Universaux « Eléments communs à toutes les langues naturelles ... »

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Universaux « Eléments communs à toutes les langues naturelles ... » phonétique ET phonologie

Questions ... -Toutes les (ou la grande majorité des) langues possèdent-elles un : /i/ ? /u/ ? /y/ ? /p/ ? /f/ ? Combien y-a-t-il de voyelles en français ?

Pourquoi certains phonèmes sont plus fréquents ? Si 2 langues possèdent un /i/, est-ce forcément le même (français,anglais, suédois, etc.) ? Dans une même langue, un /a/ est il toujours le même /a/ ? toujours un [a] ? Quelles sources de changements ? Est-ce identique pour toutes les voyelles ?

Qu’est ce que cela implique ? Arabe classique : /a/, /i/, /u/ Comment la notion de phonème est déterminée ? (opposition / distribution) F.L.E.  « géminées »

UCLA Phonological Segment Inventory Database UPSID UCLA Phonological Segment Inventory Database

Pourquoi faire ? Une base de données linguistique : Un grand nombre de langues (451) y sont répertoriées avec leur système phonémique On peut ainsi faire des recoupements sur les familles de langues, obtenir des renseignements rapides  OUTIL PHONOLOGIQUE

Combien de voyelles par langue en moyenne ?

2549 voyelles monophtongues sont ainsi classifiées sous ces trois paramètres

Quelques observations Voyelles antérieures sont normalement non arrondies (94,0%) Voyelles postérieures sont normalement arrondies (93,5%) Voyelles basses sont normalement centrales(75,1%) Voyelles centrales sont normalement basses(69,4%)

Inventaires vocaliques Maddieson (1984) note que les inventaires vocaliques varient de 3 à 15 qualités vocaliques  On parle bien des timbres/qualités de voyelles (longueur, nasalité confondues)

Les systèmes « vedettes » (/a/,/i/,/u/ ...)

Certains inventaires courants ... D’autres inventaires encore jamais vus ...

introduction Il y a un nombre (même infini) énorme d’articulations possibles Évidemment, elles ne sont pas toutes utilisées dans 1 langue. Mais au travers des langues, certains phonèmes sont très communs, alors que d'autres sont très rares. la théorie quantique, la théorie de dispersion adaptative et la théorie de la dispersion focalisation cherchent à expliquer de pourquoi certains phonèmes -et certains systèmes- sont favorisés universellement.

Récapitulatif et Objectifs  comprendre les phénomènes de production / perception de la parole Avant ces théories, la phonétique avait principalement joué un rôle d’interprétation des formes linguistiques en un résultat physique réalisable. Son point d’intérêt était la parole, plutôt que le langage. Ces théories montrent comment des mécanismes de communication de la parole affectent la structure linguistique et communicative de plus haut niveau. Ne pas oublier l’aspect diachronique …  ,subi’tanum

La théorie de la dispersion adaptative (TAD) Hypothèse principale : les sons (contrastifs) sont placés dans l'espace phonétique tels que les distances perceptives parmi eux sont maximisées (ou optimisées) (Liljencrants & Lindblom, 72; Lindblom, 86; Lindblom & Maddieson, 88) ; idée sous-jacente : les locuteurs et les auditeurs en bénéficient si le message est facilement récupérable depuis le son articulé (cf. Lindblom 1990)

2ème formant i u 1er formant a

La théorie de la dispersion adaptative (TAD) La théorie de dispersion adaptative offre une explication à la préférence universelle pour les voyelles [i, a, u]. Ces voyelles sont aux extrémités de l'espace vocalique physiologiquement possible. Ainsi elles sont maximalement distinctes au niveau acoustique et sont peu susceptibles d'être confondues par un auditeur. hypothèse : les capacités des auditeurs à entendre des distinctions vocaliques fournissent une pression sélective sur l’inventaire phonémique

La théorie de la dispersion adaptative (TAD)  les résultats Quelques résultats des calculs du «modèle F» de Lindblom (1986) : Préférence générale pour trois voyelles périphériques (cardinales) [i], [a], [u], indépendamment de la taille de l'inventaire vocalique. Préférence pour une voyelle moyenne antérieure [e]/[E], et une voyelle moyenne d’arrière [o]/[O] plutôt que pour des voyelles moyennes ou hautes non-périphériques (centrales) Préférence pour les voyelles non-périphériques élevées [y] plutôt que pour des voyelles centrales moyennes. Des voyelles non-périphériques hautes et une voyelle centrale (haute) sont insérées avant des voyelles perphipériques additionnelles.

6 5 4 3

Les systèmes « vedettes »

10 9 8 7

TAD : critiques et limites Si le contraste perceptif est maximisé, pour pourquoi nous n'observons pas une préférence pour par ex. [i], [], [u] ? (Ohala, 1980) ( Cf. Martinet) l'optimisation n'implique pas nécessairement la maximisation; dès 1986, Lindblom parle plus tard de contraste suffisant Le tout basé sur F1 et F2 ? (y?)

TAD : critiques et limites Pas véritablement prévu pour généraliser aux inventaires consonantiques Malgré tout des concepts tels que la maximisation de contraste ont été employés dans l'analyse de la phonotactique (des consonnes) (Flemming, 1995 ; Silverman, 1997, Schwartz, 2000)

TAD : critiques et limites Les modèles correctement prédits sont ceux pour les systèmes de 3 à 6 voyelles. Pour de plus grands systèmes (7 +), diverses erreurs se produisent (prédiction de trop de voyelles centrales hautes), cependant généralement « pas plus d'une erreur par système », selon les auteurs.

TAD : critiques et limites Cependant, il y a des faiblesses dans la théorie de la dispersion adaptative (hormis certaines prévisions incorrectes spécifiques). Elle n'aborde pas la question de pourquoi les langues ont des inventaires de tailles diverses, ou pourquoi elles auraient de grands inventaires. Elle n'explique pas pourquoi on observe des variations inter-langues de la distribution du même nombre de voyelles Et elle ne considère aucunement les questions liées à l'articulation (facilité d'articulation, etc.). revu dans les tout récents travaux de Lindblom

QT La Théorie quantique Hypothèse principale de la théorie quantique (Stevens, 1972, 1989) : les catégories phonétiques universelles favorisées représentent des zones relativement stables dans la correspondance articulation-acoustique (et acoustique-perception) l'idée fondamentale : placer des catégories phonétiques dans des secteurs stables bénéficie aux locuteurs et aux auditeurs (elle augmente la probabilité qui les cibles acoustiques soient atteintes

la relation articulation/acoustique est non linéaire Il y a une grande différence acoustique (et auditive) entre les régions I et III. A l’intérieur des régions I et III, cependant, le paramètre acoustique est relativement peu sensible aux changements du paramètre articulatoire. En d'autres termes, les changements de l'articulation n'ont pas beaucoup d'effet sur le rendement de la parole.

Théorie Quantique D’après l’hypothèse que le rapport entre les mouvements articulatoires et leurs résultats acoustiques est non linéaire, QT prévoit essentiellement que les langues choisiront leurs « sons de base » aux régions stables de l'espace acoustique. La distribution de ces voyelles/consonnes quantiques serait ainsi indépendante de la taille de l'inventaire.( !)

exemples… Exemples des catégories quantiques à partir d'un continuum articulatoire : Nasalité des voyelles Degré de constriction glottale : ouverture complète pour les sons non voisés / moins d'ouverture pour un voisement modal / fermeture complète pour un coup de glotte degré de constriction du conduit vocal : voyelle (basse, moyenne, haute) / semi-voyelles ; fricatives / occlusives Lieu d'articulation pour les voyelles (c.-à-d., lieu de la constriction antérieure/centrale/postérieure)

hypothèses de la théorie quantique L’hypothèse de Stevens est que les contrastes linguistiques comportent des différences entre les régions quantiques (I et III).

Origine communicationnelle Pourquoi les régions quantiques influencent-elles les systèmes de sons ? Les articulations n’ont pas à être précis pour produire un certain résultat. Et le mouvement continu à l’intérieur de la région quantique rapportera un état d'équilibre acoustique. L’imprécision articulatoire n'affectera pas la perception.

En résumé, l'espace articulatoire est nécessairement continu, mais différentes articulations peuvent produire des effets acoustiques qualitativement différents (discrets). Les régions « Plateau » seront les corrélats des traits distinctifs.

Critiques (1/2) Cependant, il y a des critiques (très vives) sur la théorie quantique. Elle prédit une plus grande similitude dans le détail acoustique à travers des langues que celle effectivement observée sur les données. Elle n'explique pas les distinctions qui se fondent sur des paramètres articulatoires multiples (une région de stabilité pour une peut être instable pour d’autres)  phonologie articulatoire (Browman & Goldstein, 91)

Critiques (2/2) Il n'est pas réellement clair que tenir compte de l’imprécision articulatoire soit si important. Un avantage postulé des sons dont l’acoustique est relativement peu sensible à la variation articulatoire est que ceci permet l'imprécision dans l'articulation sans des conséquences acoustiques désastreuses. Mais les langues ne semblent pas en profiter...

Conclusion sur les 2 … TAD : principe systémique et relationnel, perceptif QT : principe local et absolu; des mvts articulatoires continus produisent des segments acoustiques discrets avantages complémentaires (consonnes/voyelles, articulation/perception)

La théorie de Dispersion-focalisation (DFT de l’ICP, Schwartz et al.) La théorie de Dispersion-Focalisation (DFT) essaye de prévoir des systèmes de voyelle basés sur deux composantes perceptives : la dispersion globale, qui est basée sur des distances inter-voyelles ; la focalisation locale, qui est basée sur la proéminence spectrale d’une voyelle due à la proximité de deux formants.

F2 F2 F1 F1 F3 F2 F2

Qu’améliore-t-elle ? Le rapprochement de deux formants a plusieurs conséquences : la création d’un pic spectral proéminent dans la région fréquentielle regroupant les deux formants. les formants proches sont également intégrés d’un point de vue perceptif en un pic simple. Les voyelles orales du français, et parmi celles-ci les voyelles /i/ et /y/, sont fréquemment considérées, par exemple par Jones comme de bons prototypes des voyelles cardinales. /i/ et /y/ notamment sont mentionnées comme des représentantes idéales du processus de focalisation [9] dérivé de la théorie quantique [10], puisque caractérisées par le rapprochement de deux de leur formants (F3/F4 et F2/F3 respectivement).

Fin ... et suite ... Elle est particulièrement utile pour le français et ses voyelles arrondies antérieures ... Analyse étendue aux consonnes ... pourquoi /ba da ga/ plutôt que /da ɟa ga/ ? Occlusives palatales /c ɟ/ apparaissent dans 16% des langues seulement, occlusives uvulaires /q G/ dans 14%, occlusives pharyngales /ʡ/ dans 0.7 % perceptif articu-latoire

Suite d’UPSID : ULSID L'effet « Labial-Coronal » : ou pourquoi les langues préfèrent le pâté aux tapas Concernant les enchaînements CVC ou CV.CV, les langues privilégient (ratio de 2.5) : des combinaisons impliquant des articulateurs différents pour les deux consonnes (/pata/ plutôt que /papa/), les structures débutant par une consonne labiale (L) suivie d'une cons. coronale (C) (cf. /pata/, (LC), plutôt que /tapa/, (CL). Cette asymétrie, appelée " effet LC " (MacNeilage & Davis, 2000), est mise en évidence à la fois dans les données linguistiques (ULSID) et dans les donnés développementales : plus de stabilité articulatoire (répétition accélérée de /pata/ et /tapa/) frame then content (+ facile de faire des labiales)

Suite et fin ... Dans des syllabes CV (les + fréquentes), préférences pour : consonnes labiales avec voyelles centrales consonnes coronales avec voyelles antérieures consonnes dorsales avec voyelles postérieures