HARAKI I.(1), PRATIC F.(1), OUBAHA S.(2), SAMLANI Z.(1), KRATI K.(1) (1)service d’hépato-gastroentérologie, hôpital ARRAZI, CHU MED VI marrakech (2)laboratoire de physiologie, faculté de médecine et de pharmacie marrakech, UCAM La survenue exceptionnelle d’une tumeur neuroendocrine hépatique non fonctionnelle sur un foie de cirrhose : à propos d’un cas.
Introduction Les tumeurs neuroendocrines digestives siègent électivement au niveau gastro-intestinal et duodéno-pancréatique. Les métastases hépatiques sont fréquentes. Le diagnostic d’une tumeur primitive neuroendocrine hépatique est extrêmement rare. Leur survenue sur un foie cirrhotique est une situation encore plus inhabituelle. Nous rapportons, à travers cette nouvelle observation, le cas d’un patient de 59 ans, référé dans notre formation pour bilan étiologique d’un foie dysmorphique multinodulaire, révélé par des épigastralgies chroniques avec altération de l’état général.
Matériels et méthodes L’examen clinique de ce patient avait retrouvé une hépatomégalie irrégulière isolée. Au bilan biologique, il y avait une thrombopénie à e/mm3, un syndrome inflammatoire, une cytolyse de moins de quatre fois la normale prédominant sur les ALAT et une cholestase. Le TP était correct et les sérologies B et C négatives. Les marqueurs tumoraux étaient normaux incluant l’alpha foeto-protéine. Sur le scanner abdominal, le foie était augmenté de taille, à contours irréguliers, siège de multiples nodules hypodenses, rehaussés en périphérie pour certains et dont la cinétique ne pouvait rappeler un carcinome hépatocellulaire. Des signes scannographiques d’hypertension portale ont été retrouvés.
Résultats Une ponction biopsie hépatique a été indiquée retrouvant un aspect histologique d’adénocarcinome moyennement différencié et infiltrant. Ce n’est qu’à l’étude immuno-histochimique que la tumeur neuroendocrine bien différenciée grade 1 OMS 2010 a été retenue. La fibroscopie oeso-gastroduodénale avait retrouvée des varices oesophagiennes grade 2 et 3. La duodénoscopie était normale. La radiographie thoracique était sans anomalie et le pancréas apparaissait normal au scanner. Aucune anomalie thyroïdienne ou surrénalienne n’a été constatée. La coloscopie totale avec cathétérisme avait retrouvé un aspect infiltré du moyen rectum dont les biopsies étaient non contributives à trois reprises évoquant une rectite non spécifique. Le patient est décédé au décours d’une décompensation oedémato-ascitique avec survenue d’un syndrome hépatorénal.
Conclusion les tumeurs neuroendocrines primitives de siège hépatique sont une entité rare et peu décrite dans la littérature. Retenir ce siège devrait faire éliminer une autre localisation pouvant être responsables de métastases. La découverte d’un nodule sur un foie de cirrhose devrait faire évoquer en premier le diagnostic de carcinome hépatocellulaire sans pouvoir éliminer les étiologies des masses focales intrahépatiques, en l’occurrence les tumeurs neuroendocrines malgré leur rareté.