La pertinence des médicaments : usages et mésusages Colloque annuel de bioéthique, Édition 2013 Johanne Collin Professeure titulaire Faculté de pharmacie Université de Montréal Directrice Équipe MÉOS (Médicament comme objet social) IRSPUM
Pertinence et coûts: enjeux éthiques Arbitrage allocation des ressources Par rapport à médicaments très coûteux Ex: anticancéreux Accroissement des coûts : prix des nouveaux médicaments et médicaments de pointe
Pertinence et coûts : enjeux de santé publique Événements indésirables reliés aux médicaments en milieu hospitalier et ambulatoire Canadian Adverse Events Study ( Baker et al., 2004) 7.5% des admissions ds hôpitaux canadiens en 2000 reliés à EI. ¼ des EI reliés à médicaments Pratiques de prescription inadéquates Milieu ambulatoire (Gurwitz et al., 2003) Personnes âgées 28% des EI reliés aux médicaments évitable Non-adhésion au traitement médicamenteux Coûts directs estimés à 100 milliards annuellement aux EU (Peterson et al., 2003)
Accroissement des coûts Entre 1998 et 2007 au Canada (ICIS, 2012b) Taux de croissance annuel moyen des dépenses en médicaments prescrits hors établissements de 10,1% Volume d’utilisation = 6% du taux de croissance des dépenses Constitue 1 er facteur devant le vieillissement, l’arrivée de nouveaux médicaments et l’augmentation des prix
Accroissement des usages: enjeux sociaux «L’effet lié au volume peut découler d’une variation dans la proportion de la population qui prend des médicaments prescrits, d’un changement du nombre moyen de médicaments pris par une personne, ou encore d’une modification de la posologie ou de la durée de traitements existants.» (ICIS 2012b p.13). 1. Accroissement des usages Chroniques ou à long terme Tous les groupes d’âge Multiplication des usages concomitants 2. Élargissement des usages (et usages élargis) Au delà des finalités thérapeutiques S’inscrit dans les logiques productivistes, cosmétiques, hédonistes, etc.
Accroissement des usages
Accroissement des usages En 2009, près de 66% des aînés = 5 catégories de médicaments (ICIS, 2010) Usage des BZD : 20 à 30% des personnes âgées au Québec (début années 2000) Usage à long terme, voire chronique Adultes et troubles anxieux et dépressifs: Au Québec, 23% des adultes au cours de leur vie (Kairouz, 2008)
Adultes dans la vie active: Explosion de la consommation d’ATD Au Canada Augmentation de 353% du nombre d’ordonnances de 1981 à 2000 (Hemels et al., 2002 ) Aux EU Consommation d’ATD X 2 de 1996 à 2005 (Bless et al., 2008) Diminution de 12% de psychothérapies Ventes mondiales ($) En 2003, Zoloft (Pfizer) était au 10e rang mondial des ventes de médicaments.
Médicaments et jeunes
Un enfant sur quatre aux EU est sous médication chronique TDAH au 1 er rang et dépression au 2ème Dx les plus prévalents en soins primaires (Zito et al., 2002) Le nombre d’enfant sous antidépresseur entre 6 et 17 ans a progressé de 78 % de 1996 à 2005 (Bless et al., 2008) Les taux de prescriptions d ’ATD aux enfants ont presque rejoint ceux de prescription aux adultes. Près de 40% des jeunes en Centre Jeunesse au Québec sont sous médication psychotrope (Comité de travail Santé mentale CJ, 2007)
Élargissement des usages Enhancement Usage de médicaments de prescription à des fins non médicales: Accroissement de 542% depuis 1992 aux EU Amplificateurs cognitifs – Smart drugs Usage non médical de Ritalin Varie de 5% à 35.3% selon les études (Smith and Farah, 2011; Low and Gendaszek, 2002; Arria et al. 2008; Hall et al. 2005; Tuttle et al. 2010). 20% dans Facultés de Médecine (Webb et al., 2013)
Pratiques de prescription Les pratiques de prescription hors-indication (Off- label) Au Canada, entre , 33% des antidépresseurs sont prescrits pour des problèmes AUTRES que la dépression (Patten et al, 2007) La demande des patients Les médecins ont davantage tendance à prescrire lorsqu’ils perçoivent des attentes en ce sens de la part de leurs patients. Or, perception erronée ds 75% des cas (Ong et al., 2007).