Jasper JOHNS The critic sees
Lecture de l'œuvre de référence Que voit-on dans cette œuvre ? Avant tout, le devant d’une paire de lunettes qui émerge à peine d’une surface rectangulaire. Ces lunettes sont d’un modèle ordinaire. Ce qui est moins banal, c’est ce qu’on voit à l’emplacement des verres on s’attend à voir des yeux, et on découvre des bouches. Celles-ci sont entrouvertes et laissent voir distinctement des dents.
Lecture de l'œuvre de référence Description par plans Le premier plan est constitué par la monture des lunettes enchâssée dans une plaque un peu plus grande qu’elle. Un second plan est placé derrière la plaque: ce sont les lèvres qui précèdent les dents. En arrière-plan, les fonds des bouches se creusent et restent obscurs. Nous sommes devant un objet qui ne peut être regardé qu’en face, et pourvu de reliefs relativement faibles, par conséquent un bas-relief.
Lecture de l'œuvre de référence Effets techniques Bien que ces trois effets soient différents, l’ensemble donne une impression d’unité qui vient du fait que la plaque enferme la monture, qui enferme elle-même les bouches. La monture des lunettes est lisse et neutre, comme toutes les lunettes du monde. La surface de la plaque est irrégulière ainsi que ses bords et donne l’impression d’avoir été modelée. Lèvres et dents sont très réalistes et semblent avoir été moulées sur un visage plutôt que d’avoir été modelées.
Lecture de l'œuvre de référence Interprétation Que veut nous dire cette sculpture ? A ce stade, il faut se référer au titre de l'œuvre pour pouvoir continuer l’enquête. L’artiste l’intitule “The critic sees”, le critique voit. Et voit à travers sa bouche et ses dents, qui sont deux organes essentiels à la parole. Mais il manque la langue, et les dents sont aussi faites pour mordre. Le discours du critique est donc aussi acéré que son regard est dentelé, et la boucle est bouclée si l’on pense que sa vue est assez mauvaise pour avoir besoin de lunettes. Nous avons donc affaire dans cette œuvre à un portrait du critique, pire, à sa caricature faite d’incompétence et d’agressivité. L’artiste a manifestement voulu que les yeux deviennent des bouches, et restent en même temps des yeux, sinon il se serait passé de lunettes. D’ailleurs, les lèvres peuvent être assimilées à des paupières. Les bouches ne semblent pas entrouvertes pour sourire. Pour manger peut-être ? Et on pourrait alors penser à l’expression “manger des yeux”. Mais l’impression générale de l’objet ne penche guère vers l’expression du sentiment amoureux. Plus simplement, on peut penser à des bouches qui voient et parlent en même temps.