Les apports de l'IDEI à l'économie du secteur électrique Conférence Jules Dupuit 10 décembre 2004 Hommage à Jean-Jacques Laffont Les apports de l'IDEI à l'économie du secteur électrique Jean-Paul Bouttes : délégué à la stratégie industrielle, branche production-ingénierie, Electricité De France
articuler la maîtrise des théories économiques récentes avec Introduction Introduire dans l'analyse le jeu des acteurs industriels, régulateurs, pouvoirs publics L'électricité, un bien hybride industriel et marchand bien essentiel, lieu de politiques publiques articuler la maîtrise des théories économiques récentes avec la complexité et la réalité des caractéristiques physiques, économiques et industrielles du secteur les enjeux et le fonctionnement du politique pour en tirer des propositions simples et opératoires Illustrations autour des débats actuels Incitations à investir dans de nouvelles centrales et de nouvelles lignes : quelles règles du jeu ? Multi-objectifs des pouvoirs publics (environnement (CO2), accès à des prix raisonnables,…) : cohérence et crédibilité des politiques de l'énergie dans la durée ?
Apports de l'IDEI à l'économie du secteur électrique 1989 : EDF partenaire de l'IDEI depuis sa création Formation des ingénieurs et économistes d'EDF aux théories modernes de l'économie industrielle et de la réglementation (6 à 9 séminaires par an) Outils de base (théorie des jeux, éco. de l'information, concur. imparfaite, droit de la concurrence...) Régulation des monopoles (incitations & régulation, price-caps, concessions de services public…) Pools, marchés de gros, régulation de l'ATR (enchères, marchés à terme, droits de transit) Economie de l'environnement (ressources non renouvelables, permis négociables…) Ouverture à d'autres thèmes de recherche en économie Donner la culture économique et le cadre conceptuel nécessaire pour appréhender le nouveau cadre de concurrence et de régulation Atouts de l'IDEI : compétence scientifique, modes de relations avec l'entreprise Le rôle clé de J.J.Laffont Articles et rapports de l'IDEI sur le secteur : quelques exemples illustratifs Contributions au Rapport Champsaur 1999 (tarification du réseau, subventions croisées) Droits d'accès aux réseaux de transport, régulation et investissements dans les réseaux : Joskow & Tirole Politiques et intruments de l'environnement (permis d'émissions négociables…) : Laffont & Tirole, Moreaux… Marchés de gros, enchères multi-unitaires : Martimort, Crampes… Conférences annuelles à Toulouse sur les marchés de l'électricité
I Prendre en compte les caractéristiques techniques et économiques du secteur (1) La tarification d'EDF : coût marginal de long terme (CMLT) vs péage de Ramsey-Boiteux Inciter les consommateurs à faire les bons choix d'investissement de "terminaux énergétiques" : leur envoyer le coût complet des nouvelles centrales qu'il faut construire pour satisfaire leur courbe de charge Tarifer au CMLT est un signal efficace La fonction de coût de la production est sous-additive, mais à la marge de "grands systèmes" : à rendements d'échelle globaux constants Tarifer au CMLT permet l'équilibre budgétaire Tarifs au CMLT : moins d'asymétrie d'information avec le régulateur que les tarifs de Ramsey-Boiteux (coûts de court terme, élasticité de la demande) Moins manipulable
I Prendre en compte les caractéristiques techniques et économiques du secteur (2) Incitations à investir dans de nouvelles centrales de production dans la concurrence : quelles règles du jeu sur les marchés de gros de l'électricité ? Construire une centrale supplémentaire permet de diminuer l'occurrence de situations tendues pendant lesquelles il peut être nécessaire de délester, pour éviter un effondrement du réseau (non stockabilité de l'électricité et inélasticité de la demande en temps réel) Il n'existe pas de prix d'équilibre dans ces situations : nécessité de la main visible du régulateur et du gestionnaire de réseau en temps réel pour organiser les délestages préventifs et instaurer un "prix fictif" de l'électricité à un niveau suffisant pour inciter à développer les moyens nécessaires Il faut s'assurer de la convergence des anticipations des acteurs sur les occurrences de ces situations quelques années à l'avance : Informations sur les équilibres offre-demande à 10 ans fournies par le régulateur et le gestionnaire de réseau ?
II. Cohérence des politiques publiques et incitations à investir (1) Permis d'émissions négociables CO2 : règle sur les "nouveaux projets" en Europe "nouveaux projets" (plus approprié que "nouveaux entrants") : un nouvel investissement "polluant" (charbon ou gaz) a droit à des permis gratuits pour ses émissions futures incite à produire du CO2…et augmente artificiellement le coût de la politique environnementale Conditions initiales de négociation de la Directive sur les permis : Accord des allemands sous réserve de pouvoir poursuivre leur politique énergétique (subvention du charbon et des énergies renouvelables) Cohérence entre objectif environnemental (CO2) et aménagement du territoire (charbon national) ? Les instruments économiques ne peuvent être efficaces que s'ils s'incrivent dans le cadre de politiques cohérentes, avec une conception "orientée sur les choix d'investissements" ?
II. Cohérence des politiques publiques et incitations à investir (2) Un bref retour sur les crises électriques récentes : Californie, Italie, New-York… Les raisons principales Absence de coordination des réseaux connexes : construire l'Europe de l'électricité Impossibilité de construire de nouvelles centrales ("Not In My Back Yard") : des politiques énergétiques claires, avec leur déclinaison locale (débats publics locaux/procédures d'autorisation) Des prix-plafonds inférieurs aux coûts complets des centrales : accès de tous à des prix raisonnables dans un contexte durable de coûts à la hausse (fin des surcapacités, hausse des énergies fossiles, contraintes environnementales sur les polluants atmosphériques et le CO2) Des questions pour les économistes Cohérence des politiques publiques (théorie des avocats et multi-objectifs…) Stabilité dans le temps de ces politiques ("engagement" du politique ?) Conséquence sur le "design" des instruments économiques (et sur les investissements)
Conclusion Des enjeux considérables pour les 30 ans à venir renouvellement des parcs électriques en Europe, avec les meilleures technologies disponibles ampleur des investissements côté offre et côté demande cohérence de l’action entre les pouvoirs publics, les régulateurs et le fonctionnement des marchés ==> permettre les investissements Éviter les effets de "mode" accès à un gaz bon marché "pour toujours" résolution "spontanée" des problèmes par la main invisible de la concurrence l'avenir est à l'entreprise virtuelle sans actif (commerçant-trader "pur") En progressant sur ces enjeux, et surtout en mettant ces analyses davantage à la disposition des décideurs, et des citoyens ? D.Maillard (Revue de l’Energie, 2000) : « Depuis Paul Valéry, nous savons que « tout ce qui est simple est faux et tout ce qui est compliqué est inutilisable », c’est précisément parce qu’il nous faut trouver la charnière entre le simple et le compliqué : le compréhensible. »