La médecine entre science et technique Georges Canguilhem
Le rapport entre théorie et pratique La médecine : une technique, un art, savoir appliqué ? G. Canguilhem ( )
La médecine « bonne matière étrangère » pour la philosophie selon G. Canguilhem Essai sur quelques problèmes concernant le normal et le pathologique, Voir Le normal et le pathologique, Paris, Puf, Pourquoi s’intéresser à la médecine quand on est philosophe ? pour bénéficier d’« une introduction à des problèmes humains concrets » (Le normal et le pathologique, Introduction, p. 7). « La philosophie est une réflexion pour qui toute matière étrangère est bonne, et nous dirions volontiers pour qui toute bonne matière doit être étrangère » (ibid). Un effort est nécessaire pour « intégrer à la spéculation philosophique quelques-unes des méthodes et des acquisitions de la médecine ».
Le statut de la médecine comme technique « Il en est de la médecine comme de toutes les techniques. Elle est une activité qui s’enracine dans l’effort spontané du vivant pour dominer le milieu et pour l’organiser selon ses valeurs de vivant. C’est dans cet effort spontané que la médecine trouve son sens, sinon d’abord toute la lucidité critique qui la rendrait infaillible. Voilà pourquoi, sans être elle- même une science, la médecine utilise tous les résultats de toutes les sciences au service des normes de la vie ». Canguilhem, Le normal et le pathologique (1943), Paris, Puf, 2009, p. 156.
L’incertitude de la médecine comme science : condition de sa fécondité comme pratique de soin ? G. Canguilhem, « Le statut épistémologique de la médecine », History and Philosophy of Life Sciences, vol. 10, La médecine comme « science appliquée ou somme évolutive de sciences appliquées ». « … il est impossible d’annuler dans l’objectivité du savoir médical la subjectivité de l’expérience vécue du malade ». « Puissances et limites de la rationalité en médecine », G. Canguilhem, Etudes d’histoire et de philosophie des sciences, Paris, Vrin, p. 409.
Progrès de la rationalité médicale et oubli de la clinique « La médecine n’est-elle pas perçue comme science à l’INSERM au CNRS, à l’institut Pasteur, comme pratique et technique dans un service hospitalier de réanimation, comme objet de consommation et éventuellement de réclamations dans les bureaux de la sécurité sociale, et comme tout cela à la fois dans un Laboratoire de produits pharmaceutiques ? ». « La pratique médicale véhicule-t-elle jusqu’au consommateur de médicaments et de soins la rationalité du savoir dont elle est l’application ? ». Puissance et limites de la rationalité en médecine, Etudes d’histoire et de philosophie des sciences, Paris, Vrin, 1994, p. 398.
Les conséquences éthiques des progrès technico-scientifiques Rationalité d’en haut / rationalité d’en bas « Il apparaît ainsi que la puissance de la rationalité en haut, chez les détendeurs du savoir et chez ceux qui l’appliquent, est, dans chaque société, sous la dépendance de la rationalité d’en bas, dans l’opinion de ceux qui sont charnellement concernés par de nouvelles avances en thérapeutique ».
Comment prendre en compte la parole du patient La médecine comme « art de la vie ». « Nous pensons que la médecine existe comme art de la vie parce que le vivant humain qualifie lui-même comme pathologiques, donc comme devant être évités ou corrigés, certains états ou comportements appréhendés, relativement à la polarité dynamique de la vie, sous forme de valeur négative ». Le normal et le pathologique, Paris, Puf, p. 77.
Une conception normative de la maladie et de la santé Contre l’approche de C. Bernard ( ) définition physiologique de santé et maladie. Maladie comme variation quantitative d’une fonction physiologique, par excès ou défaut. Il n’y a plus de « maladies, seulement des fonctions dérangées » (Principes de la médecine expérimentale, Paris, Puf, 2008). % Canguilhem. La différence entre santé et maladie est qualitative. C’est (…) toujours en droit, sinon actuellement en fait, parce qu’il y a des hommes qui se sentent malades qu’il y a une médecine, et non parce qu’il y a des médecins que les hommes apprennent d’eux leurs maladies ».
Conclusion : la médecine comme « art de la vie » requiert une réflexion philosophique « Nous pensons que la médecine existe comme art de la vie parce que le vivant humain qualifie lui-même comme pathologiques, donc comme devant être évités ou corrigés, certains états ou comportements appréhendés, relativement à la polarité dynamique de la vie, sous forme de valeur négative ». Le normal et le pathologique, Paris, Puf, p. 77.