Thomas d’Aquin VIIIème partie
La philosophie thomiste est finaliste : elle pose une fin à l’être. Né de Dieu, il doit faire de son existence une œuvre tendant à connaître Dieu et à l’aimer. Mais connaître Dieu, c’est avant tout s’intéresser à la Création, c’est-à-dire son acte. Et la connaissance de son acte ne peut être envisagée autrement que sous forme d’acte elle aussi : la pratique des commandements divins guidée par les vertus. Synthèse
La philosophie de Thomas d’Aquin est donc d’autre part d’un réalisme étonnant puisqu’elle se fonde sur la connaissance de l’homme, de ses faiblesses, de ses doutes, et qu’elle le guide dans sa démarche. Elle procède d’un examen très soutenu de l’âme humaine. Elle est positive parce qu’elle laisse entrevoir une fin heureuse et qu’elle a pour souci d’aider l’homme à se construire. Tout y apparaît accessible jusqu’à la perception de l’existence divine.
Thomas d’Aquin nous donne aussi une grande leçon d’humilité en nous proposant une méthode particulière : il reprend les idées d’Aristote dans bien des domaines (vertus de l’homme, sensibilité et connaissance, recherche du bonheur, par exemple) pour éclairer le dogme chrétien. Mais ce n’est pas seulement chez Aristote qu’il nourrit son enseignement. Il a longtemps enseigné les sentences de Pierre Lombard et la forme même de sa Somme théologique en est l’image : question, réponses, objections, solution.
Enfin, cette modestie, qui est souvent l’apanage des plus grands esprits, s’observe dans la critique qu’il adresse à Anselme de Canterbury, lequel avait, l’un des premiers, soutenu que l’on pouvait prouver l’existence de Dieu. Selon Anselme, Dieu est l'être « tel que rien ne se peut penser de plus grand », tant pour notre entendement que dans la réalité. Nous pensons à l'être le plus grand et ne pouvons penser réellement que Dieu n'est pas : la pensée de Dieu implique son existence.
Pour simplifier, cet argument que l’on appelé depuis « argument ontologique » soutient que Dieu est un être dont le premier caractère est la perfection. Or, pour être absolue, complète, une perfection doit aussi comprendre l’existence. Donc, Dieu aussi possède l'existence. Or, pour Thomas d’Aquin, l’existence de Dieu ne se prouve pas, elle ne peut que s’approcher. C’est précisément le but de l’existence.