Interroger les pratiques professionnelles actuelles ENS – RAQ PAH session avril 2016 Module Approche centrée sur le développement du Pouvoir d’agir individuel et collectif Emmanuelle Limousin et Nathalie Ingouf
Le contexte actuel Un contexte difficile pour les intervenants sociaux et médico-sociaux Une augmentation des demandes Une diminution des ressources. Des intervenants pris dans des injonctions paradoxales : comment faire plus avec moins ?
Des pratiques interrogées Par les médias Par les politiques Par les institutions Par les chercheurs Par les usagers/habitants..
Qui amènent à nous questionner Pourquoi les personnes ont elles besoin d’une aide professionnelle ? Qu’est ce qu’aider ? faciliter ? A quoi sert-on ? Quelles sont les causes des problèmes ? Et à répondre quoi ?
D’après les chercheurs, deux explications Les causes des problèmes sociaux ? Conséquences en terme de postures ◦ L’hypothèse des carences ◦ Changer les personnes Postures : ◦ Expert ◦ Sauveur ◦ Policier ◦ Normatif ◦ L’hypothèse du grand soir ◦ Changer la société Posture : ◦ Militant
Points communs à ces deux hypothèses Quelle que soit la posture, l’intervenant veut le bien de l’autre… Jusqu’à savoir ce qui est bon pour lui ?
L’hypothèse des carences Faire en sorte que les personnes soient à nouveau en mesure d’apporter leur contribution au développement de la société Il s’agit d’une vision réparatrice, curative et adaptatrice
Deux postures dominantes Posture du « sauveur » Posture du « militant »
La posture du sauveur Le sauveur veut aider, soutenir… venir en appui des personnes, les sortir des difficultés. A partir de l’analyse de la situation, il sait quel est le problème que rencontre les personnes et veut tout tenter pour les en sortir. Il a une connaissance des manques des personnes. Il veut le bien de l’autre… et sait ce qui serait bon pour lui… Il va chercher à faire adhérer la personne à ce qu’il pense bon pour elle.
La posture du militant Le militant, c’est la personne qui pense que c’est la société qu’il faut changer (ou les institutions) et que c’est l’objectif essentiel. Il veut le bien des autres… Il sait ce qui serait bon pour eux…. Il va faire en sorte de les mobiliser afin d’arriver à ce qu’il pense bon pour eux.
Une autre posture est possible Ne pas partir du principe que ce sont les personnes ou le système qu’il faut changer, ce qui nous pose en tant qu’intervenant expert unilatéral. Intérêt de la posture du passeur dont l’objectif est d’aider l’autre à franchir l’obstacle rencontré mais aussi de l’agent de changement qui, en s’appuyant sur la négociation, met en mouvement les personnes et les autres acteurs concernés.
Ne plus penser que sa compétence réside uniquement dans le fait de trouver des solutions Sortir de l’agir coûte que coûte. L’acte créateur se trouve dans la manière de co-construire un problème ( question à résoudre) avec les personnes concernées. De Jonckheere
Conséquences sur la posture... Est-ce que j’accepte que les personnes sont là où elles sont, même si leur définition du problème me paraît superficielle ou incomplète ? Et même si je suis d’accord sur le principe, en réalité, suis-je capable de renoncer à une solution, même si elle me semble la meilleure, du simple fait qu’elle ne convient pas à la personne ou aux personnes que j’accompagne ? Répondre à ces questions permet de mesurer l’écart qui existe entre les intentions et les actes.
Suis-je en accord avec l’idée qu’il n’existe aucune solution valable indépendamment des contextes ? Lorsque je suis chargé d’appliquer un programme, développer un projet d’action, suis-je prêt à négocier la façon dont il va s’appliquer selon les particularités des contextes ou du profil des personnes que j’accompagne ? Répondre à ces questions permet de mesurer l’écart qui existe entre les intentions et les actes.
Conclusion sur les pratiques Tendance à : ◦ une lecture biographique des difficultés des personnes ◦ définir les problèmes individuels et leurs solutions du seul point de vue du professionnel ◦ Une intervention centrée sur le changement des personnes en occultant les causes structurelles à l’origine de l’émergence des problèmes.
Comment peut-on s’y prendre autrement ?
Changer de regard S’appuyer sur les personnes accompagnées : ne plus les voir comme des problèmes mais comme des solutions, des ressources Ne plus penser que sa compétence professionnelle dépend de sa capacité à résoudre les problèmes des personnes accompagnées, à trouver des solutions