Cours IFSI Dr Agathe Sénéchal (CCA) Pneumologie Hôpital Louis Pradel

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Transcription de la présentation:

Cours IFSI Dr Agathe Sénéchal (CCA) Pneumologie Hôpital Louis Pradel TUBERCULOSE Cours IFSI Dr Agathe Sénéchal (CCA) Pneumologie Hôpital Louis Pradel

HISTORIQUE Vème siècle av. JC : phtysie - Hippocrate 1882 : Robert Koch identifie le bacille 1921 : première vaccination par le BCG (Calmette et Guérin) Au cours du 20ème siècle : développement d’ATB efficaces (streptomycine 1943, rifampicine 1963) Fin des années 1980 : réémergence de la maladie co-infection VIH/TB, bacilles multiresistants

EPIDEMIOLOGIE (1) Mondiale - incidence 8,8 millions en 2010 (=128 cas/100 000) - Pays en voie de développement +++ (Asie, Afrique…) - co-infection TB/VIH +++ - 1,1 millions de décès en 2010

Taux d’incidence de tuberculose estimé en 2010 WHO report 2011. Geneva (WHO/HTM/TB/2009.426).

EPIDEMIOLOGIE (2) En France - incidence basse : 5180 en 2010 (8,1 cas/100 000) - 15 hommes pour 10 femmes - classe d’âge la plus touchée : 25-44 ans - migrants / situation de précarité / collectivité / immunodéprimés - taux de mortalité bas : 1/100 000

Taux de déclaration de tuberculose maladie selon le lieu de naissance, France métropolitaine, 2010

EPIDEMIOLOGIE (3) En France - disparités régionales (Ile de France, Guyane…) - Rhône Alpes : 7ème région d’incidence 7,1/100 000

Cas déclarés de tuberculose maladie par région en 2010

Agent causal (1) Mycobactérie Complexe tuberculosis (7 espèces) 3 espèces responsables des TB humaines : Mycobacterium tuberculosis (=bacille de Koch=BK) Mycobacterium bovis Mycobacterium africanum Bacille intracellulaire facultatif, aérobie strict, acido-alcoolo-resistant (BAAR), croissance lente

BAAR au microscope électronique Coloration à l’auramine BAAR au microscope optique Coloration de Ziehl-Neelsen

PHYSIOPATHOLOGIE (1) Transmission - par voie aérienne (gouttelettes de sécrétions respiratoires aérosolisées émises par un patient atteint de TB) - seules les TB pulmonaires sont donc contagieuses - risque plus important de transmission si le patient a un examen direct positif (= est bacillifère) dans les prélèvements respiratoires (expectoration, aspiration bronchique, tubage gastrique)

PHYSIOPATHOLOGIE (2) Lésion primaire - pénétration du bacille jusqu’aux alvéoles pulmonaires - phagocytose par les macrophages - formation du GRANULOME épithélioïde et gigantocellulaire avec nécrose caséeuse au centre - migration éventuelle du bacille vers les relais ganglionnaires et/ou l’ensemble de l’organisme

Radiographie pulmonaire de face, primo-infection tuberculeuse nodule calcifié dans la base droite, trajet lymphangitique et adénopathie hilaire droite

PHYSIOPATHOLOGIE (3) Quelques définitions - Primo-infection : premier contact avec le bacille symptomatique ou asymptomatique - Infection tuberculeuse latente (ITL) : infection sans signe clinique, bactériologique ou radiologique Test tuberculinique + - Tuberculose maladie : infection active, présence de signes cliniques, radiologiques et bactériologiques

CLINIQUE (1) Primo-infection tuberculeuse (PIT) - le plus souvent asymptomatique - fièvre modérée, érythème noueux, pleurésie - évolution spontanément favorable dans 90% des cas - évolution vers une TB maladie dans 10% des cas : .dissémination par voie bronchique (TB pulmonaire) .dissémination hématogène (TB extrapulmonaire)

Erythème noueux

CLINIQUE (2) Tuberculose pulmonaire - touche préférentiellement les sommets et les segments postérieurs - signes respiratoires : toux, hémoptysies, dyspnée, douleur thoracique - signes généraux : fièvre, amaigrissement, asthénie, sueurs nocturnes

Radiographie pulmonaire de face Infiltrat des 2 sommets Radiographie et scanner thoracique caverne dans le segment apical du lobe supérieur gauche

CLINIQUE (3) Tuberculose miliaire = dissémination hématogène du bacille multiples organes atteints multiples granulomes de la taille d’un grain de mil (miliaire) - patients immunodéprimés, personnes âgées, nourrissons - fièvre, altération marquée de l’état général, dyspnée, signes neuro-méningés

miliaire tuberculeuse Scanner thoracique miliaire tuberculeuse

CLINIQUE (4) Formes extrapulmonaires - tous les organes peuvent être atteints !!! - moins fréquentes (25% des TB) - TB ganglionnaire = adénopathie le plus souvent cervicale, unilatérale, volumineuse, pouvant fistuliser à la peau (écoulement d’un liquide blanchâtre contenant du BK). Signes généraux absents

Adénopathie cervicale gauche Tuberculose ganglionnaire

CLINIQUE (5) Formes extrapulmonaires .TB osseuse : spondylodiscite tuberculeuse = mal de Pott Risque de compression médullaire et de déformation rachidienne (immobilisation, corset). .Pleurésie tuberculeuse .TB neuro-méningée : apparition progressive des symptômes, céphalées, irritabilité, troubles du comportement, atteinte des nerfs crâniens, fièvre, vomissements…

Déformation osseuse vertébrale en cyphose                                        IRM du rachis Mal de Pott Déformation osseuse vertébrale en cyphose après un mal de Pott

Radiographie pulmonaire de face Epanchement pleural gauche, pleurésie tuberculeuse

CLINIQUE (6) Formes extrapulmonaires .TB uro-génitale : signes fonctionnels urinaires Destruction du parenchyme rénal. Forme génitale = cause de stérilité dans les PVD .TB péricardique : fièvre, dyspnée, douleurs thoraciques. Epanchement péricardique .TB abdominal : péritoine, tube digestif, foie, rate…Douleurs abdominales, trouble du transit, parfois ascite

DIAGNOSTIC DE TB (1) Contexte évocateur - notion de contage tuberculeux - provenance d’un pays de forte endémie - immunodépression (VIH, traitement immunosuppresseur) - pneumonie traînante - signes cliniques évocateurs (toux, amaigrissement, fièvre)

PROPOSER SYSTEMATIQUEMENT UNE SEROLOGIE VIH DIAGNOSTIC DE TB (2) Eléments paracliniques d’orientation - Radiographie pulmonaire : infiltrat des sommets, nodule, caverne, miliaire… - Scanner thoracique : utile en cas d’hémoptysie, d’atteinte ganglionnaire médiastinal, et dans le bilan d’extension des formes extrapulmonaires - Biologie : rien de spécifique PROPOSER SYSTEMATIQUEMENT UNE SEROLOGIE VIH

UN EXAMEN DIRECT NEGATIF N’ELIMINE PAS LE DG DE TB DIAGNOSTIC DE TB (3) Confirmation du diagnostic = mise en évidence de la bactérie - Recherche de BAAR .à l’examen microscopique du prélèvement (examen direct, réponse rapide) .en culture (réponse plus tardive, de 15j à 3 mois) UN EXAMEN DIRECT NEGATIF N’ELIMINE PAS LE DG DE TB

DIAGNOSTIC DE TB (4) - Quels prélèvements ? .si suspicion de TB pulmonaire : 3 prélèvements 3 jours consécutifs des expectorations matinales LBA ou aspiration par fibroscopie bronchique si forte suspicion de TB et expectorations négatives .si suspicion de TB extrapulmonaire : rénale → prélever la totalité de la miction du matin 3 jours méningée → LCR (PL) ganglionnaire → ponction, exérèse pleural → ponction, biopsies miliaire → hémocultures (BACTEC ou ISOLATOR)

DIAGNOSTIC DE TB (5) Méthodes bactériologiques - Examen direct : examen microscopique coloration de Ziehl-Neelsen et auramine ou acridine Pas spécifique (tous les BAAR ne sont pas des BK), peu sensible - Culture : milieu liquide (délai de pousse 8 à 10j) milieu solide (délai de pousse 3 à 4 semaines) - PCR : détection du génome de M. tuberculosis. Réponse en quelques heures. Spécifique mais peu sensible

DIAGNOSTIC DE TB (6) Méthodes bactériologiques - identification de la bactérie - tests de sensibilité aux antituberculeux : .antibiogramme systématique .détection de gènes de résistance par PCR

IDR phlycténulaire = TB active DIAGNOSTIC DE TB (7) Diagnostic indirect - IDR à la tuberculine : Injection de 5UI (0,1ml) de tuberculine (TUBERTEST®) en intradermique stricte sur la face antérieure de l’avant-bras Lecture à 72h : mesure du diamètre de l’induration .Sujet immunocompétent : IDR+ si >10mm, IDR- si<5mm .Sujet immunodéprimé : IDR+ si>5mm IDR phlycténulaire = TB active

IDR – technique d’injection                                            IDR – technique d’injection IDR positive

DIAGNOSTIC DE TB (8) Interprétation de l’IDR - Tenir compte du statut vaccinal BCG et de la date de vaccination - Sujet non vacciné : toute IDR>10mm traduit une infection tuberculeuse (latente ou active) - Sujet vacciné : interprétation plus délicate car le BCG peut entraîner une IDR>10mm en l’absence de toute infection - Virage récent de l’IDR = augmentation de diamètre de 10mm entre 2 tests

DIAGNOSTIC DE TB (8) Tests interféron (ELISpot® ou Quantiféron®) - prélèvement sanguin - mesure de la production d’IFN-γ spécifique de M. tuberculosis - avantages : reste négatif après BCG, pas de nécessité de revoir le sujet à 72h - inconvénient : coût

ATTITUDE THERAPEUTIQUE (1) Information et éducation du patient - information : expliquer la maladie, son mode de transmission, la nécessité d’un isolement respiratoire et éventuellement d’un séjour en maison de convalescence, le traitement, la mise en œuvre d’un dépistage de l’entourage… - éducation : expliquer la nécessité absolue d’une prise quotidienne du traitement, sa durée Déclaration obligatoire (ARS)

ATTITUDE THERAPEUTIQUE (1) Traitement curatif de la TB maladie - QUADRITHERAPIE pendant 2 mois : isoniazide (RIMIFON®) 5mg/kg/j (INH) rifampicine (RIFADINE®) 10mg/kg/j (RMP) ethambutol (MYAMBUTOL®) 20mg/kg/j (EMB) pyrazinamide (PIRILENE®) 25mg/kg/j (PZA) - BITHERAPIE isoniazide + rifampicine pendant les 4 à 10 mois suivants (durée variable selon la localisation de la maladie : 6 mois si TB pulm, 9 à 12 mois si TB neuro-méningée) - EN UNE PRISE LE MATIN A JEUN

ATTITUDE THERAPEUTIQUE (1) Traitements adjuvants - Vitamine B6 en prévention de la neuropathie périphérique causée par l’isoniazide chez les patients à risque (grossesse, alcoolisme, dénutrition, insuffisance rénale, VIH) - Corticothérapie indiquée dans les méningites, les péricardites, les miliaires hypoxémiantes - Compléments alimentaires si dénutrition

ATTITUDE THERAPEUTIQUE (1) Cas particuliers - TB multirésistante (= R isoniazide et rifampicine) : à suspecter si le patient à déjà été traité pour une tuberculose, ou s’il est originaire d’un pays d’Europe de l’Est antituberculeux de 2ème ligne : amikacine, PAS, cyclosérine, moxifloxacine… - TB ultrarésistante (= multirésistante + R aminosides et quinolone) - co-infection TB-VIH : attention aux interactions médicamenteuses avec le traitement antirétroviral

SUIVI (1) Surveillance du traitement - observance (couleur des urines avec la rifampicine, dosage médicamenteux) - tolérance : réaction allergique cutanée hépatotoxicité – dosage régulier des transaminases troubles visuels – champ visuel, vision des couleurs - efficacité : RP (J15, J30, M2, M4, M6) examen bactériologique (entre J10 et J20)

SUIVI (2) Isolement respiratoire - Tout patient suspect de TB pulmonaire doit être placé en isolement respiratoire - Masque FFP1 - Levée de l’isolement après négativation de l’examen direct des prélèvements respiratoires (10 à 20j de traitement généralement)

Masque FFP1

TRAITEMENT DE L’ITL (1) - Il faut impérativement avoir éliminé une TB maladie pour pouvoir parler d’ITL (signes cliniques, RP, prélèvements respiratoires) - Traitement systématique de l’ITL chez les enfants, les adolescents, les immunodéprimés - Traitement des adultes ayant une IDR>15mm ou un test interféron positif dans l’entourage d’un malade bacillifère

TRAITEMENT DE L’ITL (2) - 2 schémas possibles : ISONIAZIDE en monothérapie 5mg/kg/j 6 mois RIFAMPICINE 10mg/kg/j + ISONIASIDE 5mg/kg/j 3 mois

PREVENTION (1) Vaccination par le BCG - BCG = Bacille de Calmette et Guérin - Souche de M. bovis dont la virulence a été atténuée par passage sur milieux de culture successifs. - Vaccin vivant

PREVENTION (2) Vaccination par le BCG - Protège contre .80% des infections disséminées ou neuro-méningé .50% des infections pulmonaires - Obligation vaccinale suspendue en 2007 - Reste fortement recommandée dès le premier mois de vie si : .enfant né dans un pays de forte endémie .enfant dont l’un des parents vient d’un pays de forte endémie .ATCD familiaux de TB .enfants résidant en Ile de France ou en Guyane .conditions socio-économiques défavorables

PREVENTION (3) Vaccination par le BCG - Obligatoire pour les professionnels de santé - Contre-indiquée dans les déficits immunitaires - injection intradermique stricte - BCG-ite : complication bénigne. Suppuration locale transitoire avec parfois adénopathie axillaire

BCG-ite