« FEMMES, et vivant avec le VIH » Docteur Carine Favier (coordinatrice médicale du COREVIH Languedoc-Roussillon et Co-présidente du Planning Familial). WEB CONFERENCE VIH au féminin. Quel(s) accompagnement(s) ? Le 2 juin 2016
« FEMMES ………….»
SEXUALITÉ DES FEMMES : DES DONNÉES A PRENDRE EN COMPTE (1) Entrée dans la sexualité = écarts de quelques mois et rapprochement dans le nombre de partenaires (12,9 / 5,1) mais les femmes déclarent ce qui est socialement admis « par nature les hommes ont plus besoin de rapports sexuels que les femmes » Différences dans la socialisation à la sexualité : jeunes femmes éduquées pour une expérience sentimentale / relationnelle et si prise de distance par rapport à ces normes, regard social négatif (fonction du niveau social) Asymétrie « désir et besoins masculins » et « aspirations affectives et disponibilité féminine » : impact sur la gestion des risques (1) Enquête sur la sexualité en France Nathalie Bajos Michel Bozon et All. 2008 3
INÉGALITÉS SOCIALES, FREINS À LA SANTÉ SEXUELLE DES FEMMES « Si les femmes sont plus touchées, ce n’est pas parce que ce sont des femmes au sens biologique du terme, mais parce que leur sexualité s’exerce dans un contexte marqué par de nombreuses inégalités». Nathalie Bajos (unité de recherche Inserm au Kremlin-Bicêtre), mars 2007, présentation des premiers résultats de l’étude sur les comportements sexuels en France (CSF) Les représentations différentialistes des sexualités féminines et masculines = révélateur des inégalités dans les autres sphères sociales 4
SANTÉ SEXUELLE DES FEMMES IMPENSÉE Enjeux reproductifs centraux et séparés du VIH et des autres IST : la question de la procréation est au centre ! Plus de difficultés à faire admettre l’utilisation des préservatifs car = s’écarter du modèle socialement valorisé d’une sexualité féminine conjugale et affective mono partenaire Échanges économico sexuels peu abordés (cf enquête Parcours = une réalité pourtant pour certaines femmes !! ) Inégalité générationnelle : activité sexuelle après 50 ans 90% en 2006 (vs 50% en 1970) mais l’absence ou insuffisance de désir sexuel rarement considéré comme un problème (Bajos, Bozon et al., 2008) Les femmes FSF ou bisexuelles invisibles et oubliées alors qu’elles sont fortement exposées aux IST et aux IVG 5
approche santé sexuelle au féminin : c’est pas encore ça ! Acceptation difficile du droit des femmes à disposer de leur corps (jugement sur le multi partenariat) Insuffisance de la promotion d’une approche globale réduction des risques de l’infection par le VIH/Sida et des IST, des grossesses non prévues Contextes relationnels insuffisamment pris en compte (inégalités femmes : hommes) lutte contre les violences inscrite dans le champ des droits et pas dans celui de la santé sexuelle 6
Violences : un fléau avec une acceptation sociale inacceptable Une femme sur cinq dans le monde sera victime de viol ou de tentative de viol au cours de sa vie, une menace plus importante pour les 14-55 ans que le cancer, les accidents de la route, la guerre et le paludisme réunis. Une femme sur trois dans le monde subira des violences infligées par son partenaire En France, une femme meurt tous les 2,5 jours sous les coups de son compagnon. De 40 % à 50 % des femmes de l′Union européenne ont fait état d′une forme ou d′une autre de harcèlement sexuel sur le lieu de travail. . 7
Violences et VIH : un lien de proximité Transmission directe par des actes de violence sexuelle : risque plus élevé si rapports sexuels marqués par la violence Transmission indirecte : les femmes victimes de violences prennent plus de risques Transmission indirecte en raison de l’incapacité à négocier l’utilisation du préservatif, atteinte à l’image de soi.. 8
« vivant avec le VIH………….»
Pauvreté en conditions de vie selon le groupe socio-épidémiologique Population générale Enquête ANRSVespa2, 2011, Inserm U1136
Expérience de discriminations en raison de la séropositivité Au niveau global : 13% Selon le groupe socio-épidémiologique : Enquête ANRS-Vespa2, 2011, Inserm U1136
Santé sexuelle : nouvel enjeu de la lutte contre le sida Sexualité prend une nouvelle place pour les personnes séropositives dans le contexte d’accès aux ARV : Qualité de vie Traitement comme prévention et relations non protégées dans les couples sérodifférents Enjeux procréation et VIH L’approche doit prendre en compte les inégalités de pouvoir entre les hommes et les femmes Au regard de la révélation du statut De la menace que fait peser la criminalisation de la transmission 12
Les Actes des rencontres pour écouter la parole des femmes « Femmes et VIH » : pour écouter la parole des femmes www.femmesetvih.org
Constats des colloques « femmes et VIH » au Nord (1) 27 ème Congrés, Lille, 8, 9 et 10 mai 09 Constats des colloques « femmes et VIH » au Nord (1) Sexualité : les femmes se sentent moins légitimes et les soignants partagent largement ce point de vue … Femmes prises de risque et addictions : socialement moins admis, plus difficile à aborder obstacle fort de la stigmatisation dans leur qualité de vie 14
Constats des colloques « femmes et VIH » (2) 27 ème Congrés, Lille, 8, 9 et 10 mai 09 Constats des colloques « femmes et VIH » (2) Les infectiologues abordent peu la sexualité avec les femmes : elles le regrettent ! A changer ! TASP et Prep ?? : peu de connaissances des femmes Leur en parler ! Méconnaissance de la pathologie VIH et discrimination envers les femmes séropositives dans les lieux en charge de la santé reproductive : formations des médecins / sage femmes Insuffisance de la prise en compte des contextes de violences que vivent les femmes : importance d’y penser et de savoir orienter 15
Développer les ressources pour les femmes séropositives Se préoccuper de l’accessibilité / santé reproductive et surveillance gynécologique dans les services VIH liens formalisés avec gynéco, centres de planification etc.. Appuyer les programmes de prévention qui intègrent planification familiale, VIH et lutte contre les violences Soutenir la promotion des droits sexuels et les actions qui luttent contre les blocages socioculturels à leur application : aborder ces questions dans les associations de soutien aux personnes, d’hébergement etc..
En conclusion (1) Prendre en compte le fait que les représentations des rôles féminins et masculins participent de façon différente au risque de contamination par le sida mais aussi au vécu de la maladie, à la qualité de vie, à l’exercice de la sexualité Intégrer dans toutes les formations (personnels de santé, médiateurs psychosociaux) une approche qui prenne en compte l’inégalité de statut social femmes / hommes et l’impact des projets sur les femmes et les hommes
En conclusion (2) Développer des partenariats réels entre les structures pour répondre aux besoins de toutes et tous (CeGIDD, Centres de planification, lieux d’écoute et d’information associatifs ..) Former les soignants à une approche genrée de la prise en charge - Echanger les expériences et les pratiques : associations de lutte contre le sida, associations droit des femmes, associations communautaires pour améliorer la prise en compte des spécificités liées au genre. Toutes ont leur légitimité