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Les métiers traditionnels roumains
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Bonjour à toutes et à tous
Bonjour à toutes et à tous ! Un homme, barbe blanche, chemise paysanne, en train de sculpter un morceau de bois qui se transformera en cuillère à manche dentelé. Une image qui n’existe apparemment que dans les brochures touristiques. En effet, on peut difficilement imaginer qu’à l’époque de l’industrie informatisée jusqu’à la dernière vis, il y a encore des personnes qui puissent travailler des objets avec des matériaux et des techniques d’arrière-arrière-grand-père.
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On les voit lors des foires organisées par les musées roumains de plein air - les maîtres artisans attirent toujours des foules de curieux, qui veulent savoir comment on fait tel ou tel objet. « En Roumanie, presque tous les métiers traditionnels ont été conservés. Et il ne s’agit pas de cas isolés, d’une personne qui perpétue un certain savoir-faire, mais de villages entiers qui en sont spécialisés. C’est le cas, par exemple, des localités de potiers de Horezu et de Corund, dans le sud et respectivement le centre de la Roumanie. Il y a de véritables dynasties qui pratiquent tel ou tel métier ».
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Ce qui plus est, ces métiers sont restés dans les limites de la tradition. C’est vrai que la modernité a un mot important à dire, certains outils étant modifiés pour faciliter le travail des artisans. Par exemple, les roues à moteur électrique des potiers remplacent de plus en plus les roues classiques, mises en marche avec les jambes. Mais pour les vrais pratiquants de ces métiers, ce gain technique ne signifie nullement succomber à la tentation de la production « Soyons clairs, ces métiers relèvent de l’art et non pas de l’artisanat. En Roumanie, nous parlons encore d’art populaire. L’artisanat utilise des motifs et des modèles traditionnels, mais les matériaux et les techniques sont industriels. Les pots d’artisanat, par exemple, sont fabriqués en série ne sont pas travaillés à la main ou sur la roue traditionnelle, même électrique, mais avec des machines. Bien sûr, les techniques industrielles sont indéniablement très présentes, mais elles coexistent avec les méthodes traditionnelles qui ont survécu et ce n’est pas par hasard. Je ne veux pas dire que ces objets d’art traditionnel ne peuvent qu’être admirés, étant dépourvus de fonctions concrètes. Au contraire, ils sont bel et bien utilisés dans les maisons paysannes et non seulement. Tout le monde a besoin d’une cuillère, d’une soupière ou d’une louche ».
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En Roumanie, pour vous procurer des objets utilitaires “à la traditionnelle” vous n’avez pas besoin d’aller dans un musée d’ethnographie, mais sur n’importe quel marché aux légumes. Une fois là, vous remarquerez leur qualité très moyenne et pas en dernier lieu leurs décorations kitsch. Ce qui plus est, ils sont identiques, car produits en série. C’est bien cela qui fait la différence avec les objets originaux d’art traditionnel. « On peut parler d’une véritable industrie des œufs peints, d’une certaine manière, vu qu’une femme peut en produire jusqu’à 150 par jour. Mais aucun oeuf ne sera décoré comme un autre. Nous avons d’ailleurs fait une expérience de ce genre, une fois. Nous avons invité une femme artisan dans un atelier totalement improvisé – elle n’a fait que des produits uniques – elle change les couleurs, la disposition des motifs. Sinon ils s’ennuient. Ils ne font pas de copies. Même les icônes ne se ressemblent pas, bien que les artistes doivent respecter dans ce cas les canons de l’art ecclésiastique. Vous ne verrez pas deux icônes copie conforme, même si elles sont réalisées par la même personne ». il y a des villages où l’on pratique presqu’exclusivement tel ou tel métier, en fonction de la matière première la plus courante dans la zone. C’est là qu’interviennent les échanges entre localités et la mobilité compte beaucoup. Il n’était pas rare d’échanger un char rempli de pots en terre cuite contre un char d’objets en bois.
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Il n’est pas moins vrai que tout ce savoir-faire traditionnel subit continuellement la pression du présent, tant pour ce qui est des techniques que des mentalités. C’est pourquoi le Musée National de la civilisation traditionnelle ASTRA de Sibiu tente depuis 1990 de mettre à l’abri ce patrimoine dans le cadre d’un vaste programme, “Trésors humains vivants”. On a ainsi mis sur pied une Académie des arts traditionnels, avec plus de 250 membres - organisme qui souhaite avoir dans le village le même poids que l’Académie Roumaine dans les domaines scientifique et humaniste. Mais - à ce propos - les académiciens de Bucarest grincent des dents - ils refusent toujours de reconnaître l’association de Sibiu, accusant les organisateurs de manquer de sérieux. Pour Mirela Cretu, directrice adjointe du Musée National ASTRA, cette position est injustifiée, l’Académie des arts traditionnels ayant d’autres missions que l’Académie Roumaine.
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