MAMPU Une savane transformée en forêt. Un écosystème artificiel Quand on entre dans la plantation de Mampu après avoir traversé l’immensité de la savane.

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MAMPU Une savane transformée en forêt

Un écosystème artificiel Quand on entre dans la plantation de Mampu après avoir traversé l’immensité de la savane du plateau Batéké, on est loin d’imaginer le véritable intérêt de cette forêt d’acacia : Quand on entre dans la plantation de Mampu après avoir traversé l’immensité de la savane du plateau Batéké, on est loin d’imaginer le véritable intérêt de cette forêt d’acacia : une importante production de vivriers grâce à des sols fertiles. une importante production de vivriers grâce à des sols fertiles.

Une découverte Dans ses débuts, la plantation de Mampu avait pour but la production de charbon de bois issu de la carbonisation du bois d’acacias, pour sa vente à Kinshasa. Les initiateurs de ce Projet cherchaient à diminuer ainsi l’exploitation des galeries forestières naturelles. On s’est aperçu par la suite de l’influence bénéfique de l’acacia sur la fertilité du sol :  Apparition spontanée d’essences que l’on trouve habituellement dans les forêts secondaires. (cela n’est pas constaté sous les plantations d’eucalyptus)  Amélioration des rendements agricoles dans les cultures implantées après l’exploitation des arbres  L’introduction de l’acacia dans la rotation agricole permet donc de garantir le maintien de la fertilité du sol.

Une jachère source de revenu supplémentaire et productrice d’emploi  Les jachères de Mampu qui sont donc des forêts, produisent du charbon de bois avant de libérer les surfaces pour la mise en culture.  Production de charbon de bois : 15 à 20 tonnes par hectare (prix de vente à Kinshasa supérieur à 300 $US la tonne)  Il est à noter que la coupe des arbres jusqu’à leur transformation en charbon de bois demande beaucoup de main d’œuvre, mais dont le coût ne représente pas plus de 50% de la vente du produit.  Cette activité constitue en soi une aide sociale pour beaucoup de jeunes gens venus de province ou de Kinshasa pour trouver du travail ; ils sont souvent sollicités par la suite pour les travaux d’entretien des cultures.

Un brûlis pour faire renaître la forêt  La préparation des surfaces pour la mise en culture après le montage de meules de bois ou l’exportation du produit (charbon de bois) commence par le brûlis qui élimine les quelques herbes sèches et les branchages qui jonchent le sol.

Ce brûlis qui doit se faire au retour des pluies trouve son importance dans la régénérescence de la population d’acacias :  Il était prévu quand on a introduit l’acacia dans le milieu de recourir systématiquement à une pépinière (traitement des graines, germination en sachet, irrigation, entretient et fertilisation, transplantation des plantules …) pour reboiser les zones exploitées. En effet, l’acacia auriculiformis ne se reproduit pas par rejet à partir des souches, et les graines demandent un traitement à la chaleur ou un trempage dans de l’acide dilué avant de pouvoir germer

. Le brûlis pratiqué avant la mise en culture suffit à lever la dormance (par chaleur) des graines issues des arbres abattus, sans toutefois détruire la couche de matière organique que constitue l’amas de feuilles pendant la croissance des acacias.

Un travail du sol simplifié  Hormis la conservation de la fertilité du sol, l’un des grands avantages si ce n’est le premier de l’introduction de l’acacia, est la non dépendance de la mécanisation :  Les semis de maïs ou de niébé se font directement sans travail du sol ; le bouturage du manioc demande un petit travail à la houe là où l’on enfouit la bouture. La densité est bien sûr plus importante dans ces sols fertiles qu’en savane ( à pieds de manioc à Mampu contre moins de en savane).  L’utilisation de variétés améliorées permet une couverture végétale qui domine rapidement les adventices. On constate comme en zone forestière un meilleur rendement en bouture par pied.

Un sarclage simplifié  Autre intérêt non négligeable, la disparition des adventices graminée tels que l’hyparrenia, herbe dominante et difficile à sarcler en savane. L’adventice principal derrière l’acacia est le chromolena odorata (herbe du laos) facile à arracher et qui contribue également à la fertilisation du sol. Un autre végétal non désirable constaté à dans les cultures derrière l’acacia et l’igname sauvage, par ses lianes grimpantes il dérange quelque peu les cultures ; cependant ses jeunes tiges sont appréciées comme légume et son tubercule parfois consommé par les ouvriers au champ.

Une densité d’arbres contrôlée dès le premier sarclage  Les jeunes acacias issus des graines tombées au sol apparaissent en même temps que les premières feuilles de maïs semé. Il est facile alors à l’agriculteur de contrôler la densité de ses jeunes arbres et leur alignement dès le premier sarclage ; il élimine tous les jeunes plants qui ne sont pas alignés avec les anciennes souches, au besoin il déterre quelques uns pour les placer entre deux souches ; mais en général le nombre de repousses est 100 fois supérieur au nombre d’arbres voulu.

L’acacia occupe le sol après les récoltes  Le maïs est toujours semé en premier, ensuite soit on bouture après la récolte du maïs, soit on fait une culture associée.  Lorsqu’on récolte le manioc entre 9 à 16 mois plus tard, les nouveaux acacias ont déjà une hauteur de plus de 2 mètres, ils sont alors oubliés pour occuper le terrain pendant 6 à 7 ans.

En récapitulatif, l’introduction de l’acacia dans la rotation agricole favorise l’exploitant à plusieurs niveaux :

I / Un produit supplémentaire de la surface exploitée  Le charbon de bois produit et vendu permet à l’exploitant de disposer d’un fond pour financer les travaux de mise en culture en temps voulu, ou pour subvenir aux besoins de sa famille.

II. Le non recours à la mécanisation pour le travail du sol  En savane, les sols doivent être labourés et hersés pour environ 130 $ US par hectare, de plus les tracteurs sont rares ce qui retarde souvent les travaux de mise en culture.  Derrière l’acacia, le fermier est maître de son calendrier puisqu’il n’est plus dépendant de l’intervention d’un tracteur.

III. Un sol fertile et protégé qui assure de meilleurs rendements :

Fertilisation en azote par les racines d’acacia  Comme toutes les légumineuses, l’acacia fixe l’azote de l’atmosphère au niveau de ses racines pour le restituer au sol. Cela contribue grandement à l’augmentation des rendements des cultures qui suivent l’acacia.

Fertilisation en potasse par les résidus de la carbonisation  Les résidus de la carbonisation (petits morceau de charbon) deviennent une fois enfouis une source de potasse et de matière organique. La potasse est un engrais indispensable aux plantes à tubercule comme le manioc. Ces morceaux de charbon améliorent également le potentiel de rétention en eau du sol.

Protection du sol et fertilisation progressive par la présence d’un mulch  La couche de matière organique non décomposée que constituent les feuilles sèches d’acacia protège la structure du sol au retour des pluies ; par la suite cette matière organique diffuse par sa décomposition progressive des éléments minéraux aux niveau des racines des plantes.  La lenteur de cette décomposition s’explique par la faible activité microbienne dans ce type de sol.

L’installation durable d’une exploitation sur une parcelle  Un fermier qui a reçu une parcelle d’acacia à Mampu, comme celui qui plante progressivement des acacias dans ses champs, peut être assuré de la continuité de ses activités agricoles, puisqu’il n’a plus besoin de migrer à la recherche de terres plus fertiles ; de même, les arbres contribuent à l’appropriation de la terre par le cultivateur devant des pressions foncières parfois entretenues par les chefs coutumiers.

Une contribution à la lutte contre la dégradation des écosystèmes  Le marché du charbon de bois a malheureusement encore de beaux jours devant lui dans les centres urbains de RDC, et ceci n’annonce pas une diminution de l’exploitation des forêts naturelles en coupe rase pour produire ce combustibles indispensables aux ménages.  Ainsi le développement à grande échelle du boisement des savanes au sol sableux, ou l’introduction systématique de jeunes acacias dans les cultures de manioc, offriraient une alternative à la pression constante que connaissent les forêts du pays regardées par le monde entier comme patrimoine écologique mondial.

L’acacia auriculiformis :  Un espoir pour les populations paysannes