Le verbe et le syntagme verbal
Le syntagme verbal La phrase dans une grammaire syntagmatique : P SN SV Le syntagme verbal est formé du verbe et de ses éventuels compléments. L’élément tête est le verbe. Parallélisme avec la bipartition sujet-prédicat chez Aristote.
Le syntagme verbal Pourquoi un constituant ? La définition du syntagme verbal n’est pas tout à fait évidente : problèmes d’applications des tests de constituance. La notion du syntagme verbal est absente des grammaires traditionnelles, qui proposent une analyse « plate » pour la phrase : Sujet – Verbe – COD – COI…
Le syntagme verbal Pourquoi un constituant ? De même, certaines théories syntaxiques modernes n’admettent pas l’existence du syntagme verbal en tant que constituant. Les grammaires de dépendance, telles le modèle valenciel Lucien Tesnière, postulent une structure plate pour la phrase : le verbe apparaît comme le terme principal de la phrase, autour duquel s’organisent le sujet et les compléments, tous placés au même niveau.
Le syntagme verbal Pourquoi un constituant ? Chez L. Tesnière, par exemple, le sujet et les compléments éventuels sont tous considérés comme des actants syntaxiques. A chaque verbe correspond une valence, qui détermine le nombre et la forme de ses actants. On parlera ainsi de verbes monovalents, bivalents et trivalents.
Le syntagme verbal Pourquoi un constituant ? Les actants sont différenciés entre eux par leur ordre d’apparition, leur forme et le rôle sémantique qu’ils jouent par rapport au verbe, ou plus précisément, par la façon dont leur interprétation se construit par rapport au verbe. Dans ces modèles, le sujet et les compléments ont un rapport structural identique avec le verbe : ils ne sont pas hiérarchisés.
Le syntagme verbal Pourquoi un constituant ? A la différence des grammaires de dépendance, les grammaires dites syntagmatiques admettent généralement l’existence du syntagme verbal. Le modèle avec lequel nous travaillons, le modèle génératif-transformationnel, est une grammaire syntagmatique enrichie de transformations (Cette notion sera abordée lors du traitement du passif). Nous admettrons donc l’existence du syntagme verbal, en nous appuyant sur un certain nombre d’arguments.
Le syntagme verbal Pourquoi un constituant ? Etant donné que les tests de constituance ne peuvent pas s’appliquer tels quels pour identifier et justifier l’existence du syntagme verbal, il est nécessaire d’avoir recours à d’autres arguments. Il existe quelques arguments permettant d’affirmer qu’un regroupement syntaxique entre le verbe et ses compléments peut être considéré comme plausible. Plus précisément, on peut montrer qu’il existe un lien syntaxique plus étroit entre le verbe et ses compléments, qu’entre le verbe et son sujet.
Le syntagme verbal Arguments pour justifier le SV Substitution : Jean écrit une lettre à ses parents Jean marche Interrogation partielle avec un « pro-verbe » : Que fait Jean ? Il écrit une lettre à ses parents Il marche
Le syntagme verbal Arguments pour justifier le SV Dislocation et construction semi-clivée : Écrire une lettre à ses parents, Jean le fait tous les jours Ce que Jean fait en ce moment, c’est écrire une lettre à ses parents. Négation restrictive par ne…que Jean ne fait qu’écrire une lettre à ses parents. La coordination : Marie lit un livre et dessine une fleur
Le syntagme verbal Constituance Le syntagme verbal peut être formé d’un verbe seul : Jean dort Marie chante Max nage Le verbe et ses compléments : Zoé offre un cadeau à Max Eve met les fraises dans le panier Marie discute de cette question avec Jean
Le syntagme verbal Constituance Si le verbe sélectionne un attribut du sujet ou de l’objet, l’attribut fait partie du syntagme verbal : Jean reste prudent Zoé trouve Ida belle Outre les compléments verbaux, le syntagme verbal peut aussi comporter des modifcateurs : Marie court vite Laure a dessine avec un crayon
Le syntagme verbal Constituance Les modificateurs sont des adverbes (syntagmes adverbiaux) ou syntagmes prépositionnels qui ne sont pas sélectionnés par le verbe, mais qui sont impliqués dans l’événement dénoté par le verbe. Nous étudierons les critères de distinction entre compléments sélectionnes et compléments non sélectionnés dans le cours (9).
Compléments de verbes Sous-catégorisation Le nombre et la forme des compléments de chaque verbe sont déterminés par sa sous-catégorisation. Grammaire traditionnelle : verbe intransitif, transitif direct, transitif indirect… Les compléments dits sélectionnés correspondent approximativement aux compléments dits essentiels des grammaires traditionnelles. (Voir cours (9))
Compléments de verbes Transitivité Les grammaires traditionnelles répartissent les compléments verbaux en complément d’objet direct, compléments d’objet indirect… Les grammaires définissent généralement le complément d’objet comme la personne (ou l’objet) sur laquelle passe l’action exprimée par le verbe et effectuée par le sujet. Il s’agit là d’une conception purement sémantique de la transitivité qui pose de nombreux problèmes.
Compléments de verbes Transitivité Les rapports sémantiques instaurés par le verbe entre le sujet et les compléments sont multiples : - Localisation : La table occupe toute la pièce Un sentier longe la rivière - Temporel : La réunion a duré toute la matinée Une pluie torrentielle suivit la canicule - Evaluation : Cette voiture lui a coûté une somme énorme - Etc.
Compléments de verbes Les emplois absolus des verbes transitifs La sous-catégorisation d’un verbe nous renseigne sur une structure (distributionnelle et actantielle) maximale. Certains verbes sont toujours employés avec cette structure maximale. iIs n’ont que des compléments obligatoires : Marie ressemble à sa mère * Marie ressemble
Compléments de verbes Les emplois absolus des verbes transitifs Toutefois, la plupart des verbes transitifs sont susceptibles d’être employés « absolument », c’est à dire sans complément d’objet explicite : Eve dessine Jean abandonne On peut distinguer deux cas : 1.Le complément non réalisé est contextuellement restituable : - Marie ne viendra pas. - Je sais
Compléments de verbes Les emplois absolus des verbes transitifs 2. L’absence du complément permet d’identifier le procès verbal sans aucune spécification pour le complément (ou avec une valeur générique pour le complément) : Eve aime manger et boire Cet enfant sait lire et écrire L’emploi absolu confère généralement une valeur générique, d’habitude, de faculté… Marie voit, mais elle n’entend pas
Compléments de verbes Complément d’objet direct (COD) Un complément construit sans préposition, réalisé comme un syntagme nominal ou ses équivalents propositionnels, complétives et infinitives. Position post-verbale contrainte. Bien qu’il s’agisse d’une notion largement employée dans les grammaires, la définition de la fonction COD est problématique.
Compléments de verbes Complément d’objet direct (COD) Il n’existe pas un ensemble de critères convergents pour caractériser les COD, et seulement les COD. Les critères présentés par les grammaires, que nous allons examiner, posent quelques problèmes : 1. Soit ils n’isolent pas seulement les COD, mais aussi d’autres types de complément. 2. Ou, à l’inverse, ils ne permettent pas d’identifier tous les COD, mais une classe particulière de COD.
Compléments de verbes COD : critères d’identification Les critères proposés sont les suivants : 1. Substitution par le pronom clitique (conjoint) le (la, les) : Marie regarde Eve Marie la regarde Problème : Les attributs du sujet aussi. Zoé est petite et Julie l’est aussi
Compléments de verbes COD : critères d’identification 2. Interrogation par que (pour les COD inanimés) et qui (pour les COD humains) : - Que vois-tu ? - Un arbre. - Qui vois-tu ? - Max Problème : l’interrogation par qui est possible pour les sujets et l’interrogation en que pour les attributs du sujet aussi.
Compléments de verbes COD : critères d’identification 3. La substitution par le pronom relatif que : Marie a porté le livre Le livre que Marie lu est sur la table Les enfants ont vu la sorcière La sorcière que les enfants ont vue vit dans un placard Problème : l’attribut du sujet peut aussi peut aussi être remplacé par que.
Compléments de verbes COD : critères d’identification 4. La voix passive : le COD de la phrase active devient le sujet de la phrase passive. Marie a interprété cette sonate Cette sonate a été interprétée par Marie Problème : ce critère ne peut pas s’appliquer à tous les COD, car certains verbes transitifs ne se mettent pas au passif : Marie un une maison * Une maison est eue par Marie
Compléments de verbes COD : critères d’identification 5. Le de partitif négatif : pour les COD, les articles partitifs (du, de la) et l’indéfini pluriel (des)deviennent de lorsque le verbe est au négatif : Marie boit du lait Marie ne boit pas de lait Marie a rencontré des touristes étrangers Marie n’a pas rencontré de touristes étrangers Problème : le critère s’applique aussi à : Il est arrivé des enfants Il n’est pas arrivé d’enfants
Compléments de verbes COD : critères d’identification La substitution par le pronom clitique en, si le COD a une détermination indéfinie : Il a lu plusieurs livres Il en a lu plusieurs Il a mangé trois pommes Il a mangé trois Ce critère, comme le précédent s’applique aussi à : Il est arrivé trois hommes Il en est arrivé trois
Compléments de verbes Complément d’objet indirect Le complément d’objet indirect, COI, est un complément verbal introduit par une préposition. Diverses propositions peuvent introduire le COI : à, de, avec, après, en, par… Ce livre appartient à Tom Marie a changé de maison Jean collabore avec Zoé
Compléments de verbes Complément d’objet indirect L’identification des COI n’est pas toujours évidente, car les modificateurs (i.e. les compléments circonstanciels) sont introduits par les mêmes prépositions : Les différents critères d’identification des compléments prépositionnels seront abordés lors de l’étude des compléments sélectionnés.