Blaise Pascal XIIIème partie
Jouer sur Dieu La réflexion de Pascal est si bienveillante, si respectueuse du libertin qu’on en vient à oublier combien elle est précisément libertine (respect-tueuse) Que joue-t-on exactement? L’existence de Dieu? S’agit-il de quelque chose que l’on puisse jouer? N’est-ce pas plutôt se jouer de lui? Pourrions-nous imaginer un prêtre lancer une pièce là-dessus? Le plus étonnant dans l’histoire est le nom même du jeu : croix ou pile. Je ne sais ce que je crois et la croix est ce que je joue. Vaut-il mieux porter sa croix ou la lancer? Le pari
Pascal part donc des appétits de l’être humain. Il sait que l’homme préfère bien souvent fréquenter des salles de jeu plutôt que des lieux de culte. Pour amener l’homme à la conversion, c’est-à-dire à un changement d’état définitif, il convient de ne pas le brusquer, le rebuter, mais de partir de ce qui l’intéresse, de ce qui l’attire : le jeu en l’occurrence.
Ce que nous avons à perdre, c’est le vrai et le bien, autant dire rien de plus que ce qui nous fait à présent défaut. Donc, si nous les perdons, rien ne semble changer dans notre condition actuelle. « Vous avez deux choses à perdre : le vrai et le bien, et deux choses à engager : votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre béatitude ; et votre nature a deux choses à fuir : l'erreur et la misère.
Votre raison n'est pas plus blessée, en choisissant l'un que l'autre, puisqu'il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu'il est, sans hésiter. »