Métaphysique Propriétés et universaux
Plan Introduction 1. Le problème des universaux 2. Réalisme et Nominalisme 3. La théorie des tropes Conclusion
Deux questions A. La question des propriétés : Qu’est-ce qui fait qu’une chose (substance) est (dite) F ? Ex : « Socrate est philosophe », « Socrate est blanc » B. La question des universaux : Qu’est-ce qui fait que deux choses (substances) sont (dites) F ? Ex : « Socrate et Platon sont (des) philosophes », « Socrate et Platon sont (des) hommes »
Prédicat et propriété « Socrate est chauve », « Socrate court », « Socrate est plus petit que Théétète » Analyse des propositions en sujet(s) et prédicat(s): les expressions sujets désignent (font référence à) des objets (individus) = ce dont on parle, le prédicat est l’expression qui résulte de la soustraction des termes sujets dans la proposition = ce qu’on en dit Fa, Rab NB: idée moderne (logique) vs Aristote (grammaire)
Prédicat et propriété Propriété: ce qui est signifié par le prédicat et attribué à un ou plusieurs objets (désignés par le ou les termes sujets) Existence des propriétés? On pose l’existence de ce qui est signifié par le sujet d’une proposition: si Socrate est chauve, alors il y a (il existe) quelqu’un qui est chauve. Mais pose-t-on l’existence de ce qui est signifié par le prédicat? Les propriétés existent-elles? Y a-t-il (existe-t-il) quelque chose (la calvitie) que Socrate a/est du fait qu’il est chauve? « La calvitie est une propriété de Socrate »
Accident particulier, trope Le carré ontologique Concret/substance Abstrait/accident Universel Genre/espèce/sorte L’homme en général (Genre, espèce, sorte) La connaissance, la couleur Individuel Substance individuelle Socrate, cet homme Accident particulier, trope Cette connaissance grammaticale, cette couleur Est dit de Est dans
Arbre ontologique Êtres/étants substance accident particulière universelle particulier universel Socrate, Platon homme Cette blancheur (de Socrate) blancheur
Arbre ontologique Êtres/étants universels particuliers Substantiels accidentels substances accidents Animal, homme blancheur Socrate, Platon Cette blancheur de Socrate
Arbre ontologique de l’hylémorphisme Êtres individuels (?) Matière prime formes accidentelles substantielles composés Unités accidentelles substances Cette blancheur Âme de Socrate Socrate blanc Socrate
Propriétés et universaux 1. Le problème des universaux
Type et Token Combien de lettres? B A B A R B, A, R C.S. Peirce
Ressemblance et identité Fido Médor Chien (en soi) Nature du chien Médor est distinct (≠) de Fido Médor ressemble à Fido Médor et Fido ont quelque chose en commun: la même couleur (bariolé), la même nature (chien)
Rappel sur l’identité Identité numérique (a = a), identité spécifique (a et b sont de la même espèce: chiens, voitures), identité qualitative (a et b ont la même couleur) La ressemblance est une identité spécifique ou qualitative entre deux individus numériquement distincts (identité numérique de la propriété ou de la nature commune?)
Prédication et identité Médor est un chien (Cm), Fido est un chien (Cf) Médor est bariolé (Bm), Fido est bariolé (Bf) Jean a le même chien que Jacques: chacun a son chien, mais c’est le même type de (espèce de, sorte de) chien Le prédicat signifie (désigne?) la propriété ou la nature de l’objet, et peut être commun à plusieurs objets distincts NB: la forme logique ne permet pas de distinguer entre prédicats substantiels et accidentels, donc entre propriétés/formes substantielles et accidentelles
L’arbre de Porphyre Substance corporelle non corporelle vivantes Non vivante ange animale non animale = végétale minérale rationnelle irrationnelle homme chien, chat
Les questions de Porphyre Porphyre Isagogè 1, 11-4 (Trad. Libera) Tout d’abord, en ce qui concerne les genres et les espèces, la question de savoir s’ils existent ou bien s’ils ne consistent que dans de purs concepts, ou, à supposer qu’ils existent, s’ils sont des corps ou des incorporels, et, en ce dernier cas, s’ils sont séparés ou bien s’ils existent dans les sensibles et en rapport avec eux -, voilà des questions dont j’éviterai de parler, parce qu’elles représentent une recherche très profonde et qu’elles réclament un autre examen, beaucoup plus long.
Propriétés et universaux 2. Réalisme et Nominalisme
Le Réalisme Il y a une réalité commune (l’universel), objective (indépendante de l’esprit, du langage), numériquement une au fondement de l’identité spécifique et de l’identité qualitative (de la ressemblance) L’universel est signifié par un terme général (‘homme’) ou un terme abstrait (‘vertu’, ‘humanité’), correspondant à une idée générale. Les particuliers (individus) exemplifient les universaux (token-type)
Le Nominalisme Il n’y a que des réalités particulières (substances et/ou tropes) Les ressemblances qualitatives ou spécifiques sont des relations primitives (irréductibles à l’identité d’une chose-propriété) La seule universalité est celle des signes conventionnels ou naturels Guillaume d’Ockham De ce que Socrate et Platon ne diffèrent entre eux que numériquement, et que, selon sa substance, Socrate est maximalement similaire (simillimus) à Platon, l’intellect peut, laissant de côté tout le reste, abstraire un concept commun à Socrate et à Platon qui ne sera pas commun à Socrate et à une blancheur ; et il n’y a de cela aucune autre cause à demander si ce n’est que Socrate est Socrate et Platon est Platon et chacun est homme. (Ordinatio I, d.2, q.6 [OTh II, p. 211])
Les universaux et le langage Objets de la connaissance intellectuelle (idée générale) vs connaissance sensible (particulier) Exprimés par le prédicat dans une proposition descriptive sur des particuliers: « Socrate est chauve », « Socrate est homme » (mais peut être désigné par le sujet d’une proposition sur un universel, au moyen d’un terme abstrait: « l’honnêteté est une vertu ») NB: Prédicats ‘monadiques’ vs ‘polyadiques’ (relations) : « Socrate est plus petit que Théétète », « Socrate et Xanthippe sont mariés »
Les universaux et le langage De nombreux termes singuliers, désignant des particuliers, contiennent des termes universels (désignant des universaux?): « la tête de Charles Ier » Toute proposition contient au moins un terme universel: le verbe (Le bourreau a coupé la tête du roi) Importance des relations exprimées par les verbes et les prépositions en plus des adjectifs et des noms universels
L’argument de la ressemblance Critique empiriste des idées abstraites (Berkeley, Hume): nous n’avons que des représentations de choses singulières, mais pouvons en utiliser une comme paradigme, exemplaire auquel d’autres choses ressemblent de sorte qu’on les désigne par le même mot Ressemblance (et désignation) sont inéliminables (cf. Russell) Ressemble à Médor idée de chien désigne ‘Chien’ Ressemble à Fido
Objectivité des universaux « Edimbourg est au nord de Londres » La proposition est vraie indépendamment de la pensée qu’on en a La vérité de la proposition suppose la relation ‘au nord de’ en plus des villes de Londres et Edimbourg La relation ‘au nord de’ est objective Mais à la différence des villes (particuliers), la relation est hors de l’espace et du temps
Le monde des universaux Distingué du monde sensible (particuliers) Objet de connaissance intellectuelle (plus haute, plus vraiment connaissance? – Platon) Plus réel que le monde sensible? (Platon) Sans interaction avec le monde sensible, mais pas sans rapport: les particuliers sont des instances des universaux, ils les exemplifient (cf. nombres: insensibles, mais s’appliquent au monde sensible)
Objections modérées Multiplication des universaux avec celle des prédicats? —> Ou bien admettre que la multiplication n’est pas un problème, ou bien trouver un moyen de limiter la prolifération des universaux (science?) Irréalité de ce qui est hors de l’espace-temps, irréalité de son influence sur les réalités de l’espace temps. Instanciation/exemplification en question —> C’est la thèse ontologique, mais on peut envisager une autre conception du lien entre universaux et particuliers
Deux réalismes Ontologie relationnelle Ontologie de constituants (Platonisme) (Aristotélisme?) Homme en soi humanité = ≠ humanité P S P S
Réalisme platonicien Avantages supposés il y a (il semble qu’il y a) des universaux non instanciés (satellite de la lune, centaure, frère de X) —> repose sur l’argument de la signification tout universel pourrait être non instancié (l’universel vache si toutes les vaches sont tuées) —> il a été, est ou sera instancié les conditions d’identité de l’universel séparé sont claires (le triangle) —> mais est-ce un avantage?
Réalisme modéré Avantage supposé des universaux concrets Existence dans l’espace-temps Laisser à la science le soin de déterminer quels termes généraux (idées générales) correspondent à un universel véritable (la signification n’est pas un bon guide) Problème : localisation multiple (tout entier à plusieurs endroits) —> Ne pas penser l’universel comme une chose, ce qui produit les difficultés. Cf. Abélard et le status hominis
Trois états de l’universel ou trois sortes d’universaux 1) Universale ante rem : universel séparé (abstrait) des substances concrètes – Platon ou Augustin (idées divines) 2) Universale in re : universel dans les substances concrètes – Aristote ( ?) 3) Universale post rem : concept universel – admis par tous, seul universel pour le nominaliste