LES ANTISEPTIQUES DISPONIBLES POUR LES SOINS Laurence Martin - Pharmacien PH – PUI CHU Dijon Vendredi 24 Février 2017
PLAN DEFINITIONS LA FLORE CUTANEE NOTIONS ET INFORMATIONS SUR LES INFECTIONS NOSOCOMIALES, LEUR SURVEILLANCE LES ATS EXEMPLES DE PROTOCOLES ELABORES PAR EOH DU CHU DE DIJON
PRODUITS DE SANTE PARTICIPANT A L’HYGIENE HOSPITALIERE : DEFINITIONS HYGIENE = ensemble des principes et des pratiques tendant à préserver, à améliorer la santé. ANTISEPSIE = opération au résultat momentané, permettant de tuer ou d’éliminer les microorganismes indésirables et/ou d’inactiver les virus portés par des milieux vivants dans la limite de leur tolérance, en fonction des objectifs fixés. Le résultat de cette opération est limité aux microorganismes présents au moment de l’opération. Elle est réalisée avec un antiseptique qui possède le statut de médicament avec AMM (mais pas toujours). Définition selon la norme AFNOR NFS 72-101, mars 1981
LA FLORE CUTANEE 1 flore microbienne résidante permanente germes commensaux non pathogènes en condition physiologique Surtout des bactéries, nombreuses espèces surtout des cocci gram+ dont staphylocoque épidermidis + bacilles gram- (Acinétobacter) 1 flore transitaire, temporaire ou installation plus durable selon les sites (colonisation ex nasale avec le Staphylocoque doré)
LES INFECTIONS NOSOCOMIALES Définition = infections contractées dans un établissement de santé; on parle également d’infections associées aux soins (IAS). Une infection est considérée comme IAS si elle survient au cours ou au décours d’une prise en charge (diagnostique, thérapeutique, palliative, préventive ou éducative) d’un patient, et si elle n’était ni présente ni en incubation au début de la prise en charge.
IN suite Un délai d’au moins 48 h ou un délai supérieur à la période d’incubation est couramment accepté pour définir une IAS. Pour les infections du site opératoire, on considère habituellement comme associées aux soins les infections survenant dans les 30 jours suivant l’intervention, ou si il y a mise en place d’implants, dans l’année qui suit la pose. Les IAS concernent les patients mais aussi les professionnels de santé et les visiteurs.
LES IN : DES ORIGINES MULTIPLES Endogène : le malade s’infecte avec ses propres germes, à la faveur d’un acte invasif et/ou d’une fragilité particulière Exogène : les microorganismes ont pour origine les autres malades (transmission croisée entre malades ou par les mains des soignants ou par les matériels des soignants), les personnels ou la contamination de l’environnement hospitalier (air, eau, équipements, dispositifs médicaux réutilisables, alimentation…)
LES IN : DES FACTEURS FAVORISANTS L’âge du patient et sa pathologie, Certains traitements comme les immunosuppresseurs mais aussi les antibiotiques, La réalisation d’actes invasifs
LA PREVENTION DES IN INFECTIOVIGILANCE Elle est complexe car les IN relèvent souvent de plusieurs facteurs. Il faut donc veiller à la qualité des soins et la sécurité de l’environnement hospitalier. Il faut déployer une vigilance accrue autour de l’application de gestes simples d’efficacité démontrée ex : hygiène des mains entre chaque soin, port de gants pour réaliser un geste invasif précautions standards. Elle doit s’inscrire dans une démarche globale de gestion des risques hospitaliers.
LES ANTISEPTIQUES Objectif principal = prévention des infections à partir de la flore microbienne de la peau et des muqueuses (traitement des mains, antisepsie de la peau avant un acte invasif, préparation de l’opéré….) Objectif secondaire : ils ont également dans certains cas des indications à titre thérapeutique (plaies, brûlures, dermatoses infectées).
LES ANTISEPTIQUES : CRITERES DE CHOIX Tenir compte du lieu d’application et donc de leur tolérance Peau saine ou lésée Muqueuse saine ou lésée Tenir compte de l’indication Spectre d’activité Rapidité et durée d’action Association d’une détergence ou pas Conditionnement adapté Solution colorée ou pas Tenir du coût Budget 2011 à 2016 : évolution de 160 000 à 184 200 euros TTC (ATB 2015 = 1 351 000 euros TTC)
LES ANTISEPTIQUES POUR REPONDRE AU BESOIN Solutions Aqueuses pour la tolérance sur peau lésée Alcooliques pour la synergie d’activité et l’activité plus rapide et un meilleur séchage Détergentes pour la phase de détersion des plaies et de la peau saine souillée Solutions colorées ou incolores Volumes adaptés : uni dose ou volume supérieur Formes pharmaceutiques diverses : liquides, pommades, compresses, composition avec un détergent (savon antiseptique) Principes actifs avec un spectre large (les plus utilisés à l’hôpital) ou un spectre restreint.
LES PRINCIPALES MOLECULES CLASSEES EN FONCTION DE LEUR SPECTRE D’ACTIVITE LES ANTISEPTIQUES MAJEURS Les dérivés halogénés Les dérivés iodés Les dérivés chlorés La chlorhexidine en solution alcoolique et/ou associée à un détergent LES ANTISEPTIQUES INTERMEDIAIRES La chlrohexidine en solution aqueuse L’alcool à 70° Les ammoniums quaternaires L’hexamidine LES ANTISEPTIQUES MINEURS Les acides Les dérivés métalliques Les oxydants L’héxétidine Les carbanilides
LES DERIVES IODES Alcool iodé et Teinture d’iode à 5% : abandonnés car ne sont plus recommandés par la SF2H Iodophore = polyvinylpyrrolidone iodée ou polyvidone iodée (PVP-I) = large gamme Solution dermique aqueuse à 10% (0,78 euros TTC flac. 125 ML) Solution dermique alcoolique à 5 % (1,54 euros TTC flac.125 ML) Solution dermique détergente à 4% (0,84 euros TTC flac.125 ML) Présentation uni dose 10 ml : 0,36 à 0,47 euros TTC Solution gynécologique à 10 % Solution pour bain de bouche à 8,5 % Solution pour irrigation oculaire à 5 % Compresses, pommades, ovules et comprimés gynécologiques, champs chirurgicaux adhésifs imprégnés….
LES DERIVES IODES Les indications : elles sont nombreuses mais vont être revues en 2017 Peau saine : lavage des mains antiseptique et chirurgical : place des solutions détergentes et aqueuses antisepsie avant un geste invasif, préparation du champ opératoire : place des solutions détergentes et alcooliques préparation de l’opéré (nouvelles recommandations 2013 de la SF2H) : solution détergente plus systématique mais peut être remplacée par un savon doux + solution aqueuse Peau lésée : solutions aqueuses Muqueuses : solutions aqueuses Attention aux usages hors AMM comme l’irrigation intra péritonéal en per-opératoire, mais des publications disponibles
LES DERIVES IODES Inconvénients : colorent certains plastiques (comme les matériaux des sols), risque de corrosion des métaux Contre-indications : Antécédents d’allergie (pas de réactions croisées avec les produits de contraste iodé) Intolérance possible Enfant de moins de 1 mois Déconseillé pendant le troisième trimestre de la grossesse et au cours de l’allaitement.
Hypochlorite de sodium LES DERIVES CHLORES Hypochlorite de sodium Dakin® stabilisé à 5g/l de Chlore actif Flacon de 250 ML (0,84 euros TTC)ou Flacon de 60 ML ( 0,75 euros TTC ) Amukine ® à 0,06g/l de chlore actif Flacon de 200 ML (0,83 euros TTC) Solutions aqueuses, incolores Gamme limitée, pas de solution détergente
LES DERIVES CHLORES Indications Inconvénients Peau saine : antisepsie avant un geste invasif si PVP et chlorhexidine contre-indiquées Peau lésée et muqueuse : antisepsie des muqueuses de la sphère gynécologique AES pour le DAKIN® Inconvénients Pas de solution détergente donc nécessité d’utiliser un savon doux pour la détersion de la peau saine Oxydant donc risque de corrosion des métaux en contact, blanchiment des vêtements SINON très bien toléré, pas de contre-indication
LA CHLORHEXIDINE EN SOLUTION ALCOOLIQUE ET/OU ASSOCIEE A UN DETERGENT Différentes spécialités L’alcool utilisé pour les solutions alcooliques est l’éthanol ou l’alcool benzylique selon la spécialité. Solutions alcooliques incolores ou à colorer à 0,5% : Hibitane Champ ® à 0,5% ou spécialité de GIFRER (1,54 euros TTC flac.125 ML) Solutions à 2 % aqueuses et alcooliques, incolores ou colorées prêtes à l’emploi Type CHLORAPREP avec dispositif d’application ou flacon (0,80 à 1 euro TTC) Solutions aqueuses détergentes Hibiscrub ® à 4% ou Gilberscrub à 4% 500 ML - pas d’AMM - 3,15 euros TTC Mercryl ® à 0,2 % Solution alcoolique et détergente : Biseptine ® à 0,25% (différents volumes 40 ml, 100 ml, 250 ml) incolore (0,39 euros TTC pour le 40 ml)
LA CHLORHEXIDINE EN SOLUTION ALCOOLIQUE ET/OU ASSOCIEE A UN DETERGENT Indications : elles sont nombreuses, analogues à la gamme Polyvidone iodé (sauf domaine oculaire et muqueuses) Peau saine : Lavage des mains Antisepsie de la peau avant un geste invasif (de la pose d’un cathéter périphérique à la préparation du champ opératoire) Antisepsie de certaines muqueuses (gynécologiques) Peau lésée Contre-indications : toxicité avec l’oreille moyenne donc attention quand le tympan est lésé + toxicité au niveau des méninges donc CI pour les PL, la Neurochirugie, la sphère ORL Inconvénients : cas d’allergie, de photosensibilisation
LES ANTISEPTIQUES INTERMEDIAIRES Spectre limité : bactéricide sur les bactéries gram + uniquement et fongicides pour certains champignons Indiqués dans les affections dermatologiques superficielles La chlorhexidine en solution aqueuse à 0,2 % monodose de 20 ml Les ammoniums quaternaires : comme le cétrimide (Cétavlon solution et pommade), Céthexonium (Biocidan collyre), Sterlane solution Alcool à 70° (0,53 euros TTC) Hexamidine (Hexomédine solution, collutoire….)
LES ANTISEPTIQUES MINEURS Bactériostatiques Les acides : acétique à 1%, borique à 3 %, lactique à 1 ou 2 % Les dérivés métalliques : l’argent (Flammazine), Cuivre et Zinc (pommade de Dalibour) Héxétidine (Hextril bain de bouche) Eosine et eau oxygénée : ne sont pas des antiseptiques
Précaution d’utilisation avec les antiseptiques alcooliques Au bloc opératoire Lors de l’utilisation d’un bistouri électrique le séchage doit être parfait et total car risque d’inflammation et de brûlures : alerte ANSM du 9 mars 2012 + information des correspondants locaux de matériovigilance; recommandations déjà diffusées en janvier 2009.
LES PRODUITS APPARENTES Les produits hydroalcooliques Solution ou Gel Pour le traitement des mains que l’on appelle la désinfection (à la place du lavage) par friction Ne nécessite pas de point d’eau et pas d’essuyage
Conclusion sur les antiseptiques Bien réfléchir aux produits nécessaires en fonction des activités médicales et chirurgicales Livret thérapeutique Choix en collaboration avec l’EOH et le CLIN Suivre les évolutions dans le domaine : recommandations de la SF2H/ les dernières en mai 2016