C. Doyen UCL Mont-Godinne 06/02/2010

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
Le Journal de bord Formation ECA 14/11/2009 DUERMG Paris 12 Créteil
Advertisements

L’apport des soins palliatifs
PERSONNES AGEES ET FIN DE VIE
Dr Jean-François SAYET
Mona Barakat Hammoud Hospital UMC
DIAGNOSTIC DU CANCER: FAUT-IL LE COMMUNIQUER AUX PATIENTS?
PRISE EN CHARGE D’UN ENFANT ATTEINT D’UN CANCER ET DE SA FAMILLE
XXXIXèmes Journées de la SGOC CHOLET 1er et 2 juin 2007
La Dépression par le Médecin Généraliste
Equipe pluridisciplinaire Jeudi 2 Mars 2012
Toulouse – CIMG – 8 novembre 2005 Personne de confiance Pradines B. Service de Soins de Longue Durée Albi Cassaigne P. Unité Mobile de Gériatrie. Centre.
LATA : stratégie de réflexion mise en place à l’hôpital Saint-Joseph
Fin de vie : Faut-il une loi ?
Table Ronde Prise en charge du patient en fin de vie aux urgences
Etude pilote “Référent hospitalier pour la continuité des soins dans les hôpitaux psychiatriques belges” Tellier Véronique², Gosset Christiane1, de Froidmont.
Bruno VELLAS Gériatre CMRR Midi-Pyrénées
LES RELATIONS FAMILLES – SOIGNANTS
L’aide psychologique pour les patients atteints de cancer
La surveillance sous chimiothérapie.
Référence et signature du document 1 Constats réalisés après les phases de diagnostic des risques psychosociaux dans plusieurs établissements hospitaliers.
Appréhender les objets de la pensée abstraite, en démarche soignante
Les soins palliatifs Introduction Rappels Généralités
Sa place, son avenir, organisation pratique
Ethique et gériatrie P Pfitzenmeyer
Soins palliatifs Cas cliniques Cours DUSP Lille le 16 février 2012
Décision pluridisciplinaire Information du malade.
Le cas Pierrette ou quand la personne âgée sort du cadre…
Comment mieux développer la culture palliative ?
Soins palliatifs partout, pour tous, une utopie ?
Claire Le Tallec ENFANCE ADOLESCENCE DIABETE MIDI-PYRENEES :
Qu’est-ce qu’une collaboration effective et comment y parvenir ?
L’aide aux Aidants Soirée Repèr’Age
Mort & fin de vie, un chemin personnel
La responsabilité populationnelle- un nouveau défi Est-ce que ça se négocie ??? Jacques Ricard, m.d., M.Sc., Directeur Direction de la planification et.
ETHIQUE CAS CLINIQUES IFSI Dr Brigitte Sallé.
UCL – Programme Soins Palliatifs et qualité de vie 28 novembre 2009: les demandes deuthanasie La discussion en équipe: quelles paroles engagées pour quel.
L’acharnement palliatif
SOINS PALLIATIFS: Un parcours parfois singulier !
REFUS DE SOIN ET MEDECINE D’URGENCE
MSPM Maison de santé pluridisciplinaire de Morangis
Scénario Le but de l’entretien : annoncer la fin de vie à sa femme
Formation soins palliatifs et qualité de vie
La prise de décision médicale en fin de vie
MIGRANTS ET VIH Docteur Denis MECHALI
Euthanasie : Pourquoi une loi ?
Personnaliser les soins et organiser la coordination à domicile DERREUX Laurianne : IDE libérale PICON Monique IDE EMSP au CHRU de Nîmes 6 ème Forum Infirmier.
MISE EN PLACE D'UN DISPOSITIF D'ANNONCE
11 Assistance aux Victimes Etats Généraux de la Sécurité Routière – Région Wallonne 15 juin 2012.
Marrakech 2012 – Oncologie Pédiatrique STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE EN ONCOHÉMATOLOGIE PÉDIATRIQUE.
EDUCATION THERAPEUTIQUE
Douleur et soins palliatifs
ACTIVITES DU RESEAU PRISE EN CHARGE GLOBALE DU PATIENT
la théorie de l'attachement
ACCOMPAGNER LA FIN DE VIE A DOMICILE OU EN EHPAD
L’éducation à la santé « C'est toute combinaison d'expériences d'apprentissages planifiés destinés à faciliter l'adaptation volontaire de comportements.
Anne-Marie VERGNORY, Psychologue
Accompagnement et prise en charge globale Olivier Bouchaud Hôpital Avicenne, Bobigny.
Nécessité 1 : mathématique
PARCOURS DE SOINS ET PARCOURS PATIENT
UE 4.2 S5 SOINS RELATIONNELS
Intérêt de la résection des métastases hépatiques dans le cancer du sein métastatique.
Withholding and withdrawal of life support in intensive-care units in France: a prospective survey E.Ferrand et Al, The Lancet 2001 DESC de réanimation.
3 février 2006SGGRP / LUNDBECK1 Bonnes pratiques soignantes en EHPAD Articulations avec le Secteur Libéral.
Les Equipes Mobiles de Soins Palliatifs
Entre les soignants Analyse de discordances: entre les soignants À partir d’un cas clinique 1 Réflexion sur l’accompagnement et les soins palliatifs de.
Réunion de Concertation Pluridisciplinaire
DIU de thérapeutiques anti-infectieuses Rennes – 15 janvier 2016
Sédation palliative continue (Synthèse)
Raisonnement clinique Infirmier
Dr Marie-Françoise LAPLANTE CONGRES EVC-EPR 7 et 8 février Unité EVC-EPR Clinique du canal de l’Ourcq.
Transcription de la présentation:

C. Doyen UCL Mont-Godinne 06/02/2010 Pluralisme éthique, choix thérapeutique et consensus de la prise en charge dans la prise en charge du patient ou comment gérer les tensions et communiquer… C. Doyen UCL Mont-Godinne 06/02/2010

CAS CLINIQUE 1 Mr P.A. Histoire personnelle Histoire de la maladie 50 ans, employé, veuf, 3 enfants (3 adultes autonomes, 1 adolescent 15 ans) Antécédents médicaux et chirurgicaux : sans particularité Histoire de la maladie juillet 2000 : altération état général, amaigrissement 10 kgs, fièvre et sueurs nocturnes diagnostic : lymphome agressif IV B

CAS CLINIQUE 1 Mr P.A. Traitement 1ère ligne : 2ème ligne : inclusion protocole chimio + immunothérapie (07/00 ® 11/00) 4 cures multicompliquées réponse complète projet : chimio intensive et autogreffe 2ème ligne : 12/00 : hospitalisation pour rechute "explosive" chimio-immunothérapie rattrapage (® autogreffe) 3 cures multicompliquées (12/00 ® 02/01) 3ème ligne : 03/01 : hospitalisation pour nouvelle rechute "massive"

CAS CLINIQUE 1 Mr P.A. – 52 ans 03/01 : Résumé à ce stade : 52 ans, actif, 1 ado à sa charge, "battant" lymphome agressif réfractaire, après 2 lignes de traitement lourd QUE PROPOSER ?

CAS CLINIQUE 1 Mr P.A. – 52 ans Discussion médicale : opinions partagées (3 ↔ 1) Proposition essai traitement intensif de rattrapage suivi si possible d'autogreffe Arguments "pour" : Probabilité faible mais non nulle de succès Patient très inconfortable lorsqu'il est progressif (retour à la maison "impossible") Patient veut se battre à tout prix Arguments "contre" : Chance de rémission prolongée : nulle (< 5 %) Traitement palliatif possible mais avec pronostic de survie de quelques semaines Conclusion : - proposition de traitement intensif - acceptation par le patient

CAS CLINIQUE 1 Mr P.A. – 52 ans Evolution : Retour 15 jours à la maison (3 passages à l'hôpital) Réhospitalisation en urgence pour évolutivité +++ Traitement palliatif (EMSP 3 jours avant le décès) Décès 1 semaine plus tard

CAS CLINIQUE 1 Réflexions

CAS CLINIQUE 1 Point de vue médical Maladie réfractaire mais toujours chimio-sensible (symptômes contrôlés en 24 h par la chimiothérapie, récupération extraordinaire après les cures précédentes…) Majorité des intervenants "optimistes" Patient "demandeur", attachant, très croyant et très confiant dans le pouvoir de la médecine Et s'il y avait un miracle ??

CAS CLINIQUE 1 Point de vue du patient Très angoissé et posant multiples questions, recoupant les informations de divers interlocuteurs Accepte chimio malgré chances minimes de succès Famille très proche et présente et très demandeuse du "miracle"

CAS CLINIQUE 1 Point de vue des soignants Patient très attachant et très "stressant" (questions +++, sonnettes +++) Réticents au dernier traitement mais acceptent le projet médical après discussion (infirmière-chef relai) Tensions majeures dans les dernières 24 h : demande de sédation, …

CAS CLINIQUE 1 Conclusion Prise en charge difficile mais qui se termine par un décès très entouré, présence famille, infirmières et médecin 24h/24… Décision médicale non unanime mais assumée par tous les médecins, dans l'intérêt du patient Le patient a-t-il eu une information complète et éclairée ? Oui, mais… Il avait préparé et revu son testament… L'équipe soignante accepte le projet après discussion

CAS CLINIQUE 2 Mr D. Histoire personnelle : 86 ans, vit avec son épouse de 78 ans, pas d'enfant – relation extrêmement proche et dépendance de l'épouse Sténose aortique serrée, non opérée vu l'âge

CAS CLINIQUE 2 Mr D. Histoire de la maladie Mai 2002 : leucémie aiguë Décision traitement supportif (transfusions) Août 2002 : transfusions hebdomadaires à l'hôpital de jour – reste autonome Septembre 2002 : hospitalisation pour fièvre et dyspnée – Infarctus, pneumonie et septicémie Traitement symptomatique Amélioration discrète de la situation pendant qq. jours Epouse présente 24h/24, prenant les paramètres et n'acceptant pas l'imminence du décès Patient refuse sédation de confort jusqu'aux 24 dernières heures

CAS CLINIQUE 2 Réflexions

CAS CLINIQUE 2 Point de vue médical Proposition d'emblée de traitement symptomatique après information éclairée et accord du patient Dans l'urgence : vu possibilité d'état réversible, support maximal pendant quelques jours Evolution défavorable : proposition de sédation vu la dyspnée et l'inconfort mais refus du patient Contraintes institutionnelles (suroccupation hôpital) Pressions multiples de l'équipe infirmière (sédation, USP, retour à domicile)

CAS CLINIQUE 2 Point de vue patient et épouse Patient : Epouse : totalement lucide et conscient de la situation très inquiet pour son épouse veut vivre le plus longtemps possible pour elle… et refuse la sédation Epouse : ne peut pas accepter la situation et la séparation déchirée par l'état de son mari et consciente qu'il refuse le confort "pour elle" refuse et est blessée par l'attitude "palliative" des soignants, manque de confiance refus de retour à domicile et de l'USP

CAS CLINIQUE 2 Point de vue équipe Pas de connaissance antérieure du patient Situation très difficile à gérer : soins lourds, patient inconfortable, épouse désespérée et parfois agressive Incompréhension vis-à-vis des médecins 3 semaines difficiles…

CAS CLINIQUE 2 Stratégies mises en place Concertations pluriquotidiennes avec les soignants et "soutien" des médecins Intervention de l'EMSP Soutien de l'épouse et du patient Présence active à l'étage des médecins de l'hôpital de jour

Pluralisme éthique Points de vue médecin/patient/famille/soignants Inscrits dans une représentation différente Pluralité des valeurs et des représentations (guérison – maladie – importance et appréciation de la qualité de vie) Contraintes liées à l'institution Conceptions différentes de la "vie bonne" TENSIONS A qui appartient réellement le choix thérapeutique ? Compétence et responsabilité du médecin Autonomie du patient Place des soignants Qui décide ?

Choix thérapeutique Point de vue médical Arguments objectifs : diagnostic histoire de la maladie, pronostic protocoles, expertise… Arguments subjectifs : relation avec le patient pronostic optimisme expériences antérieures Annonce d'une mauvaise nouvelle moins difficile si proposition "curative" associée… Représentation du "meilleur avenir possible" et de la qualité de vie Rôle de l'urgence – nécessité d'anticipation… C'est le médecin qui propose (ou impose…) le choix thérapeutique

Choix thérapeutique Point de vue du patient Information reçue Volonté de se battre à tout prix Désir de croire le médecin Capacité de décider Appréciation de la qualité de vie Age, histoire de vie Environnement familial et social Expériences antérieures

Choix thérapeutique Point de vue de l'équipe Arguments objectifs : état général du patient, indice de performance, dépendance diagnostic âge lourdeur des soins Arguments subjectifs : relation avec le patient et la famille histoire du patient avec l'équipe relation avec les médecins Situation générale : charge de travail, stress… conflits dans l'équipe, saturation

Consensus dans la prise en charge du patient Quel consensus ? ® thérapeutique ? ® visée éthique ? ® équipe elle-même ? Que met-on derrière le mot "prise en charge" ? Le patient se prend-il en charge ? L'entourage ? Signification identique pour le médecin et l'équipe soignante ?

Consensus dans la prise en charge Consensus ≠ unanimité Nécessité de communiquer ! médecins équipe soignante quel choix ? pourquoi ? comment ? écouter et comprendre les arguments de l'autre participation à un projet thérapeutique réévaluation possible et prévue = exprimer et clarifier les TENSIONS !...

Modalités pratiques de la communication Participation infirmière aux réunions médicales Communication via référent "porte-parole" (rôle infirmière-chef…) Réunion d'équipe : pourquoi en propose-t-on dans les cas difficiles ? Projet thérapeutique comme opportunité d'échange et de parole… …

Consensus dans la prise en charge ? Idéal pour le patient, ses proches, l'équipe médicale et l'équipe soignante… Pouvoir faire circuler l'information et la parole Entendre, écouter et admettre le point de vue de l'autre… COMMENT COMMUNIQUER dans une équipe ? Et CHEZ VOUS ? Comment cela se passe-t-il ?