Peut-on parler d’une éthique du traitement de l’information ? Geneviève Botti

Retour sur quelques définitions Françaises, issues du « Petit Robert »

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Ethique  Du grec éthos : mœurs morale  Science de la morale  Artconduite  Art de diriger la conduite

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Morale  Issu du latin mores mœurs bien  Science du bien et du mal action  Théorie de l’action humaine en tant qu’elle est soumise au devoir et a pour but le bien conduites  Ensemble des règles de conduites : – considérées comme valables de façon absolue –découlant d’une conception de la morale  Ensemble des habitudes et des valeurs morales

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Raison  Faculté pensante et son fonctionnement agir  Ce qui permet à l’homme de connaître, de juger et d’agir conformément à des principes bien juger action  Faculté de penser en ce qu’elle permet à l’homme de bien juger et d’appliquer ce jugement à l’action  Facultés intellectuelles d’une personne …

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Sagesse  Connaissance juste de choses comportemen  Vertu, comportement juste, raisonnable  Qualité, conduite du sage, modération, calme supérieur joint aux connaissances  Jugement dans les conceptions ou la conduite conduite (discernement, bon sens)  Modération et prudence dans la conduite

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 On en retient :  L’idée d’action juste, de comportement juste

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Alors, comment sait-on ce qu’il est juste de faire ?  Selon les définitions du Petit Robert  L’action juste est plutôt fondée sur des principes qui disent ce qu’il est juste de faire  Et nous avons obligation « morale » de nous conformer à ces principes

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Dans le cadre du soin  On respecte les guides de bonnes pratiques –Publiés par la Haute Autorité de Santé (HAS) –Reflètent l’état des connaissances médicales à un moment donné –Ainsi qu’un certain consensus sur l’action à mener dans une situation particulière –Tout professionnel se doit de les connaître et de s’en inspirer

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Dans les sites Web médicaux  On respecte la charte de Health On the Net – –8 critères : 1 autorité : indiquer la qualification des rédacteurs 2 complémentarité : compléter et non remplacer la relation patient-médecin 3 confidentialité …  C’est un facteur qui incite à la confiance.

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Pour les fichiers informatiques  On les constitue en tenant compte de l’avis de la Commission Nationale Informatique et Liberté (CNIL) – –Déclarer la constitution d’un fichier informatique –Avis de la CNIL sur les informations qu’il contient –Ou les traitements qui vont être faits  Veille à la protection des données des personnes

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 L’action juste :  Donc agir,  en appliquant les guides, normes …: OK  Mais …est-ce que cela suffit ?

Une histoire vraie Prise en charge de la douleur aiguë post-opératoire

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Historique  En France, il y avait une mauvaise prise en charge de la douleur, en général –Par exemple, il était « normal » de souffrir après une intervention chirurgicale.  En 1998 paraît le plan triennal de lutte contre la douleur (circulaire DGS/DH/98-589) –Favorise la formation, l’information.. –Simplifie la prescription des morphiniques..  En 2002, le programme national de lutte contre la douleur

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Plan d’action anti-douleur  Les Comités de Lutte contre la Douleur (CLUD) sont au cœur de cette politique.  Organisation, coordination, information..  Protocoles de prises en charge –Elaborés par conférences de consensus –Personnel spécialisé chargé du suivi et de l’évaluation

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 L’analgésie contrôlée par le patient (PCA)  Dans certaines chirurgies lourdes  On installe un dispositif médical Le malade lui même peut déclencher à tout moment l’injection d’une dose (bolus) de morphine C’est une couverture antalgique quasi idéale. –Inconvénients : Sont ceux des morphiniques Dont les nausées, vomissements, troubles du transit

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Il était une fois  Hystérectomie & PCA en post-opératoire  Au 1er bolus : nausées et « hauts le cœur » plus douloureux que la douleur de base  La patiente arrête très vite les bolus et demande un autre antalgique  Les infirmières appliquent le protocole …  Il faudra 24h et une infirmière de nuit pour obtenir un antalgique non morphinique

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Il était une autre fois  Méniscectomie & morphine en post- opératoire  Le traitement est efficace, la patiente n’a plus mal, mais elle se sent « vaseuse »  Le protocole continue à être appliqué  La patiente ne pourra sortir dans les délais habituels

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Il n’y a que des cas particuliers  Il existe un protocole, c’est bien !  Il faut l’appliquer, c’est vrai !  Mais si le traitement n’a pas l’effet escompté ?  A-t-on bien écouté ce que le patient dit ?  Et si un aspect clinique n’a pas été développé dans le protocole ?

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Conclusion de cette histoire  Les protocoles : –Sont nécessaires –Ils sont longs à écrire et vite dépassés –Ils ne couvrent pas toutes les situations –Qui sont à l’infini  Les patients réagissent différemment –Aux traitements et leurs effets secondaire –À la douleur qu’ils supportent plus ou moins

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 L’intention de l’action  Les protocoles ont été écrits pour que les patients soient mieux soignés, souffrent moins  Celui qui le met en œuvre doit lui rendre son statut d’outil d’aide à la prescription  Oublier le pourquoi du protocole, c’est oublier sa responsabilité dans l’action

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Une autre histoire  Un système d’information est un outil –dans le cadre d’une organisation humaine, – recueillir, traiter de l’information (précieuse)  On les développe dans certains objectifs –s’assure-t-on qu’on vise bien l’objectif ? –évalue-t-on le fait que l’objectif soit atteint? –si non, comment dire qu’il est maîtrisé ?

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Perdre la « vue » dans l’action  Avec des outils très complexes –Tels qu’un système d’information  On peut être tellement « plongé » dans un problème particulier à résoudre –Que ce problème fait perdre l’objectif de vue –Peut être même devenir antagoniste

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 L’outil une fin en soi ?  Quand un groupe humain développe un outil, cela lui donne une raison d’être  Il va le « défendre » vis à vis des autres  Si l’outil est défaillant, l’usage mauvais : –Le groupe va tendre à masquer la défaillance Par exemple, l’absence de méthode dans la mise en œuvre L’absence d’évaluation … –Les autres vont dire : « c’est mauvais » et rejeter –L’outil est parfois imposé …  La situation n’est bonne pour personne

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Elargissement du propos  La leçon de ces histoires, c’est que : –Les règles sont générales, par définition –Habituellement, elles donnent « l’esprit » de la règle, qu’on traduit pour la situation présente : comment traduire juste ? –On a souvent la tentation de les multiplier pour préciser toutes les situations elles en arrivent à devenir contradictoires –En fait, le règles sont, elles aussi, juste des outils pour mieux vivre

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Où est donc l’action juste ?  Il y a toute une tradition philosophique –Je ne suis pas philosophe !  Vous faire connaître une vision un peu différente de la vision occidentale classique  Qui tient compte des avancées des connaissances dans le domaine de la cognition  C’est celle du neuroscientifique F. Varela

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Francisco Varela  Quel savoir pour l’éthique ? –Action, sagesse et cognition  La Découverte/Poche, 2004  Lire le chapitre « savoir-faire et savoirs » –En ligne sur Internet

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Les points importants  La spontanéité de la [perception-action]  Le sage est celui qui sait ce qu’est le bien et qui le fait spontanément  Le sage forme l’homme par l’homme, il se contente de le corriger de ses défauts

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Cela relie l’éthique à l’art  L’art : moyen d’obtenir quelque résultat –« vous avez l’art de … »  Ensemble de connaissances et de règles d’action dans un domaine particulier

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Cela relie l’éthique à l’apprentissage  Les premières leçons, les premiers essais  Processus d’acquisition des automatismes sensori-moteurs et psychiques

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Cela relie l’éthique à la discipline  Qui sous-tend l’entraînement

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Travailler nos schémas  Très souvent nous répétons des schémas de comportement –NB : c’est par la répétition qu’on apprend  Ils sont généralement névrotiques, liés à notre histoire  Mais, si nous le voulons, nous pouvons acquérir une meilleure santé de l’esprit, une « expertise » éthique, un savoir-faire

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 A cela s’ajoutent les savoirs  Qui sont des connaissances intentionnelles et des jugements rationnels  Moins spontanés  Mais il permettent d’avoir un regard un peu distancié sur nous même

Mastère EISIS, Unité d’enseignement UEM 4 « Aspects éthiques, juridiques et administratifs du traitement de l’information » Marseille le 15 février 2007 Il n’y a pas d’éthique spécifique du traitement de l’information  Il y a des lois et des règles générales morales et professionnelles  ET  Il y a une façon d’être à soi et au monde –A l’œuvre dans chacun de nos actes –Elle peut être plus ou moins bonne pour nous même et pour les autres –On l’oublie parfois