La présentation est en train de télécharger. S'il vous plaît, attendez

La présentation est en train de télécharger. S'il vous plaît, attendez

Nouvelle forme de servitude et suicide – C. Dejours

Présentations similaires


Présentation au sujet: "Nouvelle forme de servitude et suicide – C. Dejours"— Transcription de la présentation:

1 Nouvelle forme de servitude et suicide – C. Dejours

2 Texte: nouvelle forme de servitude et suicide
Difficultés à analyser les suicides liés au travail: les individus sont réticents à en parler… Etiologie du suicide au travail = nécessité d’entrer dans l’intimité de la personne ce qui se révèle ardu, aussi bien sur un plan personnel que professionnel. Suicide = crise dans l’évolution d’une dépression? Causalité psychologique et rôle du travail contingent? Or, le suicide sur le lieu de travail ne peut être anodin = message adressé à autrui. Le travail est forcément en cause, surtout que le phénomène était avant inexistant.

3 Texte: nouvelle forme de servitude et suicide
Suicide au travail = expression d’une souffrance au travail. Suicide révélateur d’une déstructuration des liens sociaux au travail? Suicide révélateur d’une solitude psychologique et affective?  solitude au milieu de la multitude… Mais cela ne signifie pas que le suicide soit le fait d’individus marginalisés = souvent, au contraire, ils sont adapté et efficace… La solitude doit donc atteindre l’insupportable. L’auteur propose une analyse de cas  informations parcellaires, interprétations potentiellement multiples, zones d’ombres…

4 Texte: nouvelle forme de servitude et suicide
La cas étudié: Mme V.B., 43 ans, cadre dans une entreprise high-tech, matheuse de formation, possède une maitrise d’informatique, intellectuellement curieuse, appréciée au travail. Travail au départ dans la création d’outils informatique, puis dans un service de statistiques, puis formation à l’IAE et poste dans un service RH d’une multinationale (est bilingue). A refusé des offres: ne veut pas s’éloigner de sa famille (3 enfants). Activité professionnelle diversifiée et reconnue: prend la direction du service formation (1997). Puis adoption d’un enfant (1999) et demande de passage à mi-temps (2000).

5 Texte: nouvelle forme de servitude et suicide
½ temps mal vu… Repasse rapidement à 80% (2001). Evènement marquant: départ de son supérieur suite à un conflit, volonté de faire pression sur les salariés qui était en bonne relation avec le démissionnaire. A partir de là, déclassement progressif: perd ses responsabilités, travail en dessous de ses compétences, etc. Au final, est rétrogradé… Victime de brimade et d’humiliations: travail inutile, réunions reportées, sabotage de la formation ESSEC, passage de tests « débutants » après demande de mutation Subie sans broncher ni se révolter = résultats congé maladie avec traitement psychiatrique ambulatoire (2002).

6 Texte: nouvelle forme de servitude et suicide
Début 2003: retour arrêt maladie  pas de tâche à effectuer  nouvel arrêt  tâche subalterne au retour. Suicide courant janvier. La lettre = « Si je me suicide aujourd’hui c’est que, comme je l’ai souvent exprimé et à plusieurs personnes qui pourront en témoigner, je ne peux pas supporter l’idée de réintégrer mon poste dans les conditions proposées, c’est-à-dire exactement les mêmes que celles qui m’ont fait craquer et que je subis depuis janvier 2002, placardisation, manque de respect, humiliation (publique), souffrance morale, aucune reconnaissance professionnelle. Je paie beaucoup trop cher mon temps partiel (pris entre autres et surtout pour m’occuper des enfants à Lenval, ma sensibilité, l’attachement à mes valeurs humanistes et de respect envers autrui, quel qu’il soit (même un DP, même un membre du CE qui s’oppose à la Direction), mon refus d’être un “bon soldat” (je suis pacifiste), mon refus d’être traitée brutalement (eh oui, j’ai un affectif).

7 Texte: nouvelle forme de servitude et suicide
Bien sûr, je manque d’ambition professionnelle, de volonté de “faire carrière”, je ne cherche pas à être chef à la place du chef, j’ai d’autres “choses” dans ma vie qui équilibrent l’investissement que j’ai dans mon travail. Mais vous savez tous combien mon travail compte pour moi (j’ai abrégé mon congé d’adoption), cela fait un mois que je trépigne pour reprendre le travail. Mais, à travers ce travail, surtout aux RH, j’ai envie de soulager la “souffrance humaine” et non pas d’en créer, j’ai besoin d’être utile à l’entreprise et non de travailler sur des projets qui n’aboutissent jamais par changement constant de décision des “chefs”. Je n’accepte pas de mes chefs : le manque d’intelligence professionnelle : sur quoi juge-t-on : sur les résultats et les compétences ou à la tête du client et aux phrases mal comprises ? Me faire attendre 15 jours pour laisser le temps de “ré-organiser”, 15 jours après on me propose (impose, je n’ai pas le choix) exactement le même poste que j’avais avant, avec priorité, finir les job descriptions, alors qu’on sait très bien qu’elles ne seront jamais finies ! On me remet dans le même contexte avec les mêmes pièges alors qu’on m’a bien fait sentir que l’on n’était pas “content” de mes résultats ; “c’est pas ce qu’on attend d’un manager”. 1. On n’a qu’à me donner à faire ce qu’on attend de moi. 2. Je ne suis pas un manager : ni dans les responsabilités qui me sont données, ni dans la reconnaissance de ma valeur, ni dans la position où on me met (voir l’organigramme !).

8 Texte: nouvelle forme de servitude et suicide
Veut-on me mettre en situation d’échec ? Ou est-ce un manque d’intelligence impardonnable à ce niveau (de salaire !!!)? Le manque d’intelligence humaine : doit-on forcément être “brutale” pour que l’entreprise fonctionne mieux ? Pour être respectée, reconnue au RH ? Pourquoi ce manque de respect ? Pourquoi humilier ? Pourquoi faire passer des tests après 10 ans de boîte ? Pour connaître les compétences ?!?!? Et qu’a-t-on fait de ces tests ? (i.e. : “tu n’écoutes jamais rien, tu n’en fais qu’à ta tête”). Alors que je ne connais personne de plus docile que moi, “pourquoi tu n’as pas pris tes RTT comme tout le monde” ? Bien sûr que je les ai pris, “tu es trop sensible, ce n’est pas ce qu’on demande à un manager”. Heureusement qu’il existe des managers sensibles ! Il ne faut pas d’affectif au travail. Je ne suis pas une machine et XXX quand elle pleure ce n’est pas de l’affectif ? Pourquoi n’a-t-on jamais d’excuses quand on est blessée et que la personne qui a blessé le sait ? Alors je dis non, je ne reviendrai pas, certains acceptent l’humiliation, certains sont soumis, certains fuient dans d’autres services, l’ambiance du service est pleine de frustration (honnêtement qui, aux RH, ne cherche pas un poste ailleurs ?). Moi j’arrête tout, car je ne crois pas qu’une amélioration soit possible. J’aime beaucoup trop mes collègues et mon travail pour accepter ces conditions. Je regrette de faire ce geste pour mes enfants, mais je ne leur imposerai pas une maman frustrée, humiliée. Ce n’est pas par hasard si je fais ce geste ici devant Amadeus…

9 Texte: nouvelle forme de servitude et suicide
Eléments de la personnalité de Mne V.B.: Très intelligente voire surdouée, dotée d’une énergie exceptionnelle. Adaptable et possédant un excellent relationnel, passe pour une personne stable et de confiance. Fait également du bénévolat et tradition chrétienne d’entraide et de solidarité. A priori, pas de difficulté au niveau familial = 3 grands enfants sans problème, famille soudée. Pugnace et volonté de surmonter les difficultés = tend vers une certaine rigidité.

10 Texte: nouvelle forme de servitude et suicide
Ainsi, refuse de jeter l’éponge fait à l’adversité et à ce qu’elle subit. Sur l’entreprise et le management: Structure passant de la PME à une entreprise de 1200 salariés en 2003. Travail soutenu en flux tendu, salarié « impliqué », entreprise qui cherche à rester attractive. Management musclé mais syndicalisation faible = pas de tradition de solidarité. Pourtant: salarié de 38 nationalités différentes (tendance à être surdimensionnés), langue de référence anglais, services multiples de l’entreprise  convivialité.

11 Texte: nouvelle forme de servitude et suicide
Mais il s’agit d’une convivialité sans solidarité  elle est stratégique (guidée par la peur, les enjeux de carrière…) « aggravée » par le surdimensionnement. Jeu social: se faire bien voir, « être dans les petits papiers ». Donc relation structurée par la concurrence et non la solidarité  le conformisme est donc strictement respecté… Aux obsèques: pas de membres de l’entreprise: rupture du conformisme + condamnation du suicide. Réaction défensive? Zoom sur cette convivialité stratégique: issue des nouveaux types de management importés du modèle anglo-saxons.

12 Texte: nouvelle forme de servitude et suicide
Discours contrasté des cadres, entre satisfaction et souffrance. Adhésion aux valeurs (qui pourrait expliquer le blocage de la parole) ou efficacité des stratégies défensives? Convivialité stratégique = conspiration du silence. Elle englobe travail et hors-travail  entreprise pourvoyeuse d’emploi et de confort de vie = la condition de cadre est alors une nouvelle forme de servitude. A la lumière de ces considérations: tout commence avec la demande de mi-temps (et ensuite le refus d’une promotion en Espagne)  signifie qu’autre chose que l’entreprise compte, là où le travail doit être la priorité. Cette « trahison » déclenche l’hostilité des autres managers  représailles. Ce n’est jamais son travail qui est remis en cause mais sa soumission à la norme  l’enjeu du conflit est la servitude..

13 Texte: nouvelle forme de servitude et suicide
« Le tort de Madame V. B. est sans doute d’avoir voulu jouer ses valeurs altruistes et compassionnelles contre celles de l’entreprise. Sa raideur sur ses engagements sociaux explique peut-être que, malgré les représailles dont elle était victime, elle n’ait pas voulu croire que l’on pourrait rayer d’un trait de plume tous les services rendus à l’entreprise et toutes les compétences professionnelles qu’on lui avait largement reconnues depuis des années. » La déstabilisation psychologique est menée sciemment, à partir des résultats de tests de personnalité et de motivation  même si Mme V.B. est dans les 1% de cadre les plus efficients, les tests révèlent ce qui peut la démotiver  en particulier les valeurs… Etiologie du suicide: Vulnérabilité psychologique: altruisme et activisme qui confère une certaine rigidité et une forte exigence vis-à-vis d’elle-même.

14 Texte: nouvelle forme de servitude et suicide
Ainsi, face à la pression pourtant difficile, elle fait preuve d’une rigidité morale pathologique. Au-delà de cela, difficulté à désinvestir ce qui l’a été pendant des années et à céder à cette flagrante injustice… Si l’implication subjective est désavouée, on a l’impression qu’elle n’a servi à rien, que les récompenses étaient feintes, que l’on s’est fait rouler… Mais plus encore, cela montre que l’on s’est trompé. « Au lieu de reconnaissance et d’émancipation, Madame V. B. trouve exactement le contraire : au bout de sa contribution à l’effort économique de l’entreprise et au bout du succès, il y a le retour implacable de l’injonction à la soumission qui devient bientôt un ordre de dégager le plancher. » Travail de qualité = engagement de la subjectivité  Dejours parle d’être habiter par son travail, ce qui rend vulnérable mais permet en même temps de s’accomplir.

15 Texte: nouvelle forme de servitude et suicide
« La faille psychologique, la vulnérabilité, ne peuvent donc pas être considérées seulement comme un obstacle au travail. Elles sont aussi ce qui confère à l’intelligence son génie (sublimation). C’était aussi le cas pour Madame V. B. Sa raideur morale était aussi ce qui faisait d’elle une professionnelle particulièrement brillante et appréciée. » Concrètement cette faille, cette vulnérabilité peut être utilisée comme puissance de travail mais aussi comme vecteur de déstabilisation psychologique. Mme V.B. ne donne pas son potentiel dans son travail car en est empêchée  échec par rapport à ses exigences  progressive perte de confiance, d’estime de soi  impuissance à surmonter la crise  sentiments de honte et d’indignité  impact sur sa vie familiale  encore + de culpabilité  suicide comme délivrance + épuisement. Effet désastreux de l’absence de solidarité face à l’injustice  pas de soutien  solitude et chacun pour soi.

16 Texte: nouvelle forme de servitude et suicide
Pour l’auteur, il s’agit d’une culture de la performance qui donne vie à de nouvelles formes de servitudes « La culture de la performance se nie elle-même ici par son propre dépassement. Si l’on déstabilise Madame V. B., ce n’est pas parce qu’elle n’est plus performante, ce n’est pas parce qu’elle serait devenue inutile. C’est parce qu’elle n’est pas suffisamment soumise. La servitude allant jusqu’à la soumission comme enjeu de l’organisation du travail est plus importante que le travail et la rentabilité. Son indépendance d’esprit est intolérable et il faut qu’elle cède à tout prix. Elle n’a pas seulement cédé, elle a cassé et elle s’est suicidée. Le suicide de Madame V. B. est, de façon certaine, le résultat des nouvelles pratiques de la domination. »


Télécharger ppt "Nouvelle forme de servitude et suicide – C. Dejours"

Présentations similaires


Annonces Google