Baruch Spinoza XVIème partie
Traité théologico-politique 1677 Le problème est que l’Etat n’est pas une force neutre, impartiale et forcément vertueuse. Il est dirigé par un chef, c’est-à-dire un homme. « Tous en effet, gouvernants et gouvernés, sont des hommes, et partant naturellement enclins aux mauvaises passions. »
Remettre sa liberté entre les mains d’un homme présente de très grands dangers pour qui connaît tant soit peu la nature humaine, car même s’il prétend être inspiré par Dieu, un roi reste un homme.
« Chaque homme s’imagine tout savoir, veut tout gouverner d’après l’inspiration de son esprit, et décider de la justice ou de l’injustice des choses, du bien et du mal, selon qu’il en résulte pour lui profit ou dommage ; ambitieux, il méprise ses égaux et ne peut supporter d’être dirigé par eux ; jaloux de l’estime ou de la fortune, deux choses qui ne sont jamais également réparties, il désire le malheur d’autrui et s’en réjouit ; à quoi bon achever cette peinture ? » chapitre XVII
La liberté de philosopher est celle de peindre l’homme, et donc, de le critiquer, de critiquer son œuvre : la société humaine, et son expression : l’Etat. Spinoza semble, dans son projet vouloir unir deux concepts de prime abord, fort différents, mais, à chaque page, il nous en souligne les liens. Il dévoile leurs articulations et leurs pièges.
La solution pour déjouer les tours, les jeux du pouvoir et de la religion, réside dans l’usage de la raison. Mais l’Etat et les autorités religieuses font eux aussi usage de la raison. Il semble que Spinoza, qui fait une critique de la morale, de la conception du bien et du mal, dans L’Ethique, considère malgré tout une certaine morale, fondée encore sur une conception particulière du bien et du mal et qui le conduit à proposer un certain type d’organisation sociale et politique.