Blaise Pascal XIème partie
impossibilité de connaître Dieu par la raison De fait, Pascal soutient que par la foi, nous connaissons l’existence de Dieu. Mais il ne montre pas en quoi la foi peut, par elle-même, être un critère de vérité. Comment être certain que la foi soit un don de Dieu ? Peut-être n’est-elle que l’imagination d’un esprit faible ou torturé ou malade ? Le pari
C’est l’objection de Sartre dans L’Existentialisme est un humanisme. Pour Pascal, la foi ne se discute pas. Elle est une évidence et donc, un principe de vérité. « Mais par la foi nous connaissons son existence ; par la gloire nous connaîtrons sa nature. Or, j’ai déjà montré qu’on peut bien connaître l’existence d’une chose sans connaître sa nature. » fr 451
La raison ne peut nous permettre de connaître Dieu (existence et nature) C’est encore une évidence. L’expression même de « raison » ne peut raisonnablement pas s’appliquer à la connaissance de Dieu. Ce serait, d’une certaine manière, en avoir raison, et donc le dépasser. Comme Pascal prend le parti d’écouter le libertin, il n’affirme nullement que Dieu est mais il se demande ce que l’on peut supposer de lui s’il existe.
« Parlons maintenant selon les lumières naturelles. S’il y a un Dieu, il est infiniment incompréhensible, puisque, n’ayant ni parties ni bornes, il n’a nul rapport à nous. Nous sommes donc incapables de connaître ni ce qu’il est, ni s’il est. Cela étant, qui osera entreprendre de résoudre cette question ? Ce n’est pas nous qui n’avons nul rapport avec lui. » fr 451.
En disant « nous », Pascal se rapproche de son lecteur qui est d’ailleurs ici vraiment très proche d’un interlocuteur. Il l’invite à réfléchir avec lui. Pascal comprend combien il doit faire attention au ton qu’il emploie. Jamais il ne heurte, n’offense, ne méprise le libertin. L’enjeu est trop important. Lui-même s’efface dans le raisonnement. Il n’est pas celui qui croit et qui s’oppose au libertin. Il observe avec lui les chrétiens et leur relation à Dieu.
« Qui blâmera donc les chrétiens de ne pouvoir rendre raison de leur créance, eux qui professent une religion dont ils ne peuvent rendre raison ? Ils déclarent, en l’exposant au monde que c’est une sottise, stultitiam ; et puis, vous vous plaignez de ce qu’ils ne la prouvent pas ! S’ils la prouvaient, ils ne tiendraient pas parole : c’est en manquant de preuve qu’ils ne manquent pas de sens. »