2/4 ans, une période clé pour l’école maternelle

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Transcription de la présentation:

2/4 ans, une période clé pour l’école maternelle Viviane Bouysse, inspectrice générale de l’Education nationale Valence, 6 décembre 2013

Plan de l’exposé Prendre en compte les spécificités des petits (différences fortes mais points communs nets) Penser des conditions suffisamment bonnes pour scolariser les très jeunes enfants (qualité structurelle, qualité des processus) Repenser certains gestes professionnels (souplesse, adaptation)

Introduction : une nouvelle carte d’identité pour l’école maternelle Code de l’éducation, article L321-2 (article 44 - loi 08 /07/ 2013) La formation dispensée dans les classes enfantines et les écoles maternelles favorise l'éveil de la personnalité des enfants, stimule leur développement sensoriel, moteur, cognitif et social, développe l'estime de soi et des autres et concourt à leur épanouissement affectif. Cette formation s'attache à développer chez chaque enfant l'envie et le plaisir d'apprendre afin de lui permettre progressivement de devenir élève. (…) ----- Une unité retrouvée, un cycle autonome (Décret n°2013-682 du 24 juillet 2013) Cycle 1 = cycle des apprentissages premiers Trois niveaux de l’école maternelle appelés respectivement petite section, moyenne section, grande section.

Prendre en compte les spécificités des petits Objectifs de l’éducation en milieu collectif durant la petite enfance : favoriser le développement affectif, social, moteur, motivationnel et cognitif des jeunes enfants. Veiller à ce que cette première étape soit un « bon départ » pour le parcours scolaire : donc, susciter / encourager la confiance en soi ; les capacités de communication et de coopération avec les autres ; l’envie de découvrir et de réussir.

Prendre en compte les spécificités des petits Des besoins variés à respecter : y répondre (1). Besoins sociaux et affectifs : attachement, sécurité ; affirmation progressive d’une première autonomie (importance de règles explicites ET de marges de liberté). Besoins physiologiques : repos (autour de 12 H. de sommeil par 24 heures, dont sieste), repli (isolement / retrait temporaire), propreté, nourriture, eau. Besoins psychomoteurs : motricité globale et fine, prise de risques en sécurité, etc. Besoins de jeu – « play » - (rêverie, création ; activité gratuite). Jeunes enfants : besoins de « désordonner leur monde pour comprendre comment il s’ordonne ». Bernard GOLSE

Prendre en compte les spécificités des petits Des besoins variés à respecter : y répondre (2). Besoins de découvertes et de connaissances en réponse à sa curiosité : exploration, observation, action ; répétition, remémoration ; imagination-imaginaire ; attention esthétique. Besoins d’expression langagière et de communication : échanges ; confidences ; écoute (récits). Objectif = que les enfants vivent bien leur petite enfance tout en s’engageant à leur mesure et à leur manière dans les apprentissages.

Prendre en compte les spécificités des petits Avec les petits, premiers apprentissages = apprentissages incidents selon des modalités contextualisées dans des situations dites fonctionnelles (non « didactisées ») et grâce à des interactions personnalisées. Apprentissage par observation-imitation-répétition, par essais-erreurs exploitant les occasions. ------> créer ces occasions. Imitation : « passage dans et par le corps de l’enfant » (J. Méard, AGEEM 2009). Référence aux « neurones miroir ». les enfants imitent davantage les séquences d’action qui produisent le résultat souhaité (A. Florin).

Penser des conditions suffisamment bonnes pour scolariser les très jeunes enfants Qualité structurelle Des choix qui impliquent l’équipe pédagogique Forme même de la « classe » ou du dispositif. Aménagements du temps : souplesse et régularité. Aménagements de l’espace : penser la place des petits dans les espaces collectifs ; penser des interactions dans ces espaces collectifs. Une personne au moins en plus du professeur des écoles et une stabilité des « encadrants » (importance de « l’attachement sécurisé »).

Penser des conditions suffisamment bonnes pour scolariser les très jeunes enfants Qualité des processus : 1/Accueil et socialisation Accueil : favoriser une séparation en douceur avec les parents (présence acceptée un moment ; substituts tolérés aussi longtemps que nécessaire). Pour le jeune enfant, processus de socialisation = processus d’intégration à des cercles sociaux divers (famille, classe, école, autres selon modes de vie) ET, en même temps, acquisition d’une première autonomie personnelle. (Evolution fréquente : à côté … / comme … / avec ….) La socialisation n’est pas un préalable mais s’organise dans et par la mise en activité, en situation, avec une régulation attentive de l’adulte éducateur.

Penser des conditions suffisamment bonnes pour scolariser les très jeunes enfants Qualité des processus : 2/ Activités Activités induites par des mises en situation d’abord ; langage en accompagnement avant d’être vraiment inducteur (valeur et fonction de la consigne à construire progressivement). D’où l’importance de l’aménagement du milieu et de la « démonstration ». A favoriser : déplacements ; grandes manipulations ; jeux ; explorations (assemblages, démontages, modelages…). Attention au matériel (normes liées à la sécurité)

Penser des conditions suffisamment bonnes pour scolariser les très jeunes enfants Qualité des processus : 2/ Activités - suite Les enfants doivent AGIR, c’est-à-dire prendre des initiatives (et non pas systématiquement exécuter des ordres) et « faire » (essayer, recommencer, etc.). Imiter (un pair, l’adulte). REUSSIR : aller au bout d’une « intention », puis d’un « projet » ou de la réponse à une consigne, et ceci de manière satisfaisante. COMPRENDRE : ce qui suppose une prise de distance, une prise de conscience (relations moyens / fin ); condition pour réussir à nouveau. INTERACTIONS, ETAYAGE INDISPENSABLES

Penser des conditions suffisamment bonnes pour scolariser les très jeunes enfants Qualité des processus : 2/ Activités - suite L’articulation AGIR / REUSSIR / COMPRENDRE conduit à élaborer une première « réflexivité » qui participe fortement à la construction d’une posture d’élève. La « conscientisation » est directement en relation avec la « réflexivité ». C’est dans la durée que cette pédagogie opère. Les relations avec les parents doivent contribuer à tisser des continuités ente l’école et l’extérieur.

Penser des conditions suffisamment bonnes pour scolariser les très jeunes enfants Qualité des processus : 3/ Langage Reformulation du langage émis par les enfants : donner une bonne forme à leurs propos (en restant à leur portée) et les rendre compréhensibles pour les autres. Conversations personnalisées. Langage en accompagnement des activités : commentaires, mise en lumière des relations entre causes et effets, etc. mais aussi attribution de sens : à un « dessin », à ce qu’ils ont « fabriqué »… Langage sur les activités mais hors temps d’action : commentaires de photos, de « traces » ; supports à fabriquer (cf. supports utilisés dans Parler bambin).

Penser des conditions suffisamment bonnes pour scolariser les très jeunes enfants Qualité des processus : 3/ Langage - suite Formulettes, comptines, chansons : dire, redire, faire dire. (bon contenu pour des rituels collectifs) Histoires racontées, « jouées » puis lues : Porter attention au choix des premiers livres. Faire construire les attitudes physiques du « lecteur » ; éduquer le regard. Rendre attentif aux relations entre signes ou symboles et référents (avec imagiers par exemple), aux relations entre images et textes (fonction symbolique en cours d’installation). Faire redire avec l’appui des images dès que possible.

Langage, école et réalités sociales C’est justement parce que tous les enfants n’ont pas l’expérience du « langage académique » dans leur milieu de vie qu’il importe que l’école y consacre son énergie (dans la durée). La nature et la qualité de l’oral parlé sont de puissants marqueurs sociaux, à l’origine de nombreuses discriminations. C’est à la prévention de ce problème qu’il faut travailler pour travailler à « égaliser les chances ». Lutter contre les déterminismes sociaux, travailler à l’égalisation des chances = lutter pour une meilleure maîtrise par chacun de son langage. Maîtrise ===> début de conscience + possibilités de choix (donc avoir des ressources et des capacités de jugement).

Repenser certains gestes professionnels Penser un emploi du temps souple Objectif = conduire l’enfant à « se synchroniser », à s’inscrire dans le temps de tous. De la régularité (mais revoir les rituels) ET de la souplesse quant à la durée des divers moments. Sortir de la seule alternance regroupements / ateliers. Ménager du temps pour des activités à choix individuels parmi une offre. Exploiter les milieux extérieurs (s’adapter au temps). Penser la distribution du temps du PE et du temps de l’ATSEM (ou…).

Repenser certains gestes professionnels Aménager l’espace : une variable essentielle Ménager des espaces de « déambulation » : les enfants doivent pouvoir bouger sans perturber la classe. Créer un sentiment de sécurité : les enfants ont besoin de repères, besoin aussi de coins de repli. Orienter les activités, autoriser les initiatives : les enfants doivent pouvoir choisir, être attirés par le matériel mis à disposition. Favoriser les interactions : les espaces doivent pouvoir accueillir des petits groupes. Penser un affichage esthétique et fonctionnel d’abord, avant d’être « didactique ». Différer les écrits inutiles.

Repenser certains gestes professionnels Préparation de la classe et régulation de l’action pédagogique Réflexion sur le milieu (quoi/où/pourquoi/…) Anticipation sur les potentiels des activités proposées en fonction d’objectifs éducatifs (vers quoi orienter l’activité des « désoeuvrés » ou réorienter celle des autres). Préparation des consignes (même si elles ne suffisent pas) et anticipation du langage autour… Après-coup : valoriser les prises de notes portant traces d’observations, la documentation de l’action, l’adaptation de l’action en fonction des observations.

Repenser certains gestes professionnels Posture professionnelle Une attitude incitatrice et structurante : fournir des modèles (langage et action), provoquer des décentrations, fournir des rétroactions. Une disposition professionnelle permanente : savoir soutenir/étayer (rappel des fonctions de l’étayage : enrôlement, réduction des degrés de liberté, maintien de l’orientation sur la tâche, signalisation des caractéristiques importantes, contrôle de la frustration, démonstration). Une aptitude à communiquer avec le/la co-encadrant(e). Une ouverture aux parents, une qualité d’accueil.

Repenser certains gestes professionnels Evaluation Sortir de l’approche normative. Penser de manière positive (progrès++) sans négliger des signes d’alerte (aides éventuelles à solliciter). Organiser une trace du parcours (trace individuelle : port folio ou autre forme ; traces collectives : livre d’or, affichage, journal de bord…). Impliquer les parents dans l’observation des progrès de leur enfant : en posant des questions simples, susciter un intérêt pour certains signes ; avoir des rencontres régulières pour faire le point… Impliquer l’enfant : mettre en mots ses progrès, l’inciter à le faire lui-même dès que possible.