Retraite, emploi, protection sociale Les clés pour comprendre
Introduction Cette semaine, chaque jour, le Syndicat Cgt des Personnels du Conseil Général du Var vous a proposé un jeu de questions-réponses sur votre pouvoir d'achat, votre salaire, votre protection sociale et votre retraite. Vous trouverez ci-dessous les réponses aux quatre questions qui vous ont été posées cette semaine.
Réponse à la première question : Avec le gel du point dindice depuis 2010 et avec linflation, Combien avez-vous perdu en pouvoir dachat ? Quel impact sur votre retraite ?
Le gel du point dindice Le point dindice est la base de calcul de notre rémunération. Il na pas augmenté depuis juillet 2010 et très peu entre 2000 et Il ne sera pas revalorisé en 2014 ; et pour 2015, on ne sait pas. Ce qui manque dans notre porte-monnaie depuis 2000, cest 13,8 % de notre salaire. Pour un agent de catégorie C, cela représente environ 160 par mois, 220 pour un agent de Catégorie B et 280 pour un A. A moins de mesures de rattrapage spectaculaires, nous devrions traîner ce retard jusquà la retraite.
Le gel du point dindice Au moment de partir à la retraite, un agent de Catégorie C avec un traitement indiciaire de 1200 (sans les primes, toujours pas incluses dans le calcul) ne touchera donc que 780 de retraite au lieu des 900 quil aurait perçus si le point dindice avait suivi linflation. Idem pour un B à 1600, qui part avec 1034 au lieu des 1200 prévus ; Idem pour un A à 2000, qui part avec 1300 de retraite au lieu de Pour les fonctionnaires, cest la double peine : le gel du point dindice pénalise notre pouvoir dachat pendant lactivité ET au moment de la retraite.
Réponse à la deuxième question : Votre enfant poursuit ses études jusquà 26 ans. Si le projet de réforme des retraites de 2013 est adopté, à quel âge pourra-t-il bénéficier dune retraite à taux plein ?
Lâge de départ Les fran ç ais veulent la retraite à 60 ans : La derni è re enquête portant sur les motivations de d é part à la retraite (Drees, Cor, Cnav, DSS) indique un âge moyen id é al de d é part à 60,2 ans. Ce qui nous remonte montre un attachement toujours tr è s pr é sent à la retraite à 60 ans. L attente est forte d une reconnaissance de la p é nibilit é permettant de partir bien avant 60 ans. Cela conforte l exigence du retour à la retraite à 60 ans et la possibilit é de d é parts anticip é s si p é nibilit é. En effet, un ouvrier ne profitera pas de sa retraite aussi longtemps qu un employ é, à moins d un d é part anticip é. Source : Observatoire des inégalités :
La réforme prévue pour 2013 Les objectifs d une r é forme des retraites : La logique voudrait que la prochaine r é forme des retraites r é ponde aux deux principales questions des fran ç ais : A quel âge pourrais-je partir (pr é occupation forte des actifs) ? Avec quel niveau de pension (pr é occupation partag é e par les actifs et les retrait é s) ? Hélas ! Les orientations pour le moment retenues sont notoirement différentes : Comment r é duire le co û t des retrait é s ? Comment les inciter à payer, en plus de leurs cotisations, une é pargne retraite dans le priv é ? Comment faire croire à chacun qu il paie en fait pour les privil è ges des autres ?
La réforme prévue pour 2013 L allongement de la dur é e de cotisation : C est le volet le plus sadique de la r é forme : ne pas toucher à l âge l é gal, c est vous faire croire que vous pourrez partir de bonne heure. FAUX ! Vous ne devez pas confondre âge l é gal et dur é e de cotisation : une fois atteint l âge l é gal, si vous n avez pas une carri è re compl è te (dur é e de cotisation), votre pension de retraite sera amput é e d une d é cote. C est le choix entre partir tôt avec rien ou partir tard avec sa juste pension. Pour la Cgt, ce n est pas un choix viable, il y a d autres solutions. Ainsi, en 2010, 8,6 % des nouveaux retrait é s ont pâti d une d é cote. Ce chiffre augmente chaque ann é e. De même, 12,6 % des nouveaux retrait é s ont choisi de travailler au-del à de l âge l é gal et de b é n é ficier ainsi d une surcote. Leurs motivations sont peu exprim é es, mais nous sommes convaincus que c est en raison d une pension retraite insuffisante pour finir dignement sa vie. Bref, lactuelle durée de cotisation est inadaptée pour plus dun salarié sur cinq. Lallonger encore ne peut quentraîner une nouvelle baisse des pensions… ou un épuisement au travail au-delà de lâge légal.
La réforme prévue pour 2013 L allongement de la dur é e de cotisation : Le gouvernement (ainsi que plusieurs " é conomistes") é noncent que l allongement de la dur é e de cotisation est favorable à l emploi. FAUX ! Un emploi est un emploi, qu il soit occup é par un jeune ou un senior. Tant que la situation du march é du travail de sera pas am é lior é e, augmenter la dur é e de cotisation ne maintient pas les "vieux" dans l emploi, mais dans le chômage : Moins d un salari é sur deux est dans l emploi au moment du passage à la retraite. Alors que l emploi des jeunes est é lev é au rang de grande cause europ é enne et que les + de 50 ans gal è rent autant pour retrouver un emploi, comment d é fendre une augmentation de la dur é e de cotisation ?
La réforme prévue pour 2013 Conclusion : La r é forme des retraites telle que l a dessin é le Premier ministre se situe dans la continuit é des pr é c é dentes en privil é giant la poursuite jusqu en 2020 de l allongement de la dur é e de cotisation pr é vue par la loi Fillon, et en prolongeant ces dispositions apr è s Il serait ainsi demand é 43 ans de cotisations aux jeunes n é s à partir de 1973 alors même qu on sait qu ils rentrent de plus en plus tard dans le monde du travail. Votre enfant, s il poursuit ses é tudes jusqu à 26 ans, devrait pouvoir prendre sa retraite à 69 ans, voire beaucoup plus en cas de maladie, de chômage et autres petits boulots. Qu il se rassure, l É tat ne le contraindra pas à travailler jusque l à : d è s 67 ans, il pourra pr é tendre à cesser le travail et à profiter pleinement de sa retraite … tant que sa sant é le lui permettra, soit une bonne vingtaine d ann é es.
Réponse à la troisième question : Cest quoi la Protection Sociale en France ?
La protection sociale Une assurance retraite, Une assurance maladie et des prestations familiales, Une assurance chômage. La protection sociale à la française est constituée par : Pour chacune de ces assurances, les principes sont les mêmes, on est un un régime de solidarité entre les générations : chacun cotise proportionnellement à ses revenus ; les cotisations daujourdhui servent à payer les besoins daujourdhui (les prestations chômage, les pensions de retraite, …) et à garantir vos droits à cette protection pour demain.
La protection sociale Après la guerre de 1945, la solidarité était forte. Le gouvernement a alors proposé aux salariés de « perdre » une partie de leur salaire pour « gagner » une protection sociale. Lidée, aussi bonne soit-elle, ne fut pas simple à mettre en place : les travailleurs ont accepté que leur salaire baisse de 20 % pour bénéficier de cette protection sociale. Certaines catégories ont refusé (professions libérales, commerçants…) et le regrettent aujourdhui. Cette diminution du salaire de 20 % correspond aux « charges » patronales et aux « charges » salariales, cest ce quon appelle la part socialisée du salaire. Et oui, cest juste nos salaires !
Réponse à la quatrième question : Comment sassurer dune retraite décente sans payer plus de cotisations et sans cotiser plus longtemps ?
Le financement Les caisses de retraites sont en déficit. POURQUOI ? Des solutions existent pour retourner à léquilibre de notre système par répartition.
Les causes Dans le privé : Destructions massives demploi (1000 chômeurs de plus chaque jour) + Développement de lemploi précaire (C.D.D., Interim, … puis retour à la case Pôle Emploi) + Emplois aidés (CUI, CAE, Emplois davenir, …) + Exonérations aux entreprises (zones franches…) = Effondrement des cotisations de retraite dans le privé
Les causes Dans la fonction publique : Destructions massives demploi ( postes supprimés en quatre ans) + Emplois aidés (CUI, CAE, Emplois davenir, …) + Gel des recrutements + Gel du point dindice (Depuis 3 ans, après plusieurs années de stagnation) + Tassement des grilles indiciaires (Aujourdhui, un adjoint administratif commence au-dessous du SMIC) = Effondrement des cotisations de retraite dans la Fonction Publique
Les solutions Moins il y a de chômeurs et demplois précaires (ou de temps partiels contraints) et plus il y a de cotisations. En augmentant les salaires dans le privé comme dans le public, on augmente dautant les cotisations retraite. 1 point de P.I.B. obtenu par la croissance économique, cest 20 milliards deuros de plus. Le respect de légalité salariale entre les femmes et les hommes apporterait un solde positif de 5 milliards d dès 2015 et près de 10 milliards d en En 1980, les dividendes versés aux gros actionnaires représentaient 3 % de la richesse nationale ; en 2012, ils représentent 9 %… sans cotisation retraite. Le problème du financement des retraites est donc un faux problème. Pour sauver les retraites, il faut dabord relancer lemploi, la croissance et un meilleur partage des richesses créées.
en consacrant l essentiel des profits aux investissements, à l innovation, à la recherche- d é veloppement. en revalorisant le travail dans toutes ses dimensions (salaires, organisation et conditions de travail, emploi qualifi é… ) ; en r é duisant la r é mun é ration excessive du capital ; Propositions CGT : la croissance La CGT considère que le niveau de compétitivité peut être significativement amélioré :
Revaloriser les salaires, les pensions et les minima sociaux. Assurer légalité entre les femmes et les hommes. Contrôler les aides publiques aux entreprises. Contraindre les entreprises à des alternatives aux licenciements. Stopper les suppressions demplois. Développer les politiques publiques et les moyens des services publics. Réformer la fiscalité en profondeur. Taxer les mouvements spéculatifs de capitaux et éradiquer les paradis fiscaux. Mettre en place un fond européen de solidarité sociale et de développement économique. Propositions CGT : une autre répartition des richesses
Une retraite équivalant à 75 % minimum du salaire pour une carrière complète. Pas de pension inférieure au SMIC pour une carrière complète. Ouverture du droit à retraite à 60 ans pour tous. Départ anticipé avec pension complète dans le cadre de la reconnaissance de la pénibilité. Validation des années détudes. Validation des périodes de précarité subie. Retour aux 10 meilleures années pour la détermination du salaire annuel moyen du privé. Renforcement des mesures solidaires, notamment celles qui concourent à corriger les inégalités femmes-hommes. Propositions CGT : la retraite
Un rattrapage immédiat du retard pris par le point dindice ; Une revalorisation des grilles indiciaires sur les trois catégories (A, B et C) ; Une intégration des primes dans le calcul des droits à la retraite ; Un déroulement de carrière garanti pour tous les fonctionnaires, permettant un indice deux fois plus élevé au moment de la retraite quen début de carrière. Propositions CGT concernant les fonctionnaires
Conclusion Pour gagner le changement, il nous appartient, à nous salariés, dintervenirsur la répartition des richesses créées par notre travail, dans chaque entreprise et dans chaque collectivité, à partir de la réalité de chacune. Pour peser dans ce sens, compter pour un dans les choix, le syndicat nest pas un outil en dehors des salariés, cest la citoyenneté au travail, le lieu dans lequel nous nous organisons collectivement pour décider ensemble. Ce qui nous attends si on laisse faire : Travailler plus longtemps Cotiser plus Gagner moins Perdre nos services publics Perdre les fondements de notre société : la solidarité entre les citoyens et entre les générations.
Le 15 octobre 2013, rejoignez la Cgt, Venez manifester pour VOTRE salaire, VOTRE retraite, VOTRE pouvoir dachat, VOTRE protection sociale et VOS services publics !