Histoire de l’édition française I Du Moyen Âge à l’Imprimerie royale 7. Les instances de contrôles

La censure l’arme meurtrière des guerres civiles et religieuses du XVIe siècle l’Ancien Régime ~500 éditions sorties de Josse Bade – 3 avec un permis d’imprimer de l’Université Innocent VIII et Alexandre VI la Réforme confessionnelle de Luther le 18 mars 1521, un mandement de François Ier Parlement de Paris – le pouvoir d’interdire

Le contrôle de la Sorbonne 1521, la condamnation des thèses de Luther l’approbation, sur la page verso du frontispice en juin 1523 – les livres de Luther brûlés Louis de Berquin, en 1529 l’édit royal du 13 janvier 1535 – aucun livre sans autorisation

Le contrôle de la Sorbonne Henri II, l’édit du 11 décembre 1547 le 3 septembre 1551, l’édit de Châteaubriant : la Faculté de Théologie – un contrôle total des imprimeries spécialisées dans les livres interdits 1540-50, à Lyon, 8 éditions de la Bible (1535) de Pierre Robert Olivétan (1506-38), cousin de Calvin des poursuites des libraires à Paris, Antoine Augereau brûlé le 24 décembre 1534 Etienne Dolet en 1546

Les imprimeurs fuient à partir de 1562 – la profession de la foi catholique Charles Périer, Charles Langelier (et son frère Arnoul) et André Wechel François Le Preux, 1565 → Genève → Lausanne Robert II Estienne à Genève en 1569 1568, André Wechel emprisonné → Strasbourg en 1569 à Paris après la foire de Francfort à nouveau à Strasbourg

La Saint-Barthélemy 24 août 1572 – les noces d’Henri de Navarre avec Marguerite de Valois la Ligue catholique 1585-94, un millier de livres et de textes occasionnels

Poursuivre les affaires les placards de propagande et les tracts politiques Jacques Du Puys, ~1562-89 1589, l’assassinat du roi Henri III un des premiers Français aux foires de Francfort ses affaires avec Lyon, Strasbourg, Bâle, Cologne, Venise, Florence … en 1562, une édition du psautier huguenot les ordonnances de 1553 et 1556 – la permission d’imprimer en tête de tout livre

Une coopération accrue le catholicisme institutionnel et les mouvements évangéliques le Parlement de Paris et la Sorbonne les produits de l’édition genevoise à partir de 1541, l’Institution de la religion chrétienne de Calvin le Parlement, le 1er juillet 1542: a) tous les livres luthériens et calvinistes remis aux autorités dans les trois jours b) tout livre pourvu d’une marque d’imprimeur c) aucun livre mis en vente sans avoir été inspecté d) la dénonciation des contrevenants

Une répression sans précédent 1545-51 François Ier à partir de 1547, d’Henri II le 8 octobre 1547 – une Chambre criminelle l’éradication de l’hérésie luthérienne et calviniste quelques 450 sentences en deux ans 60 condamnations à mort le 11 décembre 1547, la peine capitale l’autorisation préalable de la Faculté de théologie

Un premier catalogue la Faculté de théologie de la Sorbonne depuis 1543 l’ index de l’Université de Paris une introduction en latin une section latine une section française la liste alphabétique des auteurs incriminés

Toute la littérature évangélique Ex libris Desiderii Erasmi Roterodami Enchiridion militis cristiani Encomium moriae Ex libris Martini Lutheri heresiarchae De captiuitate babiloniae De abroganda missa Ex libris Vldrici Zuinglii De vera & falsa religione.

Les traductions de ces œuvres Ioannis Caluini Linstitution de la religion chrestienne. Catechisme. Stephani Dolet Brief discours de la republique francoyse, desirant la lecture des liures de la saincte escripture. Les epistres & euangiles des cinquante & deux dimenches de lan, auec briefue & tresutile exposition dicelles.

Des auteurs incertains Ab incertis authoribus Grandes annales & tresueritables des gestes & merueilleux faictz du grant Gargantua & Pantagruel roy des Dipsodes Pantagruel & Gargantua les rééditions actualisées à partir de 1547: Le tiers liure de Pantagruel, fait par Rabeles. M. D. XLVI.

Robert Etienne Catalogue de 1556, Nr. 345: Ex libris Roberti Stephani Exposition continuelle & familiere sur les quatre euangelistes L’Oliuier de Robert Estienne, 1554, quae continet 18 libros impios & nephandißimos.

La censure systématique les ouvrages de théologie et de polémiques religieuses une statistique des genres interdits: la Bible non autorisées ainsi que les commentaires et les exposés théologiques dans l’index de 1556: 22 textes polémiques l’accroissement des ouvrages historiques une alternative évangélique aux vies des saints de l’Eglise catholique ? la part des « divers » très marginale

Après les Guerres de religion la stabilisation du pouvoir royal sous le règne d’Henri IV, à partir de 1593 interdit de vendre des livres sans privilège royal ou des livres contrefaits la censure et la protection des ouvrages autorisés sous l’administration de Richelieu: de la censure prohibitive (= la suppression des ouvrages déjà imprimés) à la censure préventive (= l’examen des manuscrits avant qu’ils ne soient livrés à l’imprimeur) un contrôle direct sur toute la production

Une censure universelle ? en réalité fort limitée pour trois raisons: a) certaines catégories (les almanachs…) exemptées b) pour les livres de très modestes dimensions – un décret du juge local c) de nombreuses publications sans aucune autorisation l’expansion constante de la littérature pamphlétaire et satirique vers le milieu du XVIIe → Jules Mazarin (1602-62) ~5.000 pamphlets appelés mazarinades des imprimés rédigés par des auteurs peu connus

Les peines quelques mois de prison rarement le bannissement, le fouet ou les galères la peine capitale vraiment exceptionnelle apporter des corrections au texte des sanctions diverses comme: a) la destruction par le feu de quelques exemplaires symboliques b) la saisie et la destruction du tirage complet c) les poursuites contre les propriétaires du texte interdit une sorte de publicité

L’instrumentalisation de la censure en 1667, sur ordre du jeune roi Louis XIV Charles Patin → dans les Flandres et en Hollande faire supprimer les exemplaires de plusieurs libelles défendus envoyer à Paris, quelques exemplaires Patin s’enfuit à Padoue, en territoire vénitien condamné par contumace aux galères à perpétuité au XVIIIe siècle, les magistrats censeurs font brûler des volumes postiches la littérature érotique