Alice Gouttenoire Rebecca Boyd Biographie d'un orateur, Cicéron
Introduction ● Vrai nom : Marcus Tullius ● Cicéron : surnom dû à une petite verrue sur le visage ressemblant à un pois chiche, « cicero » en latin ● Naît en 106 avant J.-C. à Arpinum, dans le Latium, pendant une période de crise politique à l'intérieur et à l'extérieur de Rome ● Vit son enfance au milieu de troubles et d'une guerre civile
● Étudie diverses disciplines : philosophie, sciences, droit et rhétorique ● Complète sa formation en écoutant au forum les grands orateurs du moment, Antoine et Crassus, et en se rendant en Grèce auprès du rhéteur Molon ● Il y rencontre celui qui deviendra son grand ami : Titus Pomponius Atticus Etudes
Début de carrière ● Jeune avocat, il ne manque pas de courage ● En 80 dans le Pro Roscio Amerino, il attaque un allié de Sylla, dictateur à cette époque ● Acquiert vite renom et clientèle ● Accède facilement au traditionnel cursus honorum : questeur en 76, édile en 70, préteur en 67 et consul en 60
Premiers discours ● Attaque et accable en 70, dans les quatre discours constituant les Verrine, le gouverneur de Sicile, Verrès, qui opprimait et pillait la province ● Il avait un nom prédestiné, le verbe « verrere » signifiant « balayer » ● Mène une enquête approfondie en Sicile ● En attaquant Verrès, Cicéron prenait violemment parti contre la noblesse qui soutenait Verrès ; Sylla et le parti aristocratique avait rendu le pouvoir judiciaire, jadis aux mains des chevaliers et des sénateurs ● Procès qu'il remporta avec succès
● Ces discours représentent un éloquent tableau de la condition des colonies ● Cicéron explique tous les moyens utilisés par les magistrats sénatoriaux pour s'enrichir et détourner le pouvoir légal en leur profit ● Il pose donc l'éternel problème de la nécessité, pour un homme politique, de s'astreindre aux mêmes règles de morale et d'honnêteté que l'homme privé
La Conjuration de Catilina... En 63 Cicéron dénonça la conjuration de Catilina, un sénateur qui avait rassemblé des mécontents autour de lui, désireux de s'en prendre au Sénat. Catilina, voyant que sa conspiration était éventée, décida de fuir, et mourut dans une bataille peu après. Cicéron publia alors les Catilinaires, un recueil des discours qu’il avait prononcé contre Catilina.Catilinaires
...et ses suites ● En 58, Cicéron est exilé en Thessalie par Clodius qui lui reproche d'avoir fait exécuter sans jugement les complices de Catilina. Sa maison à Rome est détruite.
De retour à Rome ● En 57, le tribun Milon le fait rappeler, son retour est triomphal, sa maison est reconstruite aux frais de l'Etat, mais son autorité politique est très affaiblie ● Dans sa semi-retraite, il prononce plusieurs plaidoyers, dont un des plus célèbres est le pro Milone - en 52 Milon est accusé du meurtre de Clodius -, et il écrit plusieurs ouvrages de réflexion sur la formation de l'art oratoire et de l'orateur
● En 51, il est envoyé en Cilicie, en Asie Mineure, en tant que proconsul ● A son retour, en 49, il se retrouve en pleine guerre civile entre César et Pompée
● Il soutient Pompée et le parti du gouvernement contre César, qui s'est mis dans l'illégalité en franchissant le Rubicon, mais sa lucidité discerne trop bien les défauts et les faiblesses de Pompée et de son armée ● Cicéron suit Pompée, qui a quitté le sol italien, mais refuse de participer à la bataille de Pharsale, le 9 août 48, qui voit la défaite de Pompée
César ● Cicéron revient en Italie, César lui pardonne et lui permet de rentrer à Rome, mais, cette fois, il n'a plus aucun pouvoir politique et se consacre à ses œuvres littéraires ● La mort de César, en mars 44, le rempli de joie, il pense pouvoir rejouer à nouveau un rôle dans la république retrouvée.
Antoine et Auguste ● Cependant Antoine revendique la succession de César et impose sa loi ● Cicéron prononce alors contre Antoine quatorze Philippiques (qui tirent leur nom des discours du même nom prononcés par l'orateur grec Démosthène contre Philippe de Macédoine), extrêmement violentes, en soutenant activement le jeune Octave (le futur empereur Auguste)
La mort de Cicéron ● Mais Octave fait bientôt alliance avec Antoine et Lépide pour constituer le deuxième triumvirat et l'une des conditions est l'élimination de Cicéron ● Le 7 décembre 43, il se laisse égorger avec courage par les soldats d'Antoine ● Quelques jours plus tard son frère et son fils sont également massacrés ● Antoine fit exposer la tête de l'orateur ainsi que ses mains, qui avaient écrit les Philippiques
Conclusion Cicéron fut sans doute un très grand avocat et ses plaidoyers sont, pour la plupart, des modèles du genre. Toutefois, ce n'est peut-être pas son éloquence d'avocat qui nous touche le plus aujourd'hui; nous préférons plutôt découvrir un homme qui n'a cessé de réfléchir pour comprendre les événements qu'il vivait. Comme homme politique, s'il a effectivement sauvé l'État romain en écrasant la conjuration de Catilina, il a surtout désespérément tenté de sauver les valeurs républicaines et la liberté en pratiquant la “concordia” entre les différentes classes de citoyens et en s'opposant à la dictature de César ou d'Antoine.
Il s'est interrogé sur la meilleure forme de gouvernement mais aussi sur la formation du citoyen, formation intellectuelle aussi bien que morale. Il s'est interrogé enfin sur la philosophie individuelle et c'est à travers sa pensée humaniste que Cicéron est venu jusqu'à nous. Érasme, au début du XVI ème siècle, a pu affirmer : « Il n'est pas vraiment cicéronien celui qui ne parle pas de manière appropriée, qui ne comprend pas à fond ce dont il parle, qui ne ressent pas dans son âme ce que concernent ses paroles. »
Jusqu'à quand, Catilina, abuseras-tu de notre patience ?
Vocabulaire ● Cursus honorum : l'ordre d'accès aux magistratures publiques sous la Rome antique ● Questeur : magistrat des domaines financiers et criminels ● Édile : magistrat chargé des jeux et des édifices publics ● Préteur : magistrat judiciaire romain ● Proconsul : nom donné aux anciens consuls romains qui recevaient le gouvernement absolu d'une province
● Triumvirat : alliance de trois personnalités, politiques ou militaires, de poids égaux, qui s'unissent pour diriger
Sources ● ● ● ● Le livre de latin 3° pages 58-61