Des parcours personnalisés pour des compétences individuelles et collectives : formation initiale, continue, ouverte et à distance, validation des acquis professionnels et/ou de l’expérience, équivalences… Richard ETIENNE Professeur d’université en sciences de l’éducation Université Paul Valéry – Montpellier 3 Laboratoire Interdisciplinaire de Recherches en Didactique, Éducation et Formation (LIRDEF, Équipe d’Accueil 3749) Master Conseil et Formation en Éducation (CFE), professionnel et recherche

Le choc des projets (1) Le problème qui s’est posé à nous a d’abord été de réussir à didactiser ce que nous voulions faire pour un double public : formation initiale et formation continue, métier d’étudiant vs métier de formateur : comment passer d’études SE en 2 ans à une formation professionnelle ? Comment construire le groupe ? Le second a consisté dans la reconnaissance des compétences acquises permettant de valider et d’obtenir des professionnels Valider, oui mais quoi ? Actuellement, la Validation des Acquis de l’Expérience est vendue comme un produit de toilette Or, elle donne tout ou partie d’un diplôme. C’est donc une impasse vers laquelle « on » (des gens qui existent mais que je ne connais pas) dirige des groupes compacts de formateurs (effet de la réforme de la formation des enseignants)

Le choc des projets (2) Une fois écartée ou du moins utilisée avec précaution et discernement la VAE – qui n’a été que peu analysée encore dans sa démarche –, reste l’essentiel, l’accès à la formation par la VAP (validation des acquis professionnels) dans laquelle s’est lancée notre université : moins cher, plus axé sur la formation et moins pollué par les représentations L’avantage pour l’équipe de formation est qu’elle va bien assurer la formation en référence à ses engagements théoriques et pratiques (didactique professionnelle, analyse langagière) Une demande qui nous est parvenue : comment valider dans le Master un titre de formateur répertorié au RNCP (Répertoire National des Certifications Professionnelles) ? L’examen a révélé l’absence de mémoire, d’où la solution provisoire d’une validation des connaissances dépendant de chaque enseignant-formateur et évitant le passage par un dossier plus ou moins lourd et des frais plus ou moins conséquents

Le choc des projets (3) Les inconvénients de ces formules sont vite apparues aux deux ICFP de Marseille et Montpellier : trop de parcours personnalisé tue les parcours personnalisés et… les « organisations apprenantes » En fonction des contraintes des formateurs, nous étudions et avons financé un Master partiellement FOAD : 3 semaines de regroupement assurant la cohésion et la cohérence de la F2 ponctuant deux semestres de formation. 1/3 de présentiel et 2/3 de FOAD. Est-ce la bonne dose ? Le paradoxe est que nous réunissons de plus en plus les épreuves du master en les professionnalisant, par exemple un oral pour trois UE au premier semestre et un autre pour les cinq UE du deuxième semestre, alors que les formateurs, et parfois les étudiants, assistants d’éducation, AVS, etc., ont des contraintes qui font exploser leur participation et risquent de leur faire perdre la « saveur du savoir »

Conclusion Les parcours personnalisés sont la quadrature du cercle de la formation : ne pas en faire est irréaliste et irrespectueux mais les multiplier ou mal les choisir atomise la formation, va contre les compétences collectives La VAE, malgré ce que j’en ai dit, est intéressante mais elle est coûteuse et nécessite un engagement de l’employeur, surtout si elle aboutit comme dans notre pratique à une validation partielle parce que fine, par UE et sur une base de connaissances e compétences Les masters de formation des formateurs réclament plus que tous les autres de l’invention et de l’innovation ; ils naviguent entre des solutions contradictoires (les parcours personnalisés) ; c’est pourquoi je participe à cette journée et remercie l’INRP de cette initiative en souhaitant une mise en réseau de nos masters pour mutualiser ce qui peut l’être

Éléments bibliographiques ARDOINO, J. (1992). L’approche multiréférentielle (plurielle) des situations éducatives et formatives. Pratiques de formation, p Paris : Université Paris VIII. BUCHETON, D. (2009, dir.). L’agir enseignant, des gestes professionnels ajustés. Toulouse : Octarès. CHABCHOUB, A. (2007). Quelles compétences pédagogiques pour enseigner au Supérieur ? Préface de R. ÉTIENNE. Tunis : Publications de l’ATURED. ÉTIENNE, R. (2001). Les réseaux d’établissements, enjeux à venir. Paris : ESF. ÉTIENNE, R. (2004, dir.). L’analyse des situations, des pratiques, de l’action et du travail en éducation et en formation dans la perspective d’une socialisation démocratique. Cahiers du CERFEE, n° 20. Montpellier : publication de l’université Paul Valéry. ÉTIENNE, R., ALTET, M., LESSARD, Cl., PAQUAY, L., PERRENOUD, Ph. (sous presse, Eds). L'université peut-elle vraiment former les enseignants ? Bruxelles : de Boeck Université, collection Perspectives en Education et en Formation. FUMAT, Y., VINCENS, Cl., ÉTIENNE, R. (2003, 2006). Analyser les situations éducatives. Paris : ESF. JORRO, A. (2002). Professionnaliser le métier d’enseignant. Paris : ESF. LE BOTERF, G. (1994). De la compétence : essai sur un attracteur étrange. Paris : Les éditions d’organisation. PERRENOUD, Ph. (2001). Développer la pratique réflexive dans le métier d’enseignant. Paris : ESF. PROT, B., YVON. F. (2007). Analyse du travail et développement du métier d’enseignant. Actes du colloque d’Arras à paraître.