Conseiller Technique et Pédagogique Supérieur Dopage, dopage… « on ne sait plus très bien si le titre conquis par un athlète représente la victoire d’un sportif sur ses concurrents », la supériorité d’un entraîneur par rapport à l’autre, d’un club par rapport à l’autre ou d’un pays par rapport à l’autre …. Par Guy LAURENT Conseiller Technique et Pédagogique Supérieur DDJS du Var
Origines du mot Dopage 1626, en Amérique « doop » breuvage utilisé par les colons hollandais pour travailler dans la construction ou 18 ième siècle, « dot » alcool utilisé en Afrique du sud lors de cérémonies rituelles Il est utilisé en France dans le courant du 20 ième siècle pour remplacer le mot stimulant
Le dopage existe depuis la nuit des temps Zoo pharmacognosie, Signature divine (Paracelse 16 ème siècle) : legs des Dieux de bienfaits dans les 3 mondes : minéral, animal, végétal…? Les plantes ou racines sont depuis longtemps utilisées : coca, opium, éphédra, ginseng, bétel, kava, thé du Paraguay ou maté, le peyotl ou mescaline, khat, le kola, le chanvre ou haschisch ou cannabis ou marijuana, le café… Les viandes animales aussi en fonction du type de sport : gazelle, taureau, chèvre, homme…
Le dopage dans le sport moderne Par le progrès de la médecine et de la biochimie dans le début du 20 ème siècle Le dopage touche, fin du 19 ème, en premier lieu « la petite reine », activité d’endurance, par les opiacés, puis par les amphétamines aux jeux de Berlin en 1936 aidés par la strychnine et la brucine. Le Gallois Arthur Linton décède après le premier Bordeaux Paris en 1896 (amphet et coup de chaleur). L’Italien Dante Gianello est atteint d’une série de malaises au T de F de 1938 : son bidon contenait 3 g de strychnine… Accident de Malléjac au Mont Ventoux,T de F en 1955 Mort de Tom Simpson au Mont Ventoux, T de F en 1967 La caféine et l’alcool ont joué un rôle important dans le milieu du siècle Les anabolisants apparaissent dans le foot, le tennis vers 1955 Apparition de la trinitrine lors des jeux de 1932 à Los Angeles par les Japonais dans les épreuves de natation. Les cyclistes l’utilisent pendant les Six Jours dans les années 40. Apparition de l’oxygène depuis 1900 avec les boxeurs Développement de l’utilisation de la morphine, Palfium, cocaïne
Le dopage… très actuel Stéroïdes anabolisants Erythropoïétine Perfluocarbone Hormone de croissance Transfusions
Les substances et méthodes interdites Interdits : Stimulants Analgésiques Stéroïdes Corticoïdes Hormones peptidiques et assimilées Agents masquants Dopage sanguin Interdits dans certains sports Alcool Bêtabloquant Diurétiques …
Le dopage : une dichotomie Prohibé et indigne dans le sport Légitimé et valorisé en vue de la réussite professionnelle : Dans le monde économique À l’approche d’un examen Pour les hommes politiques Pour supprimer le stress pour le monde du spectacle…
Le dopage : une controverse permanente 1949 par Chailley Bert : rétablir l’équilibre… 1959 Claude Vial : dépassement de la dose thérapeutique... 1967 René Guillet soulève le problème de la prescription médicale… 1977 JP Rapp différencie le dopage visant à augmenter le rendement et le dopage sportif déloyal… La loi du 28 juin 89 prévoyait la « justification thérapeutique »… Depuis la notion de Dopage est utilisée à des fins commerciales : Doper un ordinateur…EPO Épargne à Placement Optimum…Mon Dopage à moi c’est la Bannette..EPO Eau Pastis Olives…Le dopage est vulgarisé, très souvent valorisé de fait par les médias qui encensent les tricheurs, les hommes politiques locaux qui utilisent ces sportifs comme emblèmes locaux… Il a toujours existé… Il faut lutter à armes égales…
Les dates importantes : les définitions évoluent 1965 : loi 65-412 du 1° juin 1965 sur la répression des stimulants à l’occasion des compétitions sportives : « Sera puni d’une amende de 500 à 5000 F quiconque aura en vue d’une compétition ou au cours d’une compétition sportive, utilisé sciemment l’une des substances déterminées par le règlement d’administration publique, qui sont destinées à accroître artificiellement et passagèrement ses possibilités physiques et sont susceptibles de nuire à sa santé. » 1989 : loi 89-432 du 28 juin 1989 sur la lutte contre le dopage : « Il est interdit à toute personne d’utiliser, au cours des compétitions et manifestations organisées ou agréées par des fédérations sportives ou en vue d’y participer, les substances ou procédés qui, de nature à modifier artificiellement les capacités ou à masquer l’emploi de substances ou de procédés ayant cette propriété, sont déterminés par arrêté conjoint des ministres chargés des sports et de la santé… » 1999 : loi 99-223 du 23 mars 1999 liée à la protection des sportifs et à la lutte contre le dopage : « Il est interdit à toute personne, au cours des compétitions et manifestations sportives organisées ou agréées par des fédérations sportives ou en vue d’y participer : d’utiliser des substances et procédés de nature à modifier artificiellement les capacités ou à masquer l’emploi de substances ou procédés ayant cette propriété… »
Par la Loi du 5 avril 2006, son décret du 23 décembre 2006, le règlement disciplinaire des fédérations en vue de leurs agréments et de la délégation. Il est interdit, au cours des compétitions et manifestations sportives organisées ou autorisées par des fédérations sportives ou par une commission spécialisée … ou en vue d’y participer : D’utiliser des substances et procédés de nature à modifier artificiellement les capacités ou à masquer l’emploi de substances ou procédés ayant cette propriété…(sauf conditions restrictives…) La liste des substances et procédés est celle qui est élaborée en application de la convention contre le dopage signée à Strasbourg le 16 novembre 1989… Il est interdit de PRESCRIRE, de CEDER, d’OFFRIR, d’ADMINISTRER ou d’APPLIQUER ou de FACILITER leur utilisation ou d’INCITER à usage…de se SOUSTRAIRE ou de s’OPPOSER aux mesures de contrôle.
La définition du dopage sur le plan international en 2005 Une substance est considérée comme interdite si l'AMA détermine que le produit ou la méthode répond à deux des trois critères suivants : 1/ la substance ou la méthode a le potentiel d'améliorer la performance sportive, 2/ l'usage de la substance ou de la méthode présente un risque réel pour la santé du sportif, 3/ l'usage de la substance ou de la méthode est contraire à l'esprit sportif tel que décrit dans le code.
Le dopage, c’est comme la drogue ! Il détruit la santé et l’avenir du sportif Il touche l’individu faible ou en voie de faiblesse incapable de supporter une remise en cause Il rapporte à des trafiquants, « tueurs » à court ou moyen terme
Les causes du dopage Les pourvoyeurs. Le « staf » d’encadrement sportif médical ou paramédical. Le sportif animal de laboratoire, « formule un » de la recherche pharmaceutique ? Les enjeux (personnels, financiers, statut social…) L’environnement (famille, sponsors, médias, fédérations, État…) Les moments de faiblesse (moral, physique, blessure, argent, logement..)
La tentation : aller vite, trop vite… Les autres le font, pourquoi pas moi Vente par correspondance et / ou sur des points de vente « agréés ». Vente par Internet. Vente en salle de sports. Vente en grande surface du sport. Vente en grande surface et en magasins diététiques. Vente en pharmacie. Les pourvoyeurs, véritable dealers. Par contact avec des dopés ou des entraîneurs véreux Par contact avec des pourvoyeurs
Les Causes de positivité Le dopage Les Causes de positivité Qui contacter ? Automédication induite par l’entourage familial ou « amical » Erreur médicale ou paramédicale… Acte volontaire de Dopage Médecin du club, du district, Médecin Conseiller DRDJS, Numéro vert écoute dopage, Médecins Pharmacologues-Toxicologues des AMPLD de Marseille et de Nice
9 signatures de ministres et secrétaires d’État La loi du 23 mars 1999 relative à la protection de la santé du sportif et la lutte contre le Dopage : Loi BUFFET Articles 1 à 4 : La prévention, l’éducation, la formation. Les antennes médicales. La médiatisation de la protection de la santé des sportifs. La charte de bonne conduite des partenaires officiels. Articles 5 à 13 : La surveillance médicale. Articles 14 à 16 : Le Conseil National de Prévention et de Lutte contre le Dopage. Article 17 à 19 : Les interdits. Articles 20 à 24 : Les contrôles. Articles 25 à 26 : Les sanctions administratives. Articles 27 à 28 : Les sanctions pénales. Articles 29 à 32 : Les dispositions diverses. 9 signatures de ministres et secrétaires d’État
La Loi n° 2006-405 du 5 avril 2006 relative à la lutte contre le dopage et à la protection de la santé des sportifs : Loi LAMOUR 27 articles, 3 chapitres, viennent s’insérer ou modifier le code de la santé publique. Article 1: « Pour garantir des conditions de pratique des activités physiques ou sportives conformes aux principes définis par l’article 1er de la loi du 16 juillet 1984 relative à l’organisation et à la promotion des activités physiques et sportives, le ministre chargé des sports, en liaison avec les autres ministres et organismes intéressés, engage et coordonne les actions de prévention, de surveillance médicale, de recherche et d’éducation mises en œuvre avec le concours, notamment, des fédérations sportives agréées dans les conditions définies à l’article 16 de la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984 précitée, pour assurer la protection de la santé des sportifs et lutter contre le dopage. » 5 signatures : le premier ministre, le garde des sceaux, le ministre de la santé et des solidarités, le ministre de la jeunesse des sports et de la vie associative, le ministre de l’agriculture et de la pêche.
Les points essentiels de la loi Création de l’Agence Française de Lutte contre le Dopage, autorité publique indépendante dotée de la personnalité morale : Elle définit un programme annuel des contrôles, Elle diligente les contrôles pendant les compétitions, manifestations autorisées par la fédération agréée, pendant les entraînements…, Elle peut diligenter des contrôles pour l’AMA, Elle est informée des faits de dopage portés à la connaissance de l’administration ou des fédérations sportives, Elle réalise ou fait réaliser l’analyse des prélèvements effectués lors des contrôles, Elle exerce un pouvoir disciplinaire, Elle délivre les AUT, Elle est consultée sur tout projet de loi relatif à la lutte contre le dopage, Elle participe aux actions de prévention, d’éducation et de recherche en matière de lutte contre le dopage, Elle participe à l’élaboration des listes des produits interdits, Elle adresse aux fédérations des recommandations, Elle remet un rapport annuel au gouvernement, Pour l’exercice de ses missions de contrôle, l’AFLCLD peut faire appel aux services du MJS par voie conventionnelle. Autonomie financière : ressources dues aux subventions de l’Etat, propres, prestations, dons et legs. Les contrôles sont réalisés par des agents et médecins agréés (médecins si prélèvements sanguins et examens médicaux cliniques).
Les points essentiels de la loi (suite) Organisation des contrôles est faite par le Directeur du département des contrôles : Tout lieu (dès lors où il est ouvert au public) où se déroule un entraînement, une compétition ou une manifestation, dans tout autre lieu choisi avec l’accord du sportif (domicile entre 6 heures et 21 heures). La convocation est faite par la personne chargée de procéder au prélèvement par tout moyen permettant de garantir son origine et sa réception. Le « contrôleur » peut être assisté à sa demande par un membre délégué de la fédération sportive concernée. Seuls des médecins peuvent recueillir les informations à caractère médical. Les analyses des prélèvements effectués par AFLCD sont réalisées sous la responsabilité scientifique et technique du Directeur du département des analyses. Analyse des prélèvements Recherche L’AFLCD peut se substituer aux instances fédérales , réformer une décision fédérale, infliger des sanctions disciplinaires aux personnes non licenciées… La production d’une première licence est subordonnée à la production d’un certificat médical de non contre indication à la pratique de l’activité. La FF peut exiger le renouvellement régulier de ce certificat. L’AFLCD définit et met en œuvre les actions pour lutter contre le dopage animal.
Le Décret n° 2006-1768 du 23 décembre 2006 relative aux procédures et sanctions disciplinaires en matière de lutte contre le dopage humain. Obligation d’adoption d’un règlement disciplinaire type pour les Fédérations en vue d’obtenir l’agrément ministériel. Création par les fédérations d’un organe disciplinaire pour statuer sur les infractions. Information de l’AFLCD de toute décision prise par l’organe disciplinaire fédéral. Droit à la défense. L’AUT (Autorisation Accordée à Usage Thérapeutique) est envoyée à l’AFLCD. La formation disciplinaire de l’AFLCD délibère à huis clos. Elle statue par décision motivée. Les décisions disciplinaires sont rendues publiques et sont nominatives sauf pour les mineurs. Elles peuvent être publiées au JORF et au BO JS. Les fédérations doivent adopter le règlement type dans un délai de 18 mois faute de quoi le ministre chargé des sports décidera par arrêté du retrait de l’agrément; Les dispositions de ce décret sont applicables à Mayotte.
Les moyens pour lutter contre le dopage Une bonne hygiène de vie… Le suivi médical. La vigilance de la famille et des entraîneurs. Les contrôles inopinés. Une bonne organisation des compétitions dans la saison sportive fédérale. Et … si les médias luttaient contre le dopage au lieu d’encenser les mystificateurs….
Organisation d‘un contrôle antidopage Les CAD sont organisés par le Ministère ou par la DRJS à la demande de l’AFLCD (selon ses choix propres, à la demande de la fédération, de l’AMA, du CIO, de la FI pour les sportifs de niveaux international ou pour une compétition internationale,) Le médecin agréé, assermenté et missionné effectue le CAD. Les agents du MJS sont habilités pour ces contrôles sauf les prélèvements sanguins et tout acte médical. Le délégué fédéral représente la FF dont il fait partie. La désignation peut être prévue dans l’ordre de mission, sinon elle est effectuée en relation avec le délégué fédéral. Peuvent être contrôlés : Les sportifs licenciés à une fédération agréée. Les sportifs non licenciés participant à une compétition organisée par une fédération agrée. Les étapes dans la mise en place d’un CAD : Le local. La préparation. La notification. L’accompagnement de l’athlète. Le contrôle et si besoin l’acte médical. Le procès verbal. L’envoi des pièces et l’anonymat. Les résultats sont envoyés par le laboratoire l’AFLCD et à la fédération. Les sanctions fédérales et administratives et pénales à l’encontre de l’athlètes et des personnes ayant participé à la filière… LNDD : Laboratoire National de Dépistage du Dopage AFLCD : Agence Française de Lutte Contre le Dopage Qui peut demander un CAD Qui organise le contrôle Qui effectue le contrôle Qui désigne les sportifs Qui peut peut être contrôlé Les étapes du Contrôle Qui reçoit les résultats Qui peut peut être sanctionné Qu’est ce que le LNDD Qu’est ce que le AFLCD
Dopage et Attitude Dopante L’attitude dopante se rapproche du dopage par la volonté d’utilisation de moyens artificiels non interdits afin d’améliorer la performance. C’est l’utilisation de tout ce qui n’est pas interdit, utilisation facilitée par une connaissance approfondie de l’interdit… C’est ce travail à la limite qui entraînera dans un moment de faiblesse le glissement vers le dopage.
A lire …. Le Dopage de Patrick LAURE Le dopage aux Jeux Olympiques du Dr Jean Pierre de MONDENARD Dopage et performances sportives collection recherche Le dopage en question de France JO d’où sont tirés de nombreux extraits de ce dossier…