Michel de Montaigne VIème partie
Les horreurs de l’existence influencent fortement les philosophes, à tel point que l’on peut se demander si elles ne sont pas à l’origine de leurs conceptions de la morale. Nous avons vu que le spectacle des guerres de religions a provoqué une longue réflexion chez Montaigne qui a, de même, proposé une approche très originale de la vertu. Le passage
Quelle que soit notre vision du monde, il est certain que notre interprétation de celui-ci diffère selon les circonstances dans lesquelles nous l’observons. L’être et le réel Se peindre nécessite d’envisager le changement de l’être qui s’opère dans ces confrontations avec le réel. Nous ne sommes jamais nous-mêmes mais nous comprenons quelquefois que nous cessons de nous ignorer. Dans le mouvement de l’existence, nous observons nos changements
« Je ne peins pas l’être, je peins le passage» Essais III, 2 Le temps est perçu comme une dynamique du changement de l’être qui s’observe selon les instants différents, comme autant d’étapes du passage. « non un passage d'aage en autre, ou comme dict le peuple, de sept en sept ans, mais de jour en jour, de minute en minute » Peindre le passage, c’est prendre le parti d’un dépassement de soi pour observer le mouvement, la mouvance des choses. C’est dépasser l’être singulier pour embrasser l’humanité entière.
C’est pourquoi, l’être se découvre, se connaît seulement par ses actes, selon les accidents (en philosophie : ce qui se produit, ce qui survient, du latin « accidere » : arriver par hasard) de l’existence. Mais il découvre aussi ce qu’il aurait pu être et son histoire n’est déjà plus la sienne.
« Il faut accommoder mon histoire à l'heure. Je pourray tantost changer, non de fortune seulement, mais aussi d'intention : C'est un contrerolle de divers et muables accidens, et d'imaginations irresoluës, et quand il y eschet, contraires : soit que je sois autre moy−mesme, soit que je saisisse les subjects, par autres circonstances, et considerations. »