Les services éducatifs et de garde d’enfants dans les communautés autochtones Répercussions de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones Janice Ciavaglia
« Nous pensons qu’il faut donner aux parents et aux collectivités autochtones la possibilité de mettre en œuvre leur conception de l’éducation. Les enfants autochtones ont le droit d’apprendre dans un milieu qui favorise leur épanouissement individuel complet, qui valorise leur patrimoine et qui leur permet d’acquérir un vif sentiment d’identité sur lequel asseoir des projets d’avenir. Des programmes d’enseignement bien conçus et mis en œuvre avec la participation des parents peuvent préparer les enfants autochtones à vivre dans deux mondes et à choisir leur avenir. Il est normal que les autochtones s’attendent à obtenir du système d’éducation des résultats comparables à ceux des autres Canadiens. Cela ne sera pas possible si aucun changement n’est apporté au système d’éducation. Si l’on veut que les choses changent sensiblement, il faudra que les autochtones aient le pouvoir d’organiser eux- mêmes leur système d’éducation et d’influer sur l’éducation de leurs enfants. » Commission royale sur les peuples autochtones, volume 3, chapitre 5, 1.5 2
3 Vision Nous avons comme vision d’assurer à tous les bébés et à tous les enfants autochtones ainsi qu’à leurs familles le plein accès à des programmes communautaires complets et intégrés de développement de la petite enfance, offrant des services de garde de bonne qualité, sécuritaires, et qui sont fondés sur la culture et l’enrichissement de la langue dans le cadre d’un système intégré de développement de la petite enfance pour les Autochtones qui soutient les familles, veille au développement holistique des enfants, atténue les disparités, stimule le développement et aide tous les enfants autochtones à avoir le meilleur départ possible dans la vie.
4 La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (Déclaration) Cette Déclaration « représente pour tous les peuples autochtones de la terre l’aboutissement de plus de vingt ans d’effort pour faire préciser et respecter nos droits, y compris nos droits à l’éducation ». Chef Picard, APN du Québec
5 Histoire de la Déclaration Les travaux ont commencé à l’ONU en La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones a été adoptée par l’Assemblée générale le jeudi 13 septembre 2007 avec une majorité de 144 États pour et 4 États contre (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande et États-Unis). En mai 2016, le Canada a retiré officiellement son statut d’objecteur envers la Déclaration, près d’une décennie après son adoption par l’Assemblée générale de l’ONU.
6 Qu'est-ce que la Déclaration? Son but est d’encourager les pays à travailler en collaboration avec les peuples autochtones pour régler des problèmes de nature globale. Elle souligne les luttes des peuples autochtones. Elle définit les droits collectifs des peuples autochtones en matière de culture, d’éducation, d’identité, de langue, d’emploi et de santé. Elle met en relief le droit des peuples autochtones de conserver et de renforcer leurs propres institutions, leur culture et leurs traditions. Elle met principalement l’accent sur le fait que les peuples autochtones pourront protéger leur patrimoine culturel et d’autres aspects de leur culture et de leur tradition, un facteur extrêmement important pour préserver leur patrimoine.
7 « Aucune relation n’est plus importante pour moi et pour le Canada que la relation avec les peuples autochtones. Il est temps de renouveler la relation de nation à nation avec les peuples autochtones pour qu’elle soit fondée sur la reconnaissance des droits, le respect, la collaboration et le partenariat. » Extrait d’une allocution de Justin Trudeau devant l’Assemblée des Premières nations, décembre 2015.
8 Répercussions de la Déclaration Transformation en profondeur de la volonté à l’échelle du monde de protéger les droits, la culture, la langue, la dignité et le bien-être de tous les peuples autochtones.
9 « Travailler avec les provinces et les territoires ainsi qu’avec les Premières Nations, la Nation métisse et les Inuits afin d’appuyer les travaux de réconciliation et de poursuivre le processus nécessaire de divulgation des faits et de guérison, en vue de donner suite aux recommandations de la Commission de vérité et de réconciliation, en commençant par la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. » Lettre de mandat du PM à la ministre Bennett, 2016
« Collaborer avec le ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social pour tenir des consultations avec les provinces, les territoires et les Autochtones sur la création d’un cadre national pour l’apprentissage et la garde des jeunes enfants comme première étape vers l’offre de services de garde abordables, souples et entièrement inclusifs de qualité supérieure. » Lettre de mandat du PM à la ministre Bennett,
Article 13 « Les peuples autochtones ont le droit de revivifier, d’utiliser, de développer et de transmettre aux générations futures, leur histoire, leur langue, leurs traditions orales, leur philosophie, leur système d’écriture et leur littérature, ainsi que de choisir et de conserver leurs propres noms pour les communautés, les lieux et les personnes. » 11
Le BESOIN de services Les membres des Premières nations au Canada (53,2 % de l’ensemble des peuples autochtones) sont jeunes, l’âge moyen étant de 25 ans. Les femmes autochtones sont quatre fois plus susceptibles d’avoir un enfant au cours de leur adolescence que les femmes allochtones et les enfants autochtones sont deux fois susceptibles de vivre dans une famille monoparentale que les enfants allochtones. 67 % des 430 communautés autochtones ont indiqué avoir des services de garde réglementés dans leur communauté. 78 % de l’ensemble des enfants autochtones âgés de zéro à cinq ans n’ont pas accès à des services de garde réglementés dans leur communauté. 12
Les services éducatifs et de garde d’enfants sont essentiels pour fournir une base solide sur laquelle assurer le développement de personnes en santé et sûres d’elles qui, une fois adultes, auront du succès dans la vie. 13
Soutien aux services Les initiatives d’éducation à la petite enfance sont soutenues par les droits inhérents des Premières nations et les traités, par la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et par la Convention internationale relative aux droits de l’enfant. 14
Soutenir de façon suffisante la prestation de services éducatifs et de garde d’enfants de qualité dans les communautés autochtones exige au minimum les composantes suivantes : Conception et prestation de programmes pour former des professionnels de la petite enfance; Élaboration de normes et de règlements; Financement pour permettre aux étudiants d’obtenir un diplôme en éducation de la petite enfance; Financement pour l’infrastructure, le fonctionnement et la consolidation de services de garde réglementés dans toutes les communautés autochtones; 15
Soutien pour l’élaboration de programmes éducatifs au sein desquels sont enchâssées la langue et la culture; Soutien de modèles de services intégrés, c.-à-d. écoles, santé, services à la famille; Soutien pour la conception et la mise en œuvre d’instruments d’évaluation adaptés culturellement; Perfectionnement professionnel continu pour répondre aux besoins uniques des enfants autochtones et de leurs familles; 16
Services de soutien à domicile et de soutien aux familles; Salaires et avantages sociaux comparables à ceux des professionnels de la petite enfance hors réserve, avec des hausses du coût de la vie. 17
Il est essentiel d’avoir des modèles qui facilitent l’application d’approches holistiques en éducation (p. ex. Modèle holistique de l’apprentissage tout au long de la vie des Premières nations, CCA, 2007). Les modèles accessibles, suffisamment financés, adaptés à la culture et fondés sur la collaboration sont ceux qui donneront les meilleurs résultats. 18
Non seulement les Premières nations font-elles face à des difficultés pour obtenir le soutien nécessaire en matière d’éducation à la petite enfance, mais également pour adapter leurs approches aux différences régionales. 19
ENFIN Il est essentiel de reconnaître aux Premières nations le droit de concevoir, de développer et de fournir leurs propres programmes d’éducation à la petite enfance et de leur accorder du financement soutenu afin que tous les enfants autochtones aient accès à des services dans leur langue et adaptés à leur culture. L’accès à des services éducatifs et de garde d’enfants contribuera à réduire les écarts de scolarisation entre les personnes autochtones et les personnes allochtones et à assurer plus tard leur réussite dans la vie. 20