le fumeur

Les risques liés à la consommation Intoxication alcoolique=ivresse alcoolique: vertiges, troubles de la coordination, excitation psychomotrice, troubles de la conscience pouvant aller jusqu’au coma. Intoxication chronique: Atteintes organiques hépatiques, nerveuses et cardiovasculaires Tolérance et dépendance; Sevrage alcoolique: Sevrage végétatif, pré-délirium, délirium tremens

Cannabis

Evolution des consommations La consommation a explosé entre la fin des années 80 et le début des années 2000 Elle diminue actuellement, les modes de consommation évoluent

Risques liés à la consommation aiguë Toxicité globale faible Dépendance faible : 10% des usagers Syndrome amotivationnel Trouble anxieux: fréquent Troubles psychotiques: rare (adolescence++) Troubles somatiques si intoxication chronique: rare

Les opiacés Héroïne: produit dérivé de la morphine se présentant sous forme de poudre Souvent coupée à la caféine, au talc Médicaments dérivés de la codéine (dérivé morphinique): néocodion, sirop pour la toux. Traitements substitutifs: méthadone, subutex (buprénorphine)‏

Syndrome de sevrage Apparition très rapide après l’arrêt ou la réduction 12 à 14h après la dernière prise: bâillements, larmoiement, rhinorrhée, mydriase, sueurs, anxiété. 24h: contractions musculaires, irritabilité, insomnie, anorexie, nausée,douleurs, frissons. 3ème jour: diarrhées, vomissements, déshydratation, tachycardie, HTA, angoisse majeure. 8ème jour: régression des signes avec persistance possible de fatigue et trouble du sommeil La dépendance psychique dure des années

Complications de l'addiction aux opiacés Overdose (trouble de la conscience, myosis bilatéral,dépression respiratoire, coma, mort)‏ 15% d'héroïnomanes contaminés par le VIH, 70% par le VHC Diminution du nombre de décès par overdose et des contaminations depuis l'apparition des produits de substitution.

Cocaïne Poudre blanche floconneuse et cristalline Souvent coupée (sucre, fécule de maïs, talc, laxatif, etc…. ) Voie de consommation: sniffée, ingérée, injectée Peut être mélangée à l’héroïne (SpeedBall: consommation par voie IV) Problème de la disponibilité importante et l’accessibilité facile: Prix en baisse!

Cocaïne Le crack ou free-base (= cocaïne base) Obtenu par la transformation de la cocaïne mélangée avec du bicarbonate de sodium (crack) ou de l'éther ou de l'ammoniaque (free-base). Sous forme de bloc de cristaux ou de poudre Consommation par inhalation de la fumée

Cocaïne Dépendance à la cocaïne: Importante, fréquente Syndrome de sevrage hypersomnie, fatigue, anhédonie, anergie, ralentissement psychomoteur, tristesse, difficultés de concentration, appétit augmenté, envie d’euphorie cocaïnique importante Craving (besoin irrepressible de consommer) : dépendance psychique intense Complications médicales, psychiatriques, sociales, légales

Exemple de nouveau consommateur Les psychostimulants et autres drogues de synthèses Exemple de nouveau consommateur Le Businessman trip Produit DMT (diméthyltryptamine ) Consommation: inhalation ou fumée Effet: perte immédiate de contrôle, hallucinations, euphorie, impression « d’être éjecté du fut d’un canon atomique », Death Near Experiences, (trips psychotiques) Rapidité d’action: 10 secondes à 1 minute Durée: 15 minutes Retour à la normale: 45 minutes

Les addictions comportementales: Le jeux pathologiques 70 à 90 % des adultes jouent quelques fois dans leur vie Prévalence du jeu pathologique est d’environ 0,5 à 2 % dans les pays occidentaux comportement du joueur proche de celles des addictions avec substance Syndrome de sevrage obsession du jeu Tolérance : besoin croissant de jouer pour se refaire et surtout pour retrouver la sensation forte, similaire à celle d’une drogue. Dépendance : si pas de jeu =angoisse, irritabilité quête du « produit » (argent) par vols, escroqueries...

Les autres addictions comportementales Travail: workalcoholic (ou workaholic) Achats compulsifs Addictions sexuelles Nourriture Sport Jeux vidéos Crackberry Etc…

Liens entre toxicomanie et entreprise Effets de la toxicomanie en entreprise: accidents du travail et erreurs professionnelles baisse de la productivité et absentéisme durée des effets Effets de l ’entreprise sur la toxicomanie: les professions à risque le « dopage » en entreprise: performance, peur...

Le dépistage

Aspects juridique du dépistage Les stupéfiants 16 septembre 1916: apparition du décret sur les stupéfiants Code pénal loi du 31 décembre 1970 interdit l’usage de substances illicites en entreprise, objectifs: réprimer le trafic, sanctionner pénalement l ’usage de stupéfiants tout en proposant une alternative thérapeutique, assurer la gratuité des soins et l ’anonymat pour les usagers qui le souhaitent

Aspects juridique du dépistage Dispositions particulières pour l ’alcool Éviter l’alcool sur le lieu de travail interdiction d ’introduire, de distribuer, de laisser introduire ou distribuer des boissons alcoolisées ou de laisser entrer ou séjourner des personnes en état d ’ivresse sur le lieu de travail (art. L.232 du Cdt); aucun avantage en nature ou salaire en boisson alcoolisée (art.L.232-3 et R.143-1). Éviter l’ingestion d’alcool sur le lieu de travail mise à disposition d ’eau potable et fraîche; mise à disposition de boisson non alcoolisée pour les salariés travaillant dans des conditions les amenant à se désaltérer fréquemment.

Le stress professionnel..

stress (78% des répondants) 40 Sondage TNS Sofres de juillet 2008 Thème : « les Français et leur travail » 2 100 personnes interrogées « Quel est le premier mot auquel vous pensez quand vous pensez à votre travail ? » stress (78% des répondants)

La qualité de vie … selon les employés Sondage TNS Sofres de juillet 2008 : « Selon vous, parmi ces mots, quels sont ceux qui décrivent le mieux la façon dont la plupart des gens vivent leur travail ? » Stress : 78% Intérêt : 43% Corvée : 30% Ennui : 19% Plaisir : 20% Souffrance : 16% Dynamisme : 19% 41

Etat des lieux 50% à 60% des arrêts de travail seraient liés au stress ! En France, le coût du stress au travail (données 2000) : Équivaut à 10% à 20% des dépenses de la branche Accidents du travail / Maladies professionnelles de la Sécurité sociale Le stress « coûterait » 1 milliard d’euro annuel 42 42

34% 54% La qualité de vie … selon les employés Sondage TNS Sofres de juillet 2008 : « Par rapport à il y a quelques années, diriez-vous qu'en France, les conditions de travail se sont nettement améliorées, plutôt améliorées, plutôt dégradées ou nettement dégradées ? » Nettement améliorées : 4% Plutôt améliorées : 30% Plutôt dégradées : 40% Nettement dégradées : 14% 43 34% 54%

Le « stress » : une formulation commode Moins chargée que « souffrance », moins connoté « psy » Permet au personnel de poser un problème sans s’avancer sur son contenu. Peu déstabilisant pour la direction puisque l’on dit tout et rien. Évoque des contenus scientifiques dont aucun des acteurs n’a la maîtrise. Oriente donc du côté de l’élucidation savante. Au final, elle permet de souligner l’existence d’un problème sans avoir à soutenir le débat social qu’il impliquerait.

les réactions de l’organisme au stress

Principales modifications physiologiques Eprouver du stress est normal, bénéfique souvent. C’est une réaction immédiate, brutale, de courte durée. Elle met l’organisme en état de combattre ou fuir: décharge d’adrénaline Elle mobilise les réserves énergétiques Augmentation de la productivité, de la capacité de travail? Management par le stress viable?

Au-delà de l’urgence Le Stress chronique est profondément toxique pour l’organisme La réaction d’urgence s’épuise rapidement (jours, semaines, mois?) Le stress chronique est à l’origine des effets négatifs sur la santé.

Effets à long terme Perturbations favorisant l’athérosclérose. Pathologies coronariennes. Troubles gastro-intestinaux (ulcères, constipation, diarrhée). Impact sur la vie familiale Problèmes psychiatriques: Burnout, Dépression, Suicide, conduites Addictives

Un nouvel aspect de la gestion du stress Nous ne sommes pas tous égaux devant le stress les stratégies d'adaptation (au stress), le coping, sont prépondérantes. Ces stratégies sont les cibles psychothérapeutiques privilégiés pour améliorer la gestion du stress

Les schémas de pensée Un schéma de pensée est une « grande règle de vie », qui me définit Le paradoxe de certains schémas: ils favorisent la productivité et l’excellence, mais expose fortement à des troubles psychiatriques Le grand classique: le schéma de perfectionnisme: « si ce que je fait n’est pas parfait alors c’est nul »

les facteurs de risque au stress

Le modèle à trois composantes de Karasek. Exigences psychologiques (quantité et complexité du travail, contrainte de temps); Autonomie (autorité décisionnelle, autonomie professionnelle); Soutien social (soutien social, collègue, direction)

Modèle KARASEK 53 Les situations à risques pour la santé sont celles où la demande est forte et les marges de manœuvre disponibles insuffisantes. Le risque est aggravé si la personne bénéficie d’un faible soutien social, et d’une faible latitude de décision

Modèle KARASEK Situer les salariés sur 2 axes selon: Quatre cadrans : 54 Situer les salariés sur 2 axes selon: la quantité de travail, les exigences la latitude décisionnelle, l’autonomie en abscisse Quatre cadrans : « détendus » (faible quantité, forte latitude); « passifs » (faible quantité, faible latitude); « actifs » (forte quantité, forte latitude); « tendus » (forte quantité, faible latitude) Répercussions négatives pour la santé chez les « tendus » Répercussions psychologiques chez les « actifs »

L’autonomie dans le modèle de KARASEK … ou comment éviter le stress apprendre des choses nouvelles ne pas effectuer des tâches répétitives être créatif mobiliser un haut niveau de compétence décider comment je fais mon travail assurer des activités variées pouvoir influencer le déroulement mon travail développer mes compétences professionnelles

Burn out « épuisement du carburant d’une fusée avec pour conséquence la surchauffe et le bris de la machine »

Herbert J. Freudenberger (1974) Psychiatre (Agence de soin de santé alternative). Observations sur les volontaires qui travaillaient dans un centre pour toxicomanes: baisse des capacités émotionnelles, perte de motivation et d'engagement. Processus se développant sur environ un an et s'accompagnant de symptômes mentaux et physiques.

Freudenberger « les gens, comme les immeubles, sont parfois victimes d’incendie; sous l’effet de la tension produite par la vie dans notre monde complexe, leurs ressources internes se consument comme sous l’action des flammes, ne laissant qu’un vide immense à l’intérieur même si l’enveloppe externe semble plus ou moins intacte »

Freudenberger Profil type: Compétent, dynamique, inspirant confiance Refusant tout compromis, s’investissant sans compter Veux concrétiser un idéal S’épuise à vouloir atteindre un but irréalisable N’accepte pas les limites dans la recherche d’un idéal Frustration liée à l’absence de récompense, de reconnaissance  individu convaincu que l’énergie ne lui fera jamais défaut

Christina Maslach (1976) Psychologue sociale. Comment les gens font-ils face à l'activation émotionnelle entraînée par le travail ? Intérêt particulier pour les stratégies telles que le « detached concern » (l'idée de mêler la compassion et la distance émotionnelle). Découverte : les stratégies de défense personnelle ont un effet important sur l'identité professionnelle et sur le comportement au travail.

Maslach (1975) Le burnout est une triade: Épuisement physique et/ou psychique Déshumanisation: perte d’empathie, détachement excessif, cynisme Manque d’accomplissement personnel: situations difficiles répétées, démotivantes, perte d’estime de soi, sentiment d’inutilité

Diagnostic L’échelle de Maslach (MBI) Echelle d’auto évaluation 22 questions Pour diagnostiquer ce syndrome une échelle d’auto évaluation spécifique au profession d’aide médicale s’impose comme la plus utilisée et le meilleur instrument de mesure. L’ECHELLE DE MASLACH (MBI) Le Maslach Burnout Inventory Elle comprend 22 questions, (click) regroupés en trois sous échelles : 9 en rapport avec l’épuisement émotionnel , 5 questions sur la déshumanisation et 8 sur l’accomplissement de soi au travail Le sujet évalue chaque questions selon leurs fréquences : 0 signifie jamais, et tout les jours équivaut a une note de 6 sur 6 Pour calculer ce test on additionne les notes obtenues pour chacune des 3 dimensions et on les comparent au tableau suivant.(click) Différents degrés d’atteintes au burnout existent en fonction du nombre de dimensions dite « élevé » que le sujet présente. Un burnout faible correspond à un score « élevé » dans une seule des trois dimension. Par exemple un score supérieur a 30 en épuisement émotionnel. Un burnout élevé correspond a un score « élevé » dans deux des trois dimensions, et un burnout total représente une addition des trois dimensions. 64

Un modèle à trois composants Epuisement émotionnel : dimension voisine de ce que l'on entend par stress. Dépersonnalisation : réponse négative, insensible, ou excessivement détachée à ceux qui sont les destinataires du service ou du soin. Déficit d'accomplissement : perte des sentiments de compétence, de réalisation personnelle et d’estime de soi.

Critères diagnostiques État affectif négatif Conditions de travail difficiles Aspirations idéalistes Diminution marquée des performances Bon fonctionnement professionnel antérieur Pas de problème psy antérieur Irréversible sans aide extérieure S’améliore+++ après l’arrêt du travail

Professions à risque Relation d’aide / de responsabilité envers l’autre: Professions de santé Travailleurs sociaux Enseignants Avocats Postes de nuit / nuisance Tâches répétitives / monotones Conflit réalité / idéal recherché Travail contraignant / stressant

Prévention Auto évaluation Psychologue dans le service? S’écouter, écouter ses proches Améliorer relations / communication Changer l’environnement Changer l’individu….. Demander de l’aide Freudenberger: « se centrer sur soi même et prendre contact avec ses aspirations profondes » « redevenir intime avec soi même et les autres »

« Savoir reconnaître une dépression »

Épidémiologie Trouble fréquent Prévalence vie entière: 13 à 21% Prévalence à 1 an: 5 à 8% Nette prédominance féminine Sexe ratio: 2 femmes/1 homme Problème de santé publique Répercussions fonctionnelles et sociales Source d’invalidité Evolution chronique Importance des taux de rechute et de récidive Risque de récurrences

Handicaps lies aux maladies (DALY) 2020 1990 Infections respiratoires basses Diarrhées Troubles périnataux Dépression Majeure Unipolaire Coronaropathies Maladies cérébrovasculaires Tuberculose Rougeole Accidents de la Voie Publique Anomalies congénitales Paludisme Bronchopneumopathie Chronique Obstructive Chutes 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 Coronaropathies Dépression Majeure Unipolaire Accidents de la Voie Publique Maladies cérébrovasculaires Bronchopneumopathie Chronique Obstructive Infections respiratoires basses Tuberculose Guerre Diarrhées VIH Troubles périnataux Violence Anomalies congénitales D’après JF Greden, 2001

Rupture avec l’état (psycho-socio-professionnel) antérieur Sémiologie : Triade Symptomatique Complication : Suicide 12000 DC/an (INSERM, 1995) 140 000 TS/an 2/3 des personnes DCD par suicide étaient dépressives

SEMIOLOGIE La dépression est un état pathologique de l’humeur qui associe plusieurs éléments appartenant à trois registres de troubles: Tristesse pathologique de l’humeur, perte des interets Ralentissement psychomoteur Symptômes somatiques

THYMIE DEPRESSIVE Douleur morale (Conscience douloureuse du trouble) Culpabilité intense : (« c’est de ma faute, je m’en veux énormément »)

THYMIE DEPRESSIVE Auto-dévalorisation : fait de se dévaloriser, de diminuer sa valeur (« je ne vaux rien, j’ai échoué, je n’en suis pas capable ») Pessimisme : tendance à n'envisager que les aspects négatifs des événements (« je n’y arriverai jamais, le monde est pourri»)

THYMIE DEPRESSIVE Émoussement affectif : Anesthésie affective : incapacité à ressentir des affects (joie, ennui, dégoût...)

Symptômes SOMATIQUES Touchent les fonctions instinctuelles : Insomnie d’endormissement ou matinale, réveils nocturnes; Somnolence diurne, hypersomnie non réparatrice.

Traitement Antidépresseur Psychothérapies Ex : Inhibiteur de la recapture de sérotonine (IRS) Durée minimale = 6 mois Psychothérapies De soutien Thérapies cognitivo-comportementales (TCC) D’inspiration analytique ou psychanalyse Thérapie familiale ou systémique

Evolution Guérison le plus souvent après quelques mois Rechutes et récidives dépressives Dépression chronique ou récurrente (> 2 ans) : 20 % cas Symptomatologie résiduelle : 50% cas Dépression résistante : persistance de symptômes après 2 trts AD bien conduits de familles différentes, à posologies efficaces et pendant une durée suffisante (4 à 6 semaines chacun)

Conclusion Maladies fréquentes Traitements adaptés Risque = le suicide +++

« Savoir reconnaitre et évaluer des idées suicidaires »

SUICIDE 12 000 Décès/an 2ème Cause Mortalité chez 15-25 ans (1ère = AVP) 21 Décès /100 000 hab 1ère Cause Mortalité chez 25-30 ans 120 000 TS/an 1 Suicide/40 min 1 TS / 4 min 95% des patients qui se sont suicidés en parlent à un proche avant 70% consultent un médecin dans la semaine précédente

MODELISATION DE LA CRISE ? solution suicide Recherche active de solutions Flash Messages indirects Idées fréquentes, baisse d’estime de soi Rumination Message verbaux Cristallisation Plan suicidaire Recherche de moyens Passage à l’acte

L'urgence suicidaire est une mesure de la probabilité que la personne suicidaire passe à l'acte durant les prochaines 48 heures. L'urgence réfère donc à une probabilité à court terme. Cette mesure est d'autant plus importante qu'elle va servir dès le départ à orienter l'intervention. Importance de bien évaluer et de clarifier la situation en posant les questions : Où, Quand, Comment, Avec quoi?

1 - “ Flashs ou idéations suicidaires ” Premières idées suicidaires Elles sont soit plus diffuses (ex. : idée de mort, idée d'être poussée accidentellement devant le métro, etc.) ou plus précises, mais très brèves et non ruminées. Après investigation, la personne dit : ne jamais avoir pensé au suicide, ne jamais avoir fait de tentative de suicide, ne pas être suicidaire.

2 - Pensées suicidaires occasionnelles Pense au suicide quelques fois par semaine. Se pose des questions, Envisage cette possibilité de plus en plus sérieusement, Mais n'est pas encore obsédée quotidiennement par ce choix. 3 - Pensées suicidaires fréquentes Pense au suicide régulièrement, chaque jour. “ Je me réveille tous les matins en me demandant si ça vaut la peine de continuer à vivre ; si je suis pas mieux de mourir, etc... ”

4 - La planification du suicide est en cours Le suicide est la seule solution, ou bien semble être l'option principale. Elle ne sait pas ni comment ni quand. Il manque un ou des éléments de la planification. (Où, Quand, Comment, Avec quoi). 5 - La planification est complète au delà de 48h Menace de passer à l'acte au-delà de 48 heures. A le moyen ou a accès à ce moyen (ex. : le métro, pilules, etc.)

6 - La planification est complète dans les 48h La personne menace de passer à l'acte dans les 48 heures. La personne a en main le moyen qu'elle a choisi ou a accès à ce moyen (ex. : le métro, pilules, etc.) 7 - La planification du suicide est complète Menace de passer à l'acte immédiatement. Le moyen retenu est disponible (pilules, arme à feu chargée, etc.) et la personne menace de l'utiliser durant l'appel ou immédiatement après avoir raccroché.

9 - Décès 8 - Tentative effectuée La personne a mis en œuvre son plan d'action (ex. : a absorbé des médicaments, a commencé à s'auto mutiler, etc.) L'intervenant n'a pas à évaluer ou à juger lui-même de la létalité du moyen utilisé. 9 - Décès

Comment reconnaître et évaluer la crise suicidaire Évaluer les facteurs de risque (OMS) Les facteurs individuels Les facteurs familiaux Les facteurs psychosociaux Évaluer la dangerosité et l’urgence

Les facteurs individuels Antécédents suicidaires de l'individu Présence de problèmes de santé mentale (troubles affectifs, abus et dépendance à l'alcool et aux drogues, troubles de la personnalité, etc.) Présence de troubles de santé physique (maladie, handicap, etc.)

Les facteurs psychosociaux Présence de difficultés économiques persistantes Isolement social et affectif de l'individu Séparation et perte récente de liens importants, deuil Difficultés scolaires ou professionnelles

Évaluation de la dangerosité et de l’urgence Il est souhaitable d’explorer six éléments: 1. Le niveau de souffrance 2. Le degré d’intentionnalité 3. Les éléments d’impulsivité 4. Un éventuel élément précipitant 5. La présence de moyens létaux à disposition 6. La qualité du soutien de l’entourage proche

Évaluation de la dangerosité et de l’urgence Evaluation: Endroit calme Laisser libre cours à l’expression des affects Aborder le sujets des idées suicidaires Où, Quand, Comment, Avec quoi?

Évaluation de la dangerosité et de l’urgence (HAS) Urgence Faible Urgence Moyenne Urgence Elevée Intentionnalité suicidaire floue Intentionnalité établie Résolution suicidaire forte Relation de confiance avec un médecin, recherche de communication Importante souffrance psychique avec demande d’aide Souffrance patente, ou au contraire complètement tue. Recherche de solution alternative au suicide Suicide perçu comme seule issue possible à la crise Entourage de bonne qualité Isolement social Absence de scénario Scénario élaboré mais sans date arrêtée Scénario élaboré et planifié à brève échéance Pas d’accès direct à un moyen suicidaire Accès direct à un moyen suicidaire létal Absence de pathologie psychiatrique prémorbide Pathologie prémorbide (dépression…)

Évaluation de la dangerosité et de l’urgence Urgence faible = suivi ambulatoire Urgence moyenne = suivi ambulatoire Urgence élevée = hospitalisation

Conclusion : Suicide en milieu de travail Etat des connaissances : Etudes de la prévalence du suicide en milieu de travail restent rares. 300 à 400 salariés suicidés / an en France (enquête Inspection médicale du Travail de basse Normandie en 2003 )

Suicide en milieu de travail : état des connaissances Professions à risque : Militaires, Policiers, Médecins, Infirmières, Agriculteurs, Finances … Traits communs à ces professions : Stress +++++++ Exposition à des incidents critiques Pression émotionnelle Anxiété liée au risque d’erreur Confrontation à la mort… Accès facile à des méthodes létales

Suicide en milieu de travail : spécificité de la prévention Situation d’urgence ET problème global plus répandu dans l’entreprise (Combalbert, 2008) Intérêt d’un prise en charge psychologique individuelle ET collective Accroitre la résistance individuelle (Stage de gestion du stress…) (Combalbert & Lançon, 2004)

Impact du suicide d’un travailleur Au niveau de la direction: Culpabilité (facteur déclenchant) Désorganisation, difficulté de communiquer si l’éventualité n’a pas été soulevée Au niveau des collègues: Culpabilité de ne pas avoir « vu les indices » Tristesse, colère, confusion, sentiment de trahison Effet de contagion Etat de stress post traumatique, deuil compliqué