La présentation est en train de télécharger. S'il vous plaît, attendez

La présentation est en train de télécharger. S'il vous plaît, attendez

Choix de poèmes de Daniel Villaperla Période du au (N°38)

Présentations similaires


Présentation au sujet: "Choix de poèmes de Daniel Villaperla Période du au (N°38)"— Transcription de la présentation:

1 Choix de poèmes de Daniel Villaperla Période du 01-11 au 30-11-2008 (N°38)
Attendez que la musique de Mozart démarre et prenez le temps d’apprécier les textes poétiques que vous aimez dans cette sélection… Les diapositives changent au clic de la souris

2 Testament, ou Hommage à Walt Whitman Racine d’amour, fil de soie, fourche et vigne WALT WHITMAN Il n’est de joie en quoi je n’aie confiance. TEODORE ROETHKE   Or moi, Erica Jong , à mi-temps de ma vie et comptant deux parents, deux soeurs, deux maris et deux recueils de poèmes outre trois longues décennies de peine à force de pleurer de ne pas être aimée ou de l’être — mais jamais a ma suffisance — comme a force aussi bien de n’aimer pas, je fais aujourd’hui profession de joie. La peine, elle est partout notre nourrice à tous; la denrée rare, c’est la joie. Les morts, on en comblerait les vallées du monde; les larmes sont par océans entiers ; le fiel d’un jour abreuverait l’éternité. Enrager est le chiendent commun. S’emporter ne coûte guère. (suite…) Photo de la poétesse Erica Jong

3 Quant à la vertueuse indignation, elle est la religion des morts dans la maison qui est la leur, où leurs voix en grinçant poursuivent le dialogue, chacun arguant d’avoir été plus malheureux enfant que le voisin. Le malheur est gratis l’enfance est mal universel. Je dis au diable les coupeurs d’analyses en quatre, rétrécisseurs de vie, rapetisseurs de joie. Je dis au diable tous ceux qui seraient tout prêts à téter le malheur comme bouche édentée une tétine de bébé. Je dis au diable la mélancolie; Elle est gratis au marché de la vie. La terre chaque soir se résout aux ténèbres et puis, matin venu, rompt sa résolution. Photo de la poétesse Erica Jong (suite…)

4 Chaque soir voit venir les amants du démon avec leur pénis noir qui pend comme une langue leur visage duplice, leur bouche mensongère et leurs sinistres religions d’apocalypse. L’apocalypse est à bas prix au tarif de la vie. S’il est vrai que le Jugement est proche, faisons-nous joie de cette attente. Ne prenons pas pour y meuler nos dents les molaires des morts — bien qu’il ne manque en nos charniers ni de molaires ni de morts. Gardons-nous bien de mépriser le rire, même si le mépris est la monnaie courante. Aux railleurs apportons abondance de rire — car c’est d’abord eux-mêmes qu’ils méprisent. En mon temps moi-même je fus de ces gens-là. Les hommes de mon choix transpiraient le mépris; ils me répercutaient toutes mes étroitesses et par eux je doublais mon propre châtiment. A ma mesquinerie mes amis empruntaient la leur; mes hommes se réglaient sur l’aune de ma petitesse. Photo de la poétesse Erica Jong (suite…)

5 Désormais j’ai choisi je veux la joie
Désormais j’ai choisi je veux la joie. Tant pis si par ce choix il me faut vivre seule : solitude, je te dis oui. Et si pour que ma joie demeure il faut que de mes mains je lui bâtisse une maison, à mes mains je dis : faites ! A ceux pour qui baiser est une apocalypse ou une mise a mort, je dis : rien aujourd’hui ne peut plus me défaire. Nul négateur de joie ne peut rien me denier, car ce que je possède échappe a tout déni. Je suis ici chez moi dans la demeure de ma joie. * <<Qu’on ôte aux portes leurs verrous ! Que les portes aussi sortent de leurs chambranles ! >> * Photo de la poétesse Erica Jong (suite…)

6 Cher Walt Whitman père libidineux nourricier de souffrance, incantateur de « mots de passe primitifs » refuseur de mérite, chantre de corps et âme — Si mes vingt ans te méprisèrent, vers toi je me tourne a présent que j’ai doublé cette carrière et poussé suffisamment droit pour mesurer et louer ta droiture, et suffisamment libre aussi pour m’adresser a toi sans fioritures, en me félicitant d’être enfin assez simple pour pouvoir applaudir a ta simplicité Les portes s’ouvrent. Les métaphores mêmes claquent a tous vents. Les papiers volent de ma table tandis qu’elle titube au bord de l’univers et moi je purifie chaque mot par le feu. Je brûle ! Toute la nuit j’écris en lettres de soleil. De l’or noir de minuit je nourris « le corps électrique ». Je couvre l’air de signes tracés au sperme de néon. (suite…)

7 Tu étais <<assoiffé de désirs, brut, mystique et nu >>
Tu étais <<assoiffé de désirs, brut, mystique et nu >>. Tu surprenais avec l’odeur de tes aisselles. L’angle de ton chapeau marquait tes libres insolences; ta pine aussi se voulait insolente — mais <<le Moi moi-même >> n’avait pour toi pas de secret. Tu croyais en ton âme et ce faisant tu conduisais les autres à croire en l’existence de la leur. Car l’âme est contagieuse. On se la passe l’un à l’autre comme la peste. La règle humaine est d’observer une patience mutuelle d’araignée. Qui peut filer sa quenouillée de joie, mais aussi saisir le fil au vol — qui peut se suffire à soi-même n’a pas a redouter de se prendre a la toile. La racine d’amour fera ses pousses. La fourche sera treille où grimpera la vigne. Nos fils entremêlés feront un écheveau de soie. Comment filer la joie dans le vide du cœur? C’est que, la joie, même le désespoir ne l’empêchera pas de tisser son cocon. pandashekki (suite…)

8 Le monde est convulsé d’orgasmes de tristesse et les quêteurs de joie doivent serrer les rangs. Nos lieux de rendez-vous sont la page d’un livre ou bien un feu de bois ramassé sur la plage, ou bien encor le bas de quelque pétition dont nous avons noirci le blanc de nos griffures. Et nous avons pour signe de reconnaissance de garder la main libre et largement ouverte. Comme l’aragne à son trapèze échangeant nos supports nous nous abandonnons aux voltiges de l’âme Erica Jong lowjacker

9 Flamme meurtrière Jacques de Vallée des Barreaux Ah j’ai vu cette nuit ces sources de lumière Ces beaux yeux m’ont paru au travers du bandeau Que porte le sommeil et sous son noir manteau J’ai découvert du Ciel la beauté tout entière   Quel éclair quel regard quelle flamme meurtrière Trop heureux qui pourrait en fi aire son tombeau Jamais homme mortel ne vit un feu si beau Éclat trop lumineux pour ma faible paupière   Je la vis sans la voir je fouis sans parole Je la suis je la tiens son image s’envole Et dans ce doux transport mes sens ont éprouvé   L’erreur délicieux où le sommeil nous plonge Mais que je suis heureux de n’avoir que rêvé Hélas j’en serais mort si ce n’était un songe

10 Je t'écris pourtant   Ce sont toujours les mêmes mots, tu sais Des écrits stériles Rimes faciles Peinent à traduire Ce que la voix tait Je ne veux qu’être le souffle Errant sur ta peau salée Sans paroles superflues Mettre ton désir à nu, Contre tes lèvres respirer Je suis le baiser muet Insatiable à dévorer Le vertige de ta bouche Lorsque ma langue te touche… Contre tes lèvres respirer Je suis cette âme attentive Impassible ou passionnée Dans la beauté des silences Et dans la faim de l’absence… Contre tes lèvres respirer Je suis la main silencieuse Où tu voudras reposer Une caresse tranquille Ou un frôlement fébrile… Contre tes lèvres respirer Toujours les mêmes cris, tu sais Bouffées d’émotions Gouffre sans fond Ma plume impuissante Déclare forfait Maria

11 António Osório Le mouvement de la Terre   Ciel plus limpide que nuit d’été. On sent le mouvement de la Terre. Insimulable, manque la senteur du foin, la festive sirène des cigales le murmure des amants. Soft_Asphixia

12 Joie d’amour de Guillaume de Poitiers
Tout joyeux d’une joie d’amour, Plus profond je m’y veux plonger. Et puisque veux parfaite joie. Tous mes efforts ferais porter Vers la parfaite entre les dames, La plus belle à voir et entendre. Le savez, n’ai de vantardises, De grands taus ne me sait couvrir, Mais si jamais joie peut fleurir, Celle-là son grain portera, Entre toutes resplendira Comme soleil en sombre jour. Quel homme en imagina telle, Dans le vouloir et le désir, Par la pensée et par le rêve ? Telle joie reste sans pareille. Qui la veut fleurir de louanges D’un an n’y pourra parvenir. Toute joie devant elle cède, Et tout pouvoir doit obéir A ma dame pour bel accueil Et son bel et plaisant égard. A celui-là cent ans de vie Que saisit cette joie d’amour (suite…) Joie d’amour de Guillaume de Poitiers

13 Par sa joie peut guérir malade, Par son courroux les saints occire, D’un sage elle peut faire un fol Et le plus beau peut enlaidir, Le plus noble peut avilir Et du plus vil tirer un noble. Puisque telle on ne peut trouver, Ni d’œil ni de bouche dire, Près de moi la veux retenir Pour le frais du fond de mon cœur Et le renouveau de ma chair Et pour m’empêcher de vieillir. Si ma dame m’accorde amour Saurai le prendre et reconnaître, Tenir secret et bien louer, Pour son plaisir et dire et faire, Et bien lui accorder son prix, Et ses louanges publier. Ne lui ai fait porter message, Si grand peur j’ai qu’elle s’irrite, Et non plus, par crainte de faute, N’ose lui montrer mon amour. D’elle j’attends mon allégeance, Car seule elle peut me guérit.. Guillaume de Poitiers

14 Centuries de Bhartrihari
De tout ce qui existe à voir, est-il objet plus beau que le visage d’une jeune fille aux yeux d’antilope et vous souriant d’amour ? Dans les choses que l’on respire, y a-t-il rien de plus suave que le souffle de sa bouche ? Dans ce que l’on entend, est-il rien de plus harmonieux que sa voix ? Dans les choses que l’on mange, est-il rien de plus délicieux que la saveur du frais bourgeon de ses lèvres ? Dans le domaine du toucher, sent-on rien de plus doux que son corps ? Qu’y a-t-il de mieux à voir en pensée que l’image d’une jeune fille nouvelle éclose ? Partout, ceux dont le cœur est aimant éprouvent une émotion qui vient d’elle! Ce faix voluptueux des seins arrondis, ces yeux tremblants, ces lianes mobiles des sourcils Et ce frais bourgeon des lèvres causent un trouble certain au cœur des hommes, que le désir aveugle mais comment cette ligne impérissable de félicité que le dieu aux armes de fleurs a dessinée lui-même, Comment est-il possible que ce gazon noir, semé en son milieu, allume encore une chaleur plus grande ? (Suite…) Centuries de Bhartrihari Barry II

15 Faites-vous une demeure soit au bord du Gange qui lave dans ses eaux les souillures de l’âme, soit entre les seins d’une jeune femme, site ravissant où se balance un collier de perles. Avec la jolie charge des seins, avec sa resplendissante figure de lune, avec la marche lente de ses pieds, elle brille comme si l’on avait taillé son corps dans une étoile. Le flambeau pur de la sagesse brille devant l’homme juste seulement aussi longtemps que la femme aux yeux de gazelle ne l’éteint pas avec un regard fixe de ses yeux sémillants. Une jeune beauté est comme un fleuve dont elle représente aux yeux la surface des ondes par les sillons entrouverts de son tribalî charmant, Les couples de canards qui s’y jouent deux à deux, par les seins relevés de sa gorge potelée, les nymphéas, par les brillantes couleurs de son visage. Mais son lit est dangereux, son cours à traverser exige de pénibles efforts et conduit vite à l’océan du monde : que l’homme s’en éloigne donc, s’il ne veut s’y noyer. Si l’on compare les seins qui sont composés de chair, on dit : « Ce sont deux coupes d’or ! » Le visage est la sentine des sécrétions morveuses, et cependant on n’a pas honte de le mettre en parallèle avec le disque de la lune. Bhartrihari Barry II

16 Niki Menezes Vide Aujourd’hui j’ai pleuré
Niki Menezes Vide  Aujourd’hui j’ai pleuré. J’ai pleuré parce que j’aime les rues qui m’ont éloigné   de toi et me ramèneront vers toi. J’ai pleuré car le processus qui   me fit femme est très douloureux. J’ai pleuré parce qu'à partir   de maintenant je vais moins pleurer. J’ai pleuré parce que j’ai perdu   ma douleur et que je ne suis pas habituée à son absence. mizjellybean

17 Eh ! toi qui vas par là as-tu vu mon âme me quitter ce matin quelqu'un l'a vue rôder dans ta rue presque nue chaussée de ton regard une étreinte pour manteau je m'inquiète pour elle A-t-on idée de se promener comme ça sous la pluie fiévreuse en plein délire comme un désir à vif qui enflamme les alentours Si tu la vois mets-la au lit borde-la donne-lui à boire tes rimes libérées A même tes courbes que ses lèvres s'abreuvent à la source de ce galbe dessiné au creux de sa main prends-en un tendre soin elle dérive tremblotante sur l'amour Âme frileuse de Gertrude Millaire

18 Vers libres Jordi de San Jordi
Je porte sur mon front votre divine image, Dans laquelle mon corps s’exalte jour et nuit, Car à force de voir votre belle personne L’empreinte m’est restée de votre ressemblance Et ni même la mort pourra l’en effacer. Et lorsque je serai tout à fait hors du siècle, Ceux-là qui mèneront mon corps devers la tombe L’empreinte de vos traits verront sur mon visage Pareil à un enfant qui contemple un retable Et à force de voir le tableau plein d’images Avec son jeune cœur, on ne peut l’en tirer Tellement il est pris par l’or qui en rayonne Ainsi je me sens pris devant le cercle aimable De votre noble corps, paré de tant de grâces, Que lorsque je le vois plus que Dieu je le mire Si fortes sont les joies de l’amour qui me blesse ! Beauté sans contredit et de noble présence, Votre corps merveilleux Dieu le fit sans égal Aimable et pour la joie, ô pierre étincelante ! Amoureux, et bien plus pénétrant qu’une étoile. Ainsi quand je vous vois entourée d’autres ,femmes Je les méprise un peu : comme avec l’escarboucle Qui dépasse en vertu toutes les autres pierres. Vous planez au-dessus comme l’autour le merle. (Suite…) Vers libres Jordi de San Jordi

19 L’amour que je ressens dans mon être viril (Amour qui n’exista jamais dans aucun homme), Un amour aussi grand que celui qui me blesse Ne s’est jamais trouvé dans aucun corps ni âme. Je me sens plus troublé que le propre Aristote Par cet amour brûlant et qui mes sens déchaîne. Comme un moine fervent qui garde sa cellule Ainsi mon corps et vous comme un ongle et son doigt.  O corps tout plein d’honneur, sans faute ni mensonge, O glorieuse ,femme, ayez pitié de moi, Et ne permettez pas que d’amour je me meure, Car je vous aime plus qu’aucun homme ne l’affirme. C’est pourquoi je vous prie, puisque l’arbre vous êtes De tous les fruits heureux où la valeur s’abrite, Veuillez me retenir dans votre altive chambre Pour que je suis à vous et le serai toujours.  O mes belles chansons : vous portez le signal Le plus précieux qui soit dans le registre humain Car chaque jour en vous renaît le corps, la vie, La bonté, la vertu, plus qu’à Penthésilée. Jordi de San Jordi

20 André Chénier La jeune captive
( Méditation sur la prison et la mort ) L’épi naissant mûrit de la faux respecté; Sans crainte du pressoir, le pampre, tout l’été Boit les doux présents de l’aurore; Et moi, comme lui belle, et jeune comme lui, Quoi que l’heure présente ait de trouble et d’ennui, Je ne veux pas mourir encore. Qu’un stoïque aux yeux secs vole embrasser la mort : Moi je pleure et j’espère. Au noir souffle du nord Je plie et relève ma tête. S’il est des jours amers, il en est de si doux ! Hélas ! quel miel jamais n’a laissé de dégoûts ? Quelle mer n’a point de tempête? L’illusion féconde habite dans mon sein. D’une prison sur moi les murs pèsent en vain, J’ai les ailes de l’espérance : Échappée aux réseaux de l’oiseleur cruel, Plus vive, plus heureuse, aux campagnes du ciel Philomèle, chante et s’élance. Est-ce à moi de mourir ? Tranquille je m’endors, Et tranquille je veille, et ma veille aux remords Ni mon sommeil ne sont en proie. André Chénier La jeune captive Suite… e.v.r.i.e.l

21 Ma bienvenue au jour me rit dans tous les yeux ; Sur des fronts abattus, mon aspect dans ces lieux Ranime presque de la joie. Mon beau voyage encore est si loin de sa fin ! Je pars, et des ormeaux qui bordent le chemin J’ai passé les premiers à peine. Au banquet de la vie à peine commencé, Un instant seulement mes lèvres ont pressé La coupe en mes mains encor pleine. Je ne suis qu’au printemps, je veux voir la moisson ; Et comme le soleil, de-saison en saison, Je veux achever mon année. Brillante sur ma tige et l’honneur du jardin, Je n’ai vu luire encor que les feux du matin ; Je veux achever ma journée. O Mort! Tu peux attendre; éloigne, éloigne-toi ; Va consoler les cœurs que la honte, l’effroi, Le pâle désespoir dévore. Pour moi Palès encore a des asiles verts, Les Amours des baisers, les Muses des concerts ; Je ne veux pas mourir encore. Ainsi, triste et captif, ma lyre toutefois S’éveillait, écoutait ces plaintes, cette voix, Ces vœux d’une jeune captive; e.v.r.i.e.l Suite…

22 Et secouant le faix de mes jours languissants, Aux douces lois des vers je pliai les accents De sa bouche aimable et naïve. Ces chants, de ma prison témoins harmonieux, Feront à quelque amant des loisirs studieux Chercher quelle fut cette belle. La grâce décorait son front et ses discours, Et, comme elle, craindront de voir finir leurs jours Ceux qui les passeront près d’elle. André Chénier * Cette Ode a été écrite à la prison de Saint-Lazare, en 1794, alors qu’André Chénier attendait d’être jugé. Il fut condamné et guillotiné le 20 juillet comme « ennemi du peuple », par confusion avec les chefs d’accusation pesant sur son frère. La jeune femme à laquelle il prête sa plume est Aimée Franquetot de Coigny. Un des autres détenus, M. de Montrond, paya cent louis à un agent du pouvoir pour que son nom fût rayé de la liste des condamnés. Tous deux furent libérés peu après Thermidor, et se marièrent. e.v.r.i.e.l

23 Giacomo Leopardi A soi-même Or à jamais tu dormiras, Cœur harassé
  Giacomo Leopardi A soi-même   Or à jamais tu dormiras, Cœur harassé. Mort est le dernier mirage,  Que je crus éternel. Mort. Et je sens bien  Qu’en nous des chères illusions  Non seul l’espoir, le désir est éteint.  Dors à jamais. Tu as  Assez battu. Nulle chose ne vaut  Que tu palpites, et de soupirs est indigne  La terre. Amertume et ennui,  Non, rien d’autres, la vie ; le monde n’est que boue.  Or calme-toi. Désespère  Un dernier coup. A notre genre le sort  N’a donné que le mourir. Méprise désormais  Toi-même, la nature, et la puissance Brute inconnue qui commande au mal commun, Et l’infinie vanité du Tout. Le poéte Giacomo Leopardi

24 Ma petite nymphe Pierre de Ronsard Ma petite Nymphe Macée, Plus blanche qu’ivoire taillé, Plus blanche que neige amassée, Plus blanche que lait caillé, Ton beau teint ressemble les lys Avecque les roses cueillis.   Ton beau chef à mes yeux décœuvre Où le ciel, des beautés donneur, Employa sa peine et son œuvre, Curieux de lui faire honneur ; Découvre ton beau front aussi, Heureux objet de mon souci.   Plus belle que Vénus tu marches : Ton front est beau, tes yeux sont beaux, Qui flambent sous deux noires arches, Comme deux célestes flambeaux, D’où le brandon fut allumé, Qui tout le cœur m’a consumé. Suite… barry

25 Ce fut ton œil, douce mignonne, Qui d’un regard traître écarté, Les miens entons emprisonne Peu soucieux de liberté, Et qui nie déroba le cœur Pour le dessécher en langueur.   Te voyant jeune, simple et belle, Tu me suces l’âme et le sang Montre-moi ta rose nouvelle, Je dis ton sein d’ivoire blanc, Et tes deux rondelets tétons Qui s’enflent comme deux boutons.   Las ! Puisque ta beauté première Ne nie daigne faire merci, Et que moins amoureuse et fière Tu prends plaisir de mon souci, Au moins regarde sur mon front Les maux que tes beaux yeux me font. Pierre de Ronsard barry

26 Patrizia Cavalli Loin des règnes   Loin des règnes   Comme elle est immobile la chambre !   Viens, respire moi tout près   Que je découvre la douceur   De tant d’imperfections, une dent   En moins une ride en plus et ton corps   A peine exténué par la nonchalance. Sara Heinrichs

27 Le Cyclope amoureux Ovide Comme tu sais s régner en maîtresse, ô Vénus
Le Cyclope amoureux Ovide Comme tu sais s régner en maîtresse, ô Vénus ! Oui, ce même bourreau qui glace les forêts, lui que nul n’a jamais abordé sans dommage, lui qui tient à mépris l’Olympe et tous les dieux, il éprouve l’amour et le désir l’enchaîne, il brûle, il en oublie son antre et ses troupeaux il rêve de beauté, il s’étudie à plaire : Polyphème ratisse à présent sa tignasse, promène la faucille aux buissons de sa barbe, se contemple dans l’onde et compose son masque Fini le goût du meurtre et des ruisseaux de sang ! le marin touche en paix la côte, ou lève l’ancre Un promontoire étire et pousse dans la mer un tranchant que le flot baigne de part et d’autre. Notre sauvage y monte et s’assied au milieu sans souci du troupeau qui le suit de lui-même. Il dépose à ses pieds son bâton, ou tout comme un sapin, un vrai mât de navire, saisit une syrinx formée de cent roseaux, y siffle, et les monts et les bois surent sa pastorale, la vague aussi. J’étais cachée sous une roche aux bras de mon Acis, et j’entendais la voix qui venait du lointain me dire : (Suite…) jeffkazansky

28 « 0 Galatée plus blanche que la fleur neigeuse du troène, plus fleurie que les prés, plus élancée que l’aune, plus claire que cristal, folâtre que chevreau, plus lisse que le flot ne polit la coquille, plus noble que les fruits ou le platane altier, limpide que la glace et plus douce que grappe, que soleil de décembre ou qu’ombrage en été, que plumage de cygne oit laitage caillé, et je dirai encore : plus belle qu’un verger si tu n’étais si prompte à fuir, ô Galatée, plus rebelle qu’au joug ne le sont les taureaux, plus dure que le rouvre et trompeuse que l’onde, que l’indocile osier et que la couleuvrée, plus butée qu’un rocher, brutale qu’un torrent, plus .frère que le paon, cuisante que le feu, plus hérissée que macle et sourde que les flots, plus farouche que l’ourse ou l’hydre terrassée, et surtout, car c’est là mon urgente blessure, plus fuyante que biche aux abois de la meute et même que la brise—hélas ! si tu savais, combien te coûterait ta fuite de regrets, combien tu chercherais toi-même à me garder ! (Suite…) jeffkazansky

29 J’ai ma part de montagne où pend la pierre vive, une grotte où l’été ni l’hiver ne pénètrent, j’ai des fruits savoureux qui pèsent aux rameaux et je garde pour toi les grappes de mes vignes, celles qui semblent d’or, celles qui sont de pourpre. Tu cueilleras toi-même, à l’ombre de mes bois, la molle ,fraise, les cornouilles de l’automne, et la prune, la bleue au suc sombre, et la bonne, la prune dont la peau est blonde comme cire ! Ne crains pas de manquer de châtaignes chez moi ni d’arbouses : chaque arbre est. ici ton servant. Ce troupeau, c’est le mien, et j’ai d’autres brebis dans le val et le bois, d’autres dans mes étables. Combien ? Je ne saurais au juste te le dire : le pauvre seulement doit compter son troupeau. Ne me crois pas les yeux fermés ; viens voir toi-même comment leur pis gonflé les empêtre en marchant. J’ai des agneaux encore aux tièdes bergeries, et d’autres enclos d’aussi jeunes chevrettes. Le lait ne manque point, ni celui que l’on boit, ni celui qu’épaissit la présure liquide (Suite…) jeffkazansky

30 Tu connaîtras ici les faciles plaisirs et les menus cadeaux : un daim, un lièvre, un bouc : je t’offrirai des nids, un couple de colombes, mais surtout j’ai trouvé, pour qu’ils jouent avec toi, et tous deux si pareils que tu t’y méprendras, sur les cimes là-haut, deux beaux oursons velus et j’ai dit aussitôt : « Je les garde pour elle. » Allons, sors des flots bleus ton front resplendissant et ne méprise se point, Galatée, nies présents ! Je me connais, bien sûr, et l’onde miroitante tout récemment encor m’a redit ta beauté. Regarde : je suis grand, aussi grand que peut l’être au ciel ce Jupiter dont vous parlez toujours et nous contez le règne. Une épaisse forêt me surplombe le masque et m’ombrage l’épaule ! Oui, j’ai le corps planté de broussaille revêche, mais quoi ? un arbre est laid qui n’a pas de feuillage ; la crinière est l’honneur de la fauve cavale ; la laine des brebis, la plume de l’oiseau : de même barbe et poil font la grâce de l’homme. Je n’ai qu’un œil au front, mais c’est un œil de taille, grand comme un bouclier, seul comme le soleil qui des hauteurs du ciel n’en voit pas moins le monde. Ajoute que mon père est le roi de vos ondes et tu seras sa bru, mais par pitié écoute ma prière, ô toi seule à qui je rends les armes je méprise Jupin, ses cieux et ses carreaux, mais je suis devant toi plein de fervente crainte... » Ovide jeffkazansky

31 Giovanni Pascoli Temps d'orage   Un roulement dans le lointain …     L’horizon qui rougeoie,   Tel un brasier, du côté de la mer ;   D’un noir de poix, vers les montagnes,   Des lambeaux de nuages clairs :   Dans tout ce noir une chaumière :   Une aile éployée de mouette.

32 NOTRE SENTIER paroles et musique: Félix Leclerc
Notre sentier près du ruisseau est déchiré par les labours Si tu venais, dis-moi le jour, je t'attendrai sous le bouleau Les nids sont vides et décousus Le vent du nord chasse les feuilles Les alouettes ne volent plus, ne dansent plus les écureuils Même les pas de tes sabots sont agrandis en flaques d'eau Notre sentier près du ruisseau est déchiré par les labours Si tu venais, fixe le jour, je t'attendrai sous le bouleau J'ai réparé un nid d'oiseau, je l'ai cousu de feuilles mortes Mais si tu vois sur tous les clos, les rendez-vous de noirs corbeaux Vas-tu jeter en flaques d'eau, tes souvenirs et tes sabots? Tu peux pleurer près du ruisseau, tu peux briser tout mon amour Oublie l'été, oublie le jour, oublie mon nom et le bouleau. NOTRE SENTIER paroles et musique: Félix Leclerc

33 Un hémisphère dans une chevelure
Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l'odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l'eau d'une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l'air. Si tu pouvais savoir tout ce que je vois ! tout ce que je sens ! tout ce que j'entends dans tes cheveux ! Mon âme voyage sur le parfum comme l'âme des autres hommes sur la musique. Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures ; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l'espace est plus bleu et plus profond, où l'atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine. Un hémisphère dans une chevelure Léon François Commere (Suite…)

34 Dans l'océan de ta chevelure, j'entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d'hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l'éternelle chaleur. Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan, dans la chambre d'un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes. Dans l'ardent foyer de ta chevelure, je respire l'odeur du tabac mêlé à l'opium et au sucre; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l'infini de l'azur tropical; sur les rivages duvetés de ta chevelure je m'enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l'huile de coco. Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs. Léon François Commere Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris.

35 Giuseppe Ungaretti Extrait de "La Pitié"   Chair de mélancolie   Où foisonnait jadis la joie,   Œil demi-clos du réveil harassé,   Ame trop mûre, vois-tu   Celui que je serai sous terre ?     Le chemin des morts passe en nous. Cielbleu_Oh

36 Sonnets William Shakespeare LX Prends toutes mes amours, mon amour, prends-les toutes, rien de plus tu n'auras que tu n'avais déjà. Point d'amour, mon amour, digne du nom d'amour tout mon bien t'appartient avant que tu le prennes. Si pour l'amour de moi, tu reçois mes amours, Je ne te blâme pas d'user de mon amour. Mais je te blâme si toi-même tu te leurres d'un goût capricieux pour ce que tu repousses. Je te pardonne tes larcins, gentil voleur, encore que tu me dérobes ma misère. Mais l'amour sait aussi combien on souffre plus d'un tort d'amour subi que de haine et d'injure. Grâce lascive en qui tout mal semble vertu, que ton dépit me tue ! Amis nous resterons.

37 XLII Elle t'appartient : tout mon chagrin n'est pas là, On peut dire pourtant que je la chérissais. Mais qu'elle te possède est source de mes larmes, et cet amour perdu me touche de plus près. Offenseurs de l'amour, je vous excuse ainsi Tu l'aimes, toi, sachant que moi-même je l'aime, c'est pour l'amour de moi qu'elle me trompe aussi, souffrant que mon ami réponde pour l'amour de moi. Si je te perds, mon amour seul y gagne en la perdant, c'est mon ami qui la retrouve. Tous deux trouvent l'un l'autre et tous deux je les perds. Ils m'imposent pour l'amour de moi cette croix. Mais mon ami, mais moi, ne sommes qu'un — ô joie ! Illusion charmante :et c'est moi seul qu'elle aime.

38 Complainte d'une Odalisque On Nhu Hâu O mon prince, ô soleil de ma vie
Complainte d'une Odalisque On Nhu Hâu   O mon prince, ô soleil de ma vie ! Vous seul, ô mon Prince, avez enivré mon âme ! Vous seul, ô mon Prince, avez ouvert mon âme aux caresses de l'amour Votre tendresse, ô mon Prince, me baignait comme une pluie printanière, Vous étiez la tempête d'amour, et moi, une branche en fleur Mon lit nuptial a le parfum du musc et de l'encens ; Mes diamants scintillaient comme des guirlandes d'étoiles. J’étais ivre d'amour, ivre de vous, ô mon beau Prince, Un immense chant d'amour soulevait mon cœur épanoui , Vous aviez été si magnanime, ô Prince bien-aimé ! Que de fois, nous nous étions promenés dans l'or et dans l'argent du clair de lune ! Que de fois, à l'ombre des badamiers, nos rires se sont mêlés ! Que de fois, dans la neige et dans le brouillard, nos cœurs se sont accordés Jamais pour attirer vers moi votre chariot d'or, Je n’ai dû offrir à vos coursiers des feuilles de mûriers ! Dans vos bras, ô mon Prince, combien de fois j'ai pleuré... Bien des fois, j'ai repoussé vos brûlantes caresses, Bien des fois, je me suis dérobée à vos étreintes, Ce n’était que pour mieux vous satisfaire que je jouais avec vos désirs (Suite…)

39 Hélas. l'Ange d'amour, loin de moi, s'est envolé
Hélas ! l'Ange d'amour, loin de moi, s'est envolé ! Hélas, ma fontaine d'amour s'est tarie ! Hélas, mon soleil d'amour s'est éteint ! Le vent éparpille les feuilles jaunies ; La pluie d'automne gémit sur la toiture ; Mon sommeil est brodé de mélancolie ; Mon âme blessée erre comme une hirondelle égarée. Glaciale, glaciale est ma chambre ! Le brouillard essuie ses larmes avec les stores fleuris. La mousse étend sa verdure sur le chemin abandonné ; L’herbe recouvre les traces du chariot d'or de mon bien-aimé. Depuis une éternité, ma veilleuse n'a plus d'huile. Depuis une éternité, mon brûle-parfum ne contient plus d'encens. Ma couverture est froide comme une montagne de neige. Mon portrait souriant lance des injures à ma mortelle douleur ! A la fenêtre, au balcon, devant les fleurs, au clair de lune, Des larmes coulent, coulent comme une fontaine ! L'an dernier, avec vous, ô mon Prince, je m'étais promenée Avec vous, ô mon Prince, j'ai cueilli et respiré des roses... Aujourd'hui je suis semblable à une fleur fanée Qui fait des rêves de printemps et de soleil ! (Suite…)

40 L'an dernier, ô mon Prince, j'étais au balcon d'or Avec vous, ô mon Prince, je jouais avec les feuilles des saules. Aujourd'hui, je suis semblable à une branche cassée Que le courant emporte avec les débris de lune... Parfois, dans la nuit, le vent, balançant les branches, Souffle sur ma peine des voix lointaines... Alors j'allume et en hâte, je me pare, Et le cœur palpitant, j'attends le chariot d'or de mon Prince... Hélas, ce n'est que le cri nostalgique d'un grillon qui appelle l'amour ! Debout à ma fenêtre, la Nuit joue sa ténébreuse musique Tandis que les lucioles dansent la danse de la lassitude.La lune mélancolique et inconsolable Murmure à ma peine des voix lointaines... Alors, je me poudre et je me fais belle, Et le cœur palpitant, j'attends le chariot d'or de mon Prince... Hélas... ce n'est que le cri plaintif d'une sarcelle qui appelle l'amour ! Debout à ma fenêtre, les roseaux s'endorment sur les épaules lascives de la brume... 0 mon Prince bien-aimé, je veux rire, et mon rire éclate en sanglots ! Je veux chanter et mon chant s'élève en plaintes ! Le désespoir, comme un incendie, me brûle et me consume !Et mes larmes ne sont plus que des larmes de sang !. On Nhu Hâu

41 Valery Larbaud Poésies de A
Valery Larbaud Poésies de A.O Barnabooth (extrait)   I Un jour, à Kharkov, dans un quartier populaire, (O cette Russie méridionale, où toutes les femmes Avec leur châle blanc sur la tête, ont des airs de Madone !) Je vis une jeune femme revenir de la fontaine Portant, à la mode de là-bas, comme du temps d'Ovide, Deux seaux suspendus aux extrémités d'un bois En équilibre sur le cou et les épaules. ph.moa Et je vis un enfant en haillons s'approcher d'elle et lui parler. Alors, inclinant aimablement son corps à droite, Elle fit en sorte que le seau plein d'eau pure touchât le pavé Au niveau des lèvres de l'enfant qui s'était mis à genoux pour boire (Suite…)

42 II Un matin, à Rotterdam, sur le quai des Boompjes, (C'était le 18 septembre 1900, vers huit heures), J'observais deux jeunes filles qui se rendaient à leurs ateliers ; Et en face d'un des grands ponts de fer, elles se dirent au revoir, Leurs routes n'étant pas les mêmes. Elles s'embrassèrent tendrement; leurs mains tremblantes Voulaient et ne voulaient pas se séparer ; leurs bouches S'éloignaient douloureusement pour se rapprocher aussitôt Tandis que leurs yeux fixes se contemplaient... Ainsi elles se tinrent un long moment tout près l'une de l'autre, Debout et immobiles au milieu des passants affairés, Tandis que les remorqueurs grondaient sur le fleuve, Et que des trains manœuvraient en sifflant sur les ponts de fer. Jack Jeffries (Suite…)

43 III Entre Cordoue et Séville Est une petite station, où, sans raisons apparentes, Le Sud-Express s'arrête toujours. En vain le voyageur cherche des yeux un village Au-delà de cette petite gare endormie sous les eucalyptus : Il ne voit que la campagne andalouse : verte et dorée. Pourtant, de l'autre côté de la voie, en face, Il y a une hutte faite de branchages noircis et de terre. Et au bruit du train une marmaille loqueteuse en sort. La sœur aînée les précède, et s'avance tout près sur le quai Et, sans dire un mot, mais en souriant, Elle danse pour avoir des sous. Ses pieds dans la poussière paraissent noirs ; Son visage obscur et sale est sans beauté ; Elle danse, et par les larges trous de sa jupe couleur de cendre On voit, nues, s'agiter ses cuisses maigres, Et rouler son petit ventre jaune ; Et chaque fois, pour cela, quelques messieurs ricanent, Dans l'odeur des cigares, au wagon-restaurant... (Suite…) Jack Jeffries

44 Post scriptum   O mon Dieu, ne sera-t-il jamais possible Que je connaisse cette douce femme, là-bas, en Petite-Russie, Et ces deux amies de Rotterdam, Et la jeune mendiante d'Andalousie Et que je me lie avec elles D'une indissoluble amitié ? (Hélas, elles ne liront pas ces poèmes, Elles ne sauront ni mon nom ni la tendresse de mon cœur ; Et pourtant elles existent, elles vivent maintenant.) Ne sera-t-il jamais possible que cette grande joie me soit donnée, De les connaître ? Car, je ne sais pourquoi, mon Dieu, il me semble qu'avec elles quatre, Je pourrais conquérir un monde ! Valery Larbaud

45 Eugenio Montale Extrait de "Dora Markus"   Ta fièvre me fait penser  Aux oiseaux de passage qui heurtent les phares  Dans les soirs de tempête aussi,  Elle tourbillonne dans apparaître,  Et ses pauses sont encore plus rares.  Je ne sais comment, exténuée, tu résistes  En ce lac  D’indifférence de ton cœur ; peut-être  Une amulette te sauve-t-elle, que tu gardes  Près du bâton de rouge,  De la houppette, de la lime : une souris blanche,  D’ivoire ; et ainsi tu existes !

46 Xavier Forneret ELLE Vous ne savez son nom
Xavier Forneret ELLE  Vous ne savez son nom ? - Celle pour qui je chante La vie d’amour de feu, puis après est mourante : C’est un arbre en verdeur, un soleil en éclats, C’est une nuit de rose ou languissants ébats. C’est un torrent jeté par un trou de nuage ; C’est le roi des lions dégarni de sa cage : C’est l’enfant qui se roule et qui est tout en pleurs, C’est la misère en cris, - c’est la richesse en fleurs. C’est la terre qui tremble et la foudre qui tonne, Puis le calme du soir, au doux bruit qui résonne ; C’est un choc qui renverse en tuant de frayeur, Puis un pauvre qui donne, - ou le soupir qui meurt. C’est un maître qui gronde, - un amant qui caresse ; C’est la mort, désespoir, deuil, bonheur, allégresse. C’est la brebis qui bêle en léchant son agneau, Puis la brise aux parfums, ou le vent dans l’ormeau. - Bien sûr elle a deux cœurs : l’un qui vit et palpite ; L’autre, frappé, battu, qui dans un coin habite. LithiumDeath

47 On pense que son pied ne la soutiendra pas, Tant il se perd au sol, ne marquant point de pas. Ses cheveux sont si beaux qu’on désire se pendre Avec eux, si épais qu’on ne peut pas les prendre. Si petite est la place où l’entoure un corset Qu’on ne sait vraiment pas comment elle le met. Quelque chose en sa voix arrête, étreint, essouffle. Des âmes en douceur s’épurent dans son souffle. Et quand au fond du cœur elle s’en va cherchant, Ses baisers sont des yeux, sa bouche est leur Voyant. Xavier Forneret LithiumDeath

48 Jeunesse  Jeunesse, Tu fais la vie insouciante Les jeunes filles charmantes Inventes des soirs de fête Mets des rêves plein la tête Jeunesse, Tu berces les amours naissantes Donnes les premières larmes brûlantes Tu es le départ de la vie Une période que nul n’oublie Jeunesse, On ne peut pas te garder Sitôt apprivoisée tu disparais Jeunesse, Tu fais grandir les enfants Mais jeunesse, Tu ne dures qu’un temps Claire

49 EDUQUER ... de Geneviève Clapiz
 C’est ... prendre la main d’un petit d’homme et, délicatement, y déposer quelques graines de curiosité, un grand souffle de considération, une cascade d’enthousiasme, et l’étincelle du sourire. C’est ... sur l’échelle du temps avec lui, s’asseoir un instant pour conter le mariage de l’algue et du champignon, l’alliance du casse noix et du pin cembro, l’histoire de l’homme qui plantait des arbres C’est ... sur le chemin de l’épanouissement l’accompagner sur quelques pas, sereinement, entre terre et eau, ciel et feu, à l’école des sens,jusqu’au carrefour des quatre éléments, Et ... A la porte du présent, le laisser s’en aller avec, assurément, dans son être une confiance naissante, dans sa poignée demain une humanité jaillissante, et dans son horizon, les yeux de ses enfants. Photo Daniel Villaperla

50 FIn Musique de Mozart : Romance du Concerto pour piano et orchestre N°20 K.466 Photos: Internet
Daniel 30 novembre Ce diaporama poèmes n°38 est strictement privé. Il est à usage non commercial.


Télécharger ppt "Choix de poèmes de Daniel Villaperla Période du au (N°38)"

Présentations similaires


Annonces Google