La présentation est en train de télécharger. S'il vous plaît, attendez

La présentation est en train de télécharger. S'il vous plaît, attendez

Lu de près, lu de loin. Quelques textes pour découvrir la littérature contemporaine Par Norbert Czarny, formateur, critique à la Quinzaine Littéraire.

Présentations similaires


Présentation au sujet: "Lu de près, lu de loin. Quelques textes pour découvrir la littérature contemporaine Par Norbert Czarny, formateur, critique à la Quinzaine Littéraire."— Transcription de la présentation:

1 Lu de près, lu de loin. Quelques textes pour découvrir la littérature contemporaine Par Norbert Czarny, formateur, critique à la Quinzaine Littéraire

2 Trois aspects de la littérature contemporaine la littérature consentante, académique la littérature concertante, médiatique et commerciale, le plus souvent sujette à scandale la littérature déconcertante « à la fois un souci des enjeux, une conscience critique envers son propre travail, une recherche de langue et de formes susceptible datteindre des significations demeurées jusquici hors de portée. » Dominique Viart La littérature française au présent Bordas Paris 2005

3 Deux critiques de la littérature contemporaine en France. « Solipsiste, formaliste, nihiliste » Tzvetan Todorov, La littérature en péril Flammarion Paris 2006

4 Autre regard Est-ce quune part de ma désaffection à légard dun certain roman français […] ne tiendrait pas au fait que rien du poids du monde ne semble peser dans leurs écrits ? Tous les écrivains dont je me suis senti proche […] se sont confrontés dans leur existence et dans leur œuvre aux aléas et aux catastrophes de lHistoire. » Jacques Henric, Politique Le Seuil 2007

5 La guerre en 124 pages Tout cela ayant été décrit mille fois, peut-être nest-il pas la peine de sattarder sur cet opéra sordide et puant. Peut-être nest-il dailleurs pas bien utile non plus, ni très pertinent, de comparer la guerre à un opéra, dautant moins quand on naime pas tellement lopéra, même si comme cest grandiose, emphatique, excessif, plein de longueurs pénibles, comme lui cela fait beaucoup de bruit et souvent, à la longue, cest assez ennuyeux. » Echenoz Jean 14

6 Une vie parmi les autres Ce sera un récit glissant, dans un imparfait continu, absolu, dévorant le présent au fur et à mesure jusqu'à la dernière image d'une vie. Une coulée suspendue, cependant, à intervalles réguliers par des photos et des séquences de films qui saisiront les formes corporelles et les positions sociales successives de son être constituant des arrêts sur mémoire en même temps que des rapports sur l'évolution de son existence, ce qui l'a rendue singulière, non par la nature des éléments de sa vie, externes (trajectoire sociale, métier) ou internes (pensées et aspirations, désir d'écrire), mais par leur combinaison, unique en chacun. À cette « sans cesse autre » des photos correspondra, en miroir, le " elle » de l'écriture. Aucun « je » dans ce qu'elle voit comme une sorte d'autobiographie impersonnelle mais « on » et « nous » comme si, à son tour, elle faisait le récit des jours d'avant. Annie Ernaux Les années p 240

7 Au présent Ce récit raconte la formation sensorielle, affective, intellectuelle et métaphysique dun enfant né au tout début de la Deuxième guerre mondiale, en France, dans un village du Sud- Est, dans une famille ancienne, catholique, et sans fortune. Je lai écrit comme la plupart de mes textes, à lindicatif présent : à très peu près. Les sentiments, les interrogations, les pensées sont dun enfant – qui ne cesse de questionner ses aînés -, puis dun adolescent – qui, à quatorze ans, décide décrire -, les idées, les convictions, les tourments qui sy manifestent sont ceux de son entourage, de son temps, dans ses lieux. Pierre Guyotat Formation 2007

8 Une vie en transparence À part mon frère Rudy, sa mort, je crois que rien de tout ce que je rapporterai ici ne me concerne en profondeur. J'écris ces pages comme on rédige un constat ou un curriculum vitae, à titre documentaire et sans doute pour en finir avec une vie qui n'était pas la mienne. Il ne s'agit que d'une simple pellicule de faits et gestes. Je n'ai rien à confesser ni à élucider et je n'éprouve aucun goût pour l'introspection et les examens de conscience. Au contraire, plus les choses demeuraient obscures et mystérieuses, plus je leur portais de l'intérêt Patrick Modiano Un pedigree

9 Linstant révélateur Mais cette année-là, tous les cerisiers avaient soudainement fleuri un peu plus tôt que d'ordinaire. Alors, un vent froid s'était mis à souffler sur la ville. La neige était tombée tout à coup et, partout dans les jardins, le blanc des flocons s'était ajouté à celui des fleurs. Cela faisait sur le sol une mince et fondante couche de blanc où, sous la semelle, les cristaux se mêlaient aux pétales. Depuis plusieurs dizaines d'années, le phénomène ne s'était pas produit. Pendant les quelques heures qu'a duré ce mirage météorologique, on ne parlait que du caractère exceptionnel de la fête. Une grande foule s'était répandue dans les parcs pour jouir du moment. La neige unissait son symbole à la fleur pour dire deux fois à quel point le monde où nous vivons est éphémère et ce qu'il y a de splendeur dans l'évanouissement même des choses que nous aimons. Philippe Forest Sarinagara

10 Ici, ailleurs, avant. Comme je m'échappais alors vers les lointains, vers l'aridité magnifique d'où je venais, vers cet arrière-pays niçois si radicalement opposé à ce pays-ci tellement vert dès qu'on quittait la ville noire, tellement abondant, obscène, comme je m'échappais vers cet arrière- pays où notre famille ne comptait encore aucun mort. Aucun cimetière à visiter, ou alors pour rire et jouer à se faire peur, pour faucher les perles d'antiques couronnes, tenter d'apercevoir des os par les fentes de vieilles tombes cassées, la terre vierge de toute mémoire. Car c'était aussi cela, revenir, c'était revenir vers les morts, malgré toute la méconnaissance que j'avais d'eux, à cause de l'éloignement et de mon jeune âge, c'était revenir vers les morts. Marilyne Desbiolles Primo

11 Vies errantes, de femmes Wanda entre dans un bar et s'assoit à une table en formica rouge dans un recoin de fenêtres. On ne sait pas dans quelle ville se passe la scène, mais dès qu'on voit ce recoin de fenêtres, la table en formica dans l'angle des rideaux aux plis épais qui sentent la cigarette et la bière, on sait que ce bar en Pennsylvanie est à l'à-pic exact du malheur, pas un malheur plein d'emphase, pas un malheur grandiose agrafé à l'Histoire, non, un malheur fade qui a l'odeur d'un tissu à carreaux pendu aux fenêtres d'un café de province. Supplément à la vie de Barbara Loden Nathalie Léger P.O.L 2012

12 Ce quapprennent les garçons « Quelques jours plus tard se tiendrait à Courbourg lannuel carnaval, lointaine résurgence des feux de la Saint-Jean, lesquels avaient longtemps donné lieu à des réjouissances dans cet ancien village de campagne, avant que lexode rural ne les fisse peu à peu tomber en désuétude, mais que le comité des fêtes de la municipalité, pour animer un peu lambiance de ce qui était devenu une cité- dortoir, avait récemment décidé de réactiver dans le dessein den faire lévénement culturel de lannée. » Eric Laurrent Les découvertes (Minuit)

13 Fixer des vertiges Je me souviens de certains soirs de causerie littéraire ; en haut on parlait de poésie et de désir, du plaisir ineffable quon prend, dit-on, à composer des livres ; en bas, ayant trouvé la clef de la cave où étaient stockées les bières du petit bar intérieur, je me saoulais sans vergogne. Je me souviens de la neige, toute de fleurs légères dans le halo des réverbères, et pesante et noire autour du bâtiment, foulée de tant de pas et de roues, où jaurais voulu tomber. Pierre Michon Vies minuscules

14 Partir de la banalité Junichirô Tanizaki disait quil regrettait le pinceau moins sonore que le stylo; les objets de métal ternis; le cristal opaque et le jade trouble; les traînées de la suie sur les briques; leffritement des peintures sur le bois; la trace de lintempérie; la branche brisée, la ride, lourlet défait, le sein lourd; le déchet dun oiseau sur la balustrade; la lueur insuffisante et silencieuse dune bougie pour dîner ou celle dune lanterne suspendue au- dessus de la porte de bois; Pascal Quignard Les ombres errantes

15 La myopie a des avantages. En fermant alternativement les yeux, j'avais donc le choix entre deux visions, entre deux mondes. L'un, clair et net, dans lequel se détachent le sourire narquois de l'autorité, une règle de grammaire sur le tableau[…], tout un monde tellement sûr de son fait qu'il se donne en spectacle, et l'autre, considérablement rétréci (l'horizon ramené à trois mètres), imprécis et vague, éloge du flou, où le ciel passerait pour une mer renversée et les nuages pour de l'écume bouillonnante, où le tableau vert n'a rien à livrer que son voile de craie, où les visages sont sans visage et donc sans malice, et où la vie, feutrée, ouatée, ayant perdu en définition, semble faire antichambre en attente d'un autre monde. Jean Rouaud Le Monde à peu près

16 Nouveau départ « Et je me voyais de nouveau, reprendre la route – hors de question, dorénavant, de repartir où que ce soit à pied – faire en sorte que le décor autour de moi ne cesse plus de changer et de ne marrêter que par nécessité, que rien ne sinstalle plus, à aucun moment, pas même lapparence des choses. » Christian Oster Rouler (LOlivier)

17 Commencer où on peut. Quand Simon ma raconté cette scène damour jai trouvé ça charmant, sagissant dun homme et dune femme vieillissants qui sans doute ne connaîtront plus jamais une émotion de cette qualité, aussi intense, aussi belle dans sa fulgurance. Bref, ça fait une heure que je suis là en train de me demander comment je vais my prendre. Eh bien je vais faire comme je fais dhabitude quand je suis embarrassé, je vais commencer, ni par le début ni par la fin mais par le premier bout qui se présente. Christian Gailly Un soir au club

18 Flou et fou Vous nêtes pas tout à fait sûre, mais il vous semble que, quatre ou cinq heures plus tôt, vous avez fait quelque chose que vous nauriez pas dû. Vous tâchez de vous remémorer lenchaînement de vos gestes, den reconstituer le fil, mais chaque fois que vous en tenez un, au lieu dattirer mécaniquement le souvenir du suivant, il retombe à plat dans le trou quest devenue votre mémoire. Deck Julia Viviane Elisabeth Fauville (Editions de Minuit).

19 Planter le décor Il paraît, après la guerre, tandis que Brest était en ruines, quun architecte audacieux proposa, tant quà reconstruire, que tous les habitants puissent voir la mer : on aurait construit la ville en hémicycle, augmenté la hauteur des immeubles, avancé la ville au rebord de ses plages. En quelque sorte on aurait tout réinventé. On aurait tout réinventé, oui, sil ny avait pas eu quelques riches grincheux voulant récupérer leur bien, ou non pas leur bien puisque la ville était de cendres, mais lemplacement de leur bien. Alors à Brest, comme à Lorient, comme à Saint-Nazaire, on na rien réinventé du tout, seulement empilé des pierres sur des ruines enfouies. Tanguy Viel Paris-Brest

20 Fiction et réalité Cela se passait dans la même région, le même milieu, les gens habitaient les mêmes maisons, lisaient les mêmes livres, avaient les mêmes amis, mais dun côté on avait Jean-Claude Romand qui est le mensonge et le malheur incarnés, de lautre Juliette et Etienne qui, tant dans lexercice du droit que dans lépreuve de la maladie, nont cessé de poursuivre la justice et la vérité. Emmanuel Carrère Dautres vies que la mienne

21 La France, vue de près La mode était, au bord des routes, pour influer sur les comportements routiers, à ces silhouettes de contreplaqué peintes en noir dressées dans lherbe partout où il y avait eu des morts toi, tu imaginais que devant chaque usine ayant licencié son personnel on établirait un champ de pareilles silhouettes de contreplaqué. Mais non, il ny avait que le bâtiment bleu, le bitume et les pelouses, le grillage blanc impeccable. A peine sur le mur face au bureau du vigile qui tavait reconnu et adressé un signe de la main, on reconnaissait cependant lempreinte de lancien nom, puisquils avaient démonté les lettres de bois vissées sur le mur sans repasser un coup de peinture. François Bon Daewoo

22 Un grand roman damour, aujourdhui « Ne jamais être à la même place, se segmenter dans un grand nombre dactivités et de projets, pour ne jamais se laisser enfermer dans aucune vérité – mais être à soi-même, dans le mouvement, sa propre vérité. Victoria néprouvait pas de pitié, de remords, de tristesse ou dangoisses, car elle les dissolvait par le mouvement et la fragmentation. » Eric Reinhardt Le système Victoria (Stock)

23 Deux mondes face à face « Ainsi, cest cela lespace, lexistence, quelque chose de réel, dhumain, une terre cultivée, patiemment retournée, et non pas ce quon désigne par bas-côté, bas morceau dune vie que la vitesse rétrécit de jour en jour. Et vous avez compris tout ce qui était caché dans la peau des voyages, tout ce qui sétait trouvé étouffé dans le bruit dune modernité. Et cette immobilité retrouvée, soudaine, décidée, provoquait des sensations, élevait des sentiments, engendrait des mots nouveaux. » Beinstingel Thierry Ils désertent (Fayard)

24 Les périphéries « Je suis un être périphérique, les bordures mont fondé, je ne peux jamais appartenir à quoi que ce soit, et au monde pas plus quà autre chose. Je suis sur la tranche. Présent, absent. A lintérieur à lextérieur, je ne peux jamais gagner le centre. » Olivier Adam Les lisières Flammarion

25 Un autre monde, le nôtre « Il devait continuer à prétendre quil gagnait de petites sommes en racontant ses rêves au public et en divertissant les masses avec des chants improvisés, des proses fantastiques, des entrevoûtes, des ritournelles et des épopées venues de nulle part, avec des énumérations incongrues, avec des chapitres inaboutis, des fragments de divagations, des haïkus populaires, des discours insanes, des fééries pour décédés, avec des piécettes animalières et des monologues de sous- hommes. » Lutz Bassmann Danse avec Nathan Golshem Verdier

26 Ailleurs… De son côté, Guevara, qui ne devait pas s'être documenté beaucoup sur le pays avant d'entreprendre ce voyage, semble avoir été particulièrement déconcerté par le recours systématique des- guérilleros congolais à la dawa, que l'on peut décrire comme une aspersion d'eau bénite censée liquéfier en vol les balles ennemies, ou rendre d'une manière ou d'une autre les combattants invulnérables, aussi longtemps du moins qu'ils ne commettent aucune infraction aux règles très strictes qui vont de pair avec la dawa Jean Rolin Lexplosion de la durite

27 Raconter des vies « Ils sont comme nous, et comme tous les conquérants, des enfants qui rêvent aux cartes coloriées, aux Atlas, au grand manteau dArlequin jeté sur la terre pour la dire. » « Le calcul est simple : si chacun dentre nous écrivait ne serait-ce que dix Vies au cours de la sienne aucune ne serait oubliée. Aucune ne serait effacée. Chacune atteindrait à la postérité, et ce serait justice. » Patrick Deville Peste & Choléra

28 Question de genre Dailleurs ce récit que jécris, que vous lisez, à quoi ça rime ? Et dabord, quest-ce que cest ? Un journal de voyage, des lambeaux de souvenirs mal cousus entre eux, un testament ? « Un livre sur rien », presque sans sujet, ou dont le sujet reste presque invisible, comme le rêvait Flaubert (mais alors il faudrait quil tienne « par la force interne de son style », et ce serait évidemment présumer de mes forces) ? Cest une promenade sur un fil. Un monologue à basse voix pour des oreilles patientes et attentives. Une lettre à des amis connus et inconnus. Olivier Rolin Bakou, derniers jours.

29 Des femmes, aujourdhui. Et celui qui l'accueillit ou qui parut comme fortuitement sur le seuil de sa grande maison de béton, dans une intensité de lumière soudain si forte que son corps vêtu de clair paraissait la produire et la répandre lui-même, cet homme qui se tenait là, petit, alourdi, diffusant un éclat blanc comme une ampoule au néon, cet homme surgi au seuil de sa maison démesurée n'avait plus rien, se dit aussitôt Norah, de sa superbe, de sa stature, de sa jeunesse auparavant si mystérieusement constante qu'elle semblait impérissable. Il gardait les mains croisées sur son ventre et la tête inclinée sur le côté, et cette tête était grise et ce ventre saillant et mou sous la chemise blanche, au-dessus de la ceinture du pantalon crème. Marie NDiaye Trois femmes puissantes

30 Le fantasme comme réalité Elle aurait dû maîtriser ses angoisses, les jeter au fond de son cerveau comme des vieilleries. Elle ne vivrait jamais à lintérieur dun fait divers, ni au milieu dune guerre, dun tremblement de terre ou dun attentat. Il y avait des gens qui avaient été mis au monde pour peupler ces malheurs, elle et les siens ne faisaient pas partie du lot. Régis Jauffret Fragments de la vie des gens

31 Lautre comme angoisse. Ce serait quand même bien que tu viennes, avait dit Ludo, ajoutant après sêtre bruyamment raclé la gorge : Assez vite... ça vaudrait mieux..., dune voix étranglée, un peu haletante, espérant sans doute que son père lui épargnerait un nouveau pourquoi – ou pour quoi en réalité. Mais il lavait répété, rude, obstiné, en détachant les mots : Pour quoi ? Dis-moi pour quoi ! Ludo jurant et criant alors : est-ce quil allait attendre quelle passe sur le billard ou carrément de lautre côté... ? Il avait trouvé lexpression étrange mais il navait rien dit, préférant le laisser poursuivre ou reprendre en sénervant le rapport du médecin-chef qui avait vu Véra à cinq heures. Il était cinq heures. Six heures là-bas, à Helsinki. Sa voix était enrouée, un peu désaccordée, dérapant à deux ou trois reprises comme un gamin qui mue. Hélène Lenoir Le répit

32 Histoire damour au XXIème siècle Et cest alors, que, mimmobilisant et redressant la tête au-dessus de son visage dont les yeux bandés me voilaient lexpression, je vis apparaître très lentement une larme sous le mince rebord noir des lunettes de soie lilas de la Japan Airlines, une larme immobile, à peine formée, qui tremblait tragiquement sur place, indécise, incapable de glisser davantage le long de sa joue, une larme qui, à force de trembler à la frontière du tissu, finit par éclater sur la peau de sa joue dans un silence qui résonna dans mon esprit comme une déflagration Jean Philippe Toussaint Faire lamour

33 Comme un cri dhorreur et ce que le procureur a dit, cest quun homme ne doit pas mourir pour si peu, quil est injuste de mourir à cause dune canette de bière que le type aura gardée assez longtemps entre les mains pour que les vigiles puissent laccuser de vol et se vanter, après, de lavoir repéré et choisi parmi les autres, là, qui font leurs courses, le temps pour lui dessayer – cest ça, quil essaie de courir vers les caisses

34 Fantaisie érudite Enfin jen tiens un et nous allons savoir. Nous allons savoir. Nous allons savoir ! Nous allons obtenir une réponse à cette question qui ne laisse plus en paix une seconde lesprit qui la un jour conçue incidemment ou au terme dune réflexion bien ordonnée : que serait aujourdhui le monde si Homère ou Marco Polo navaient pas existé ? Ou Platon. Ou Pythagore. Ou Leonard. Ou Mozart, Einstein, Archimède, Colomb, Rembrandt, Marx, Newton, Shakespeare, Cervantès, lun de ceux-là qui ont à un moment donné de lhistoire impulsé un mouvement, un désordre, ou mis en branle une ingénieuse et fatale mécanique dont a procédé la réalité nouvelle…. Eric Chevillard Dino Egger

35 Pour conclure, avec un écrivain Oserai-je employer le mot vérité ? Voilà. Ce sont les écrivains qui me disent la vérité. Allons plus loin : je ne connais dautre vérité que celle que jaime à entendre. Et jéprouve aujourdhui la même surprise émerveillée que dans lenfance à lappel dune voix familière. Il y a toutes sortes de façons sans doute daller à la vérité. Ce qui ne trompe pas, cest laccent, lhésitation à peine perceptible de la voix, au bord de la confidence, au seuil du récit, à lheure de la parole. Rien de tranchant, rien dagressif, au contraire. Cest cela que jécoute, cette retenue que je guette, et la pudeur la plus farouche me touchera, réduisant en fumée les roulades péremptoires des hâbleurs. Les voix qui me parlent détiennent au plus profond le secret du silence. Jean Claude Pirotte Rue des Remberges Le Temps quil fait 2003


Télécharger ppt "Lu de près, lu de loin. Quelques textes pour découvrir la littérature contemporaine Par Norbert Czarny, formateur, critique à la Quinzaine Littéraire."

Présentations similaires


Annonces Google