Réduction des risques – Préambule « La réduction des risques, cest admettre quune société sans drogue nexiste pas, et na jamais existé » Nicole Maestracci.

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Transcription de la présentation:

Réduction des risques – Préambule « La réduction des risques, cest admettre quune société sans drogue nexiste pas, et na jamais existé » Nicole Maestracci – Présidente de la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et Toxicomanies de 1998 à 2002.

La réduction des risques est une stratégie de santé publique, qui vise à limiter les dommages, auprès de personnes consommatrices de drogues, licites ou illicites.

La RDR – Définition générale, objectifs La Réduction Des Risques est une stratégie de prévention particulière, qui réunit lensemble des politiques et mesures de santé publiques, destinées à limiter les dommages qui peuvent concerner un public dusagers de drogues actifs.

Cest une approche non moraliste et pragmatique des publics et des situations de consommation, qui propose un accompagnement des pratiques, par : -une facilitation de laccès à une information la plus objective possible, -la mise à disposition de matériel de RDR, -la dispensation de conseils préventifs, -et dans certains pays, la mise à disposition de locaux, de conseils techniques, voire de formations, telles que léducation à linjection.

Objectifs initiaux: la limitation des overdoses, des contaminations par les virus du VIH ou des hépatites ainsi quune prise en compte des risques immédiats qui peuvent résulter du type de produits consommés, des modalités de consommation, des niveaux dusages, ainsi que des comportements périphériques qui peuvent être liées à la consommation, tels que les prises de risques sexuels, de risques routiers ou comportementaux.

Objectifs secondaires : concernent les usagers les plus en difficulté. Maintien ou restauration des liens sociaux, le rétablissement de laccès aux droits, ou la facilitation de laccès au soin.

RDR- Les grandes dates En toile de fond : La loi de 1970 La loi du 31 décembre 1970, régit le rapport que le citoyen peut entretenir avec les drogues. Cest une loi en premier lieu répressive, puisquelle condamne aussi bien le trafic que lusage. Néanmoins, cette loi laisse lopportunité, à celui qui le souhaiterait et surtout le pourrait, dentrer dans le système de soins, de manière anonyme et gratuite. Cette entrée dans le soin permettant de surseoir aux peines encourues, par le biais de linjonction thérapeutique.

Cette loi fait donc de lusager de drogues, un délinquant ou un malade, ce qui, laisse peu de choix aux personnes, pour se situer.

Dès 1970, les hollandais mettaient en place les premiers programmes de RDR, en proposant un accompagnement des pratiques, auprès dusagers injecteurs actifs, pour les aider à faire face aux risques dOD mortelles.

1980Apparition de la maladie des 4 « H » (Héroïnomanes, homosexuels, hémophiles, haïtiens), qui sera appelé plus tard SIDA. On saperçoit vite quil sagit dune maladie qui se transmet notamment par le sang et que les héroïnomanes se contaminent en échangeant leurs seringues.

1987 En France, les seringues nétaient disponibles que sur ordonnance, alors quen Angleterre, à la même époque, les programmes déchange de seringues ont déjà cours. La population des toxicomanes français est victime dune véritable hécatombe, alors quau royaume uni, le nombre de toxicomanes infectés par le virus est stable, aux alentours de 3 %, contre un score de 19 % en France.

Avec un peu de recul, le rapport Henrion parlera en 2003, « dune catastrophe sanitaire ». La sociologue Anne COPPEL nhésitera pas à rappeler « la responsabilité des politiques, toujours prompts à reporter les décisions quand il sagit de ménager lopinion ». Mais cette responsabilité est partagée, puisque les spécialistes de la toxicomanie se sont crispés sur labstinence, mettant du temps à comprendre les enjeux de santé publique en présence.

La délivrance de seringues en pharmacie est enfin autorisée en 1987, en France par lintroduction du décret Barzach. Mais ce texte ne règle pas tout, loin sen faut. Les mentalités ont du mal à évoluer et le matériel reste difficile daccès à cette époque.

1989 : A Paris, lassociation Médecins Du Monde ouvre clandestinement le premier programme déchange de seringues : La première association dauto-support dusagers de drogues en France, qui ne revendique pas labstinence, se crée dans la colère de voir mourir leurs pairs du VIH.

1993 : Devant linsuffisance du dispositif socio-sanitaire lié à lusage de drogues, le collectif « Limiter la Casse » se crée. Ce collectif est à la fois un groupe de réflexion et de lobbying. Il définit la RDR pour les usagers de drogues en France, selon 4 axes : -accès au matériel de RDR et à linformation -accès aux soins -accès à la substitution -accès à la citoyenneté

1994 : Des PES sont organisés dans une semi clandestinité. Simone Weil officialise la situation par décret : Des places de méthadone sont crées dans les centre de soins. Cest un premier pas vers la substitution. Il faut noter quen 1992, il ny avait que 52 places en traitement méthadone, pour lensemble de la France.

1996 : Larrivée dun nouveau traitement de substitution permet lintroduction de la buprénorfine haut dosage dans les protocoles de substitution. Il sagit du Subutex, qui deviendra rapidement le traitement de substitution le plus prescrit en France.

2004 : devant lévidence des besoins, la RDR devient une politique nationale de santé publique. Cette disposition est inscrite dans le code de santé publique par décret : décret de création des CAARUD (Centre daccueil et de réduction des risques pour les UD). Les « boutiques » (structures de RDR pour personnes en situation de précarité, deviennent des établissements socio-sanitaires, financés par la sécurité sociale.

2010 : Une mission dexpertise sur la Réduction Des Risques de lINSERM est pilotée par Jean Michel Coste, Directeur de lObservatoire Français des Drogues et Toxicomanies. Les spécialistes, après observation attentive des expériences et pratiques réalisées à létranger, publient dix recommandations urgentes en matière de RDR, pour la France.

Citons les 2 préconisations essentielles de ce rapport : – mise en œuvre de RDR en prison – mise en place de « Salles dinjection à moindre risques ». Polémique reprise par les politiques et les médias « salles de shoot »

Pour linstant, ces préconisations nont pas été suivies deffets…Le président de la Mildt sétant prononcé contre… …En dépit de toutes les évaluations scientifiques européennes très positives sur cette stratégie de santé publique la réduction des risques

Au Portugal : Diminution de plus de 70 % des OD mortelles depuis la misse en place de salles de consommations à moindre risques Pays Bas : Constat dune amélioration importante des taux de réinsertion sociale des toxicomanes fréquentant, avec un retour vers une stabilité sociale (appartement, prestations sociales, emploi) pour 35% dusagers de drogues (toujours actifs) suivis dans le cadre de ces dispositifs

Réduction des risques chez les usagers de drogues Expertise collective