Histoire - L’invention de la citoyenneté dans le monde antique M. Burlot
Chapitre 2 : Citoyenneté et empire à Rome (Ier-IIIe siècle) Carte 1 – L’Empire romain au début du IIIe après J.-C. M. Burlot
Chapitre 2 : Citoyenneté et empire à Rome (Ier-IIIe siècle) Représentation fantaisiste de la bataille d'Actium par Lorenzo A. Castro, 1672 M. Burlot
Chapitre 2 : Citoyenneté et empire à Rome (Ier-IIIe siècle) Disposition des troupes lors de la bataille d'Actium M. Burlot
Chapitre 2 : Citoyenneté et empire à Rome (Ier-IIIe siècle) Problématique : Qu’est-ce qu’être citoyen romain ? Pourquoi et comment la citoyenneté romaine est-elle étendue à l’ensemble de l’Empire entre le Ier et le IIIe siècle ? Carte 1 – L’Empire romain au début du IIIe après J.-C. M. Burlot
I – La citoyenneté romaine aux Ier et IIe siècles Paul de Tarse (en Cilicie), Juif devenu chrétien, mais citoyen romain, est arrêté et emprisonné à Jérusalem : Le tribun1 commanda de faire entrer Paul dans la forteresse, et de lui donner la question par le fouet, afin de savoir pour quel motif ils criaient ainsi contre lui. Lorsqu’on l’eut exposé au fouet, Paul dit au centenier2 qui était présent : « Vous est-il permis de battre de verges3 un citoyen romain, qui n’est même pas condamné ? » A ces mots, le centenier alla vers le tribun pour l’avertir, disant : « Que vas – tu faire ? Cet homme est romain. » Et le tribun étant venu, dit à Paul : « Dis – moi, es – tu romain ? – Oui, répondit – il. Le tribun reprit : » C’est avec beaucoup d’argent que j’ai acquis ce droit de citoyen. – Et moi, dit Paul, je l’ai par ma naissance », Aussitôt ceux qui devaient lui donner la question se retirèrent . Actes des Apôtres, XXII, Ier siècle ap. J.-C. 1. Officier commandant une cohorte (600 hommes) Centurion, officier commandant 100 hommes. Instrument traditionnel de châtiment corporel, formées d'un faisceau de badines souples (généralement, de bouleau) liées entre elles. 1/ Que révèle cet épisode de la vie de Paul de Tarse sur la citoyenneté romaine au Ier siècle de notre ère? M. Burlot
I – La citoyenneté romaine aux Ier et IIe siècles A/ Les conditions d’accès à la citoyenneté romaine et les exclus Conditions d’accès à la citoyenneté Exclus de la citoyenneté M. Burlot
I – La citoyenneté romaine aux Ier et IIe siècles A/ Les conditions d’accès à la citoyenneté romaine et les exclus Conditions d’accès à la citoyenneté être un homme ou une femme être libre ou affranchi avoir fait son service militaire occuper une magistrature ou qu’un proche en occupe une l’obtenir de l’Empereur acheter la citoyenneté Exclus de la citoyenneté les mineurs les esclaves les étrangers (pérégrins*) M. Burlot
I – La citoyenneté romaine aux Ier et IIe siècles B/ Les droits des citoyens romains Droits politiques Droits civils Des citoyens romains (Marbre, deuxième moitié du Ier siècle ap. J.-C. 0,8 x 5,6 m, musée du Louvre, Paris.) M. Burlot
I – La citoyenneté romaine aux Ier et IIe siècles B/ Les droits des citoyens romains Droits politiques - voter lors des élections - être élu magistrat (cursus honorum*) Droits civils - porter les trois noms (tria nomina*) et la toge - se marier avec une romaine - posséder et léguer un bien - avoir droit à un procès sans torture Des citoyens romains (Marbre, deuxième moitié du Ier siècle ap. J.-C. 0,8 x 5,6 m, musée du Louvre, Paris.) M. Burlot
La Maison carrée de Nîmes I – La citoyenneté romaine aux Ier et IIe siècles C/ Les devoirs des citoyens romains Devoirs militaires Devoirs religieux La Maison carrée de Nîmes Temple dédié à Lucius et Gaïus, petits-fils d’Auguste (au début du Ier siècle). On y pratiquait le culte impérial*. M. Burlot
La Maison carrée de Nîmes I – La citoyenneté romaine aux Ier et IIe siècles C/ Les devoirs des citoyens romains Devoirs militaires - répondre au recensement (militaire et fiscal) - s’engager dans l’armée - payer les impôts indirects (5% sur les héritages) Devoirs religieux - participer au culte impérial* qui a lieu deux fois par an La Maison carrée de Nîmes Temple dédié à Lucius et Gaïus, petits-fils d’Auguste (au début du Ier siècle). On y pratiquait le culte impérial*. M. Burlot
II – L’extension de la citoyenneté à l’Empire Ier – IIIe siècle « Ni la mer ni l’étendu d’un continent ne peuvent être un obstacle à l’accession à la citoyenneté » Aelius Aristide, Éloge de Rome, 144 apr. J.-C. Paul de Tarse (en Cilicie), Juif devenu chrétien, mais citoyen romain, est arrêté et emprisonné à Jérusalem : Le tribun1 commanda de faire entrer Paul dans la forteresse, et de lui donner la question par le fouet, afin de savoir pour quel motif ils criaient ainsi contre lui. Lorsqu’on l’eut exposé au fouet, Paul dit au centenier2 qui était présent : « Vous est-il permis de battre de verges3 un citoyen romain, qui n’est même pas condamné ? » A ces mots, le centenier alla vers le tribun pour l’avertir, disant : « Que vas – tu faire ? Cet homme est romain. » Et le tribun étant venu, dit à Paul : « Dis – moi, es – tu romain ? – Oui, répondit – il. Le tribun reprit : » C’est avec beaucoup d’argent que j’ai acquis ce droit de citoyen. – Et moi, dit Paul, je l’ai par ma naissance », Aussitôt ceux qui devaient lui donner la question se retirèrent . Actes des Apôtres, XXII, Ier siècle ap. J.-C. 1. Officier commandant une cohorte (600 hommes) Centurion, officier commandant 100 hommes. Instrument traditionnel de châtiment corporel, formées d'un faisceau de badines souples (généralement, de bouleau) liées entre elles. Rome – Jérusalem : 2305 km !! M. Burlot
Carte de la Gaule romaine II – L’extension de la citoyenneté à l’Empire Ier – IIIe siècle A/ L’extension de la citoyenneté en Gaule : la Table claudienne Table claudienne (48 apr. J.-C.) Plaque de bronze dorée, retrouvée à Lyon en 1528, reproduisant une partie du discours de Claude à Rome pour le remercier de sa décision. Cette table de 1.93 m x 1.39 m, brisée en plusieurs morceaux, est aujourd’hui incomplète. Carte de la Gaule romaine M. Burlot
B- L’extension de la citoyenneté dans l’Empire : l’édit de Caracalla Papyrus de l’édit, rédigé en Grec, 215. Découvert en 1901 et conservé à la bibliothèque de l’université de Giessen en Allemagne, L’empereur Caracalla (Portrait de Caracalla enfant, v. 200, The Antikensammlung, Berlin.) Derrière l'enfant Caracalla (188-217), qui reçut le titre de César à l'âge de 8 ans, son père l’empereur Septime Sévère et sa mère l’impératrice Julia Domna. À sa gauche, son frère et rival, qu'il fît assassiner en 212. M. Burlot
- Comment Caracalla justifie-t-il sa décision ? Document 1 : l'édit de Caracalla (212 ap. J.-C.) D'une manière générale, c'est à la divinité qu'il faut avant tout reporter et les causes et les raisons des choses ; et moi aussi, comme il se doit, je voudrais rendre grâces aux dieux immortels pour m'avoir sauvé d'un tel complot tramé contre ma vie. Voilà pourquoi j'estime pouvoir accomplir de manière si magnifique et si digne des dieux un acte qui convienne à leur majesté, en ralliant à leur culte, comme Romains, autant de fois de dizaines de milliers de fidèles qu'il en viendra chaque fois se joindre à mes hommes. Je donne donc à tous ceux qui habitent l'Empire le droit de cité romaine, étant entendu que personne ne se trouvera hors du cadre des cités, excepté les dédicaces (1). Il se doit en effet que la multitude soit non seulement associée aux charges qui pèsent sur tous, mais qu'elle soit désormais aussi englobée dans la victoire. Et le présent édit augmentera la majesté du peuple romain : il est conforme à celle-ci que d'autres puissent être admis à cette même dignité que celle dont les Romains bénéficient depuis toujours. Constitution antonine, trad. J. Modrzejewski in Girard & Senn, Les Lois des Romains, Naples, 1977. 1. Peu clairement identifiés, on les considère souvent comme les vaincus résidant dans l'Empire qui ne sont pas des esclaves Documents 1,2 et 3 pp. 70-71 - A quelle échelle la citoyenneté est-elle accordée par l’édit de Caracalla ? - Quelles sont les conditions nécessaires à l’attribution de la citoyenneté ? - Comment Caracalla justifie-t-il sa décision ? - Quelle analyse Dion Cassius propose-t-il de l’édit de Caracalla ? Docs 4 & 5 p. 71 : Quels sont les conséquences de cet édit? M. Burlot
- Comment Caracalla justifie-t-il sa décision ? Documents 1,2 et 3 pp. 70-71 - A quelle échelle la citoyenneté est-elle accordée par l’édit de Caracalla ? - Quelles sont les conditions nécessaires à l’attribution de la citoyenneté ? - Comment Caracalla justifie-t-il sa décision ? - Quelle analyse Dion Cassius propose-t-il de l’édit de Caracalla ? Docs 4 & 5 p. 71 : Quels sont les conséquences de cet édit? Document 2 : une interprétation de la décision de Caracalla. Il [l'empereur Caracalla] se fit une occupation de dépouiller, spolier et pressurer tout le reste de l'humanité, les sénateurs pas moins que les autres... Il y eut les fournitures qu'il fallut livrer en grande quantité en toute occasion, gratuitement et parfois même contraints à des dépenses supplémentaires ; il les prodiguait aux soldats ou alors les vendait au détail ; il y eut les cadeaux qu'il exigea des citoyens riches et des différentes communautés, les impôts, ceux qu'il promulgua et le dixième qui remplaça le vingtième sur les affranchissements et sur les biens laissés en héritage et toute forme de legs. Il abolit, en effet, le droit de succession et l'immunité fiscale (1) qui avait été accordée aux proches du défunt. Ce fut la raison pour laquelle il attribua à tous les habitants de son empire le droit de cité romaine, officiellement pour les honorer, en fait dans le but d'augmenter par ce moyen ses revenus, dans la mesure où les pérégrins ne paient pas la plupart de ces impôts. Dion Cassius (155-229 ap. J.-C), Histoire romaine, Loeb, 1968. 1. Le fait de ne pas payer d'impôt M. Burlot
La conséquence de l’édit : le renforcement de la romanisation et de la diffusion de la culture romaine Mosaïque du IIIe siècle représentant Virgile écrivant l’Enéide, retrouvée en Tunisie (Sousse). poète latin (70-19 avant JC), Virgile raconte, dans ce poème épique, le récit mythique de la fondation de Rome. Musée national du Bardo, Tunis. L’arc de triomphe de Volubilis (Maroc, près de Meknès), construit en 216-217 en l’honneur de Caracalla par les élites de la cité de Volubilis. M. Burlot
III – La romanisation, outil de diffusion de la citoyenneté Comment se diffuse le « modèle » de Rome aux cités et aux habitants de l’Empire ? L’exemple de la cité de Lugdunum (Lyon). Consigne groupe : Vous êtes Seurerinus un homme ou Saturnina une femme libres d’une cité pérégrine des Alpes. Vous émigrez dans la capitale de la Gaule, Lugdunum en ce début d’année 67 après J.-C., pour y vivre et travailler. Vous êtes fasciné(e) par la grandeur et la beauté de la ville, de ses monuments et édifices civiques, religieux. Vous vous promenez dans la ville et ressentez l’agitation politique des citoyens et des non-citoyens à l’approche de l’élection du nouveau gouverneur de la province de lyonnaise. Un certain Gaius Julius Vindex, Gaulois originaire d'une puissante famille d'Aquitaine et sénateur romain, semble favori. Selon deux passants, il semblerait qu’il soit très éloquent, mais aussi très démagogue. Vous désirez plus que tout le statut de citoyen-ne que vous n’avez pas encore. Une fois installé(e) dans votre nouvelle cité, vous décidez d’écrire au nouveau gouverneur afin qu’il intercède en votre faveur auprès de l’Empereur à Rome. Vous savez que vous devez dans votre lettre, vanter la romanisation de Lugdunum et faire un éloge de la citoyenneté romaine. Faites vite car vous n’avez qu’une chance et que le temps presse. M. Burlot