La croissance : stop ou encore ? Lionel Artige Hec - Université de Liège

Pourquoi valorisons-nous la croissance économique ? Le PIB par habitant est corrélé avec : Espérance de vie longue et en bonne santé Faible mortalité infantile Education Temps de loisir Egalité des sexes Stabilité politique et démocratie Protection sociale Bonheur Croissance économique ≠ développement mais est souvent une condition nécessaire.

La croissance est un phénomène récent Economie industrielle : Production de biens matériels à partir de machines (capital) PIB/hab Révolution néolithique Révolution industrielle ? Société de chasseurs-cueilleurs : pas de production Economie agraire : Production de ressources naturelles à partir de terres cultivables Economie de la connaissance : Production de biens immatériels et services à partir du capital humain Temps -10 000 ans av JC 1800 1990

Qu’est-ce que la croissance économique ? La croissance, ce n’est pas un long fleuve tranquille. La croissance, c’est le résultat du changement économique : des activités (entreprises et emplois) sont détruites et sont remplacées par de nouvelles activités plus efficientes. Donc, la croissance c’est la différence entre des destructions et des créations. Plus la différence de productivité est grande entre les destructions et les créations, et plus la croissance est élevée. La croissance : des perdants (vieux et/ou peu qualifiés) et des gagnants (jeunes et/ou qualifiés). La croissance est un résultat social de décisions individuelles. La croissance ne se décrète pas.

Croissance cyclique et de long terme Avant la révolution industrielle Après la révolution industrielle

Deux déterminants de la croissance de long terme Technologie : la croissance économique est le résultat de la croissance du progrès des connaissances et de la technologie. Démographie : la croissance démographique doit être modérée pour que le niveau de vie augmente. Les deux déterminants dépendent de l’éducation. La maîtrise de la croissance démographique dépend de l’éducation des filles et le progrès technique dépend de l’éducation de tous.

Un rôle pour la politique ? Oui pour l’éducation mais le sujet est consensuel. Tous les parents sont prêts à payer pour l’éducation de leurs enfants. La politique a donc un rôle au niveau de la politique budgétaire : elle a un effet sur le cycle de croissance mais pas sur la croissance de long terme. La politique a plutôt un rôle sur la redistribution des fruits de la croissance plutôt que sur la croissance potentielle. Cela dit, il est très facile de « tuer » la croissance : les exemples dans le monde ne manquent pas. En revanche, il est très difficile de créer les conditions de l’émergence de la croissance.

Limites de la croissance ? A l’échelle mondiale, la croissance économique a eu les conséquences suivantes : - croissance de la population - croissance du niveau de vie dans certains pays - ces deux conséquences exerçant une pression terrible sur l’environnement : surconsommation des ressources naturelles disponibles, production de déchets et pollution, réchauffement climatique. Limite interne au mécanisme de la croissance : rendements marginaux décroissants. Limite externe au mécanisme de la croissance : limites des ressources naturelles non-renouvelables. Progrès technique : solution aux deux limites ?

Le marché peut-il réguler la consommation des ressources naturelles ? Normalement, lorsque les ressources se font plus rares, les prix augmentent et la consommation diminue. Néanmoins, cet effet régulateur du marché ne prend pas en compte la demande des générations futures des siècles prochains. Donc, le prix de marché réagira à la hausse trop tard. D’où la nécessité d’une intervention des pouvoirs publics.

Comment les pouvoirs publics peuvent-ils intervenir ? Influencer la consommation des individus : - Par la morale : c’est le discours «consommez mieux plutôt que consommez plus» ou « utilisez le vélo plutôt que la voiture » (« hédonisme alternatif », « simplicité volontaire »). - Par la peur : c’est le discours scientifique et politique anxiogène pour influencer la demande. - Par le marketing : flatter l’utilité sociale du consommateur. - Par l’impôt : discriminer les consommations en manipulant les prix via les taxes. Interdire certaines productions et consommations au risque d’attenter aux libertés individuelles. S’il est difficile d’influencer le consommateur, alors « cassons » le mécanisme de la croissance en réduisant la production pour réduire la consommation. C’est l’option de la décroissance. Enfin, autre possibilité : réduire la concurrence dans le secteur des ressources naturelles pour que les prix augmentent.

Prospérité sans croissance ? Finalement : - La croissance économique a apporté la prospérité, l’explosion démographique puis la baisse de la fécondité. - Les limites écologiques de la planète imposent une limite à la croissance économique. La population mondiale va hélas encore augmenter au 21ème siècle engendrant une surconsommation des ressources naturelles. La seule option est donc de réduire la consommation de ces ressources par habitant. Prospérité sans croissance ? Peut-on contrôler la croissance ? Equilibre introuvable ? « Croissance verte » : croissance sans consommation des ressources non-renouvelables ? Substitution des ressources naturelles non-renouvelables par des ressources renouvelables.