Une entreprise dans un DOM Est-ce que cela change la donne ?

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Transcription de la présentation:

Une entreprise dans un DOM Est-ce que cela change la donne ? Conférence AFD – CEROM 25 novembre 2011

Introduction Question initiale : Quel est l’impact de l’environnement ultra-périphérique sur les entreprises ultramarines ?  3 choix méthodologiques : Raisonner en agrégé. Limiter l’analyse aux DOM. Choisir le tissu productif et les entreprises métropolitaines comme référentiel Question reformulée : Quelles sont les différences et les similitudes entre les entreprises domiennes et les entreprises métropolitaines ? Une démarche en deux temps : Quels sont les mécanismes économiques qui fondent la spécificité de l’environnement domien pour une entreprise ? analyse théorique et recours à la comptabilité nationale Comparaison DOM / métropole des caractéristiques et des performances des entreprises statistique d’entreprises grâce à une base de données INSEE Faire apparaître les faits saillants communs Les politiques commerciale, fiscale et de concurrence, compétences locales en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française, modifient l’environnement de l’entreprise L’environnement institutionnel commun permet d’isoler les effets spécifiques de l’ultra-périphéricité

1 – Les mécanismes économiques qui fondent la spécificité de l’environnement de l’entreprise dans un DOM

4 principales contraintes de l’ultra-périphéricité L’accessibilité réduite génère une fragmentation du marché national La faible taille du marché local limite les économies d’échelle Les contraintes de ressources humaines sont plus aigües L’entreprise est exposée à des chocs plus importants Pour une entreprise domienne, passer le cap du local au national / international est beaucoup plus difficile que pour une entreprise métropolitaine

Implications attendue de l’ultra-périphéricité pour l’entreprise domienne Malgré son appartenance à l’espace national, l’entreprise domienne évolue dans un contexte d’incitations différent avec : des handicaps : surcoûts de production, besoins en fonds de roulement et fonds propres supérieurs, coûts additionnels pour atteindre la demande non locale, etc. Présence de dispositifs publics pour compenser ces handicaps un atout : la « protection naturelle » du marché local apportée par la géographie L’impact de l’ultra-périphéricité est variable suivant l’activité de l’entreprise : L’ultra-périphéricité pénalise plus fortement les entreprises qui ont des coûts fixes importants L’ultra-périphéricité a un impact plus fort quand les coûts de transports sont importants Pour une entreprise domienne, passer le cap du local au national / international est beaucoup plus difficile que pour une entreprise métropolitaine

Analyse à partir de la comptabilité nationale Objectif : analyser les parts de marché des entreprises domiennes sur le marché local de biens et services analyser la part de l’activité des entreprises domiennes orientée à l’exportation Comparaison comptes économiques de chaque DOM avec la comptabilité nationale française

Parts de marché de la production locale Une demande intérieure domienne largement couverte par les entreprises locales Source : INSEE (comptes économiques et nationaux) et calculs des auteurs Parts de marché de la production locale   France métropolitaine Ensemble des DOM TOTAL SECTEUR PRIMAIRE 87% TOTAL SECTEUR SECONDAIRE 64% 52% dont : Industrie agroalimentaire 80% 46% Autres industries 44% 30% Construction 100% TOTAL SECTEUR TERTIAIRE MARCHAND 96% 98% dont : Commerce 99% Transports, entreposage et télécommunications 88% Services aux entreprises 95% Autres services aux particuliers TOTAL SECTEUR MARCHAND 83% 78%

Un secteur productif peu tourné vers la satisfaction de la demande extérieure

2- Comparaison DOM / métropole des caractéristiques et des performances des entreprises

La démarche Les objectifs : Les contraintes de l’ultra-périphéricité se traduisent-elles par des différences au niveau des comportements et des performances des entreprises ? Quel est l’effet de l’implantation domienne sur la croissance des entreprises La source : les déclarations fiscales annuelles des entreprises sur leurs bénéfices, traitées par l’INSEE La couverture du tissu d’entreprises inclut les micro-entreprises Possibilités de comparer les activités à un niveau très fin (plus de 600 activités) Différents points de vigilance : La période 2000-2007 Les principes méthodologiques de la statistique d’entreprises, la notion d’entreprise Les problèmes de qualité de la source fiscale Les effets de la taille et de l’appartenance sectorielle de l’entreprise

1er constat : des différences notables, liées aux contraintes de l’ultra-périphéricité Dans presque toutes les activités, des entreprises de taille moyenne plus petites ↔ contrainte de la taille de marché Un taux de valeur ajoutée plus faible, même pour des activités identiques ↔ surcoûts de production liés à la contrainte d’accessibilité Des rotations plus longues des stocks de matières premières et de marchandises ↔ nécessité de stockage plus important liée à la contrainte d’accessibilité Des niveaux de valeur ajoutée par personne plus faibles ↔ économies d’échelle moindres induites par la contrainte de taille de marché (+ d’autres raisons) Des niveaux de salaires moyens par salarié inférieurs, du fait de niveaux de valeur ajoutée par personne plus faibles

2ème constat : les mesures d’allègement de charges sociales compensent en partie la faiblesse des taux de VA dans les DOM

3ème constat : des entreprises plus rentables, mais moins capitalisées Les taux de rentabilité économique (EBE / immobilisations + actif circulant) sont légèrement plus élevés (13,2% contre 12,1%) Les taux de rentabilité financière sont nettement supérieurs (18,7% contre 13,6%), du fait d’une capitalisation plus faible des entreprises . Résultat / capitaux propres = . ( résultat / CA ) x (CA / capitaux propres) . = x

4ème constat : une proportion plus importante d’entreprises en difficulté En dépit de taux de marge et de rentabilité moyens supérieurs et d’une croissance économique plus rapide, … la part d’entreprises présentant un EBE déficitaire demeure supérieure dans les DOM : 18% contre 15% en métropole. Les deux derniers déciles des entreprises les moins performantes sont plus en difficulté dans les DOM qu’en métropole.

5ème constat : également de fortes similitudes, liées à la prépondérance numérique des micro-entreprises

6ème constat : lorsqu’on compare les départements, les différences s’estompent … L’Analyse en composantes principales suivant des variables liées à la structure des tissus et aux profils des entreprises met en évidence : Une situation excentrée des départements les plus urbanisés et industrialisés, caractérisés par des entreprises de taille plus grande et par des salaires moyens plus élevés Une situation également excentrée des départements à dominante rurale du Sud de la France, caractérisés par des entreprises plus petites et un taux de marge plus élevé Exceptée la Guyane, les DOM se situent dans un nuage réunissant 80 départements sur 100. Pas de spécificité marquante, mais une situation reflétant la taille plus petite des entreprises et des salaires moyens plus bas

7ème constat : de 2000 à 2007, la croissance de l’activité des entreprises est plus rapide dans les DOM La croissance de l’activité des entreprises a été deux fois plus rapide dans les DOM (8% contre 4% par an en valeur) La croissance du tissu d’entreprises domien a été largement impulsée par un solde démographique excédentaire La création d’entreprises apparaît durant cette période moins un problème qu’en métropole

8ème constat : dans les DOM comme en métropole, une grande diversité des trajectoires des entreprises pérennes Les entreprises font preuve d’une grande diversité de stratégies : elles se répartissent dans toutes les combinaisons possibles de l’évolution de l’emploi et de la valeur ajoutée Les entreprises domiennes paraissent privilégier plus souvent le mode de croissance extensif, pariant sur l’embauche plutôt que sur les gains de productivité

Croissance « malthusienne » Déclin avec progression des effectifs Croissance intensive Croissance « malthusienne » Croissance extensive + - Restructuration Déclin avec progression des effectifs Déclin

9ème constat : les trajectoires des entreprises pérennes sont plus dynamiques dans les DOM (1/2) Les entreprises pérennes connaissent une croissance plus rapide de la VA (+4,8% par an en valeur contre 3,3% ) et des effectifs salariés (+1,6% par an contre 0,7%). Les trajectoires dynamiques sont essentiellement le fait des micro-entreprises et des TPE Croissance des effectifs salariés des entreprises pérennes de 2000 à 2007 suivant leur taille en 2000

9ème constat : les trajectoires des entreprises pérennes sont plus dynamiques dans les DOM (2/2) L’écart de croissance de 1,5 point par an résulte-t-il d’un meilleur positionnement ? Est-ce l’effet du poids plus important des micro-entreprises ou des services ? A taille et activité comparable, l’implantation domienne s’est traduite pour les entreprises pérennes par 1,2 point de croissance annuelle supplémentaire.

10ème constat : le passage de la micro-entreprise à la TPE se passe mieux, celui de la PME vers le haut est très difficile Les mouvements descendants l’emportent sur les mouvements ascendants Les passages du statut de travailleur indépendant à la micro-entreprise et de la micro-entreprise à la TPE paraissent mieux se passer dans les DOM qu’en métropole ; en revanche, la transformation de la TPE en petite entreprise et de la moyenne entreprise en entreprise de taille intermédiaire s’avère très difficile.

Dix principaux constats Des différences notables liées aux contraintes de l’ultra-périphéricité Les mesures d’allègement de charges sociales permettent de compenser la faiblesse des taux de valeur ajoutée Les taux de rentabilité financière sont nettement supérieurs, du fait d’une capitalisation plus faible En dépit de taux de marge et de rentabilité moyens supérieurs et d’une croissance économique plus rapide, la part d’entreprises présentant un EBE déficitaire demeure supérieure dans les DOM mais également de fortes similitudes, du fait de la prépondérance des micro-entreprises Lorsqu’on compare les départements français entre eux, les différences s’estompent De 2000 à 2007, la croissance de l’activité des entreprises est plus rapide dans les DOM Dans les DOM comme en métropole, les trajectoires des entreprises pérennes sont très diverses Les trajectoires des entreprises pérennes sont durant cette période plus dynamiques dans les DOM Le passage de la micro-entreprises à la TPE se fait mieux dans les DOM, celui de la PME à la grande entreprise est très difficile

Conclusions Les mécanismes économiques qui fondent la spécificité des DOM ne se traduisent qu’en partie par des différences de comportements et de performances. Pourquoi ? Certaines contraintes exercent les effets attendus : taille plus petite des entreprises, poids des consommations intermédiaires plus marqué, … Néanmoins, les conséquences des surcoûts paraissent atténuées par les mesures visant à corriger les handicaps, notamment l’allègement des charges sociales Par ailleurs, la prépondérance numérique des micro-entreprises dans les DOM comme en métropole tend à estomper les différences en se traduisant par des comportements et des stratégies souvent très proches Une plus grande vitalité des entreprises domiennes au cours de la période Les entreprises profitent de la croissance de la demande intérieure, tout en paraissant mieux protégées de la concurrence extérieure : l’implantation domienne exerce un effet favorable sur la croissance des entreprises En revanche, si la demande intérieure est affectée par un choc conjoncturel, les possibilités de se tourner vers des marchés à l’export sont plus restreintes. L’implantation domienne pourrait alors exercer un effet opposé …