Chapitre I Le libéralisme politique : principes généraux
Plan du chapitre I – Autonomie et indépendance II – L’Etat libéral III – Empirisme ou rationalisme
Autonomie et indépendance Libéralisme politique : refus d’identifier la liberté à l’autonomie rationnelle Glissement entre deux conceptions de la liberté: liberté comme autonomie : être libre = agir conformément à la raison liberté comme indépendance : être libre = agir comme on le souhaite
Autonomie et indépendance Autonomie: Dignité de l’homme: être doué de raison (>< animal) Subordination de sa sensibilité à la raison => agir selon des principes universalisables Difficulté: comment savoir si une préférence est raisonnable ? Deux conséquences: Abstraction de la liberté comme autonomie: nous sommes libres dans la mesure où nous agissons comme les autres Empêcher quelqu’un de poursuivre un désir non raisonnable ne constitue pas une entrave à sa liberté (justification du pouvoir de contrainte de l’Etat)
Autonomie et indépendance La liberté comme autonomie implique-t-elle nécessairement une dérive despotique ? Affirmation de la faillibilité de tout jugement Limitation des exigences de la raison à des critères fort généraux (droits de l’homme) Abandon de la conception de la liberté comme autonomie au profit de la conception de la liberté comme indépendance
Autonomie et indépendance Libéralisme politique: la liberté qui doit être préservée au niveau politique est la liberté comme indépendance l’homme libre serait celui dont l’arbitre est préservé de toute interférence extérieure. Etre libre = pouvoir agir selon ses préférences sans devoir s’interroger sur leur raisonnabilité Volonté de garantir à chacun une sphère privée au sein de laquelle personne, pas même l’Etat, ne peut faire ingérence, afin qu’il soit possible de poursuivre sa conception personnelle du bonheur. droits fondamentaux que tout homme posséderait par nature Opposables à l’Etat (essor des Cours constitutionnelles)
Autonomie et indépendance Benjamin Constant : la liberté des Modernes >< la liberté des Anciens Anciens : l’homme libre = le citoyen qui participait à la gestion des affaires publiques Modernes : l’individu préexiste ontologiquement à l’Etat représentation politique: l’individu peut se préoccuper de ses seules affaires privées gestion de l’Etat par des experts qui en font leur profession toute participation directe des citoyens aux affaires publiques est une charge dont il faut s’acquitter
Plan du chapitre I – Autonomie et indépendance II – L’Etat libéral III – Empirisme ou rationalisme
L’Etat libéral Nécessité de gérer la coexistence des individus et le partage des ressources l’objet du politique : comment rendre possible la coexistence des libertés individuelles ? résoudre cette question par la raison
L’Etat libéral 1. La conception instrumentale de l’Etat Fonction de base : le maintien de la sécurité. Raison = instrument dont disposent les individus libres afin de déterminer les moyens nécessaires à la réalisation d’une fin Etat = instrument dont le peuple se dote afin d’éviter l’anarchie dans laquelle tomberait une société civile laissée seule face à elle-même >< humanisme rationaliste: Etat = conscience raisonnable de la société civile Séparation de l’Etat et de la société civile La loi est une entrave à la liberté individuelle dont la seule justification est qu’elle préserve les individus d’entraves plus fortes encore. Société et Etat doivent s’autolimiter, non être réconciliés.
L’Etat libéral 2. La neutralité axiologique de l’Etat Assurer la coexistence des libertés individuelles Garantir la justice en veillant à ce que chaque individu puisse obtenir la part de ces ressources à laquelle il a droit L’autre est-il seulement celui avec qui nous partageons le même monde, celui dont la liberté limite la nôtre ? L’autre n’est-il pas aussi celui dont nous voudrions qu’il nous reconnaisse, qu’il approuve ce que nous faisons ? Oui, mais pas le rôle de l’Etat L’Etat doit se préoccuper du juste et non du bien Préserve l’Etat de toute dérive totalitaire L’Etat doit demeurer neutre sur le plan axiologique
L’Etat libéral 3. La priorité du juste sur le bien Neutralité = principe de tolérance. La neutralité et la tolérance ne peuvent être sans limite L’Etat ne peut être neutre qu’envers les conceptions du bien qui sont compatibles, au minimum, avec les droits fondamentaux des individus qui ne partagent pas ces conceptions du bien. la liberté d’un individu de choisir la conception du bien qui a sa préférence ne peut empiéter sur les libertés fondamentales des autres individus. priorité du juste sur le bien
Plan du chapitre I – Autonomie et indépendance II – L’Etat libéral III – Empirisme ou rationalisme
La fondation du libéralisme Scepticisme axiologique: Possibilité pour la raison de répondre à la question « quelles sont les institutions justes ? » Pas le cas pour la question « quelle est la vie bonne ? » Agnosticisme axiologique: Ne se prononce pas sur la possibilité pour la raison de démontrer quelle est la vie bonne au niveau politique, le recours à la raison n’est légitime que pour trancher des questions de justice sans pour autant nier que sur le plan privé il soit possible de fonder en la raison la supériorité d’une conception du bien sur toutes les autres. Attachement du libéralisme à la liberté conçue comme indépendance Pour que soit préservée l’indépendance individuelle, il suffit que la société soit juste, non qu’elle vive conformément au bien
La fondation du libéralisme Privilège pragmatique de l’indépendance: crainte de la Terreur, suffit pour assurer la sécurité publique Prétention à énoncer des droits fondamentaux et des principes de justice universels Locke: justification théologique Ex: la liberté de conscience découle, par exemple, du devoir de vouer un culte sincère à Dieu Justification contractualiste : une obligation naît de l’accord des volontés subjectives permet de concevoir comment les hommes peuvent être soumis à des obligations sans que celles-ci aient un fondement extérieur à l’homme Deux traditions distinctes privilégiant deux formes différentes de rationalité: Libéralisme empiriste et libéralisme rationaliste
Libéralisme empiriste Libéralisme empiriste: caractère rationnel des principes de justice et des droits fondamentaux agir rationnellement = mettre en œuvre les moyens adéquats en vue d’une fin donnée. L’action rationnelle est donc avant tout une action utile, efficace la reconnaissance des principes de justice est un moyen nécessaire à la poursuite d’une fin commune à tout individu: la préservation de sa vie ou de son indépendance Père fondateur : Hobbes (cf. introduction) pouvoir purement factuel que les individus possèderaient sur eux- mêmes dans un état de nature fictif reconstruction de l’ensemble des mécanismes sociaux à partir de l’interaction de l’exercice égoïste de ce pouvoir factuel. Liens avec le libéralisme économique: recours à la raison = maximalisation de son utilité personnelle ordre émerge spontanément
Libéralisme rationaliste Libéralisme rationaliste : caractère raisonnable des principes de justice et des droits fondamentaux agir raisonnablement = agir de manière impartiale Faiblesse du libéralisme empiriste : démontrer que nous avons intérêt à vivre dans une société régie par les principes libéraux ne suffit pas à démontrer que nous devons respecter ces principes pour le libéralisme rationaliste, la validité des principes de justice devrait être reconnue indépendamment de nos intérêts personnels Rawls (Théorie de la justice): la position originelle et le voile d’ignorance La société juste est un ordre construit
Synthèse Principes fondamentaux du libéralisme: le libéralisme politique définit une organisation politique garantissant le respect de la libre indépendance de chacun. cette indépendance se concrétise dans des droits fondamentaux consacrant un ensemble de libertés subjectives que l’Etat ne peut remettre en cause l’Etat est un simple instrument régulant les rapports entre des individus qui cherchent à se réaliser au sein de leurs sphères privées l’Etat est un mal nécessaire et doit être neutre axiologiquement Etat et société civile sont soigneusement distingués et s’équilibrent mutuellement. Nombreux débats internes autour de l’énonciation effective des droits et libertés individuels peut justifier des politiques totalement opposées autotransformations internes suite aux critiques formulées par les autres traditions