La liberté. VIIème partie
On conçoit le plus souvent que nous sommes libres si nous avons les moyens d’agir sans contrainte. Ce n’est pas forcément une définition de la liberté mais c’est une idée très répandue. Or, nous n’avons pas les mêmes forces, les mêmes capacités, la même intelligence du monde. Cela signifierait-il que nous ne puissions pas être tous libres de la même façon ? En mécanique, on considère les degrés de liberté pour compter les mouvements possibles d’une pièce. Pourrait-on ou devrait-on envisager de même les degrés de liberté de l’être humain ? Nous sommes plus ou moins libres
Si cela peut se faire, on devra penser la liberté en fonction de possibilités de choix. Mais choisir, ce n’est pas uniquement s’orienter vers une possibilité, c’est aussi en rejeter ou en délaisser plusieurs. Ce renoncement constitue en soi un frein, une contrainte
Parce que nous n’avons pas toujours envie d’être libres Nous ne sommes pas tous capables de réaliser notre liberté, de l’assumer : nous ne connaissons pas forcément ce qui motive nos actes. Devons-nous forcément essayer de connaître l’origine de nos pulsions, de nos désirs, pour agir ? L’inconscient pourrait être un prétexte pour ne plus avoir à décider. Il est très agréable et pratique de ne pas devoir penser par soi-même.
Pour pouvoir être libre, il faut d’abord penser à le devenir. On peut très bien ne pas avoir conscience que nous pouvons être libres. Etienne de La Boétie l’a bien compris. Son discours sur la servitude volontaire 1574 montre que le passage de la liberté à la servitude s’effectue sans nécessité. C’est le peuple qui se dessaisit de sa liberté. Les divertissements, la religion, les superstitions, sont employés par le pouvoir pour asservir le peuple. Beaucoup d’entre nous naissent dans un système qui conditionne l’homme, l’habitue à obéir.